[bgvampire] Relnan

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Norfen
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[bgvampire] Relnan

Message par Norfen » mar. 20 juillet 2010 à 00h00

Nom : Inconnu.
Prénom : Relnan, dit « Relnan le Comte » (sans que cela n'ait de réalité tangible au niveau de la noblesse).
Age : Inconnu.
Sexe : Masculin.
Race : Humain.
Classe : Bretteur expérimenté (« Duelist »),

Croyances : Pas de religion pratiquée en particulier, sans pour autant considérer que les Dieux n'existent pas. Pas de préférence envers un Dieu plus qu'un autre.
Langues parlées : Commun.

Relnan est un homme mesurant environ six pieds de haut, pour un peu plus de deux cents livres. C'est un homme d'une carrure assez imposante, très musclé par le combat et la course. Comme tous les vampires, sa peau est particulièrement pâle. Son visage est dur, très masculin. Ses cheveux sont à mi-chemin entre le châtain et le blond, coupés relativement courts sur l'arrière pour ne pas le gêner, mais il les laisse malgré tout pousser un peu, trouvant que les cheveux vraiment courts lui donnent un air de jeune premier l'insupportant. Ses mains sont relativement grandes, même pour sa carrure, et sont durcies par les multiples blessures qu'il s'y est fait, leur donnant un toucher particulier que l'on retrouve également chez les artisans du bois et des métaux. Il a le port très droit, et la courbe de ses lèvres laisse entendre qu'il sourit rarement. Bien qu'il ne se rappelle pas avoir eu telle formation, sa façon de marcher et de porter les armes est académiquement militaire. Enfin, il porte évidemment un masque lorsqu'il fait jour, mais le retire dès qu'il le peut, n'aimant pas avoir le champ de vision réduit.

Sa pâleur et sa rigueur mises de côté, Relnan ne se distingue pas particulièrement d'un guerrier lambda.

Norfen
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Re: [bgvampire] Relnan

Message par Norfen » mar. 20 juillet 2010 à 00h05

Je m'éveille.
Suis-je aveugle ? Je ne crois pas... Mais je n'y vois rien.
Qui suis-je ?
Je suis. C'est déjà une information.
Engourdi... Mon corps est entièrement engourdi... Et froid... Plus froid que la matière sous moi et autour de moi...
Mes oreilles se débouchent... J'entends... Des pas, lointains. Une sorte de crépitement... Une cheminée ?

Je ne respire plus. Suis-je mort ?! Je sens pourtant mon corps... Des odeurs...
Je peux respirer.
Je peux respirer mais ne le fais pas spontanément ?!

Les pas s'approchent. Dois-je feindre la mort ? Dois-je me manifester ? Ai-je été ravi ou sauvé ?
Comptons les pas avant arrêt... Impair, je me débats, pair je fais le mort.

Un... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Six... Sept... Huit... Neuf... Dix... Onze... Douze... Treize... Quatorze... Quinze... Seize... Dix-sept...

« Il y a quelqu'un ? Aidez-moi, je suis bloqué ! »

Parler m'est douloureux et les sons sortant de ma gorge sont dissonants... Depuis combien de temps suis-je là-dedans ?!

Long silence... Seule la cheminée émet encore des sons. Soudain, les pas se font à nouveau entendre, accélérés cette fois-ci. Pas de réponse...
Le silence...

Peut-être aurais-je dû compter un pas de plus...

Des voix. Très lointaines... Des pas, à nouveau. Trois personnes au moins, les mêmes talons sonores que tout à l'heure, et des chaussures moins nobles...
Les pas s'arrêtent à côté de moi, juste de l'autre côté de cette cloison...

Soudain, un choc à ma droite. Le bois râle, grince, résonne de douleur, tordu par une force efficace – que peut-être je devrais craindre.

La lumière m'éblouit, je n'y vois rien... Elle est pourtant tamisée, mais mes yeux me brûlent, involontairement je me recroqueville, place mes avants-bras en défense, et pousse un râle guttural dont je ne parviens pas moi-même à discerner la provenance...

Le silence s'en suivant laisse le temps à ma vue de s'adapter... Le plafond est aussi sombre – voire lugubre – que les deux personnes ressemblant à des domestiques accompagnant la femme que je suspecte d'être la porteuse de talons.

A bien y regarder, l'endroit n'est même pas éclairé... La pénombre englobe le lieu, qui ne doit pas vraiment être moins lugubre en pleine lumière, donnant à ses lustres fastes et ses boiseries nobles un aspect majestueusement mystérieux.
Quel étrange endroit... Etrange, mais pas étranger. A bien y réfléchir... Je me sentirais presque chez moi...

La Sombre porteuse de talons me regarde avec une intensité indescriptible... Son visage m'est plus que familier... Je la connais, c'est sûr. Je la connais même très bien. Elle est très importante pour moi. Mais je ne sais pas pourquoi, ni comment. J'ignore même qui elle est.
Elle a le port droit et fier mais son regard trahit une faiblesse ingénue qu'elle dissimule... Sans me quitter des yeux et sans mot dire, elle fait disposer ses domestiques d'un mouvement de main.

Nous nous regardons. Longtemps. Elle semble brûler de me dire nombre de choses, mais jamais n'esquisse un début d'articulation, comme si elle avait trop à dire pour n'en dire ne serait-ce qu'un peu.
Le temps passe et je me demande ce qu'elle voit... Je n'ai aucune idée de ce à quoi je ressemble. Je me sens comme un homme de trente ans mais ai l'impression d'avoir vécu bien plus longtemps. Mais toujours aucun souvenir.

Je finis par prendre les devants.

« Où sommes-nous ? »

Long silence.

« Tu ne te souviens donc réellement de rien ? »

Tutoiement... Je ne m'étais pas trompé, nous sommes familiers. Ou alors elle me traite négligemment, mais cela ne collerait pas avec cette lueur dans ses yeux.

« Je... Non. »

Elle soupire. Ma réponse semble la décevoir... Non, ce n'est pas uniquement de la déception, elle semble blessée...

« Qui êtes-vous ? »

Une fois de plus, je la blesse. Elle ne semble vraiment pas habituée à ce que je la traite en étrangère. Je me rends compte que le vouvoiement ne doit pas aider.

« Je suis celle qui a veillé sur toi pendant ton sommeil... Je suis celle qui a fait de toi ce que tu es... Appelle-moi comme il te plaira... Soa, Su'aco... Isto Hwesta peut-être... »

Ces noms résonnent tous en moi, mais le premier, Soa... Me fait un effet indescriptible. Comme si devant moi défilaient d'intenses souvenirs en image, que j'en avais le sentiment, mais pas les yeux pour les voir...

« Et moi, qui suis-je ? »

Elle hésite. Comme entre le choix de son cœur et le choix de son devoir. Je ne saurai probablement jamais lequel elle vient de faire.

« Relnan. Relnan le...
— Comte ? »

Le mot m'a échappé comme complétant spontanément le nom. La Sombre elle-même semble étonnée de cette spontanéité. Un Comte ? Un noble ?! Cela résonne dans ma mémoire perdue... Oui, j'ai été de la noblesse d'une façon ou d'une autre, c'est certain... Mais Comte de quoi et par quoi ? Tant de questions... Et chaque réponse apporte son lot d'interrogations supplémentaires...

« Comment te sens-tu ? », me demande la Sombre attentionnée.
« Comme entre la vie et la mort... Je retrouve mes repères petit à petit... Je sens à nouveau mon corps... Mais quelque chose me torture intérieurement, comme une pulsion inconnue... »

Son visage s'éclaircit pour la première fois d'un sourire. Elle me caresse la joue avec tendresse et cette sensation est mêlée de suavité et de froideur.

« C'est normal. Tu as faim. »

Ses mots prennent tout leur sens. A en juger par mon engourdissement, cela fait au moins quelques jours que je suis ici, et il est logique d'avoir faim. Peut-être même est-ce ce qui m'a réveillé.

« Peux-tu te lever ? » me demande-t-elle sans changer d'expression.

Je me hisse avec difficulté sur mes coudes, l'espace confiné n'aidant pas la liberté de mes mouvements. J'essaie de me redresser mais le mouvement est trop brusque et je retombe sur le dos, le bruit du bois résonne dans la pièce.

Je réitère la tentative avec plus de douceur cette fois. J'appuie mon avant-bras sur le bord de la « boite » m'accueillant, et me hisse difficilement jusque là. Je découvre le reste de la pièce, décoré dans le même ton que ce que j'avais pu voir du fond de mon réceptacle, et souris en constatant que j'avais bien reconnu le crépitement des bûches dans la cheminée. Je réussis à m'extraire totalement de mon carcan grâce à l'aide de la Sombre, et après que mes membres se soient habitués à supporter de nouveau le poids de mon corps, me retourne sur ce qui m'accueillait.
Un cercueil... Etrange idée...

« On me pensait apparemment déjà mort... » fais-je remarquer à la Sombre qui referme doucement le cercueil.
« Mais tu l'es. » dit-elle avec amusement.

Mais déjà je ne l'écoute plus et redécouvre le monde qui m'entoure. Des odeurs intenses... L'humidité... Le bois brûlé... Les odeurs me transportent, comme éclatant dans mes narines... Je me mets à marcher machinalement, suivant tous ces flux... Cet endroit n'a pas l'air des plus salubres et pourtant l'aura qui en ressort est charmeuse... Comme une femme trop vieille pour être désirée mais trop habile pour être ignorée...
Le marbre de la cheminée est à peine plus froid que le reste, et des odeurs de tabac séché ravissent mes sens... J'ai bientôt fait le tour de la pièce lorsque je prends conscience d'une fragrance discrète, quasi-imperceptible, qui s'inscrit en fond des autres mais les relève délicatement comme le jasmin dans un plat raffiné... L'odeur m'appelle à elle, et bientôt un contact éthéré, léger, me fait rouvrir les yeux...
La Sombre me regarde, ses cheveux me caressant le visage dans un courant d'air... L'origine de cette note parfumée aurait pourtant dû m'être évidente...

A nouveau nous nous regardons et le dialogue de notre silence est interminablement intense.

Je suis tiré de cette rêverie par la faim me tordant à nouveau. Par automatisme, je cherche autour de moi un buffet, me disant que la pièce s'y prêterait bien, mais rien que des verres et un carafon...

« De quoi veux-tu te repaître ?
— Peu m'importe... Quelque chose de consistant, qui calme cette faim...
— Un goût sauvage peut-être ?
— Que ne sais-je... Ce qui vous... Te semblera adapté.
— De l'Orc fera l'affaire. »

Elle se dirige vers le couloir, seule issue de cette pièce, mais je ne sais me résoudre à la suivre. Ai-je bien entendu ce mot ? S'agirait-il d'un animal qui m'est inconnu ? La coïncidence serait vraiment étrange...
Voyant ma réticence, elle se retourne.

« Tu es peut-être encore trop affaibli pour marcher à une vitesse normale ? »

Mais que répondre... Probablement mon air dépité durant le long silence suivant cette question a-t-il donné sa réponse à mon hôte.

« Oh... Alors ça aussi... »

Elle soupire. Elle finit par revenir vers moi et le temps qu'il lui faut pour couvrir la distance laisse à mon esprit la liberté de s'égarer en pensées et en craintes qui ne font rien pour me rassurer.

« De quoi as-tu faim ?
— Mais... Peu m'importe. Tant qu'il s'agit de nourriture, tout me va...
— Tu te trompes. Tu n'es plus de ceux-là.
— Parce que je suis sensé être noble ? Soit, apprenez-moi ou réapprenez-moi le raffinement.
— Tu es un non-vivant. La nourriture des vivants est toxique pour toi. »

Elle laisse passer un silence, comme pour me laisser réagir, mais le sens de ses paroles atteint à peine ma conscience tant elles me sont étrangères. Elle finit par poursuivre.

« Ta nourriture est le sang. »

Ses mots tombent sur mon esprit comme la masse contondante d'un Orc. Et pourtant... Le mot sang, en moi, a réveillé quelque chose. Je remarque quelque chose à laquelle je ne portais pas d'attention avant... Des dents... Mes propres dents semblent prêtes à écorcher le revêtement de ma bouche...

Elle me prend la main et m'emmène doucement dans le couloir. Nous passons quelques pièces, et nous retrouvons rapidement dans ce que je suppose être les oubliettes. Des individus de toutes les races sont présents, certains ont l'air furieux et essaient de sortir par la force, d'autres, résignés, semblent attendre...

Nous nous arrêtons devant la cellule d'une femelle Orc. Ses traits creusés trahissent probablement une présence depuis trop longtemps dans ces cellules, mais la quantité encore impressionnante de muscle qu'elle présente me laisse imaginer qu'elle devait être une redoutable guerrière par le passé. La Sombre déverrouille tranquillement la porte et immédiatement l'Orc se jette avec rage sur elle, retenue de justesse par les liens l'attachant au mur. Je ne comprends pas sa langue, mais le ton et son regard me disent qu'elle n'est pas en train de nous flatter.

Puis ce que je redoutais arrive... La Sombre se tourne vers moi, un sourire à la fois malicieux et complice aux lèvres, et d'un geste m'incite à aller vers cette Orc... Se doutant cependant que je vais rester figé tel que je le suis, elle vient à nouveau me prendre la main. Elle maintient l'Orc, trop fatiguée pour résister, et lui tient la tête fermement. Dans un geste d'une rapidité et d'une précision époustouflantes, elle plante ses crocs dans le cou turgescent de la femelle sauvage hurlant. Sa gorge gonflée, le dessin de ses veines superficielles coulant sur sa poitrine, la souffrance et la peur dans ses yeux, et la Sombre qui ne me présente plus à voir que ses cheveux...
Je suis profondément troublé...
Très vite, Soa se retourne et me regarde avec quelque chose d'indescriptible dans les yeux. Suavement, elle vient m'enlacer et force ma bouche en un baiser. Avant même d'avoir eu le temps de m'offusquer personnellement de cela, je n'ai déjà plus l'impression d'habiter mon propre corps... Je le vois, le vis, le sens, mais c'est un tout autre moi qui le contrôle... Dès le contact du sang sur ma langue, qui dévale ensuite ma gorge et nourrit un feu qui était presque éteint dans les profondeurs de mon corps, je suis transformé... Mes membres se raidissent, mes bras fléchis sur mes avant-bras, mes doigts en serre, et tous les muscles antagonistes et agonistes de mes jambes et cuisses se contractent ensemble... Je me sens attraper la Sombre, rendre le baiser plus intense, alors que mon esprit craint de la blesser par ma bestialité...
Mais l'Orc ne se fait pas oublier, criant à l'agonie, et bientôt la Sombre s'écarte pour me laisser la voie libre. J'empoigne la guerrière en furie et je me vois à travers ses yeux... Je vois mon regard... Il est... Intensément effrayant, empli d'une bestialité qu'aucune peur n'arrêterait... Je manque de lui briser le cou en écartant sa tête de son épaule, et plante violemment mes crocs dans sa gorge musclée...

La pénétration des crocs dans la chair est aussi courte dans le temps qu'intense en sensations... Tout est un plaisir inimaginable... D'abord, la peau verdâtre, tendue par la musculature, durcie par les années, couverte d'un mélange de sang et de sueur liée à la peur... Mes crocs glissent un peu sur ce tissu lisse et humide, mais trouvent bientôt suffisamment de force et d'adhérence pour faire courber l'impeccable linéarité de la chair... La pression, très localisée, augmente très rapidement, et assez vite suffisamment pour séparer le tissu finement tissé.
Deux berges sont formées, s'écartent, et tout s'accélère... Le croc s'enfonce avec grâce, passe une très fine couche de tissu tendre un peu graisseux, puis vient le muscle, puissant, résistant... Acéré, l'émail de la dent s’immisce délicatement entre les fibres charnues, en déchire certaines sur son trajet, et bien vite attaque la paroi des vaisseaux. Sous pression dans l'artère, le sang jaillit alors comme d'un fruit juteux dans lequel on enfoncerait un couteau brutalement, et certaines gouttes atteignant mon palais finissent de me mettre en transe pour de bon. Je m'impose à l'Orc de tout mon corps, la bloquant d'une façon presque sensuelle si l'on écartait l'agonie de la guerrière. Je n'ai pas besoin d'aspirer, le cœur puissant propulse le sang dans ma gorge et à son rythme j'avale et m’enivre de ce divin liquide épais mais fluide. Sur elle mes mains se crispent tant que mes ongles pourtant courts lui écorchent la peau.

Cette inondation de sensations m'en a fait oublier la Sombre... Mais elle, en revanche, n'est pas prête à se faire oublier. Sa main part de mon dos et remonte sur mon épaule. Doucement, elle la pousse pour m'écarter de ma victime. Mes yeux emplis de rage envers quiconque me retirerait ce festin la troublent et dans son regard la vulnérabilité se lit. Je me sens soudain à nouveau happé dans mon corps et me retrouve face à cette femme qui donne de tout son être pour garder les apparences mais que je viens de choquer sans être moi-même. Incapable de réfléchir et sentant encore le goût du sang dans ma bouche, je ne trouve de réponse à ce regard qu'un baiser. Long, et presque silencieux si l'on omet les cris des prisonniers et en particulier celle se vidant de son sang à côté d'eux.

Nos lèvres se détachent finalement, et j'hésite à finir ce que j'ai commencé. Les yeux de l'Orc m'en implorent. Je m'apprête à m'y affairer, mais Soa me retient.

« Ce n'est pas agréable... De finir un mortel. »

La frustration de mon alter-égo à peine rassasié est profonde, mais les sentiments étranges me liant à la Sombre prennent le dessus. Nous restons muets à nous regarder un long moment.

« Tu as beaucoup à apprendre...
— Qui es-tu ?
— Je t'ai déjà dit mon... Mes noms.
— Non... Qui es-tu... Que sommes-nous... ? Pourquoi t'occupes-tu de moi ainsi... ? Et... »

Elle me coupe d'un mouvement de main doux dans sa dynamique mais ferme quant au sens qui y est associé. Je me tais, interdit, et finis par passer ma main dans mes cheveux pour effacer ma mine ahurie.

« Il te faut des vêtements. »

Je ne m'attendais pas le moindre du monde à cela. Je ne m'étais effectivement pas soucié de ce détail depuis mon éveil. Mes mains parcourent par réflexe mon torse et mes yeux les accompagnent. Outre les taches écarlates, je remarque que la chemise en lin qui me servait d'habit subit le poids des âges et peut-être l'usure, et mes doigts rencontrent rapidement des trous dans lesquels se coincer.
Soa se fait un plaisir enfantin de me mettre torse nu et m'emmène par la main comme un ingénu dans une pièce aménagée en garde-robe. Bien sûr, la partie féminine occupe plus des trois quarts de la pièce, mais le choix pour homme est riche malgré tout. La Sombre n'est plus la même, il y a un instant sérieuse et grave, maintenant pleine d'entrain et presque candide. Elle m'étudie du regard longuement, puis fait des allers-retours entre les vêtements et mon corps, et finit par extraire de la penderie des vêtements dont la couleur dominante est le rouge... On ne peut plus adapté au contexte, sans compter la volonté plus ou moins avouée de nous assortir.
Je m'apprête à me changer et à mon regard, elle comprend que je m'attends à de l'intimité. Cela n'est pas pour l'arranger, mais elle se retire sans mot ajouter.

Ce moment de solitude lente contraste avec la brutalité des évènements l'ayant directement précédé dans le temps. Dans le silence de l'immense manoir, je découvre mon corps. Quelque chose cloche... J'ai l'impression d'avoir vécu longtemps, au moins un demi-siècle, mais ce corps est celui d'un homme de vingt ans en pleine santé, trente ans au maximum... Mais je ne vais pas m'en plaindre... Ce qui est manifeste, en tout cas, c'est la pâleur de mon corps. Partout, je suis blanc... Légèrement rosé, mais j'ai l'impression que cela serait encore pire si je n'avais pas bu de sang... Le sang... Rien que d'y repenser...
Non. Pas maintenant.
La tenue est un peu étroite... Trop petite ou juste près du corps ? De toute façon, je n'ai pas le choix.

Aux yeux que me lance Soa, je lui plais ainsi... Encore qu'une pointe de nostalgie vienne entacher l'enthousiasme brillant dans ses yeux.

« Il est maintenant temps de visiter le manoir, qu'en dis-tu ?
— Eh bien... Pourquoi pas... Je suppose que je vais rester ici un moment, alors autant connaître l'endroit dès maintenant. »

A bien y réfléchir, le manoir dans son intégralité est à l'image de la Maîtresse de Maison... Sombre, majestueux, et à la recherche d'un passé paroxystique perdu...
Alors que nous parcourons les longs couloirs de la bâtisse, je détaille tour à tour les pièces et ma guide...
Une chose est sûre, cette femme n'a pas été négligée par la nature et elle amplifie l'effet en se mettant en valeur... Ou voulait-elle simplement jouer la carte de la séduction pour mon réveil ? Non, elle n'aurait pas pu prévoir...
Mais à quel point nous connaissons-nous ? Je me suis réveillé, je la vouvoyais, quelques heures plus tard elle m'embrassait, puis je renouvelais à mon tour l'expérience... Peut-être que son baiser à elle ne voulait rien dire et que j'ai dérapé...
Non... Elle avait l'air agréablement surprise... Et cette façon qu'elle a de me regarder... Je ne suis pas du genre à porter de l'intérêt à ce genre de choses d'habitude, mais cette lueur... Non, il y a quelque chose.
Mais comment élucider la question ?
Perdu dans mes pensées, et ce qui devait arriver arrive... Je lui rentre lamentablement dedans alors qu'elle m'explique la fonction d'une pièce... Depuis combien de pièce pense-je à elle plutôt que de l'écouter ? Quel visiteur indigne je fais...

Le temps d'échanger un regard et elle a compris ce qu'il en est. Nous nous dirigeons vers le salon, l'endroit de mon éveil, où deux fauteuils et un canapé font face à l'âtre de la cheminée. Sur son invitation, je m’assois et détaille les flammes, pensif.

« Un cigare ? »

Elle ouvre face à moi une boite d'une facture impressionnante. L'odeur du tabac parvient à mes narines et je suis médusé à l'idée d'en fumer un.

« C'est gentil, mais...
— Tu adorais cela, avant. »

Après tout, pourquoi pas... De son côté, elle s'empare d'une cigarette qu'elle pose sur son porte-cigarette, avant d'allumer nos choix respectifs. Assise non-loin de moi, elle m'imite dans ma réflexion. Nous restons à fumer en fixant le foyer. Qu'est-ce qui peut bien passer par son esprit ? Si déjà j'arrivais à utiliser le mien pour me poser les bonnes questions...

« Alors... Qui étais-je, avant... ? Qui est ce Relnan Le Comte que je me trouve être ? »

La formulation est étrange, j'en conviens, mais c'est ainsi que je me sens : étranger à moi-même. Et cette sensation n'est vraiment pas à mon goût.

« Eh bien... Tu étais quelqu'un d'important, d'exceptionnel. Et pas uniquement à mes yeux. Tu t'étais fait une place dans le monde et cela t'avait valu de t'attirer de la sympathie de certains, et les foudres des autres.
— Je vois... Je suppose qu'il s'agit de choses normales, pour un Comte.
— Oui, il s'agit de choses normales, pour... »

Elle étouffe la fin de sa phrase en tirant sur sa cigarette.

« Quoi d'autre ? Etais-je riche ? Quels étaient mes défauts ? Et ma famille ? »

La Sombre soupire, son visage me laissant entendre qu'elle est à la fois médusée et frustrée.

« Je ne peux pas... Trop t'en dire.
— Pourquoi cela ?
— Parce que ce sont... Les ordres.
— Les ordres ? Mais de qui ?
— De... « L'ancien toi ». »

Que répondre à cela... Elle a l'air tout aussi peu arrangée que moi par cette réponse.

Le manoir retrouve son silence traditionnel... Plus le temps passe, et moins celui-ci m'angoisse. Beaucoup de choses, ici, se disent sans les mots. La simple présence Soa à mes côtés a quelque chose de réconfortant. Mais cet inconnu que je suis m'inquiète, en revanche. Comment vais-je apprendre qui j'étais ? Et pourquoi pourrais-je vouloir tout oublier ? Ai-je fait des choses horribles ? Mais qu'est-ce qu'une chose horrible pour un homme se nourrissant de la vie des autres...

« Que suis-je pour vous ? »

Le vouvoiement, à nouveau... Je ne m'en suis pas rendu compte, mais réalise bien assez tôt en voyant mon hôte blessée à nouveau. Me confondre en excuse ne servirait à rien...

« Je voulais dire, que suis-je pour toi ? Et qu'es-tu pour moi ?
— Nous sommes... Liés.
— Qu'est-ce à dire ?
— Tu... Es très important, pour moi. Et... Je le suis pour toi. En tout cas... Je l'ai été. »

Cette situation est intenable... Bien sûr, cette femme m'intrigue, m'attire, attise mon attention, et dans ses yeux je me sens spécial... Mais... J'ai l'impression d'à peine la connaître... Encore qu'au fond de moi...
Changer de sujet. Vite.

« Nous sommes... Des vampires. Pourquoi ? Comment ?
— Pourquoi ? Etrange question... Pourquoi étais-tu homme avant et moi Sombre ?
— Oui, j'en conviens...
— Comment... Pour ta part, j'y ai contribué. Très largement. Nous étions deux à te convertir, ma sœur et moi.
— Ta sœur ?
— Oui. Enfin... Pas nécessairement au sens où tu l'entendrais. Nous sommes tous une grande famille. Tu es également mon frère... Bien que tu sois aussi plus que cela.
— Oh, je vois... Comment cela se passe-t-il ?
— Quoi donc ?
— Le fait de convertir...
— C'est un rituel. J'espère que tu auras l'occasion de le découvrir un jour, à mes côtés.
— C'est intriguant... Peut-on forcer quelqu'un à le faire ? Ai-je été forcé ?
— Dans l'absolu, le consentement n'est pas nécessaire. Mais tu l'étais.
— Dans quelles circonstances ?
— La vie éternelle, la protection contre les maladies, le poison, les malédictions... C'est ce dont tu avais besoin sur le moment.
—Nous étions déjà... Intime ? »

Le mot ne me sied pas mais je n'en trouve pas d'autre. En tout cas, il semble l'amuser.

« Non. Nous nous connaissions à peine. »

J'ignore si c'est l'ambiance, le fait qu'elle ait terminé sa cigarette et moi mon cigare, ou le fait que nos langues se délient, mais elle se rapproche de moi. Doucement – probablement pour ne pas me brusquer –, elle appuie sa tête sur mon épaule.
Son contact me perturbe toujours autant. D'abord immobile – trop tendu –, je me détends un peu.

« Je me sens fatigué...
— Pourtant tu t'es reposé un moment ! »

Dit-elle avec amusement.

« L'Orc t'a peut-être fatigué. Elle était féroce... Ce genre de sang n'est pas anodin.
— Y a-t-il une chambre pour moi ?
— Tu es de la famille. »

Nous nous levons. A nouveau dans le couloir, elle s'arrête devant une pièce relativement grande pour le cercueil qu'elle accueille en son centre. Il est magnifique, me dis-je. A y repenser, tant qu'à utiliser un cercueil comme lit, autant le rendre attrayant.

« Voilà où... Je dors. »

L'hésitation éveille ma curiosité mais je ne cherche pas plus loin. Le cercueil est grand... Je me dis que l'on doit pouvoir y tenir à deux.

« Et moi ? »

Elle hésite un instant. Elle semble finir par trouver un compromis.

« Toi... Tu as le choix. Tu peux regagner le cercueil d'où tu t'es éveillé... Ou utiliser celui-ci également. »

L'invitation est sans équivoque : elle ne parle pas de me laisser son lit, mais bien de le partager. J'hésite longuement et me dis que cette hésitation risque d'être mal vécue. Dormir avec cette Sombre ne me répugne pas, il est clair que je la trouve ravissante. Mais... Mais je ne la vois pas comme elle me voit. Pour moi, c'est une magnifique créature qui m'accueille chaleureusement, mais passer la nuit avec elle tiendrait plus de l'opportunisme... Elle... Cette façon qu'elle a de me regarder... Ses sentiments ont l'air aussi sincère qu'intense. Je ne peux pas me permettre de souiller cela.

Cette nuit, je retrouve donc l'étroitesse et la froideur de mon cercueil. Non... Pourquoi ce carcan de bois alors qu'à quelques pieds de moi se trouve un sofa confortable... Va pour le sofa.

Le sommeil a du mal à venir... Le bruit... Une sorte de malaise... Mais je conserve mon honneur et mon estime de moi-même.

J'ai l'impression d'avoir toute une vie à réapprendre...

Sans compter que tout me dit de ne pas chercher à élucider le mystère de mon passé, mais que je sais que je n'arriverai pas à m'en retenir.

Un craquement dehors. Un cri au loin. Le silence. Le sommeil. Les bruits de la forêt proche...

Mauvaise nuit.
Dernière modification par Norfen le mar. 20 juillet 2010 à 18h36, modifié 1 fois.

Norfen
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Re: [bgvampire] Relnan

Message par Norfen » mar. 20 juillet 2010 à 00h06

Cela fait maintenant un moment que je vis au manoir... J'évite de sortir en dehors de la Forêt proche, ayant peur de recommencer des erreurs comme celle de dormir en dehors d'un cercueil...

J'apprenais à connaître mes autres congénères, et me refaisais une place dans la famille. Je n'avais maintenant plus besoin de Soa pour aller me nourrir... Seulement parfois pour me calmer lorsque que j'étais bien parti pour vider tous les cachots. Je n'arrive toujours pas à contrôler ce qui prend le dessus lorsque je mords un mortel ; j'espère qu'un jour il en sera autrement...

Ce qui me différencie vraiment du reste des Vampires, c'est mon goût pour le combat. Tous les jours, ou plutôt toutes les nuits, je me rends dans la forêt et me bats férocement contre les laquais qui s'y trouvent. Ces lamentables êtres me craignent, maintenant... Ils commencent à se regrouper. Cela ne fait que rajouter du défi, et ce n'est pas pour me déplaire. Je teste les limites de notre vitesse accrue de régénération, et mes sens sur-développés proportionnellement aux mortels sont mes meilleurs alliés. Mes compétences de bretteur me sont rapidement revenues, mais j'ai essayé un nouveau style... Me battre avec deux épées. Je pense qu'en tant que mortel, j'en étais incapable, mais l'état de Vampire exalte tout, et mon attention peut maintenant se porter sur deux armes sans problème. Bien sûr, cela implique de tout réapprendre, mais après tout... J'ai l'éternité, pour ça.

Le jour se lève à nouveau. J'achève mes derniers amuse-lames, et rentre au Manoir...

Je serai bientôt un Vampire comme les autres.
[Mise à jour pour l'entrée dans le clan des Ames Perdues.]

Norfen
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Re: [bgvampire] Relnan

Message par Norfen » mar. 20 juillet 2010 à 00h08

J'en veux plus. Toujours plus.

Ces créatures me paraissent chaque jour plus faibles. Il est temps d'accélérer l'entraînement. Un semblant de révolte se fait sentir, et les créatures de la forêt s'organisent pour me prendre en embuscade. C'est parfait. Parfait.

Une clairière. La puissante lumière provenant de la Lune semble forcer le passage entre les feuilles des arbres abîmés. Tel un débutant, je me place au centre. L'endroit est idéal.
Entre les troncs, des reflets se laissent deviner. Leurs yeux me fixent avec autant de malveillance que de peur. Je stabilise mes appuis, place mes lames en position d'attaque, et tourne sur moi-même.
J'en compte au moins dix-sept... Quand vont-ils attaquer...

Un effleurement de feuilles qui frémissent... Un petit grondement...
Ils arrivent.
Derrière moi. A ma gauche. Deux de moins.
Devant, devant encore, droite... Cinq à terre...

Qu'est-ce que... Au-dessus de moi ?!

Le coup est violent. Je tombe par terre, face contre sol. Ils attaquent en masse, profitant de leur supériorité... Je roule pour éviter un coup, non, deux, mais me heurte aux jambes de l'un d'entre eux. Il tombe, ce qui est un bon point, mais sur moi...
Le temps de le dégager, je prends un violent coup de dague dans le bras. J'arrive en réponse à planter mon poing dans le menton de celui qui la tient, mais la dague reste plantée, traversant mon avant-bras de part en part...
Ne pas me laisser distraire par la douleur...
Rester concentré...
Je n'ai plus qu'une lame. Un piètre assaillant derrière moi, je me retourne la jambe étendue, il tombe lamentablement.
Alors que j'essaie de me redresser, un genou au sol, une autre goule me tombe dessus, perchée dans les arbres jusque là. Elle m'arrache un cri, commence à me mordre avec fureur... Je me retourne, l'attrape, et lui broie un sein dans le feu de l'action, lui faisant presque manger ensuite... Même au sol, elle continue à se déchaîner...
J'abats mon épée...
Sans tête, elle est plus calme.
Un râle disgracieux dans mon dos... Qui s'arrête dès que je le transperce... Mais à cet instant, une flèche dans l'épaule me fait lâcher ma lame qui reste plantée dans le corps sans vie qui retombe... J'arrache la flèche, m'apprête à la planter dans la gorge d'une de mes nouvelles assaillantes, mais ma vue se trouble et je la rate...
Douleur fulgurante dans le mollet gauche... Une lame, probablement, mais je suis trop éreinté pour en avoir le cœur net... Je vrille. Je perds mon équilibre pour de bon.

Je distingue à peine la lumière émanant de la Lune... Les bruits sont comme étouffés par du tissu... Du répit, oui, j'en ai besoin... Je les ai tous tués...

Le sol tremble. Rythmique. Mon ouïe revient, et avec elle je découvre que l'échauffourée a motivé des troupes proches... Ils approchent... Je n'arrive pas à me relever... Mes lames sont hors de portée...
Je pense à Soa...
Je n'ai pas le droit de mourir...
Ma conscience vacille...
Allez, tiens le coup !
Accroche-toi !

Ils approchent inéluctablement... Cinq pieds... Quatre... Trois... Deux... Des ricanements...

Et soudain je ne réfléchis plus. Je lève ma main, mes yeux ne laissent apparaître que leur blanc, ma mâchoire se contracte douloureusement et ne se relâche que pour parler un langage auquel je ne comprends rien... Une incantation... Je sens comme un faisceau de vitalité me traverser de part en part, envahir mes jambes, mes cuisses, former des volutes de fumées dans mon abdomen, souffler dans mes poumons, et me donner un dernier sursaut.
J'ouvre à nouveau mes yeux... Je suis debout... Sans même réfléchir, j'échange mes appuis et me baisse, esquivant ainsi un coup asséné à deux mains qui aurait pu m'achever. Le changement d'appuis m'a donné un léger élan, et le sol humide par la fraîcheur de la fin de nuit me permet de glisser jusqu'à une épée. Je l'extrais du sol, regrettant que ce ne soit pas la mienne. Une hache s'apprête à me tomber dessus, je me déplace d'un pied sur la gauche et, tenant la garde de mon épée à deux mains, pare le coup. Par chance, je constate avec un sourire satisfait que mon assaillante est une fois de plus une femme, moins forte que ses congénères masculins. D'une puissante poussée, je la repousse elle et sa hache, et alors qu'elle maintient de justesse son équilibre, je l'attrape fermement et mords sa gorge, me régénérant grâce à son sang. Le plaisir est de courte durée, puisqu'un homme vient essayer de la venger. Je n'ai d'autre choix que de l'utiliser comme bouclier. Je jette ce corps mort sur l'homme tentant de récupérer son épée, et me vient dans le feu de l'action une idée. Le plastron de l'armure de cette femme est composé d'une face antérieure et d'une face postérieure reliées par des lanières en cuir. Ayant un peu de temps avant la prochaine attaque, je coupe les lanières, sauf celle autour de la taille pour laquelle je prends soin de trouver la façon de l'ouvrir « à la régulière ». La face antérieure du plastron est maintenant mienne, et je constate avec amusement que cette femme n'avait pas de cotte de mailles en dessous, son torse est nu... Ces créatures sont lamentables... Je noue les lanières autour de mon poing gauche, et immédiatement me sers de ce bouclier de fortune pour me défendre d'un coup m'arrivant dessus. Le plastron est encombrant, et je peine à tuer mon adversaire. Quelqu'un profite de ce temps mort pour m'envoyer un couteau de lancer dans la hanche... Le choc est douloureux... Je me tiens la hanche, cherchant d'où provient cette attaque, pivote sur moi-même, et l'instant d'après sens dans ma nuque un autre couteau se planter...

Les choses tournent à nouveau à mon désavantage... Il me faut à nouveau trouver comment accélérer ma régénération vampirique... Il me faut retrouver ce sentiment... Allez ! Fais-le ! C'est le moment !
Il faudra un nouveau coup enfonçant une lame entre mon épaule et mon cou pour que la chose me revienne. L'effet n'est pas aussi efficace que la première fois... Il y a régénération de la chair, mais la douleur s'accentue... Que se passe-t-il ?!
Je réitère la tentative. Je commence à comprendre l'utilisation de ce sort. Cette fois, les choses se passent mieux.
J'entends une nouvelle volée d'armes se diriger sur moi... Je me jette à terre sur le dos, utilisant le plastron comme protection au-dessus de mon corps...
Un... Deux... Trois... Quatre, cinq impacts... Je l'ai encore échappée belle...

Ils gardent leurs distances... Ils ne doivent plus être nombreux...

Dos à un arbre pour me protéger, je me relève, attentif à tout ce qui pourrait arriver...

Un long silence... Les feuilles frémissent soudain, et j'entends deux personnes partir en courant...

Le combat est fini...

Exténué, je tombe à genoux. A terre, c'est un véritable carnage. Je récupère mes épées, et lécher le sang sur celles-ci m'ouvre l'appétit, effet accentué par le sol carmin partout où je regarde.

Je regagne le Manoir. Après un passage par les cachots pour me nourrir d'une Elfe à la beauté déconcertante, je m’assois, pensif, dans le salon...
Quelque chose a refait surface... Quelque chose du passé...
Ce style de combat défensif... Les postures ne sont pas du tout les mêmes... Le poids est principalement sur le pied arrière, pas sur celui en avant, privilégiant la stabilité à la rapidité de mouvement... L'utilisation d'un bouclier au détriment de mes talents de bretteur...
Et cette magie...
Tout cela m'est revenu si brutalement, mais si entièrement... Chacune des postures, les coups de bouclier, la façon de parer... Tout me revient rien qu'à y repenser...

Mais les soins ne conviennent pas... Je réfléchis longuement à la question, et c'est lorsque Soa, étonnée de l'état dans lequel je rentre, m'allume un cigare, que la question s'éclaire. C'était pourtant évident. Cette magie était une magie sacrée. Je ne peux pas me soigner avec cela, nous ne sommes pas vraiment des créatures sacrées... Pourtant, j'ai réussi à utiliser ces pouvoirs sans qu'ils me soient néfastes à plusieurs reprises...

Avec le temps, je m'entraîne à maîtriser ces soins que je me prodigue en combat. J'ai réussi à totalement corrompre cette magie sacrée, ou presque.
Dorénavant, je sais me défendre aussi bien qu'attaquer.
[Mise à jour concernant la classe Paladin Déchu.]

Norfen
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Re: [bgvampire] Relnan

Message par Norfen » mar. 20 juillet 2010 à 00h10

Voilà quatre mois que je me suis éveillé... Le temps passe si vite au jour le jour... Mais l'éternité semble longue, encore que cela n'ait rien d'étonnant.

Une fois de plus, je me réveille aux côtés de Soa. Réticent à dormir là au départ, beaucoup de chemin a été parcouru depuis. Je ne la vois pas encore comme elle me voit, mais le lien est fort.

Depuis environ un mois et demi, nous avons commencé à aller chasser nos proies dans les grandes villes ensemble. Quoi de plus excitant que de duper ces âmes fraîches, les emmener à l'écart, et les consommer à deux... D'ailleurs, j'ai souvent l'impression que ce qui choque le plus, c'est la sensualité avec laquelle nous partageons nos repas, plutôt que la consommation du sang en elle-même...
Les mortels sont étranges.

Je maîtrise maintenant quasi-pleinement mes pouvoirs de Paladin Déchu... J'ignore toujours cependant si j'étais un homme d'Eglise avant ma léthargie... Un détail me préoccupe cependant : me soigner en combat me permet de me donner la force d'aller au bout de batailles féroces, mais je ne sais utiliser cette magie que sur moi... Soa étant également versée dans les postures défensives, nous nous entraînons parfois ensemble, mais je suis incapable de l'aider comme je m'aide...

Au début, elle m'avait convaincu que cela n'était rien... Mais ces combats ne représentent qu'un entraînement, bien que les laquais de la Forêt soient véritablement prêts à nous tuer si nous leur en donnons l'occasion.
Qu'en serait-il d'un véritable combat, contre des adversaires à notre taille, ou pis, plus forts que nous ?

Je conduis des expériences... Je ne veux pas que l'on me pose des questions dessus, n'ayant pas envie d'attirer la curiosité d'autrui, c'est pourquoi je me suis trouvé un coin adapté et reculé dans la Forêt. J'ai attaché plusieurs spécimens de Vampires mineurs de la Forêt à des rochers. Je recouvre tout leur corps, sauf certaines parties. Ces parties prennent le Soleil toute la journée, et la nuit tombée, je viens essayer de soigner cela.
Des tentatives sur des corps complets seraient plus confortables, plus instructives, mais plus coûteuses... Ces deux-là sont de parfaits cobayes. Deux jeunettes, que j'ai trouvées errant dans la nuit. En me voyant, contrairement à leurs congénères qui me craignent et que je répugne, elles ont été charmées...
Il m'a suffit de leur laisser entrevoir la possibilité de quelques échanges sanguins pour qu'elles se laissent faire docilement.
Elles sont, il faut le dire, particulièrement idiotes. En leur faisant miroiter ce qu'elles veulent mais sans jamais leur donner, je dois pouvoir obtenir à peu près tout ce que je peux souhaiter.

J'arrive dans ladite clairière... Elles sont là, dociles. L'une a un rectangle découpé dans sa robe épaisse laissant apparaître un morceau de cuisse, l'autre un gant manquant.

« Comment vont mes douceurs... ? »

Cette hypocrisie a le goût sucré du sang d'une jeune Elfe.

Je n'écoute même pas leur réponse et me penche sur l'état de leur chair. Cette odeur de brûlé, cet aspect craquelé... Exactement ce que je souhaitais.

Je force un air compatissant.

« Je vais essayer de te soigner ça... »

Je me concentre... J'incante...
Il faut que cela réussisse...
Il faut que cela réussisse...
Elle hurle...
Echec.

La dessiccation de sa peau est manifeste... La chair profonde a pris un aspect grisé...

Je soupire profondément. J'attrape un corbeau et lui en fais boire le sang. Les dégâts se soignent doucement... Il faudra encore attendre quelques jours pour réutiliser cette zone.
Je lui change sa robe. Demain, je travaillerai sur l'abdomen.


Vient la main de la seconde...

Essayons autrement... Peut-être ne dois-je pas essayer de soigner les tissus, seulement accélérer la régénération...

Le regard fixé sur sa main en décomposition, j'incante en silence... Je me figure chaque étape de la régénération... La profondeur, d'abord, puis la surface, lentement...
Oui... Comme ça...
Ca va marcher, cette fois, je le sens...

Les tissus réagissent... La peau bouge... Les berges s'écartent... Les muscles de la main se contractent...

Non... Ils se raccourcissent... Les os du poignet apparaissent... Elle pleure en silence, plus disciplinée que la première...
Ma rage éclate et toutes deux me regardent avec sidération.
Me calmer. Il me faut me calmer.
Je croque mon poignet et dépose de mon sang sur la main presque à l'état squelettique...
Les choses s'améliorent.

Mais cette façon de soigner n'est pas viable en combat...

Un peu d'hypocrisie et quelques enjambées plus tard, je suis au Manoir.

Cacher mes sentiments, les déguiser, cela m'amuse au plus haut point... Mais vis-à-vis de Soa, tout est différent. Elle sent ma tension, mon énervement. Fin de nuit tendue.

Je me couche sur un échec, et le sommeil tarde à venir. Mon esprit retourne le problème dans tous les sens.

Trois jours passent ainsi.

Aujourd'hui, Soa a envie de se nourrir de Sombres... Nous volons séparément.
Elle se trouve une proie facile, un Sombre habité par le vice prêt à sauter sur tout ce qui lui fait entrevoir un morceau de cuisse.
Je cherche davantage de défi...
Toutes ont des yeux lubriques... Elles se laisseraient faire trop facilement...
Non, il m'en faut une qui oppose de la résistance.

Et je la vois soudain. Une Sombre chétive, évitant les grandes rues. Je la suis discrètement.
Après quelques achats, elle entreprend de retourner à Shel'Oloth.
C'est mon opportunité.

Elle se montre d'abord réfractaire à la discussion. L'insistance mystérieuse paye toujours.
Elle est aussi difficile que ce que je pensais. Parler de moi ne sert à rien, c'est elle ou rien.
Je l'écoute patiemment.
J'apprends finalement qu'elle est prêtresse et qu'elle prodigue des soins. Je la jalouse secrètement, et elle sent ce changement de caractère.
Je rattrape le coup...

Elle mord à l'hameçon. Nous sommes maintenant seuls, loin de tout œil indiscret.
Je la sens prête à se laisser embrasser... Cela doit bien faire six heures que je ne suis qu'à elle.
Mais ma curiosité est éveillée... C'est plus fort que moi. Il faut que je lui demande.

« Comment vous y prenez-vous pour soigner les âmes qui vous sont chères ? »

Une formulation ridicule au possible... Je caresse mes crocs de ma langue à l'intérieur de ma bouche.

Elle me parle d'abord de sa foi dont je n'ai que faire... Longues déblatérations... Shilen... Bla bla... Prêtresses... Bla bla...
Il me faut recadrer la discussion, je n'aurai jamais ce que je recherche sinon.

« Je comprends bien votre ô combien respectable foi envers la Déesse Mère, et moi-même ne suis pas insensible à son culte. Mais sur le plan purement arcanique, comment s'orchestre la guérison ? »

Son regard est plein de passion... Tu as intérêt à me dire mon secret avant de me forcer à te mordre...
L'explication vient finalement. Sa façon de s'y prendre est intéressante... Ses soins se concentrent principalement sur une magie visant directement le sang des soignés...
Cela pourrait bien convenir, pour un Vampire...
Je reste pensif. Elle le remarque.

Nous repartons dans des bagatelles... Le temps presse. J'abrège la chose. Le coucher du Soleil m'aide, et elle tend bientôt les lèvres, fermant les yeux. Elle me laisse timidement aller jusqu'à son cou.
Je croque.
Elle crie, mais son cri s'abrège. La sensation l'intrigue...
Encore une originale.

Elle est presque vide. Elle perd connaissance.
Adieu, et merci.


Mes deux sujets d'expérimentation passeront la nuit seuls...

Je ne trouve pas le sommeil. J'y pense, constamment.

Sans réveiller la Sombre assoupie à mon côté, je me lève.

Je fais les cent pas. Je ne veux pas me résoudre à retourner dans cette clairière.
Cela peut attendre.
Je n'y irai pas.
Il me faut encore réfléchir.
Non, je n'y irai pas. Pas ce soir.


Me voilà de retour dans la clairière. Rien n'y fait, j'ai besoin d'essayer.
Arrivée traditionnelle, accueil d'autant plus chaleureux que je me suis fait désirer.

Je me concentre... Je me dégante et pose mon doigt en regard de ses vaisseaux... Je sens l'aura du sang... Il est presque coagulé... Je suis tout l'arbre artériel, machinalement.
J'incante... A voix haute, pour être rigoureux... Ses muscles se contractent, elle commence à craindre la douleur...
Elle se relâche soudainement.
J'ouvre les yeux.

« Vous avez réussi ! Regardez mon bras ! Mon bras ! Monsieur est un héros ! Monsieur est mon bienfaiteur ! »

Les louanges continuent. Cette pucelle m'agace. Je me retiens.
Dois-je la détacher ? Me laisserait-elle tranquille ainsi ?
Elle vient à bout de ma patience.
Je la mords.
Elle exalte. « Profites-en », pense-je.
Le flux de son sang se fait de plus en plus mince. Sa joie se transforme en peur.

« Mais... Que fait Monsieur ? »

J'aspire jusqu'à la dernière goutte.

Elle est inanimée, ne tenant debout que grâce à la chaîne et au rocher.

Renouvelons l'expérience... Il faut que cette guérison ne soit pas qu'un accident fortuit...

Je recommence... Toujours aussi académiquement... Je concentre ma volonté...

Oui, cela fonctionne !
J'ai pris garde d'ouvrir les yeux, cette fois. Son pied régénère à vue d’œil ! Elle peut immédiatement bouger ses orteils !

Je jubile intérieurement.

Probablement choquée par le sort de son amie, elle reste silencieuse, mais ses yeux sont emplis de reconnaissance.
Ces lamentables larbins ont un goût écœurant... Je défais simplement ses liens.

« Maintenant, tu sais quoi faire si tu ne veux pas finir comme elle. »

Je n'attends pas de réponse et tourne les talons. Sa main répugnante se pose sur mon épaule. Je me retourne, enragé.
Son regard est suppliant. Elle a arraché sa robe et me tend un sein.

« Monsieur en prendra bien un bout ? »

Ces créatures me donneraient la nausée... Aucun honneur, aucune estime pour l'image de notre genre...
Probablement sous l'effet grisant de ma réussite et à cause du dégoût que cette créature m'inspire, je réagis vivement.
Sans un mot, je lui attrape violemment la tête, la tenant fermement par ses cheveux noirs sales.
J'y mets toute ma force.
J'écrase sa tête contre le tronc d'un arbre.

Je reste à regarder sa cervelle à la lumière de la Lune, dégoulinant sur l'écorce comme un insecte rampant.
J'essuie ma main dans sa robe et rentre au Manoir.

J'ai quelque chose à montrer à Soa.
[Mise à jour concernant la classe Sage Shiléniste (Shilen Elder, même si ce nom-là n'est pas adapté au RP).]