Yui

[Yui]

Le plus dur , c'est le reveil... On s'endort vers la mort, on glisse dans les limbes de l'oubli... Le corps le croit, l'esprit le croit, mais on ne meurt pas. On se réveille et on se demande pourquoi le monde autour a changé. Pourquoi les couleurs sont différentes? Pourquoi les sons me parviennent déformés?

Pourquoi...?

Je l'avoues, j'avais espéré que cette expérience me serait fatale. J'avais espéré ne pas me réveiller pour ne plus avoir à tuer. Mais je me suis douté qu'ils ne me laisseraient pas mourir cette fois-là non plus. Je me suis réveillé et j'ai tout de suite été fasciné par la danse de la flamme de la chandelle au dessus de moi. Jamais la même, toujours sensuelle, je me suis perdu de longues minutes dans la contemplation de cette valse enflamée... Jusqu'a ce que la porte du caveau s'ouvre à la volée et que le vent la souffle, me laissant dans une puanteur de suif froid.

Elle était à l'embrasure de la porte, la Preceptrice, celle qui avait pris soin de moi depuis mon entrée dans cette guilde d'assassins. Elle me devisagea de ses yeux gris, perçants, et s'avança avec toute la grace que peut avoir une pretresse de Shilen. Elle me deteste, je le sais... Je suis doué, mais j'ai encore trop de repugnance en moi. Je sais que c'est elle qui a demandé a ce que je devienne un vampire, pour que je n'ai plus aucun choix. Elle me caresse la joue en une parodie de tendresse et m'explique mon nouveau contrat. Je n'ai pas le choix... Et j'ai faim.



S'il y a bien une chose qu'un assassin ne doit pas faire, c'est tomber amoureux de sa proie. Je le savais. Et j'ai quand même fait cette erreur. Je ne voulais pas remplir ce contrat. Je voulais arreter... Et c'est au dessus de son cadavre que je me suis demandé quelles auraient été les conséquences, quoique j'ai fais... La fuite... La traque perpetuelle... L'inquietude permanente ou le remords atroce que j'ai éprouvé en arrachant l'oeil de son orbite. La preuve que je devais donner. J'ai mal... Ce n'est pas physique, je le sais, mon corps a du mal a eprouver quoique ce soit de négatif. Mais Ca fait mal tout de même.



Le jour va bientôt se lever et je rabats ma capuche sur mon visage. Le soleil me brule les yeux.
Je contemple mon oeuvre, les reflets mordorés du soleil levant éclaboussant les dalles de marbres. Les flaques de sang parraissent plus grosses, plus étendues. Piêtre linceul, mais je les ai suffisament haïs pour ne pas leur accorder une sépulture. Ils pourriront ici. Toute ma guilde, mes Peres, mes Meres, mes freres et mes soeurs... En les tuant, je me suis apperçu qu'ils ne comptaient pas pour moi. Juste des animaux nuisibles.
Mais je suis triste. J'ai fini ma tache et je me sens vide. Plus d'ordres, plus de conseils, juste moi.
Je pars m'endormir dans un caveau quelconque. Soit la mort m'emportera définitivement, soit je me réveillerais dans quelques siécles avec une meilleure humeur, ou une idée de ce que je ferais.


Le plus dur, c'est le réveil...

[Yui]

CHAPITRE 1: Souvenirs.



Son père lui répétait souvent que la Nuit n'avait pas de voix et que les personnes qu'on entendait la nuit n'étaient donc pas ses créatures... puisqu'elles ne respectaient pas la Dame Noire. Son Père était poète. Sans doute la raison pour laquelle sa mère l'avait épousé. Il jonglait avec les mots, les torturait, les cajolait... Mais la nuit, pas un son ne sortait de sa bouche, et il enjoignait ses enfants de faire de même.
Pas un son n'était sorti des lèvres du jeune garçon que l'immense silhouette noire emportait à travers les ruelles sombres du Village souterrain. La Silhouette lui avait dit de ne pas prononcer un mot sous peine de mourir et le jeune garçon avait pour idée que cet homme qui l'emportait loin de la maison familiale après avoir massacré toute sa famille était l'un de ces Amants de la Nuit dont son père narrait les aventures, enlevant pour leur Maitresse une nouvelle génération d'esclaves silencieux. Mais savoir cela ne le rassurait pas pour autant. Il avait beau ne pas émettre un son, son corps tremblait de peur et son sang se glaçait dans ses veines. Au bout d'une heure de progression silencieuse, l'Amant de la Nuit le plaça contre le mur d'une maison en ruine et lui dit encore de se taire et de ne pas bouger. L'attente fut longue... mais il ne bougeait pas, les bras autour de ses maigres jambes. Même quand un autre Amant de la Nuit entra avec un gamin pleurnichard dans les bras. Cet Amant de la Nuit là semblait plus énervé qu'autre chose et après avoir intimé plus ou moins sèchement au récalcitrant de se taire, il se résolu à lui trancher la gorge, d'un mouvement ample de dague.
Les mains placées sur la bouche, le jeune survivant se força à ne pas crier de terreur, même quand le cadavre roula vers lui, dardant ses yeux morts sur lui dans un cri silencieux: « Pourquoi ne dis-tu rien..? ». Le jeune garçon secoua la tête.
- Alors?
-Il n'a pas dit un mot...
-Bien.
L'attente ne prit pas fin pour autant... Mais les deux Amants de la Nuit traitaient le garçon mort n'existait pas, le laissant aux pieds de l'enfant... le laissant baigner dans son sang...Ce sang qui commençait à s'imprégner dans le tissu fin de sa tunique. L'enfant essayait de reculer mais le sang progressait et le mur, lui ne reculait pas.
La porte s'ouvrit à la volée et une femme vêtue de noir entra comme une brume insidieuse. Elle regarda le cadavre puis le vivant. Un regard vers les deux hommes qui s'étaient jetés à genoux devant elle. Elle ne disait pas un mot. Se contentant de 'hausser les sourcils et de plisser les yeux pour se faire comprendre. La Nuit. Ses Amants lui révélèrent ce que les garçons avaient fait et pourquoi l'un d'eux gisait dans son sang. Elle hocha la tète et prit le survivant par le bras d'une poigne dure et impérieuse, le trainant vers la sortie sans s'occuper d'avantage des autres.


Je ne me souviens plus du visage de mes parents. Je ne me souviens plus de ce qu'ils m'ont inspiré, l'un et l'autre. Je ne me souviens plus de mes deux frères et de ma sœur... Sont-ils morts? On m'a souvent laissé entendre que oui. Mes premiers souvenirs remontent à cette nuit où un assassin est venu me prendre dans mon lit et m'a amené à cette ruine... Je me souviens de la peur, je me souviens de l'odeur de la poussière se mêlant au sang. Je me souviens des visages froids de ceux qui devinrent mes seuls compagnons d'enfance et de celui affolé de celui qui aurait pu être comme moi mais qui avait trop ou pas assez peur pour se taire.
Je me souviens de cette consigne effrayante. Et j'ai tout oublié de ce qu'il y avait avant.

[Yui]

Chapitre 2: Ô Nuit...

Je l'ai aimé plus que j'aurais du... C'est mon seul défaut: je n'arrive pas à faire quoique ce soit sans démesure. Au niveau de mes sentiments du moins. Mais personne ne m'avait prévenu de qui j'allais être l'ombre et le prédateur.
Xaszs... Beau, charismatique et tellement bon. Il fallait vraiment ne pas le connaitre pour arriver à le haïr. Avant d'être mis en sa présence, je le haïssais, afin de renforcer ma volonté de tuer. Sitôt qu'il m'a adressé un sourire, c'est comme si tout ce que j'étais avant n'avait pas la moindre importance... Il m'avait anéanti pour me reconstruire. Et j'ai du le tuer.
Il m'aimait, je le sais. J'ai vu sa souffrance quand le poison courrait dans ses veines... Contrairement à mes ordres, je n'ai pas pu le mutiler de son vivant et mis à part son œil que j'ai pris après sa mort. Je me suis forcé à le regarder agoniser alors que le poison paralysait son cœur... Je me suis forcé à lire la souffrance dans ce cœur blessé par mon acte... Mais je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer ni d'implorer son pardon. Son corps se raidissant, il n'a jamais pu me l'accorder. Même si cela avait été son intention. Je serais toujours hanté par ce regard trahi.
Formé à l'assassinat sous toutes ses formes... Transformé en prédateur de sang... La Confrérie de la Nuit savait-elle qu'elle me transformait en son fossoyeur? J'ai vu dans le regard de la plupart de mes frères et sœurs que non. Mais dans le regard de la Nuit... Elle semblait m'attendre. Elle n'a éprouvé aucune peur, même pas la pudeur d'une femme blessée quand j'ai arraché le collier de velours noir qui cachait l'horrible cicatrice. La Nuit n'a pas de voix... Quand elle parle, on lit sur ses lèvres, mais aucun son ne peut passer sa gorge mutilée... Maintenant je comprends ses malédictions.
"Tu seras le gardien des Tombes de tes amants... Tu es mon successeur."
Je suis la Nuit. Je suis un monstre...


Manteau de soie noire, doigts de glace,
Parfois parée de diamants, toujours
Au cou cette médaille qui prône ma place.
Tantôt coupe-gorge, tantôt refuge de l'amour.

Silencieuse.
Indolente.
Pernicieuse.
Aimante.
Dangereuse.
Amante...

Ton seul foyer,
Ta dernière heure...
Lève ton regard voilé!
Vois où je demeure...

[Yui]

Chapitre 3: Lui... et Moi , prisonnier de sa toile.

Je le regarde, si fragile qu’il me donne envie de le broyer d’une seule main…
Il ne devrait différer en rien des monstres de la Légion Sanguinaire que nous avions assujetti à notre cause… Il ne devrait pas…
Il n’est que chairs habitées par la non vie, un outil parmi d’autres…comme les autres…
Alors d’où lui vient cette pureté qui me pousse à l’observer… Le jalouser… Tapis depuis mon recoin d’ombre…
Et lui… Inconscient qui se laisse abuser par les artifices d’une magie dont il n’a pas connaissance…Qui se livre à ce qu’il croit un être libre douée de raison…
Oui, ouvre toi à ma marionnette, pauvre âme… Nourris moi de tes récits et de tes larmes… Confie toi… Bientôt je saurais quel fil tirer pour t’attacher à jamais à moi… Tu l’oublieras…
Tu m’appartiendras…Je le veux ainsi…

Je ne tremble pas. Mon corps de monstre ne permet pas ce genre de faiblesses physiques. Je ne ressens pas le froid ou l'inconfort... Je ne peux pas. Pourtant j'aimerais bien parce que je me sens mal et fragile. Je voudrais extérioriser mon malaise. J'ai peur. Je leur ressemble, sans leur ressembler. Je ne suis pas à ma place. Savent-ils pourquoi je suis là ?
Est-ce que je le sais moi même...?
J'ai besoin d'un maître... Je le sais maintenant, je suis incapable de vivre seul. Il faut me dire où frapper et quand rester calme. Je l'ai vu dans ses yeux. Il peut me contenir, m'apaiser. J'ai vu cette lueur fugace de contrôle absolu. C'est tout ce dont j'ai besoin. D'être un esclave obéissant. Le reste me rend dangereux. Et pourtant... Pourtant j'aimerais... Plus... Ma folie me rattrape... Mais le seul point positif, c'est qu'ici aucun oeil vert ne me regarde depuis ma paume.


Il le veut aussi… Je n’ai pas eu à lui suggérer une feinte douceur pour l’emmener dans ce recoin isolé, où règnent en maîtres le grondement et les remous des chutes. Mon avatar, cet être né seulement pour abriter mon âme immortelle, le désire avec une ardeur égale à la mienne… Lui aussi ressent ce besoin impérieux d’évincer ses maîtres, de briser les chaînes qui leur attachent cette créature… Je le connais si bien… La vanité est son pire défaut et il ne saurais résister à l’envie de coiffer au poteau les deux qui s’imaginent que le don du sang leur suffit pour tenir cet être au creux de la main…
Je n’ai pas à l’obliger ni à lui souffler son texte… Szyl mène la danse et l’entraîne doucement vers moi… Il a compris de lui-même que seul mon pouvoir pourra le feras sien… Il a compris que je le voulais autant que lui et va me l’offrir, tel l’agneau sacrificiel.
Pleure, pauvre créature… Ta souffrance m’est si douce…
Nous te libérerons de tes chaînes, Yui… Elles ne sont pas à ta mesure…
La porte de ma prison s’entrouvre… Szyl me cède la place… Il travaille si bien…
J’ouvre les paupières, observe à loisir les traits de son visage fin, un rien inquiet. A-t-il d’autre choix ? Je suis sa seule porte… Szyl le lui à bien fait comprendre… l’a mené à moi, jouant de l’illusoire espérance…
Il appréhende quelque peu, dirais t’on… Est-ce parce qu’il a commencé à comprendre la dualité de celui qui lui fait face ? Où peur de tomber dans un nouveau piège, de troquer des chaînes pour d’autres pires encore… Ne t’inquiète pas, Yui. Tu les passeras de toi-même à ton cou… Je le sais à présent, tu te languis dans leurs mains…
Tu me parles de libération… Je t’offrirais la liberté… Afin que tu reviennes vers moi seul…




L'eau... Le bruit de la Chute est assourdissant, et je me souviens d'une autre époque où un autre m'avait fait venir ici. J'ai presque honte de ne pas tout écouter, prisonnier comme je suis de ces remords. Concentré, je dois rester concentré... Je ne suis pas le mauvais esclave qui n'écoute rien. Mais pour le moment , je l'observe. Je l'aime bien... Oh pas pour son visage, pourtant magnifique mais j'ai l'impression qu'il a compris. Il ne veut pas me libérer de ma cage pour que je puisse voler. Il a compris que si j'avais eu des ailes, je me les serais arraché depuis longtemps. Il me veut dans une autre cage. Je souris. Peut-être croit-il que je souris à ces propos et j'ai envie de lui dire que je n'ai pas écouté, pour m'excuser...
Non, je souris parce qu'il a compris la seule chose qu'on puisse faire de moi.
Je baisse les yeux sur les tristes chairs mortes qui me composent. Ca, je le sais bien... Elles ne sauraient lui convenir. Il lui faut plus.
Vous avez déjà mon âme , mon Maître... Vous l'avez gagné... Mais laissez-moi changer un peu pour que jamais vous n'ayez honte de moi. Je veux paraître... mieux. Vous avez droit à mieux qu'à ce sinistre vampire assoifée qu'on m'a fait devenir...
Mon seul regret est de ne pas l'avoir rencontré plus tôt. Tout aurait été si facile si nous avions été réunis des années auparavant. J'aurais moins souffert... Et il aurait eu un serviteur tellement plus agréable puisqu'il m'aurait façonné de ses mains. Mais je changerais. Pour lui.
Et j'aime ses mains.

[Yui]

Chapitre 4: De toi à moi...


De voyages en voyages, de rencontre en rencontre, je me reconstruis de sa perte... Ils me voient comme une ombre pâle et affamée... C'est ce que je suis... Hennok me nourrit un peu mais je ne peut en accepter plus sous peine de le mettre en danger. Alors j'attends l'occasion d'une proie facile... Si facile de sauver un jeune fou et de lui demander son sang en paiement de sa dette... Si facile mais hélas nécessaire.
D'autres prédateurs... Je ressens leur aura délétère et dangereuse... Ais-je la même? Est-ce que je produit le même effet au mortels? L'affleurement si délicieux de la mort et de la séduction... Je les ai observé en retrait.
Et les mortels bien sur... J'ai vu ma Fille. Enfin celle que Xaszs et moi aurions pu avoir si cela avait été possible. Elle a son intelligence, son coté souriant et doux. Elle a ma souffrance et ma propension à s'attirer les pires ennuis au mépris de sa sécurité. Elle m'a abordé tout en sachant ce que j'étais. Curiosité? Envie d'en finir? Pourquoi , ma fille, pourquoi nous approchons-nous toujours de ce qui est susceptible de nous faire le plus de mal? Sommes nous à ce point amoureux de la douleur? Car tu le sais , n'est-ce pas..? Au plus profond de ton cœur, tu sais que je ne peux rien t'apporter de bon. De la souffrance, de la peine... Et rien d'autre. Les monstres ne sont pas fait pour apporter la joie. Je ne peux que corrompre ton âme même si je sens que les germes de destruction qu'elle porte déjà ne sont pas mon fait. J'entretiens ce jardin sauvage. Pardon, Myrfanwy. Je sais rien faire d'autre. Mais je te le promets, je fleurirais ta tombe aussi. Nulle jeune femme n'aura de plus belle sépulture que la tienne... C'est ton père par l'esprit qui te le jure.

De tombe en tombe, j'accomplis mon destin.
Par la mort que je sème, j'arpente mon chemin.
De doute en doute, je me dessine enfin.
Par la Nuit que je sers et dont je suis la Main...

[Yui]

Prédateur...

J'ai passé toutes les nuits de ce mois à réfléchir a ce mot, à ses implications... Le fait de vivre entouré de mes dragons et de mes loups m'a fait comprendre à quel point nous étions semblables...

Cette necessite de survie, cette acuite du monde qui nous entourent... encore que ceux-la soient apprivoisés. Ils ont perdu de leur caractere sauvage et superbe. Ils restent beaux. Mais façonnés par ma main.

Je me reveille plusieurs fois lors de mes torpeurs, attiré par l'extérieur, le vent qui souffle, les odeurs qui me parviennent. Tout m'enchante, je suis en transe... Comme si rien ne devait pouvoir m'arreter. J'ai envie de courir dans les forêts , de me glisser dans les terriers d'herbivores appeurés... Les attraper.

Et je regarde mes mains. Surpris d'y voir ces griffes. Surpris de me sentir etrangement calme... avant de bondir au dehors.

Je savais que ce jour arriverait, sans le savoir... Trop d'affinites avec les predateurs naturels... La Bete qui m'habite ne pouvait que me permettre cette transformation. Mais le plus etonnant et que malgre la brume de la predation... Je garde toute ma reflexion.

[Yui]

[edité pour changement de RP]

[Yui]

[Edité pour changement de RP]

[Yui]

Chapitre 7: De Moi à Toi.

Il dort...

Son souffle léger soulève le voile de satin de ses draps en un rythme lent. Je le regarde. Je n'ai jamais pu m'empêcher de le regarder dormir pendant des heures, à admirer la paix de son visage quand le sommeil le berce. Des heures durant et aucune lassitude...

Il doit savoir que je le regarde, je le soupçonne de me laisser faire... Il sait que je le trouve beau. Que je ne peux pas m'empêcher de m'enivrer de son visage.

Un petit frisson le parcourt... Il a froid. J'aurais aimé pouvoir le réchauffer mais mon corps est froid comme la nuit. Je me contente de relever le drap en regrettant d'être de glace. Pourtant je ne peux pas m'empêcher de glisser mes doigts dans ses cheveux.

Il se réveille... Je me noie dans la cardinale de ses yeux...

[ image externe ]

[Yui]

Prenant un morceau de parchemin et une plume , il s'assit à la seule table disponible et commença à écrire d'une traite.

"Xcylian.

En restant ici, je mets en danger tout le monde. Ma traque risque de durer longtemps et même si l'argent n'intéresse pas la majorité de leurs informateurs, les menaces de mort, si.
Je ne tiens pas à être responsable de plus de morts que je ne le suis déjà. Surtout quand je peux l'éviter.

je vais partir, loin. Ils ne me retrouveront pas là-bas ou ils perdront leur temps à me chercher. Je vais y vivre une non-vie presque paisible. C'est maintenant tout ce qui m'importe.

Néanmoins, je vous dois quelque chose... Vous vous êtes mis en danger , vous et vos alliés. Pour cela, je vais vous dire ce que je sais. J'ai tout écrit dans un parchemin que j'ai caché dans votre bibliothèque. La vérité, nue. Sauf une partie que j'ai préféré taire. J'ai de la Loyauté, voyez-vous. Lui le mérite.

Dites bien à la petite louve qu'elle va me manquer. Je me sentais moins monstrueux avec elle. Remerciez Malice pour sa tentative...

J'aurais aimé mieux vous connaître, tous.

Yui."

Cachetant la lettre, il l'abandonna sur la table, en esperant qu'elle serait découverte par les bonnes personnes.

[Yui]

Et un jour, on retrouva un tas de cendres s'envolant au vent du soir...

Un masque noir taché de sang gisait non loin.


Nul ne sait ce qui était arrivé.
Et le temps que la nuit se retire pour laisser à l'aube le soin de se poser sur la forêt , plus aucune cendre ne restait sur le chemin et le masque s'était embourbé.



FIN.

[vedovati]

Combien de temps...

Combien de temps a passé depuis que je suis obligé de me terrer comme un animal traqué..? Trop longtemps. Je n'ai plus les idées claires, non que je les ai jamais eu, mais là , c'est de pire en pire.

Les pensées s'entrechoquent dans ma tête comme des blocs de glace emportés par un torrent furieux, J'ai mal... J'ai mal...

Hier ( ou était-ce il y a un an?) J'ai tué un pauvre homme, un rétameur qui passait par la forêt pour aller au plus court. Je n'ai eu honte qu'après de l'avoir éparpillé sur la mousse de la clairière... Et j'ai eu encore plus honte de me voir lécher le sol pour chaque goutte de sang échappé à mon appétit. Depuis combien de temps, je n'ai pas parlé avec quelqu'un d'autre que moi-même?

Au début, j'ai bien tenté de m'inclure dans une communauté de paysans, d'être la menace invisible rôdant dans la nuit pour saigner les imprudents soiffards qui se perdaient aussi bien de réputation que physiquement. J'ai toujours haï de boire un homme saoul! L'alcool me perturbe un peu et me rend moins efficace... Je pensais qu'en débarrassant ce village de ces parasites violents et peu aimés je gagnerais une certaine forme de tranquillité. Peine perdue. Il faut croire que ces hommes et ces femmes dont j'affine la société se sentent bien plus en danger par la punition invisible que je suis que par la médiocrité des êtres dont je me nourrissais.
Les idiots!
Ils m'ont trouvé. Une fois. Une fois de trop... Je garde et je garderais longtemps la trace du feu qu'ils ont fait couler dans le minuscule recoin que j'utilisais comme palais. Un de mes yeux ne voit déjà plus. Bah... S'il y a bien un avantage à être un monstre assoiffé de sang, c'est bien de recouvrer ce qui a été perdu. Dommage que je ne sois pas dans des conditions idéales pour me soigner... Pas assez de nourriture, trop de solitude.

Oh, je le savais, j'aurais du m'endormir pour un long sommeil et ne pas rester comme un paria à me nourrir de la lie de ce monde... Je le savais... Et je n'ai pas pu m'y résoudre. Trop peur... Trop peur de retomber dans l'oubli.

Le savent-ils, EUX, ce qu'ils m'ont fait?
Le savent-ils, à quel point il a été mauvais, monstrueux, ignoble de ME trahir?
Ils ne savent pas.

Plus maintenant.

Assez...
Assez!
ASSEZ!!

La proie a finit de courir... Maintenant, elle devient le prédateur.

Maintenant, ils vont se souvenir que je suis toujours là... et que j'ai des années de haine à rattraper.