Rapport de mission
Immatriculation : Narya
Objectif : Suivi médical des réfugiés de Rune
Entrée 1.
Lorsque les bateaux de fortune ont été aperçus par les sentinelles, nous avons eu un léger moment de panique. Était-ce encore une nouvelle menace qui tentait à nouveau de nous déloger de Rune ? Après Zaken et les Vampires, nous ne nous laisserions pas faire aussi facilement, c'était certain. Mais ils étaient des milliers ...
Quelques heures plus tard, les premiers bateaux accostaient au port, actuellement en phase finale de chantier. Les soldats envoyés sur place pour contenir l'arrivée massive d'on ne savait quoi envoyèrent immédiatement un messager à la Citadelle ; je fut celle qui le reçus, faute de présence d'un des Amiraux. M'ayant vu confier l'équipe médicale de l'hôpital de Rune, je pris les devants, et descendit à leur rencontre.
A peine débarqués, je remarquai que ces gens étaient tout sauf une menace pour nous. Ils mourraient de faim, il avaient nombre de blessés, ils étaient épuisés, et pour la plupart en état de choc. Des femmes, des enfants et des vieillards les accompagnaient. Bref, c'était tout un peuple en fuite que j'avais sous les yeux, arrivés dans des coquilles de noix fabriquées de toutes pièces avec ce qu'ils avaient sous la main.
Je commençais à craindre qu'une maladie telle que la peste ou bien pire n'ait été la cause de leur départ en si grand nombre, selon les derniers livres que j'avais consulté dans l'optique de mes nouvelles affectations. En l'absence des Amiraux, je dirigeai donc les naufragés vers un endroit où ils pourraient établir un campement de fortune, le temps que nous puissions organiser leur accueil. Les tentes et les abris de fortune se sont répandus comme mauvaise herbe dans et autour de la cité, en seulement quelques jours, c'était très impressionnant.
Proportions des réfugiés par Race
- Humains : 40% ;
- Elfes Blancs : 30% ;
- Nains : 20% ;
- Sombres : 7% ;
- Orcs : 3%.
Nombre total estimé : 6.000.
Fin du rapport ...
Entrée 2.
Le Prime Amiral Hoel et le Vice-Amiral Aztothe ont lancé les procédures d'accueil, de recensement, et de rationnement il y a à peine quelques jours. Tous les réfugiés sont sommés de passer par mon hôpital avant même de songer à obtenir un logement, un métier, de quoi subsister. J'en ai pour l'instant vu à peine 5%, puisqu'ils n'ont débarqué qu'il y a une semaine.
Les têtes se succèdent, et leur expression reste la même. Je ne sais si je dois éprouver du mépris, de la pitié, ou simplement leur donner de la compassion, ou peut-être même de l'indifférence. Ils sont tous amorphes, démoralisés, dépressifs parfois. D'autres sont tellement faibles qu'il faut les porter. En somme, ils sont choqués, déboussolés. De plus, ils sont accueillis par un peuple qui leur est visiblement inconnu. Ceux que j'ai autorisé à ressortir sont déjà en meilleur état, et ils commencent à se rendre compte de la situation. Leurs regards incrédules et confus lorsqu'ils nous regardent me font craindre le futur. Il faudra surveiller cela.
Finalement, ils sont attachants, car perdus et fragiles. Je vois défiler toutes les races, tous les âges. Beaucoup d'entre eux ont simplement besoin d'eau, de nourriture fraiche et revigorante, et d'un peu de repos. Les lits de fortune s'entassent dans mes locaux, et je suis débordée de travail. Mais pour le moment, je n'ai vu aucun signe d'épidémie se déclencher. Dame Eowyn vient parfois me visiter, et m'aide à diagnostiquer certains cas qui me sont encore flous car plus complexes.
J'ai déjà dû déplorer quelques morts, car le voyage a semble-t-il été assez long pour que certaines blessures s'infectent gravement, à un point que même la magie n'aurait pas pu les sauver. Leur faiblesse extrême n'est pas pour les aider, et le choc qu'ils accusent tous - et qui les empêche visiblement de nous révéler quoi que ce soit - non plus. Ce sont plus souvent des personnes faibles, comme les enfants ou les personnes âgées, malheureusement. J'ai eu aussi quelques cas de femmes ayant perdu leur enfant à naître dans le sang et la douleur.
Nombre de morts déplorées à ce jour : 24.
Les rares cas que je considère dangereux sont mis dans une salle séparée des autres par un long couloir et des sorts de protection. Pour l'instant, je les surveille et les soigne de mon mieux. Évolution à surveiller également.
Fin du rapport ...
Entrée 3.
L'intégration se passe au mieux, et tous - ou presque - sont passé entre mes mains. Le campement de fortune se vide petit à petit, et nous avons eu la bonne surprise de constater que tous souhaitent rester à Rune. Ce ne sont plus des regards étonnés et curieux, voire craintifs qui nous accueillent, mais des sourires où percent de l'espoir. Les habitations de la ville basse et de la Citadelle retrouvent peu à peu des locataires, et la place du marché semble revivre par de petites échoppes - en plus de la distribution de rations se déroulant à cet endroit.
D'ici peu, certaines bâtisses seront entièrement remises à neuf, grâce au travail des quelques 4.000 réfugiés qui se sont mis au travail avec enthousiasme. Les bateaux de fortunes restants sont petit à petit détruits également, servant tout comme les abris de fortune à reconstruire la ville, qui était en piètre état. Le port lui aussi voit ses travaux avancer bien plus vite, et ses docks se repeupler de petit esquifs de pêcheurs à défaut de grands navires rutilants.
J'ai déjà pu libérer un grand nombre de personnes que j'avais catégorisé comme "à risque". Aucune grande épidémie ne s'est déclarée, mais mes lits sont toujours aussi pleins. Il faut à certains quelques jours, voire quelques semaines pour se remettre totalement. Mais j'ai gagné quelques mains secourables, et quelques aides qualifiées - du moins en herboristerie - alors tout va plus vite.
*un peu plus loin, le rapport reprend, comme laissé à l'abandon puis repris à la va-vite*
On vient de nous prévenir. Heureusement que nous sommes rodés ! Les sentinelles nous annonce un nouvel arrivage de bateaux de fortune, de taille approximant le premier débarquement. Environ 6.000 nouvelles âmes arriveront donc au port de Rune dans les prochains jours. Je dois prévenir les Amiraux que je vais manquer de matériel.
Fin du rapport ...
Entrée 4.
Je trouve enfin le temps de rédiger mon rapport.
Il y a moins d'un mois, 10.000 nouveaux réfugiés ont rejoint Rune de la même façon que les deux vagues précédentes. Nous n'en sommes plus aux premiers temps où tout manquait, et où nous avions du mal à nous organiser à cause de l'urgence de la situation. La ville est en grande partie reconstruite, les différents métiers d'artisans et d'ouvriers déjà fournis en main d’œuvre, les marchands ont recommencé à commercer, les logements se peuplent et les rues également.
Rune revit. Il y a beaucoup d'enfants, qui courent et jouent en riant gaiement, c'est une bonne chose. La bibliothèque a gagné quelques livres en plus - bien peu, mais cette information est à signaler ; le temple voit ses autels trouver un clergé approprié, et je crois que les nouveaux Runois apprécient cette neutralité qui tient à cœur aux Kamaels. De même, plusieurs ont témoigné que la garde Kamaelle les sécurisait grandement, tout simplement parce qu'elle semblait si bien entrainée.
Mes aides temporaires ont repris du service le temps de faire passer tous ces gens à la visite médicale. Nous dormions à peine, le nombre d'arrivant étant bien plus élevé que les fois précédentes. Mais à présent, nous avons éclusé la plus grande partie des derniers arrivés. L'hôpital a retrouvé son calme, et j'ai pu enlever petit à petit des lits de fortune. Les rationnements ne sont presque plus nécessaires, et nous recevons des fruits et légumes frais provenant de parties du continent où il fait plus doux.
J'ai fini par renvoyer mes aides, leur proposant tout de même d'aller demander un poste d'infirmièr(e) officiel à la Préfecture, pour ceux qui le souhaiteraient. Je songe à une toute autre proposition, en voyant parfois quelques enfants me rendre visite, guidés par mon fils qui semble s'être très bien intégré parmi eux. Nous ne pouvons laisser ces petits vagabonder dans la ville sans occupation. J'en ferais part aux Amiraux dès que la situation se sera calmée totalement.
Dame Eowyn est passée, et m'a aidé à diagnostiquer mes derniers patients. Ceux-là étaient les plus mal en point des derniers qui sont passés entre mes mains. Il n'y a parmi eux aucun signe avant coureur annonçant une épidémie, aussi je suis soulagée, car nous avons évité la situation de Schuttgart, que l'on nous a rapportée comme étant catastrophique. La ville est sauvée, et tous ces gens également. La rigueur kamaelle aura encore payé.
Fin du rapport ...