Arkam.

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Claus
Lilith
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Arkam.

Message par Claus » dim. 17 janvier 2010 à 12h50

Chapitre I : L'Ephémère Chimère — L'Oeil Monstrueux.

[ image externe ]
Les étendues infinies et éternelles se dressaient jusqu’à l’horizon. Aucune forme, aucune couleur, aucun souffle. Une simple région dénuée de vie ou même d’espoir, poussant ses limites dans les airs et dans la terre par une couleur blanche aussi immaculée que glaciale. La surface du sol s’apparentait à un disque de moins de cinq cent pieds où les extrémités s’écoulaient dans le néant sous une forme laiteuse, comme si la couleur même de ce monde était en perpétuel mouvement. Puis, un silence ; lourd, pesant, étouffant.

Soudainement, un léger bruit brisa l’atmosphère de mort de cette étendue limpide. Une respiration aussi légère qu’une plume, aussi rauque que la pierre. Ce faible souffle de vie s’élevait à un rythme irrégulier de l’imposante masse verdâtre et dénudée qui apparaissaient lentement au sol, semblant fait d’une matière diaphane. Dès lors que le corps se faisait matière, le sol blanchâtre sous lui se changea peu à peu, comme de la peinture s’en imprégnant d’une autre pour donner une flaque d’un vert épuré s’étendant en un long système veineux sur toute la surface. La respiration quant à elle se fit de plus en plus saccadée et forte, avant de brutalement s’arrêter.

« - Réveille-toi, Fils Gandi. »

La voix transcendantale résonna dans l’air pour se répercuter dans cette infinité blanchâtre comme un horrible requiem. Les syllabes se détachèrent les unes des autres en se perdant à l’horizon, pour se briser en un fondu inexistant et lointain.
Un léger souffle apparut alors, caressant le sol blanc aux nervures verdâtre avant la masse de muscles du mort au centre, laissant quelques uns de ses longs cheveux imbibés de sang se soulever sous la rafale.
Soudainement, le cadavre se crispa avant de se redresser en poussant un hurlement rauque d’outre-tombe comme un damné revenant à la vie. Le corps tremblant, la peau en sueur et les yeux écarquillés, il continua son hurlement de longues secondes avant de regarder tout autour de lui, effrayé. Ses mains tentèrent de serrer le sol sous lui pour avoir prise mais celui-ci sentit ses doigts s’enfoncer dedans comme dans du sable pour créer finalement d’autres veines vertes partant de ceux-ci pour se répandre de part et d’autre. Comment pouvait-il lui-même tenir à la surface de cette matière si elle semblait si laiteuse, liquide ? Et où était-il ?
L’Orc n’eut le temps de trouver réponse à ces questions qu’un frisson parcourut toute son échine.


« - Lok’tar, Arkam. »


La voix puissante qui venait de derrière le fit se retourner d’un mouvement brusque, trahissant un instinct défensif que celui-ci avait certainement sur un champ de batailles. Ses yeux noirs et perçants s’arrêtèrent sur la forme qui se dressait devant lui à quelques pieds du sol : un œil énorme surplombé de deux ailes et entouré de chaînes dont la pupille n’apparaissait que par son teint légèrement moins agressif.
Arkam voulu dire quelque chose mais sa bouche n’émit aucun son. Désarmé et désappointé, il entreprit alors de se lever difficilement face à un corps encore trop fragile pour s’étendre de tous ses muscles et remarquer enfin sa nudité.


« - Tu as accompli un long chemin pour arriver jusqu’ici. Mais il te reste tant à faire, et tu ne sais rien. »


Excédé d’être dans un état si faible, dans une incompréhension totale et sous le joug des critiques d’un être aussi inconnu que monstrueux, Arkam fut prit alors d’une pulsion incontrôlable et tenta d’asséner un coup de poing à l’œil qui se dissipa en un nuage de fumée noirâtre.
L’Orc resta quelques instants figé, la respiration forte, avant d’être pris d’un nouveau frisson.


« - Tel le louveteau, tu têtes le Grand pour te repaître de sa religion sans la comprendre… »


Il se retourna vivement pour faire face à nouveau à la créature. Il savait pertinemment que le combat ne servirait à rien : il était trop faible et son ennemi était inatteignable. Peu à peu, les choses semblaient se connecter en son esprit comme s’il retrouvait la mémoire. Mais l’incompréhension d’un trop plein d’informations lui brouillaient l’esprit bien assez pour lui empêcher des réflexions bien poussées.


« - Qui es-tu, Esprit Malin ? s’écria alors la voix rauque de l’Orc. »


L’Oeil se referma lentement, laissant la pupille grisâtre disparaître sous la noirceur de son être avant de replier ses ailes sur lui-même. Immédiatement, un flash noir se fit, éblouissant Arkam qui poussa alors un cri.
Un souffle chaud caressa la peau d'Arkam, agissant comme un doux plaisir réconfortant sur son être auparavant si glacé. Il tenta alors d’ouvrir les yeux mais la lumière fut trop vive, et l’obligea à les refermer aussitôt. Amputé de sa vue, il entreprit de renifler l’air pour sentir la douce odeur du bois brûlant et un parfum qu’il semblait lui connaître mais dont il n’arrivait à se souvenir. Etrangement, ces effluves olfactives le tiraillaient de l’intérieur, comme lui rappelant des choses bien trop mélancoliques. Tiraillé par le désir de savoir, l’Orc affronta la douleur de la luminosité pour ouvrir enfin les yeux.

La première chose qu’il vit était une cheminée de fortune où trois bûches en forme de pyramides abritaient en leur sein des flammèches ardentes. La vieille pierre qui contenait le feu était noircie par la suie et les années, et le tapis qui trônait devant semblait être une peau d’un ours brun. Akram tourna alors la tête afin de découvrir une table en bois au centre de la petite pièce où trônait un vase en terre cuite contenant trois beaux lys à la peau laiteuse. Le doux parfum dont il n’arrivait à définir la source était donc ces splendides plantes qu’il connaissait fort bien. Oui… Il les connaissait, et cela lui traversa l’esprit comme un éclair. Immédiatement, il détourna la tête paniqué pour regarder la totalité de la pièce, le ventre noué, avant de poser son attention sur l’encadrement d’une porte sur sa droite. Une masse imposante se dessinait dans l’autre pièce, tel un homme agenouillé au bord d’un lit aux couvertures défaites. Les mains liées entre elles et les coudes posés sur le bord du matelas, la silhouette s’apparentait à une statue si ce n’était les soubresauts dont elle était prise parfois. Akram s’approcha alors, le regard effrayé et les jambes légèrement tremblantes. Il réussit à discerner davantage la pièce en arrivant au niveau de l’encadrement, avant de reculer d’un pas et détourner la tête en déglutissant. Dans la pièce se trouvait non pas un lit avec des couvertures mal pliées mais sa mère, morte, recouverte pas le drap blanc méticuleusement remonté jusqu’à son cou. Les yeux profondément fermés, elle semblait telle une statue figée dans le temps, emprisonnée dans les mailles du destin. La silhouette agenouillée à ses côtés était son père, et les soubresauts qui inquiétaient au préalable Arkam étaient des profonds sanglots. Cette simple vision l’anéantit, n’ayant connu qu’un père fort, puissant, autoritaire et flegmatique. Cet être si fragile qui pleurait sa douce était une facette que l’Orc n’avait jamais vue et, il le savait maintenant, n’aurait jamais voulu voir.
Difficilement, il tourna à nouveau son regard vers la scène la peine se lisant en son regard, mais les remparts de dureté des années empêchaient toute larme de s’écouler. Mais son corps pleuvait à l’intérieur à mesure que les fondations se brisaient en son être.
Soudainement, le père releva sa tête pour tourner son visage aux traits si durs mais à la peau humidifiée par les larmes vers Arkam qui eut un mouvement de recul, surpris de voir que celui-ci le voyait. L’Orc anéanti se leva alors avec une rage folle dans le regard, déployant ses muscles sur toute sa longueur, avant de tendre devant lui un couffin ensanglanté.


« - Regarde ce que tu as fait ! »


Sous le hurlement de son père, Arkam, tremblant, baissa les yeux sur l'enfant pour apercevoir, horrifié, l’Oeil Monstrueux emmitouflé dans la petite couverture à la place de lui enfant. Un nouveau flash se produisit, laissant comme seule trace de l’Orc un cri de douleur et d’effroi se répercutant dans la chaumière vide.
L’air devenu suffocant, lourd, sec. Même si Arkam maintenait encore les yeux fermés, il percevait une lumière aveuglante tout autour de lui. Était-ce les Enfers ? s’étonna-t-il à penser. Mais cette pensée fut vite oubliée dès qu’il entendit un craquement devant lui s’apparentant à une branche. Instinctivement, il tenta d’ouvrir les yeux pour discerner le danger mais la luminosité était telle qu’il fut obligé de les refermer en grimaçant. Un puissant coup le frappa dans l’abdomen, l’envoyant tomber quelques centimètres plus loin dans ce qui semblait être un nuage de fumée. La douleur était puissante, bien trop pour un animal, ou même un humain.

« Est-ce donc là la force du Starnaksat ? »

La voix lui parvenue avec difficulté, comme brouillée par la douleur qui le lançait à présent dans tout son corps. Il n’avait jamais rencontré un aussi adversaire qui réussit à l’envoyer au sol avec une telle facilité, et sa cécité provoquée par la lumière aveuglante ne jouait guère en sa faveur. Arkam se mit alors en position défensive en croisant ses bras devant lui, espérant pouvoir bénéficier ainsi d’assez de force pour laisser ses yeux s’adapter. Immobile et dure comme une statue, le guerrier Orc s’entreprit une nouvelle fois à tenter de voir son adversaire mais il ne put cette fois-ci que discerner une silhouette qui s’approchait dangereusement de lui, comme un prédateur se délectant de sa proie facile.
Soudainement, une main lui attrapa avec force le crâne et le souleva du sol avec une force surhumaine. Très vite, le guerrier ne sentit plus le sol sous ses pieds et une horrible douleur à la tête, comme si l’emprise se resserrait lentement dans le but de lui écraser la boite crânienne.
Un souffle glacé caressa son visage en même temps que la voix.

« Tu es faible. »

Son adversaire l’envoya voler avec puissance, laissant le puissant corps d’Arkam s’écraser à nouveau dans le sol dans un tremblement pour rouler sur lui-même sur ce qui lui semblait plusieurs mètres. L’Orc poussa un hurlement de douleur, face contre terre, tout en sentant le goût cuivré du sang se répandre dans toute sa bouche. L’odeur incandescente du sable vint alors titiller ses narines, et l’évidence qu’ils se trouvaient en une terre aride ou un désert traversa alors tel un éclair l’esprit du guerrier. Il comprit dès lors que la lumière étincelante et brûlante ne devait être que celle de l’astre solaire. Néanmoins, Arkam fut bien vite sortit de ses déductions en entendant à nouveau le bruit de pas puissants s’approcher de lui. Face contre terre, il tenta une nouvelle fois d’ouvrir les yeux en sachant pertinemment que si la lumière provenait belle et bien de la source qu’il imaginait en le ciel, sa position lui permettrait de s’adapter davantage. Et il eut raison. Il réussit à voir tout d’abord une image flouée et instable d’un sable doré parsemé de quelques brindilles brûlées. Un rapide coup d’œil autour de lui indiqua que cette étendue sableuse s’étendait jusqu’à l’horizon, se perdant en le bleu azur du ciel. Arkam, après quelques secondes qui lui paraissaient de longues minutes, réussit à voir davantage de détails sans en ressentir de plus grande douleur et décida de se retourner pour faire face à la lumière des cieux, et à son adversaire ; mais cela était trop tard.

« Comment peux-tu encore oser prier Pa’agrio en lui faisant affront de ta faiblesse chaque jour ? »

Un nouveau coup le frappa au niveau du flanc, arrachant un hurlement de douleur à l’Orc qui cracha une gerbe de sang. Recroquevillé sur lui-même, il serra les dents en laissant cet horrible nectar se répandre davantage en sa bouche et glisser le long de sa gorge comme un poison mortel. La souffrance était inimaginable, si bien que le guerrier eut du mal à garder sa respiration. Malgré cela, la rage commençait à être plus grande, dépassant même le seuil de la douleur pour atteindre son apogée. Il ne pouvait supporter d’être aussi faible et de se faire battre comme un vulgaire animal. Avec un ultime effort, Arkam ouvrit les yeux pour affronter l’astre solaire et son adversaire, et ainsi montrer que jamais il ne faiblira devant autrui. Que jamais il gardera les yeux fermés sur des injustices. Que jamais il ne baissera le regard face à un adversaire plus puissant que lui.

La silhouette se dessina alors davantage à ses yeux face à lui. C’était le corps de son père, mais à la place de sa tête trônait l’Oeil Monstrueux. Puissant et impressionnant, il exaltait d’une aura sombre, glaciale et inquiétante qui provoqua un frisson à présent bien connu à l’Orc. L’aspect pourtant paternel que celui-ci entretenait était déboussolant, imitant à la perfection ses gestes, sa façon de se mouvoir ou même sa voix. Cette vision déstabilisa encore plus Arkam qui fixa cette « créature » qui lui inspirait à la voix amour, haine, horreur et mélancolie.

« Ton courage n’aura été que d’avoir osé levé le regard sur ton bourreau pour voir la mort en face. »

Le poing de son « père » se leva en l’air, cachant pendant quelques instants le soleil qui se trouvait juste derrière lui. L’immense pupille fixait Arkam avec intensité, alors que celui-ci demeurait bloqué de stupeur face à cet adversaire. Mais, soudainement, alors que le coup pourfendit l’air en un sifflement aigu pour s’abattre sur son visage, l’Orc bloqua d’un geste vif le poing dans le creux de sa main droite avec force.

« La mort m’est un adversaire comme un autre. »

Immédiatement, Arkam se servit de son pied pour l’appuyer sur le torse de son « père » et, à l’aide de sa poigne, le faire passer par dessus lui. Alors qu’il sentit la puissante vibration au sol indiquant la chute de ce dernier, il se releva hâtivement en se mettant en position de combat, possédant à présent toutes ses facultés pour se battre même si grandement affaibli. La « créature » se releva lentement en prenant appui dans le sol et cet amas de muscles et cette force qui se dégageait d’elle impressionna grandement Arkam qui comprit dès lors qu’il n’avait aucune chance. Mais à présent, il avait une certitude : il se battra jusqu’au bout, même si c’est la Mort lui-même qui viendrait le chercher.

L’Etrange Chimère regarda longuement l’Orc avant de faire craquer sa nuque et avancer à nouveau en sa direction comme pour en finir. Sentant que sa mort était proche et que l’issue du combat se déroulait maintenant, Arkam poussa un hurlement rauque et puissant en contractant tous ses muscles, avant de foncer telle une bête enragée sur son « père ». Les deux combattants foncèrent alors droit l’un sur l’autre avec une rage impressionnante, comme s’ils se donnaient corps et âme en ce combat.
Alors que les derniers mètres les séparant furent franchis, un nouveau flash se fit.


La course d’Arkam, qu’il avait débuté face au précédent combat, continua pendant quelques mètres dans la nouvelle obscurité avant de s’arrêter en chutant au sol. Instinctivement, et malgré la douleur, l’Orc prit appui sur ses bras et se releva partiellement, scrutant tout autour de lui comme un prédateur. La nouvelle lumière ne semblait point le déranger, comme si la rage elle-même avait prit le dessus sur la raison, et sur le corps.
Il comprit alors qu’il était revenu au point de départ, dans ce monde chimérique immaculé où la matière se semblait qu’être laiteuse, mais étrangement solide sous ses pas. Sa nouvelle chute au sol avait provoqué des veines verdâtres plus intenses sur la surface, telle une feuille et ses nervures.

« As-tu compris, Fils Gandi ? »

L’Orc se retourna d’un geste brusque pour faire face à nouveau à l’Oeil qui flottait à quelques mètres du sol, étendant ses ailes de chaque côté avec magnificence. Il désirait plus que tout le frapper et le détruire, mais les évènements lui avaient prouvé qu’il ne pouvait rien face à cette créature chimérique qui semblait immortelle. Le dialogue demeurait sa dernière arme pour pouvoir survivre en ce monde parallèle. Il tenta dès lors de réfléchir à la question, mais aucune réponse ne lui parvenait. Que fallait-il comprendre ? Et qu’est-ce que cette Créature attendait de lui ? Tout en son esprit ne demeurait que questions, et aucune réponse ne venait.

« Longtemps, tu t’en es voulu d’avoir provoqué la mort de ta mère en naissant. Et tu as toujours pensé que ton père t’en voulait pour cela. Tu avais raison. Celui-ci est devenu plus dur avec toi, plus froid, mais cela fut inconsciemment. »

A ses mots, l’image diaphane de son père qui tenait un bébé emmitouflée dans une couverture blanche tachée de sang apparue à ses côtés, tel un fantôme. Arkam se souvint alors du premier souvenir qu’il avait eut en ce monde, en faisant face au cadavre de sa mère et aux accusations de son père.

« Trop longtemps, tu t’es accablé de maux face à cette tragédie, voulant prouver à ton père quelque chose d’impossible. Ces pensées ont entaché ton esprit et t’ont empêché de te concentrer sur l’essentiel pour devenir un Orc complet et sain, tourné vers des valeurs pures et concrètes. Tu t’es éloigné de la voie du Grand en te complaisant en des objectifs bien trop personnels, animés par une culpabilité hors norme. Cela ne t’a pas rendu plus fort mais plus faible, t’aveuglant sur la Vie elle-même. »

L’image fantasmagorique du père changea alors devant les yeux étonnés d’Arkam. Les tâches de sang sur la couverture disparurent lentement, alors que l’Orc serra l’enfant dans ses bras avant de lui déposer un baiser sur le front, les larmes aux yeux.

« Ton père a façonné ce comportement chez toi en te donnant l’image d’un être froid et cruel, t’obligeant à dépasser tes limites pour un acte involontaire. Il t’aime et continuera de t’aimer quoi qu’il en soit, et la seule chose que tu peux réellement lui prouver est de comprendre cela. Il faut te nettoyer de ces préjugés que tu portes sur tes épaules pour enfin devenir un Orc fier, digne du Grand. L’inconscient de ton père s’est floué dès que la mort s’est immiscée dans le cœur de son aimée. Il est de ton devoir à présent de passer outre cela et de continuer d’avancer sans te rattacher à ton passé qui n’est qu’un fardeau vers l’élévation au divin. »

Arkam écoutait l’Oeil, glacé d’effroi par de tels mots et ces révélations. Personne d’autre que lui ne connaissait ses culpabilités dont il était la proie, et entendre pour la première fois quelqu’un lui en parler en s’appuyant sur des faits concrets. Ayant toujours vécu avec son père, il n’avait jamais eut d’avis extérieurs à la question, et les paroles que cette Créature lui donnait lui apparaissaient alors comme une évidence. Au fond de lui, il sentit quelque chose se débrider, se casser, comme une nouvelle poussée brisant des chaînes intérieures, se libérant d’un fardeau qui était bien trop lourd à parler. Comment pouvait-il croire aussi aisément à de telles paroles par un « inconnu » ? La vérité n’a besoin que de très peu pour se faire valoir quand on désire inconsciemment depuis des années s’en détacher.

L’image diaphane du père changea alors à nouveau, le bébé disparaissant de ses bras pour lui faire adopter une position de combat qu’Arkam connaissait fort bien. Il se souvint alors que le lieu où il avait été dans le second souvenir était le désert où son père et lui s’entraînaient il y a encore quelques années pendant des heures. Et cette position de combat était celle digne des Tologpaagrak, caste au quelle était rattachée son père.

« Les heures d’entraînements t’ont fait devenir un puissant guerrier, un des meilleurs Starnastak du Village. Mais en même temps que cela rendait ton corps dur comme de la pierre, ton cœur en a fait de même en se bloquant à toute émotion ou toute pitié. La seule chose qui t’animait était la peur de décevoir ou d’être trop faible. Ces deux comportements t’ont trop longtemps tiré vers le bas en t’empêchant de comprendre et d’écouter les autres et donc le Grand pour le premier, et te rendre faible par ton hésitation et ton manque de confiance. »

A ses mots, le fantôme du père fit quelques puissants mouvements de combat avant de s’arrêter et de crier, même si aucun son ne sortait de sa bouche. Arkam eut le cœur serré en voyant celui-ci énervé, lui rappelant de tristes souvenirs.

« En les rêves que je t’ai façonné, inspiré de tes souvenirs les plus lointains et les plus douloureux, tu as été confronté à l’extrapolation que ton esprit faisait d’eux. La culpabilité que te donnait ton père pour la mort de ta mère, ou la faiblesse incommensurable dont tu faisais preuve face à lui au combat. Mais lorsque tu t’es affranchi de ces idées, tout a alors changé en ton esprit et en ton cœur, te donnant la force véritable de ton âme que chaque Orc détient. Dès lors où tu as pensé que cela était faux et injuste quand ton père t’a accusé en te tendant l’enfant, tu as brisé une barrière qui te bloquait depuis des années. Dès lors que tu as décidé que même la mort ne te ferait peur et que tu étais prêt à l’affronter jusqu’au dernier souffle, une autre barrière s’est brisée pour te libérer d’un fardeau. Tu es devenu un adulte en faisant abstraction de tes défauts que tu traînais derrière toi en les âges comme le boulet aux pieds des damnés. »

Un nouveau silence prit possession de cet étrange monde chimérique, laissant face à face l’Orc et l’Oeil. Ils se regardèrent sans un mot et sans une émotion, comme si le temps s’était arrêté. Puis, soudainement, Arkam fut prit de légers tremblements tout en serrant les poings, avant de baisser la tête. Ses vérités lui faisaient un bien fou, sentant que le poids des culpabilités et des à priori chutaient en son être ; mais ce brusque changement lui provoquait des émotions auxquelles il n’était habitué. A nouveau libre, il s’en sentait néanmoins mal à l’aise, comme à présent vide de convictions ou de buts.

« A présent Arkam, et comme tout au long de ta vie, je te suivrai et t’éclairerai quand ton esprit se fera trop sombre. Il est temps pour toi de voguer en la vie pour rendre honneur à Pa’agrio. Le Père de tous est fier de toi, Fils Gandi. Et il veut que tu le serves avec foi et bravoure comme tu usais pour combattre pour des idéaux faussés. Va à présent mon enfant, va. Et sache que où que tu sois, où que tu ailles, tu ne seras jamais seul. »

Un nouveau flash se produisit, laissant ce monde chimérique se refermer sur lui-même pour plonger Arkam à nouveau dans la réalité. L’enfance de l’Orc était à présent terminée, comme le voulait la tradition lorsqu’un enfant rencontrait son Guide Spirituel en ses songes.

Rattaché à la tribu Gandi, guidé par l’Oeil Monstrueux et animé par Pa’agrio, Arkam prit le chemin de la foi avec comme seules armes la bravoure et le courage, prêt à tracer lui-même son destin pour les Orcs, et pour le Grand.
~
« Sang ô sang noir de mes frères, vous tachez l'innocence de mes draps, vous êtes le sueur où baigne mon angoisse, vous êtes la souffrance qui enroue ma voix. »
Spoiler:
Être Conseiller, ça a son charme ;

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Re: Arkam.

Message par Claus » lun. 18 janvier 2010 à 16h44

Chapitre II : La Cave des Épreuves.
Les flocons tombaient lentement, comme une multitude de beautés éphémères s’estompant sur une infinie magnificence. Le léger vent soufflait délicatement, emportant en sa robe quelques particules gelées qui s’apparentaient à un drap d’étoiles filantes. Le soleil, quant à lui, disparaissait à l’horizon derrière les monts, laissant une aurore boréale aux variantes bleutées prendre les commandes des cieux.
Pourtant, en ce paysage idyllique se passait un effort surhumain où se mêlait douleur, sueur et détermination. Un Orc, emmitouflé en un épais châle noir, bravait le froid et les vents pour se frayer un chemin dans cet environnement aussi hostile que magnifique. Sa musculature était tellement impressionnante que chaque pas l’enfonçait de plusieurs centimètres dans le sol, dépassant même parfois les hauteurs de ses bottes en cuir pour laisser entrer la neige en celles-ci. Les membres tremblant, il persévérait malgré tout en demeurant dans une léthargie étrange où aucune émotion se dessinait en son visage.

Au bout de plusieurs minutes, Arkam arriva enfin devant la plus grande montagne du labyrinthe glacé, laissant deux énormes portes se dessiner en la paroi rocheuse. Des reliures dorées apparaissaient parfois sur les contours de cette gigantesque construction, lorsque les bourrasques de neige se calmaient un peu.
Lentement, l’Orc s’approcha et leva la main devant le mur de pierres, laissant celle-ci s’illuminer d’une couleur incandescente avant de faire un bruit sourd et caverneux. Elles s’ouvrirent alors, d’un mouvement pénible et lourd, laissant de légères chutes de pierres tomber de-ci de-là avec fracas. Une odeur de souffre et de renfermé émana alors de l’ouverture, obligeant Akram à se protéger le nez pour éviter de suffoquer. Après une profonde inspiration, il entra.


Les premières minutes en la grotte auraient pu paraître interminables pour quiconque, mais pas pour Akram. Il savait la difficulté de ce qu’il allait vivre, ainsi que la force dont il devrait faire preuve chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Alors, dès les premiers instants, l’Orc avait descendu le long colimaçon en pierres pour se mettre au centre de la pièce circulaire, où se trouvait une pyramide de bûches carbonisées. En tailleur, il détacha lentement sa ceinture en cuir et plia ses maigres habits pour se retrouver totalement nu. Sans une once d’émotions face à la froideur des lieux, il joignit ses mains entre-elles en entrelaçant ses doigts, laissant ses coudes appuyés sur ses cuisses. Puis, Arkam ferma ses yeux et restant ainsi sans bouger, ne voulant subir la déstabilisation que serait la première épreuve, à savoir la cécité la plus totale.

Alongé dans le noir, l’Orc laissa le temps s’écouler comme un flux continu incontrôlable. Il sentit peu à peu la noirceur s’intensifier autour de lui, malgré ses yeux clos, mais il en fit abstraction. Son seul repère pour ne point perdre la raison était les gouttes qui tombaient lentement des stalactites autour de lui, se perdant à les compter pour passer le temps du mieux qu’il pouvait.
Alors que des heures semblaient être passées, Arkam entendit soudainement un nouveau bruit qui attira son attention. Un pas calfeutré mais lourd, délicat mais puissant.
Instinctivement, l’Orc se dressa sur ses deux puissantes jambes puis se mit en position défensive, comme aux aguets. Il ouvrit les yeux, et pour la première fois, sa cécité le déstabilisa malgré tous les efforts qu’il avait accomplit pour ne point y prêter attention. Il se sentait comme un animal sans défense, proie à n’importe quel danger. Il devait utiliser tous ses sens, mais avec ce nouveau danger, cela était fort difficile.

« Qui suis-je ? »

Dans un premier temps, Arkam fut surpris de cette question provenant d’une voix qui semblait venir de son esprit même, mais qu’il savait provenir de la personne dans la pièce. Puis, il fut paniqué en comprenant que cela était sa première épreuve, et qu’il était mit au pied du mur plutôt qu’il le pensait. Mais, après quelques secondes de réflexion quant à ce surplus d’informations, Arkam s’entreprit à utiliser tous ses autres sens pour pouvoir répondre à la question. Il préféra tout d’abord la facilité en s’approchant pour tenter de toucher la personne devant lui et ainsi deviner sa nature. Après une minute d’essais non concluant en brassant le vide, l’Orc réussit à sentir sous ses doigts à à peine un mètre du sol un doux pelage qui s’étendait sur la longueur, s’ébouriffant vers une extrémité. Il se mit alors à genoux, et s’entreprit à sentir cette fourrure pour définir le milieu d’habitat de l’animal. Une odeur sableuse et sèche lui titilla les narines, et Arkam ne put s’empêcher de sourire en se redressant.

« Un Lion. »

Un long silence s’en suivit, qui se perpétua pendant plusieurs minutes pour redevenir le maître des lieux. Comprenant que la réponse fut correcte avec si peu d’essais, il ne put s’empêcher de lâcher un long soupire puis se rasseoir dans la même position qu’au début, légèrement déstabilisé mais fier de cette première épreuve réussie.
Le second jour, Arkam demeura toujours immobile au centre de la pièce dans sa nudité la plus extrême, accrochant sa raison aux gouttes d’eau qui continuaient toujours de tomber des stalactites avec le même rythme, la même nonchalance. Ce métronome finit par se faire de plus en plus discret, de plus en plus rare, avant de disparaître totalement. L’ouie était donc le second sens touché, plongeant le guerrier dans le noir et le silence le plus total. Heureusement, fort de son intelligence, il s’était assis à l’endroit même où le fin filet d’eau passait après avoir ruisselé au sol, lui permettant ainsi de simplement le remonter en le suivant au touché pour pouvoir se réhydrater tant bien que mal.

La surdité affaiblit davantage Arkam qui se sentait davantage comme un animal sans défense, proie même à tous les dangers. Le néant qui l’entourait dès à présent était profond, puissant, obligeant même l’Orc à se forcer à penser à des choses positives, des souvenirs heureux bien que rares. Le sommeil lui était même venu à l’idée pour lutter contre le rythme lent et sadique du temps, mais la fatigue ne voulait venir, malmené par la panique même. Il s’entreprit alors à effectuer quelques pas en suivant du bout de son doigt le filet d’eau, tâchant de ne point trop s’en éloigner au risque de se perdre et donc d’être tiraillé par un nouveau mal : la soif. Chaque mouvement était calculé par un nombre de pas en sa tête, l’obligeant ainsi à mesurer la distance par l’appréhension et par des données mathématiques. Un pas à gauche, trois pas tout droit, un pas à droite… Ne pas oublier, et faire la même chose dans le sens inverse… Voilà là les seules pensées qui l’animaient, l’obligeant parfois à s’arrêter pour ne point s’épuiser, que cela soit mentalement que physiquement.

Finalement, une nouvelle présence se fit sentir par un souffle chaud sur sa peau, ainsi qu’une odeur de brûlé de plus en plus intense. Immédiatement, Arkam tenta de parfaire ses autres sens pour ainsi en deviner la provenance, mais cela se faisait de plus en plus compliqué à mesure qu’il en perdait un. Très vite, il sentit le danger en sentant que le chaud autour de lui se transformait en fournaise, l’obligeant même à reculer sous la pierre incandescente. Une idée lui traversa alors l’esprit et lui provoqua un frisson dans le dos : la seconde épreuve était un incendie, et la seule chance qu’il avait de la remporter était de survivre.

Dès lors, Arkam se releva tant bien que mal, essuyant une brûlure sur l’avant bras droit qui lui fit pousser un hurlement de douleur. Instinctivement, il recula à nouveau de quelques pas, mais ne savait où aller dans l’odeur puissante de fumée entrait en ses sinus et l’amputait d’un nouveau sens bien malgré lui, ne lui provoquant que toux et nausées. Il tenta alors de s’approcher de n’importe quelle paroi en avançant à l’aveuglette, reculant parfois quand il sentait que la chaleur se faisait de plus en plus intense devant lui. Heureusement, sa main parvint à toucher une surface froide et rocheuse et l’Orc comprit qu’il venait enfin d’atteindre un mur qui lui servirait pour se repérer. Il tâta un peu à gauche, puis à droite, avant de finalement partir à gauche puisque la pierre semblait plus glaciale de ce côté là. Tant bien que mal, le guerrier avança en tentant de se baisser légèrement pour ne pas subir les attaques incessantes de la fumée ou même des flammes qui lui attaquèrent la peau bon nombre de fois.

Soudainement, Arkam sentit une sensation glaciale sur son épaule, s’apparentant à du liquide. Il comprit alors qu’il était arrivé par le plus grand des hasards à la seule source d’eau qu’il avait pour le moment trouver en cette grotte, s’écoulant de ses stalactites instables du plafond. Une rapide réflexion lui rappela que, dans ses souvenirs, aucune glace ne se trouvait en ce lieu et que donc la provenance de cette eau devait provenir d’une source même, juste au-dessus de lui. Alors que les flammes s’approchaient dangereusement de lui en léchant la distance restante les séparant, Arkam ne réfléchit point et bondit en l’air dans l’espoir d’attraper la stalactite et, peut-être, la faire s’écrouler pour libérer suffisamment d’eau pour étouffer le feu. Malheureusement, rien ne se produisit dès qu’il la saisit, à part quelques effritements qui lui causèrent bien des peurs puisque sa chute entraînerait sa mort en s’écrasant au sol, ou pire, l’achèverait en le brasier. Il se mit alors à frapper le plafond en gardant une prise avec son autre main, sentant la douleur le lancer sur tout son bras alors que des gouttes de sang lui tombaient au visage. Mais l’Orc ne faiblissait pas, animé par une rage incommensurable. Brusquement, le stalactite céda avec le plafond sous une trombe d’eau, projetant le guerrier avec elle dans les flammes.

Arkam s’écroula au sol avec douleur, sentant les flammes lui lécher le corps avant de ressentir la masse aquatique tomber sur lui, l’étourdissant. Un puissant choc se fit sentir sur son crâne, lui arrachant un dernier cri de douleur avant de tomber évanoui au sol.
A l’aube du troisième jour, trois malheurs frappèrent Arkam pour l’affaiblir davantage, le poussant inexorablement aux frontières de la mort. La première était cette horrible douleur à la tête qui était accompagnée, d’après le toucher de sa main, par une perte importante de sang. Ce mal lui offrit de terribles migraines, se répandant dans tout son corps comme le plus sadique des poisons. Peu à peu, il sentait son être se courber sous la douleur, ne ressentant presque plus ses membres tant la douleur semblait le paralyser. Malheureusement pour lui, son sens du toucher s’étant amélioré avec la perte des autres, cette sensation persistait, non pas sans une plus grande importance qu’auparavant. Le second malheur fut l’oubli, car malgré cet état lamentable où il se trouvait et le coup certain qu’il avait reçu en la tête, l’Orc ne parvenait à se souvenir des événements de la veille, lui revenant simplement sous forme de formes imagées de flammes, puis de torrents. Cette nouvelle sensation qu’était l’inconnu l’affaiblissait davantage, lui rappelant qu’au-delà de cette perte de mémoire le rendant fragile se trouvait la perte de ses autres sens qui faisaient de lui une proie facile, et sans défense. Puis vint le troisième malheur, qui était certainement le plus terrible : la faim. Ce manque de nourritures depuis maintenant trois jours le tiraillait, lui retournant le ventre pour l’obliger parfois à pousser quelques cris qu’il n’entendait point de par son ouïe absente et une chose dont il ne savait point : il était amputé de voix ainsi que de goût, et perdait peu à peu le toucher.

La perte de la voix et du goût ne furent un véritable problème, puisqu’il ne pouvait entendre et donc remarquer le premier, tandis que le second ne se trouvait peu important puisque la nourriture était inexistante, et que les gouttes d’eau dont il se servait pour se déshydrater avaient disparues – pour une raison qu’il n’arrivait toujours point à se souvenir. Cependant, le toucher fut le sens qu’il remarqua dans un premier temps par son incapacité de se mouvoir. En effet, ne sentant plus le sol et donc ses jambes, il ne cessait de tomber ou de rouler au sol tel un aliéné. Ce soudain vide le plongeant dans le néant le plus total le rendait parfaitement fou, il est vrai : accablé par les maux, il s’heurtait à des murs ou tombait dans des crevasses en se blessant plus ou moins gravement, sans en ressentir une grande douleur. Le seul signe qui trahissait les chocs ou la sensation de mal-être était sa respiration qui devenait saccadée parfois sous un coup plus puissant. Son rythme cardiaque, quant à lui, s’emballait continuellement, paniqué par ces abysses qui se dressaient devant lui et dont il semblait plonger et s’enfoncer, inexorablement. Agité par la faim, possédé par des démons inconnus, Arkam se mit à frapper tout autour de lui dans le vide – ou de rares fois en des stalagmites qu’il faisait voler en poussières – en poussant des hurlements qui ne sortaient point.
Puis, il tenta de se calmer et de rester immobile, couché au sol telle un mort, avec comme seule pensée Pa’agrio. Au bout de plusieurs heures, le sommeil le délivra du Mal.

Soudainement, l’Orc se réveilla, le souffle court. Pensant tout d’abord à un mauvais rêve, il entreprit d’ouvrir ses yeux sur le noir infini dont il s’était accoutumé et resta ainsi statique, calme et serein. Cependant, au fur et à mesure que les secondes passaient, celui-ci se sentit de plus affaibli, la respiration haletante et le rythme cardiaque instable. Dès lors, il comprit que quelque chose se tramait mais ses capacités à présent inexistantes ne permettaient d’en savoir la force. Il continua de rester ainsi, dans une position qui lui semblait fixe, tentant de se calmer et de réfléchir du mieux qu’il pouvait alors que son état se dégradait grandement.
Brusquement, une évidence le frappa : il était en train de mourir.
D’un geste instinctif, il bougea ses bras avec brutalité tout autour de lui tel le fou qu’il était devenu, espérant toucher la source du mal. Il continuait ses mouvements, encore et encore, alors que sa faiblesse se faisait de plus en plus persistante, dominante. Animé par une rage folle, il se battait tel un lion féroce, paniqué par la mort elle-même qui l’aspirait petit à petit. Pour Pa’agrio et pour les siens, il luttait, encore et encore, jusqu’à l’épuisement le plus total, jusqu’à ce que la mort vienne le chercher. Il se rappela alors de la phrase de son Guide Spirituel qu’il avait rencontré en le Monde des Songes, qui résonna en sa tête telle la dernière mélopée d’un condamné :

« Dès lors que tu as décidé que même la mort ne te ferait peur et que tu étais prêt à l’affronter jusqu’au dernier souffle, une autre barrière s’est brisée pour te libérer d’un fardeau. »

L’Orc porta un ultime coup dans le néant, avant de s’écrouler, fermant les yeux sur la vie.
« Réveille toi, mon enfant. »

Arkam reprit peu à peu conscience, serrant les dents sous une douleur immense qui lui parcouru tout le corps. Lentement, il tenta d’ouvrir les yeux avant de les refermer sous un hurlement de douleur : la lumière était vive, si vive. Puis, la vérité lui frappa alors l’esprit, arrivant même à lui faire oublier pendant quelques instants ces maux : il avait mal, il était aveuglé par la lumière, il avait entendu une voix, et avait réussi à hurler. Les épreuves étaient donc terminées ! Mais le doute s’empara dès lors de son esprit : et s’il avait raté la dernière épreuve qui était cette lutte étrange contre la mort ?
Un nouvel élan de douleur le fit se tordre en poussant un nouveau cri, portant ses mains à son corps meurtri pour sentir le sang encore chaud le recouvrir de part et d’autres, semblant sortir de profondes plaies sur son torse, ventre et même visage. Malgré ce mal incommensurable, la force d’esprit dont il faisait preuve le força à ouvrir les yeux et de s’adapter du mieux qu’il pouvait à la luminosité, et à la source de chaleur qui se trouvait devant lui. Avec les maigres forces qui lui restait, Arkam se redressa sur son postérieur pour faire face à plusieurs éléments qui lui fit tout comprendre sous un amas d’informations.

Un trou béant dont tombait encore parfois quelques gouttes se trouvait à sa gauche en le plafond, laissant une lueur du soleil le traverser pour éclairer d’une façon vive et apaisante la grotte. Sous cette ouverture se trouvait un éboulement de pierres au sol, accompagné à dix pieds de cela d’une stalactite fissurée en deux. L’Orc comprit alors ce qu’il s’était déroulé lorsque le feu avait emplit la salle : il avait suivit la paroi, puis sauté au plafond pour s’accrocher à cette stalactite avant qu’elle cède sous les coups, libérant une nappe phréatique qui le sauva d’une mort certaine. En suivant le parcours qu’il avait certainement accomplit du regard, Arkam comprit que le puissant choc qui le sonna était certainement ce morceau de pierre en forme de pique qui l’avait heurté à la tête sous la pression.

Son regard se posa ensuite sur la carcasse d’un ours se trouvant à quelques pas de lui, affaissé au sol face contre terre, poils dressés. Là était certainement la dernière épreuve qu’il avait affronté, se faisant attaquer par ce prédateur féroce sans s’en rendre compte, amputé de tous ses sens. Un bref regard à son corps où apparaissaient de nombreuses griffures lui confirma cette pensée, et une chaleur de plaisir lui parcouru les entrailles pour lui amener une vérité dont, inconsciemment, il avait toujours soupçonné : il avait donc réussi.

Arkam eut alors le courage de poser son regard devant lui, pour faire face à une salamandre à l’épiderme enflammée. Ses yeux étaient d’une telle brillance qu’ils s’apparentaient à deux rubis finement taillés, incrustés en un amas de flammes et de dureté qui exaltaient de son corps. L’étrange animal regarda l’Orc pendant plusieurs secondes, avant de s’approcher davantage de lui pour s’entreprendre à lui lécher le corps. Sous le plaisir de la langue enflammée, le guerrier meurtri ferma les yeux, bouche entre-ouverte, savourant ce plaisir sans limites qui s’offraient à lui. La chaleur devenait un sentiment de bien-être, apaisant, relaxant, le plongeant dans une torpeur transcendantale. Puis, la sensation se dissipa lentement, obligeant Arkam à revenir à la réalité et à ouvrir à nouveau les yeux. Plus aucune douleur, plus aucune faiblesse. Il posa son attention sur son corps qui était à présent dénué de griffures, coupures, plaies ou entailles, pour ne laisser qu'une masse de musculatures suintant de sueurs.

« Une nouvelle vie s’offre à toi, mon enfant. »

L’Orc fut arraché de sa contemplation et leva enfin les yeux sur la salamandre. La voix lui parvenait en son esprit, mais étrangement, aucun son n'émanait de la bouche de « l’animal » qui demeurait stoïque et fier. Comprenant alors face à qui il se dressait, Arkam se mit alors à genou en baissant la tête au sol, mains liées et doigts entrelacés. Son cœur s’emballa, entre stupeur et peur, abasourdi de se retrouver face à une représentation du Grand, fort mal à l’aise que celui-ci l’ait aperçu en un état de faiblesse proche de la mort. Le souffle coupé, il attendait les dires de l’Animal, subjugué par tout ce qui se passait.

« Tu m’as rendu très fier de toi, Arkam. Par ta foi et ta force, tu as réussi à braver toutes les épreuves qui se dressaient à toi avec une facilité dont les autres n’ont fait preuve. Tu es voué à un grand avenir, mon enfant ; un avenir qu’il se doit d’être écrit dans l’Histoire. Longtemps de cela, tu m’as offert ta Foi, ta Bravoure et ta Vie, honorant ton Passé et luttant pour un Futur. Mais ta Croyance a dépassé l’entendement, et tu ne peux rester plus longtemps ainsi à penser et à prier ; il te faut dès à présent agir. Tes convictions sont pures, et tes valeurs solides. Utilise tout ce que je t’ai offert dès ta naissance pour devenir un Orc puissant, prenant en main son destin de sa main de fer. Accompagné par ton Guide, soufflé par mes paroles, délivre au monde mon message en accomplissant de grandes choses. Je t’ai créé et façonné, à toi à présent d’exister et d’accomplir. »

Une chaleur de plus en plus immense se fit sentir, et Arkam n’osa lever la tête, buvant les mots du Grand comme une vérité dont il tenait à faire preuve. Il était certain que sa Foi et sa Fidélité à Pa’agrio étaient sans limites, mais il en était tout autant que celles-ci ne servirent à rien à part rassurer l’Orc de sa Bravoure. Maintenant, il devait utiliser tout ces compétences et valeurs qu’il avait emmagasiné depuis l’aube de sa vie pour servir son peuple, et la cause du Divin. Répandre ainsi sa divine parole par la force de son corps, et la puissance de son esprit.
Un nouveau jour se levait sur Arkam qui semblait renaître tel un phœnix pour déployer ses ailes sur la vie qu’il avait bien trop longtemps survolé.

« A présent, va mon enfant. Et sache que où que tu sois, je veillerai sur toi. »

Un brasier ardent s’allumant telle une explosion obligea le guerrier à se redresser, avant de disparaître à son tour dans le torrent de flammes.
On le retrouva au petit matin dans un champ non loin du Village de Kazarg’halam, nu comme un ver, à moitié enseveli sous une épaisse couche de neige.
~
« Sang ô sang noir de mes frères, vous tachez l'innocence de mes draps, vous êtes le sueur où baigne mon angoisse, vous êtes la souffrance qui enroue ma voix. »
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Re: Arkam.

Message par Claus » ven. 29 janvier 2010 à 19h06

Chapitre IV : L'Envol du Phœnix — Une nouvelle Épopée.
(comme vous l'aurez compris, ce chapitre est une ellipse temporelle pour le clantage chez Ashtääg, la suite des précédents chapitres arrivant prochainement.)
Le voyage fut long et pénible, mais Arkam luttait corps et âme contre les vents et les marées, poussé par le souffle du Grand qui lui conférait une toute nouvelle ardeur. Il avait une mission d’une importance capitale pour son peuple, et même si cela ne consistait à ne faire que le messager dans un premier temps, le privilège était pour lui incommensurable. Néanmoins, une certaine mélancolie l’habitait durant tout le long de son voyage. Il n’avait rarement connu une stabilité en sa vie peuplée de voyages, d’entraînements et de quêtes pour son peuple et Pa’agrio, mais il avait trouvé en le Kéhinton le « Père de tous », et surtout le sien ; un père aimait qui croyait en ses capacités et palliait au manque de son géniteur qui n’était point connu pour sa tendresse. Oh, bien entendu, ne croyez point qu’Arkam était un être à pouvoir être amadoué avec quelques mots doux et un semblant de confiance en lui, mais certaines blessures du passé mal cicatrisées accordent toujours des faiblesses au plus solide des guerriers. Certes, les champs de bataille, commander une armée de combattants pour détruire et sauver, ou encore exécuter des Morgüls ou des sous races l’avaient renforcé au point de le rendre parfois insensible, mais il gardait cette étincelle en lui lui permettant d’avoir assez de recul pour s’en rendre compte, et pour ne vouloir que faire justice. Alors quitter cette attache qui l’avait conduit en les sommets, pour protéger le Kéhinton et le conseiller en des points de vue militaire, pour à présent voguer vers l’inconnu dans le but d’offrir sa protection à un autre dirigeant lui créaient une certaine mélancolie, sentiment qui était très vite dissipé par la bravoure et le courage hors norme qu’ils vouaient aux siens, au Kéhinton, à Pa’agrio, et à sa mission.

Au bout de quelques jours, Arkam réussit à franchir les frontières d’ElmorAden, laissant derrière celle-ci ses souvenirs et ses ressentis. Un nouvel Orc arrivait à présent en ce territoire avec des objectifs clairs et précis, et comme vous vous en doutez, notre bon ami n’était point du genre à faillir à sa tâche, ou même manquer de méthodologie. Il exécuterait point par point les commandements qui lui avaient été donné par le Roi, envers et contre tout. Malgré que maintenant, ses services étaient rattachés au Güran Paagrak, le Kéhinton n’en demeurait pas moins le chef absolu, lien même entre Paagrio et notre robuste guerrier.
Le Starnastak n’eut de réels soucis sur le chemin à travers les terres, les mendiants ou les voleurs se contentant de fuir en voyant l’immense carrure de celui-ci, les gibiers et l’eau se faisant abondance. Néanmoins, arrivé en un petit village nordique à quelques milliers de pieds de Naarg’dum, alors qu’il sirotait tranquillement une bière nanique accoudé au comptoir, il eut vent d’une rumeur concernant de la viande « empoisonnée ou avariée » tuant beaucoup de villageois en le Royaume. Se fut bien là la dernière fois qu’Arkam se décida à s’arrêter en un village d’humains ou même de toucher à leurs viandes source de bien des maux.

Finalement, après deux cycles lunaires, Naarg’dum se dessina enfin à l’horizon, au pied d’une immense colline où aimait parfois se cacher l’astre du Grand. Arkam brava la dernière distance en prenant bien soin d’arrêter sa monture à l’entrée, et de saluer les Gardes. Il fut d’abord très étonné de voir des humains aux portes du village, mais le regard paniqué dont ceux-ci faisaient part en le voyant arriver le rassura en lui confirmant qu’ils n’étaient qu’ici pour faire « bonne figure », comme lui avait indiqué le Kéhinton. Celui-ci lui avait longuement parlé de Naarg’dum, de sa beauté et de la douce ambiance y régnant. Il en avait parlé avec une certaine mélancolie tachée de peine, et Arkam avait comprit ce jour là que le Roi avait le même sentiment que lui en ce moment même : s’aventurer en des terres inconnues par obligation, laissant le bonheur pur et simple d’une précédente vie plusieurs milliers de kilomètres plus loin. Mais le Starnastak ne tarda point à comprendre ce sentiment en son supérieur en voyant la beauté de ce village qui lui rappelait ses origines en tout point. Le bruit du marteau frappant l’acier, la douce odeur du charbon brûlant dans les forges, les charrettes de bétails et de maïs passant devant lui avec le bruit aigu mais néanmoins mélodieux de roues mal huilées, et même ces enfants qui se courraient après avec des épées en bois en se prenant pour de grands guerriers. C’était là aussi un bonheur simple et pur, et Arkam pensa pendant quelques instants qu’il arriverait peut-être à se plaire ici.
Enfin… Jusqu’à ce qu’une évidence le frappe.
Si le Kéhinton avait expliqué avec exactitude la beauté de Naarg’dum, cela devait en être de même pour les soucis que rencontraient le peuple en ses terres ; et cela estompa très rapidement l’once de sourire qui aurait pu apparaître sur son visage — chose qui, d’ailleurs, arrivait tellement rarement que le Kéhinton s’amusait à le charrier là-dessus en ouvrant une bouteille de leur meilleur vin à chaque sourire ; anecdote bonne à préciser.

Pied à terre, Arkam siffla un coup en regardant le ciel, avant de perdre son regard en les nuages. Quelques instants après, une traînée de feu se fit voir, elle même dessinée derrière le passage d’un magnifique Phoenix. Les ailes étendues, il effectuait une plongée vers l’Orc avec un charisme impressionnant digne de leur légende. Le volatile battit une dernière fois des ailes, laissant quelques plumes incandescentes tomber au sol pour disparaître sous forme de cendres, avant de se poser sur l’épaule de son nouveau propriétaire en un cri mélodieux. Il l’avait suivit pendant tout ce trajet en parcourant les cieux, assurant ainsi au Starnastak une certaine protection et une meilleure appréhension des lieux ; n’étant point très partisan de s’encombrer avec des cartes ou des boussoles. L’Orc le regarda quelques secondes avec plaisir, voyant en ce somptueux volatile que lui avait confié le Kéhinton une forme de noblesse, de confiance, de bravoure et de foi. Tout ce dont il aspirait. Bien des combattants sous ses ordres avaient comparé Arkam a un phœnix, mais il ne semblait point y prêter attention alors que cette comparaison lui procurait bien d’agréables sentiments. Le juron d’une chaman contre son bien aimé le sortit de sa torpeur, lui remettant les idées en place. Il tourna son regard vers la place, où il vit un petit attroupement le regarder avec stupeur et presque émerveillement — cessez vos petits sourires narquois, lecteurs, vous en feriez de même face à un Orc d’une telle envergure avec un phœnix sur son épaule, ne me mentez point !

Un chaman à la démarche presque aussi flegmatique s’approcha du nouvel arrivant, laissant derrière lui un épais nuage de fumée qu’il recrachait de sa pipe. Arkam reconnut rapidement le Güran Paagrak comme le Kéhinton lui avait décrit, et plaqua son poing contre son torse avant de se baisser avec honneur pour le saluer.

« - Voilà un oiseau qui me semble bien familier. »

Arkam se releva alors, étendant sa masse musculaire bien assez pour dépasser de deux têtes le grand chaman, et bien de quatre fois son épaisseur, avant de simplement acquiescer de la tête avec la froideur de son métier. Puis, d’une voix grave et rauque, il annonça sans détour.

« - Güran Paagrak, l’heure est grave. Je suis le Starnastak Arkam, envoyé du Kéhinton, et vous êtes dès à présent sous ma protection. »
Le soleil se levait lentement sur Naarg’dum, et Arkam contemplait la beauté de l’astre naissant caresser les terres et les chaumières de ses doux rayons, perché en haut de la colline surplombant le village. Déjà, des cheminées se mettaient à fumer en recrachant d’épais nuages gris se perdant en le ciel pour rejoindre les cieux, des charrettes parcouraient la terre caillouteuse du Grand pour laisser un bruit assourdissant mais pourtant Ô combien mélodieux se répercuter en la vallée, des bruits d’acier appelant l’acier se perdant dans les fournaises des forges pour créer de puissantes épées aux valeureux guerriers et honnêtes chasseurs, et les bruits sauvages et si purs des animaux se réveillant aux quatre coins des terres pour hululer, gazouiller, ou piailler en une symphonie.

Le Stärnästäg ne se lassait aucunement de cette beauté qui se dessinait devant ses yeux chaque matin, telle une œuvre peinte par Pa’agrio lui-même pour donner une ardeur toute particulière aux paysages. Cela faisait plusieurs jours qu’il était arrivé, et tant de choses s’étaient bousculées que ces instants de paix résonnaient comme les plus grands bonheurs. Tant de rencontres, tant de combats, et surtout tant d’incompréhensions. Ce monde se dressait devant lui comme une folie, un cauchemar sans logique où tout s’entrechoquait sans aucune logique. Rune, Goddard, les Morgüls, le culte, ses frères et sœurs… Il ne savait comment se positionner en toute cette aliénation, visiblement différent des autres par sa culture et son éducation stricte. Moins véhément, plus réfléchit, et souvent plus conseiller que Garde et Stratège, il comprenait de jour en jour fort bien la difficulté auquel était confronté le Kéhinton en son épopée en ElmorAden. Comment réunir des frères et sœurs aussi différents qu’extrèmes en leurs caractères, dans un univers peuplé de vices où des spectres fous transforment les hommes en femmes, des elfes parlent leur langue pure et sainte, ou encore des Morgüls pavanant fièrement au bras de nos ennemis de toujours ? Tout cela s’apparentait à une très mauvaise blague.

Arkam apprit à connaître le Güran, un être qui était tel que le Kéhinton l’avait décrit – voir pis. Extrémiste, réfléchit mais catégorique, froid et distant, fraternel mais solitaire. Un phénomène à lui-même qui ne prenait vie que dans son flegme habituel et son nuage de fumée qu’il recrachait avec son habituel cigare. Le Stärnästäg se refusait de mêler ressentis et travail : pour lui, Seleth n’était qu’un protégé, mais avant tout le Güran, et tout ce qu’il ressentait et pensait de lui disparaissaient dès lors que son épée veillait fièrement sur sa personne. La neutralité était de mise, et il en était certainement mieux ainsi.
Puis vint le tour de sa Conseillère, dénommée Karalt. Peut-être la personne qu’Arkam se mit le plus vite à discuter en sentant chez elle un niveau d’érudition lui permettant de pouvoir parler de tout et de rien, de quel temps le Grand leur offrirait le lendemain comme la meilleure façon d’exécuter un Morgül. Sa foi était pure, mais son côté féminin ne lui offrait que l’instabilité typique de ce sexe : n’arrivant facilement à contrôler ses émotions, passant du rire aux larmes, elle demeurait complexe et souvent difficile à comprendre ou même cerner. Le Stärnästäg se mit dès lors à la considérer comme une compagne de voyage plutôt qu’une amie. Les émotions amputaient le courage, et voilaient l’honneur ; et il ne le savait que fort bien. Une certaine sympathie émanait malgré tout entre eux, même si cela ne se rejetait que sous la forme académique de l’apprentissage du feu que celle-ci s’amusait à lui enseigner. Karalt était une sorcière de talent, sûrement la meilleure de Naarg’dum et des terres du nord. Arkam avait toujours eut comme complexe de ne pouvoir maîtriser la magie de son Père, pensant qu’il n’était point assez pur et bon pour accéder au rang de chamane et ainsi se rapprocher du divin. Cela n’était, bien entendu, rien de cela mais celui-ci se plaisait à y croire pour faire de cela une faiblesse, et donc des efforts constants à déployer. Il était certain qu’il ne maîtrisera jamais la magie ou même une once de celle-ci, étant donné le niveau médiocre qu’il possède en celle-ci, mais le plaisir de voir quelques étincelles au bout de ses doigts et des anecdotes échangées avec sa tutrice lui suffisaient à persister, et continuer dès que le temps lui permettait.
Ashjraarn fut certainement la rencontre la plus compliquée qu’il fit. Il n’aimait réellement aux premiers abords ce personnage qui aboyait des ordres sans considération et qui parlait beaucoup pour dire peu. Arkam se moquait du respect si tout cela n’était que dans le domaine du travail, mais ce chamane était un inconnu pour lui et surtout une source d’ennuis supplémentaire, et donc de travail pour lui. Quelques accrochages eurent lieus entre eux, mais l’Orc se fit bien peu de rétorquer à cela, de par son rang qui ne lui permettait point et aussi par son flegme habituel qui faisait voler toutes les émotions ou piques en sa direction comme des flèches sur un bouclier d’acier. Puis vint le temps où ils se mirent à parler davantage, échanger dans la mesure du possible, confronter des idées avec un respect fraternel mais néanmoins mesuré. Lentement mais sûrement, Arkam se fit une image moins sombre de ce chamane au service d’un Roi Humain, mais le doute persistait et la patience allait être certainement sa principale arme en ce combat.

Malgré tout, Arkam se fit rapidement intégré en Naarg’dum par ses frères et sœurs, même si son cœur était resté près du Kéhinton et de ses anciennes terres. Il eut rapidement la réputation de « bourreau » de par sa musculature impressionnante et sa froideur naturelle, lui donnant l’air d’une imposante statue amputée de tout. Ses frères et sœurs semblaient appréciés sa compagnie et ses conseils, mais lui ne se contentait que de répondre ou d’offrir quelques fois de rares sourires quand des moments se faisaient plaisants – et, fort heureusement, le Kéhinton n’était point là pour déboucher une bouteille face à cet événement d’habitude si rare.

« Peut-être que j’arriverai à me plaire ici. Un jour… » se plait-il à penser, avant de sortir de sa contemplation pour redescendre au village sous l’élévation des prières matinales émanant du temple.
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Re: Arkam.

Message par Claus » lun. 9 août 2010 à 13h42

Cela faisait longtemps que l'on n'entendait plus parler d'Arkam, ni même de son clan. Le marteau d'airain de la Justice qu'il aimait abattre froidement sur le sol de Naarg'dum manquait tous les matins, tout comme ses bruits sourds sur les pavés de la Taverne. Beaucoup des Orcs du village pensèrent alors qu'il ne fut qu'un songe, tout comme toutes les personnes qui l'avaient accompagné pour changer la face du monde et redorer le blason de Pa'agrio ; en effet, à part une chimère, qui pourrait donc modifier le cours de la vie pour disparaître le lendemain sans laisser une trace ? Les plus terre-à-terre, cependant, pensèrent que le Bourreau avait rejoint le Kéhinton tout comme ses alliés de combat, et qu'une telle absence était due certainement que l'ère des Orcs était à présent en marche, et que le peuple n'avait plus besoin d'eux. Quoi qu'il en soit, ces héros manquaient au peuple qui n'avait à présent plus d'entités à prier, observer, ou donner en exemple aux nouveaux-nés.

Peut-être reviendra-t-il un jour pour continuer son combat salvateur contre l'ennemi du peuple vert, qui sait ? Mais pour le reste du monde, espérons que ce jour arrive dans longtemps... très très longtemps. Hurk.
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