Margaret

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Claus
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Margaret

Message par Claus » jeu. 30 juillet 2009 à 12h28

Les plaines étaient arides et le souffle ardent. Le sable chaud, doucement soulevé par les bourrasques, s'immisçait dans l'air pour rendre l'atmosphère suffocante, suante. La chaleur était à peine soutenable tant les éléments semblaient se déchaîner pour semer discorde et chaos en ces terres. Mais une silhouette, emmitouflée dans une longue bure blanchâtre, continuait son inexorable marche. Celle-ci semblait impossible, insurmontable, mais aucun assaut des vents ou coup vicieux de température ne semblait entacher la volonté de fer du Concerné.

Les épaisses bottes de cuir, usées par les années, s'enfonçaient dans le sable comme happées. Les lacets, partiellement défaits, volaient au gré des alizés, signe d'une nonchalance extrême où un simple arrêt pouvait signifier la mort. La démarche était lente, douloureuse, comme si un effort surhumain repoussait quelconque approche, malgré les courbes gracieuses qu'effectuait la cape pour sembler apporter légèreté à l'environnement étouffant. L'astre solaire quant à lui, dominant et puissant, faisait perler la peau hâlée dépassant de la capuche, laissant juste une goutte trôner au centre des lèvres pour rejoindre l'étendue aride tel le plus rare des biens. Un bout de langue fébrile sortit alors de son antre, tentant de rattraper ce peu de fraîcheur – en vain.

Les minutes passaient, et nul ne semblait pouvoir arrêter la folie de l'Aventurier, bravant vent et chaleur inlassablement comme le parcours de l'ultime damné. Soudainement, ses jambes se figèrent l'une à côté de l'autre, tremblant légèrement à cause de l'effort, alors que sa tête se baissait lentement pour admirer l'étendue sablée recouvrant vulgairement ses bottes. Une longue minute de silence se déroula, ne laissant juste comme signe de vie le cri strident du vent soufflant en le désert pour emporter en son passage un nuage noirâtre.

Puis, d'un geste las, l'Inconnu passa sa main au-dessus du sol, laissant une douce lueur sombre en émaner comme une lumière fébrile et éphémère. A ce mouvement, la terre gronda et se fendit en deux, s'ouvrant lentement pour laisser transparaître un immense escalier de pierre descendant vers les entrailles du Monde. Le sable s'écoula en cascade le long des marches, descendant et se faufilant comme une eau vicieuse cherchant à fuir le désert – ou indiquer un chemin fort inquiétant.

Une épaisse odeur de renfermé et de moisi s'échappa alors du gouffre, provoquant une légère quinte de toux chez l'Explorateur. Après que le grondement de la Terre se déchirant se soit tu, celui-ci se pressa de rentrer en l'antre pour échapper à la chaleur, et aussi à la fragrance insupportable qui en émanait. Très vite, son ombre disparue dans l'obscurité oppressante du Temple, pour s'évanouir dans les ténèbres et le silence.

Les épais escaliers en pierre menaient alors à une immense salle, dont l'architecture rappelait sans aucun doute l'Ancien Temps où les Elfes s'adonnaient à construire de puissantes bâtisses comme lieux de recherches – ou de secrets.

D'immenses colonnes, au nombre de six, dominaient la salle pour s'élever jusqu'aux haut plafonds. La torche chancelante laissait sa faible lueur éclairer les magnifiques moulures résidant sur celles-ci, représentant d'une façon très romancée le système des astres en corrélation avec l'Histoire Divine. Les années n'avaient point consumé la beauté de l'architecture de ces colonnes, mais on ressentait en les représentations bien des erreurs qui laissaient supposer plusieurs siècles d'existence. La Science avait corrigé le tir depuis.
La salle, quant à elle, semblait colossale. Outre les murs s'apparentant en leur fondation aux colonnes – les moulures et la matière en étant pour beaucoup -, rien ne laissait transparaître quelque chose de mystique. Le sol était d'un marbre luxueux, mais néanmoins classique, comme si une certaine modestie et discrétion étaient recherchée. L'effet zébré qui le parcourait semblait être davantage un effet du temps passé que d'un jeu de couleur désiré par les fondateurs. Quant au plafond, il était bien trop haut pour que la faible lumière de l'Explorateur puisse en discerner le moindre détail.

Après une rapide observation, celui-ci s'avança lentement dans l'immense hall, laissant sa torche vaciller au gré du courant d'air provoqué par la récente entrée. Soudainement, les quatre pieds se trouvant autour de chaque colonne s'embrasèrent d'un coup, recrachant une lumière vive dans toute la pièce. L'Aventurier ne bougea cependant point, restant statique comme une statue au centre du hall, admirant une dizaine d'ombres se dessiner au fond de la pièce d'un pas pressé.

L'une d'elle pénétra dans le halo de lumière des torches, dévoilant un vieil Elfe au comportement assez animal et méfiant. Il se tenait à l'aide d'un vieux bout de bois torturé, les courbes de son dos indiquant un léger problème de colonne vertébrale créant une bosse assez disgracieuse. Ses lèvres tremblaient de peur ou d'impatience, comme si la communication lui avait été oublié depuis bien des années. Les cheveux, quant à eux, grisâtre et sales, tombaient sur ses épaules, dévoilant quelques endroits dégarnis – folie, ou âge ? Rien n'indiquait en cet homme un quelconque danger, mais son comportement général rappelait une bête sauvage protégeant sa meute, sans en avoir la carrure.

« - Partez, vous êtes dans un lieu sacré, Hérétique ! » s'écria alors sa voix de vieillard, tremblante et non-assurée, laissant juste comme signe d'autorité le bâton frapper le marbre.
« - Je ne crois pas, non... J'ai des choses à faire, ici. »

Des murmures fusèrent alors au son de la voix, alors que le vieil Elfe ouvrait la bouche, étonné. Nul ne s'attendait à entendre une voix féminine émaner de cette bure blanchâtre, dont toutes formes étaient dissimulées par les épaisses couches.
L'Aventurière fit alors lentement tomber sa capuche, libérant ses longs cheveux bruns tombant en cascade sur ses épaules pour trancher avec la couleur de ses vêtements. Ses yeux émeraudes se posèrent alors sur son interlocuteur, qui lui-même était fasciné par la peau halée de celle-ci luisant sous la chaleur encore fort présente dans ce lieu.

« - Vous êtes dans un ancien lieu de culte pour la Grande Eva ! Une Ephémère n'a point à se trouver en son sein, ni même est autorisée à fouler ces terres. Partez, ou le châtiment divin sera l'unique bien que vous trouverez ici. » cracha alors l'homme entre le peu de dents qui lui restait.

L'Exploratrice ne répondit point, restant quelques instants statique, le fixant, avant de se détourner pour s'approcher d'une des colonnes, provoquant un mouvement de la foule sur ses gardes. Sa main gantée caressa doucement les moulures de celle-ci, l'observant avec parcimonie.

« - Je viens chercher l'artefact qui est dans ce lieu. Ainsi que le grimoire ancien que vous gardez précieusement avec celui-ci. Vous voyez de quoi je veux parler... » commença-t-elle en se retournant lentement vers lui avec grâce, comme si la découverte de son visage lui avait rendu toute féminité.

Nul ne pouvait le contester : cette Humaine était magnifique. Malgré son âge peu avancé – une vingtaine d'année plus ou moins -, le mélange détonnant de la candeur de sa jeunesse et de la froideur de la maturité naissante lui donnaient cet aspect de femme fatale qui plaisait tant.

« - Parce que vos études astronomiques, même si elles sont d'une époque bien révolue, m'intéressent pour une propre thèse sur laquelle je suis en train de travailler. »
« - Vous vous trompez, rien de ce que vous dites vouloir trouver ici n'y siège. Alors partez. » répondit sèchement l'Elfe.
« - Seriez-vous entrain de me prendre pour une idiote, Père ? »

La voix suave et mielleuse de la jeune femme laissa pantois le pieux qui resta quelques instants silencieux, ne sachant quoi répondre à cette question épineuse prononcée d'une telle façon. Finalement, comprenant que rien ne pourrait faire partir cet individu qui en connaissait bien trop, et qui était fortement animée par ses convictions; le vieil Elfe frappa un grand coup au sol avec son bâton, laissant une puissante lumière aveuglante en jaillir à son extrémité, plongeant toute la salle dans la cécité.
Dès lors, des bruits d'acier chantant leurs tumultueux cris en caressant les fourreaux se mêlèrent aux lourds pas martelant le sol, se répercutant en écho dans l'immense hall. La jeune femme ouvrit alors lentement les yeux après l'aveuglement, et vit toutes les ombres qui se terraient depuis le début au fond de la pièce foncer sur elle, épées en avant. Des Elfes, la plupart fort âgés, aux visages déformés par la haine et la peur.

Immédiatement, l'Exploratrice ferma les yeux et commença à psalmodier quelques paroles interdites qui firent s'arrêter plusieurs de ses opposants, effrayés. Mais rien n'interrompit le rite qui venait de commencer, les paroles s'envolant tel un chant dans le Temple pour faire glacer le sang. Une puissante aura noirâtre entoura alors la jeune femme, tel un encéphale de protection, où plusieurs épées se firent repousser au moindre contact pour les plus rapides d'entre eux. Puis, la jeune femme se tut, les bras en croix sur sa poitrine, les yeux toujours clos, protégée par cette aura néfaste oppressante. Après de longues secondes de silence, des bruits inquiétants mêlés à des rires dont la simple consonance en glaça plus d'un se firent entendre aux quatre coins du Temple. Les guerriers se figèrent alors, sur leurs gardes, observant les coins sombres de la salle pour tenter de trouver d'où ils provenaient, mais c'était déjà trop tard. Un Elfe tomba le premier dans un craquement féroce d'os broyés suivit du lourd bruit de sa cuirasse frappant le sol. Puis, sortant de la pénombre, plusieurs squelettes et spectres s'élancèrent sur les autres opposants qui poussèrent des hurlements de terreur en tentant pour certains de fuir, d'autres de combattre. Après quelques secondes de scène épouvantable où l'hémoglobine n'en était que la signature par abondance, les ectoplasmes aux rires effrayants se dissipèrent en les murs, alors que les squelettes rejoignirent le sol en s'écroulant telle une pyramide d'os.

La jeune femme ouvrit alors lentement les yeux, l'aura autour d'elle se dissipant lentement, pour reprendre sa respiration légèrement saccadée. Elle remit d'un geste nonchalant une mèche en place derrière son oreille avant de sortir avec une impassibilité extrême un mouchoir de soie blanche pour tamponner son front perlant de sueur. Elle le rangea, toussa doucement face à l'oxygène quasi inexistante en ce lieu confiné, puis s'approcha de son ancien interlocuteur au ventre perforé.

« - Il est quand même assez idiot de votre part, vous homme de Grand Savoir, de chercher conflit avec une personne telle que moi en ce lieu où les morts furent nombreuses... » dit alors la jeune femme d'une voix monocorde, comme si rien ne s'était passé.
« - Né.. Nécro... » balbutia-t-il comme unique réponse, la vie le quittant aussi rapidement que s'écoulait son sang.
« - Haute Nécromancienne et Maîtresse des Ectoplasmes, oui. Mais je suis quelqu'un de modeste, appelez-moi seulement Margaret. »

Elle prit alors la pauvre main de l'Elfe qui tentait vainement de retenir son sang pour lui serrer comme une salutation, laissant l'hémoglobine s'écouler à flot pour recouvrir le sol sous un cri de souffrance. Margaret porta son index à son visage pour appuyer sur son tragus avec une légère moue disgracieuse, les décibels crachés par l'homme lui sifflant fortement dans l'oreille. Elle posa alors le regard sur lui, ses pupilles se dilatant lentement sous la colère, pour le fixer longuement. Le vieillard poussa alors un nouveau cri de douleur, avant que des insectes nécrophages sortirent de sa plaie pour l'achever dans d'atroces souffrances.
La Nécromancienne épousseta sa bure lentement avant de remettre ses gants en place, faisant doucement crisser le cuir. Puis, elle enjamba les cadavres et s'avança vers le fond de la salle, se dissipant dans l'ombre, retournant à sa propre recherche.
Dernière modification par Claus le jeu. 30 juillet 2009 à 13h51, modifié 1 fois.
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« Sang ô sang noir de mes frères, vous tachez l'innocence de mes draps, vous êtes le sueur où baigne mon angoisse, vous êtes la souffrance qui enroue ma voix. »
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Re: Margaret

Message par Claus » lun. 15 février 2010 à 01h25

Personne ne l'a revu mais qu'importe, personne ne la connaissait véritablement. Elle était telle une ombre derrière une entité qu'elle suivait sans pouvoir s'en détacher ; simple reflet sombre et sans traits qui n'avait importance. Peut-être pensait-elle qu'en arrivant ainsi en ElmorAden, elle arriverait à se faire connaître, reconnaître, et respecter. Mais cela était faux. Les gens étaient imbus d'eux-même, insolents, inquiétants. Ils semblaient tous agir en un orchestre parfaitement orchestré et huilé qui offrait le même spectacle chaque jour, avec la même monotonie, avec la même tristesse. Margaret ne voulait de cette vie. Elle était une voyageuse, une conquérante, une "casse-cou" ; et ne pouvait donc se complaire en ce monde de superficialité et de futilités. L'aventure lui manquait, atrocement, assurément.

Alors elle partit. Un matin, ou une soirée. Sous un vent, ou sous un rayon.
Qu'importe. Elle partit, et c'était là le plus important.
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