La Meute de Moro

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sseren
Zombie Lord Farakelsus
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La Meute de Moro

Message par sseren » ven. 11 avril 2008 à 12h50

~Thème musicale : Susumu Hirasawa - Sign~


Partie I ~ Le Signe

[ image externe ]~Quand approche la noirceur de la guerre, l'oiseau s'envole loin de la tempête;
[ image externe ]Les Oiseaux se battant pour un peu de lumière,
[ image externe ]Craignent la Mort qui cherche un nid en cette nuit étrange.
[ image externe ]Alors ils se terrent dans le feuillage de la rose et s'enferment dans le silence.
[ image externe ]Sans-Défaite! Pourquoi haïr la modération ?
[ image externe ]Bien qu'il soit naturel de toujours désirer revenir dans la meute
[ image externe ]Sans-Défaite! Pourquoi haïr d'être raisonnable ?
[ image externe ]Tu devras t'arracher à la meute pour entamer ton Long Voyage.
[ image externe ]
[ image externe ]Grondez! Quand le destrier en larmes aura céder à la tristesse
[ image externe ]Vais-je apercevoir le corbeau s'envoler ?
[ image externe ]Je me suis échappée de la grange où nulle âme n'était jadis.
[ image externe ]Si il vient encore un temps pour la moisson de la mûre, je survivrai.
[ image externe ]
[ image externe ]Quel genre de loup était-ce là ?
[ image externe ]Es-tu sûre que cela donnera naissance à une meute ?
[ image externe ]Il n'y a plus de loups noirs, peut être.
[ image externe ]Cela, le tonnerre seul le sait.~


La traque avait duré autant de cycles qu'il faut pour faire s'ouvrir les fleurs les plus lentes et les plus paresseuses. Nous étions tour à tour le chasseur et la proie. Elle tombait dans mes tours puis apprenait à voir dans mes feintes, je décelais la ruse dans ses gestes, ses pièges, dans la nourriture qu'elle laissait en évidence pour moi.

Je l'attirai loin des habitats des hommes pour pouvoir la couper de toute retraite, mais elle prenait soin de ne pas s'aventurer trop loin à ma poursuite. Jusqu'à cette fois dernière où elle était allée trop loin.
C'était ma chance de planter mes crocs dans sa jugulaire tendre et je n'allais pas la laisser passer.

N'ayant plus moyen de rebrousser chemin sans me trouver sur sa route, elle fut obligée de s'enfoncer dans la montagne sauvage, mon domaine.

Alors que la course dans laquelle nous nous étions engagées depuis que la lueur dans le ciel s'était montrée touchait à sa fin et que nous n'étions plus séparées que de quelques foulées rapides, nous sommes tombées sur un adversaire bien plus coriace que nous.

Le sol poudreux et blanc se déroba sous nos pas, nous précipitant dans une longue chute, dans un gouffre: Nature avait patiemment dressé son piège et nous avait avalées toutes deux, vainqueur inattendu et imprévisible...

[...]

Je suis réveillée par la douleur dans mon ventre et la sensation de mon pelage collé en touffes sèches sur ma peau. Quelque chose tombe dans ma gueule, en gouttes régulières, je reconnais le fumet délicat que j'aime tant, mais ce sang-là, empli de délices, a un goût différent.
Mes sens se mettent peu à peu en éveil, mes oreilles enregistrent l'écho contre les parois, mon flair hume l'odeur de la petite à proximité, ma langue palpite légèrement quand une nouvelle goute tombe sur mes babines retroussées, mais je feins toujours le sommeil.

Soudain je bondis. Mes crocs se referment une première fois sur du vide, mes réflexes sont engourdis par le froid de la montagne, par ma blessure au ventre et par la chute. Une seconde morsure se referme sur l'une des pattes antérieures de la petite, et je sens dans le même temps son autre patte préhensile me frapper à la jugulaire avec une corne dure et brillante qui servent aux hommes à tuer, mais ma gorge ne s'ouvre pas, elle retient son geste.

Et nous sommes toutes les deux là à nous regarder et à guetter nos réactions l'une de l'autre.

"Je ne te veux pas de mal..." fait la petite chose au poil de tête rouge.

"Depuis quand les humains savent-il parler?" laissais-je échapper, les crocs toujours serrés sur ma prise.

"Je pourrais te demander la même chose à propos des loups... Veux-tu lâcher mon bras? Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais fait pendant que tu dormais encore."

"Tu aurais dû." fis-je dans un grognement rauque.

"Peut être. Mais je ne l'ai pas fait. A présent tu peux peut être me terrasser mais avec ta blessure ce ne sera pas facile du tout. En plus, sans moi tu ne sortiras pas de cette grotte." répondit-elle d'une voix calme et neutre.

Je regardais rapidement alentour, reportant constamment mes yeux sur elle, pour comprendre que je n'arriverai pas à remonter hors du piège naturel, bien trop profond.

"Je pourrai au moins te dévorer pour mon dernier repas." fis-je en appuyant légèrement avec mes mâchoires.

"Pourquoi vouloir mourir alors que je peux t'aider à survivre et te tirer de là?" demanda-t-elle sans malice ni peur dans la voix.

"Tout ce qui vit doit mourir un jour..." répondis-je simplement, en la libérant de ma gueule.

Je tournais mon museau vers ma plaie, et je vis qu'elle était recouverte d'une boue verte et odoriférante. Ma patte arrière me faisait aussi souffrir, et une boue identique la recouvrait.

"Ca va t'aider à guérir rapidement. Je nous sortirai d'ici ensuite. Pour l'instant bois." fit-elle après avoir recouvert la blessure de son bras d'une peau blanche qui ne tardât pas à prendre la couleur du sang. Ce même sang qu'elle fit de nouveau perler dans ma gueule à partir de l'extrémité de sa patte antérieure, ouverte à l'endroit où sont les coussinets.

D'abord un peu méfiante, je finis par laper goulument le liquide étrangement vivifiant et réchauffant, mordillant même un peu d'impatience par moments, tout en continuant de lui parler.

"Tu m'intrigues. Tu n'es pas réellement une petite d'homme. Pas comme les autres. Même ton sang a un goût différent."

"Tu n'es pas vraiment une louve comme les autres non plus."

"Je suis Moro."

"Moro... je veux que tu deviennes ma louve. Je veux que tu m'aides dans mes chasses futures."

"Non. J'ai vu ce que vous faites des miens. Je veux courir sans contraintes dans les montagnes et les plaines. Nos mondes sont trop différents, nous ne faisons pas partie de la même meute."

"Je vois... Bon, sortons d'ici."


Elle se dressa sur ses deux pattes arrières et mis ses pattes antérieures derrières elle, et quand elles réapparurent, elles étaient pourvues de petites griffes. Elle enroula une longue queue fine autour de son ventre et autour du mien sous mes grognements attentifs.
Puis elle se tourna vers la paroi blanche et commença à escalader les aspérités comme je l'avais vu faire par les lézards des terres en contrebas de la vallée blanche.

L'ascension fut lente, et je me sentais étrange en flottant ainsi dans l'air, était-ce ce que ressentaient les oiseaux dans le ciel? J'essayais de battre le moins possible des pattes comme elle me l'ordonna, après avoir failli rechuter à plusieurs reprises sous mes oscillations.

Finalement nous sommes remontées à la surface. La petite fit disparaître ses griffes et sa longue queue à laquelle j'étais attachée puis tendit sa patte antérieure, offerte, vers ma gueule.

"Si tu ne veux pas devenir ma louve, alors laisses-moi faire partie de ta meute. Je te soignerai et nous irons chasser ensemble. Tu pourras toujours courir dans les montagnes et les plaines, et la nuit je hurlerai avec toi."

A ce moment-là, le vent balaya la plaine blanche et la bourrasque souleva les poils de tête qui les recouvraient et je les vis.

Ses yeux.

Après d'interminables battements de mon coeur, je finis par grogner.

"Qu'es-tu, petite?"


"Je suis Elesse ."


"Non, qu'es-tu réellement?"

"Je ne suis pas sûre moi-même. Peut-être le découvrirai-je un jour."


Je gloussais dans un glapissement amusé, puis léchais un peu du sang qui perlait encore au bout de sa petite patte ouverte.

"Suis-moi Elesse, les ténèbres arrivent, et même si tu es une créature pour qui les ténèbres sont familières, ma tanière est encore loin si on veut y arriver à temps..."


~HRP: BG originel d'Elesse (Linthre) ici~
Souviens toi, Le rêve que tu faisais, avant que tu naisses, Ce rêve a fini par mourir~ Viens, touches la chaleur qui traverse mon esprit, Viens, n'aies pas peur si mon sang coule~ Emportes ton cœur là où le cri résonne, Emporte-le jusqu'à la fin

sseren
Zombie Lord Farakelsus
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Message par sseren » sam. 17 mai 2008 à 21h50

"Tu passes beaucoup de temps avec lui." fis-je, sur un ton à la fois patient et clair, n'attendant pas le silence en seule réponse.

"Je prends le temps d'être avec chacun de nous." répondit la Petite.
Elle avait atteint une forme adulte de façon très soudaine, et certains auraient pu ne pas la reconnaitre tout de suite.

Il n'y avait pas que sa taille, la Voix qui n'était pas la sienne avait cessé de s'élever la nuit dans les moments où elle ne veillait pas, mais cela me laissait plus confuse que rassurée.

Peut être était-ce mieux ainsi. Peut être sa résolution nouvelle cachait autre chose de plus dangereux.

"Qu'en penses-tu?"

J'approchais mon museau de la feuille sèche qu'elle avait enduite d'extraits de plante et d'essences parfumées, et les taches de couleur.

"Cela n'a rien qui ressemble à Ortal." fis-je dans un grognement, irritée de sentir la limite de mes sens, et les mystères que le monde des hommes ne me cèderaient pas, même en changeant ma forme.

Elle passa un bras dans mon encolure et y enfouit son visage, sentant mon agacement, puis se recula.

"Regardes avec tes yeux, et avec ton Coeur."

Elle mordit le bout de sa patte antérieure, à la plus grosse extrémités, brisant l'ongle et traça une marque sur la feuille avec le sang qui se mit à goutter doucement.


Les taches semblèrent être pris d'un léger frisson, comme si une brise soudaine les faisait se hérisser sur le dos de la feuille.
Je sentis mes perceptions basculer, et les couleurs semblèrent vouloir me sauter à la gueule, se jeter directement dans mes pupilles, sortir du confinement plat où elles étaient piégées.
Je vis les courbes, je vis les creux, je reconnaissais la marque sous cet oeil profond et indiscernable, que j'avais moi-même tracée.
Mais surtout, je vis la gueule béante, les crocs et la cuirasse brillante du métal.

C'était la façon dont Eless se représentait, à la frontière entre deux mondes.
C'était ainsi qu'elle le voyait.

[ image externe ]
Souviens toi, Le rêve que tu faisais, avant que tu naisses, Ce rêve a fini par mourir~ Viens, touches la chaleur qui traverse mon esprit, Viens, n'aies pas peur si mon sang coule~ Emportes ton cœur là où le cri résonne, Emporte-le jusqu'à la fin