Prénom : Azral (Esprit comme un Rocher)
Age : 105 ans
Sexe : mâle
Race : Nain [ image externe ]
Profession : Inventeur - artisan
Croyances : Maphr, bien que peu pratiquant. Il adore également les Géants pour leurs technologies. Il croit en la Connaissance et les Technologies de manière générale, si on peut appeler cela une croyance.
Langues parlées : le Khazalid et le Commun.
Descriptions :
- Physique : Il est plus petit que la moyenne, entre 1m20 et 1m30 environ. Il est légèrement moins costaud que ses homologues forgerons, ne pratiquant pas très souvent ce métier, bien qu’il soit artisan. Cela reste un nain, et en tant que tel, il est assez trapu et musclé, comme ceux de sa race. Il a des doigts beaucoup moins épais que ses collègues de la forge, et des mains moins abimées par le travail rigoureux et la manipulation d’outils encombrants et chauds. Ils sont plus filiformes, presque osseux, témoignant d’une grande habileté et d’une précision chirurgicale. Son visage est plutôt commun, si ce n’est que son front semble remplir la totalité de sa surface. Il a un crâne très large, par rapport à son corps et son manque de cheveux sur le caillou n’aide en rien à dissimuler cette tare. Ses moustaches et sa barbe ne sont pas très fournies et hirsutes, comme si chaque poil voulait pointer dans une direction qui lui serait propre. Même si ses cheveux sont courts, il en va de même pour cette autre zone pileuse de son corps. Chaque cheveu semble mu d’une volonté d’être dans un sens unique par rapport à ses voisins. Les bouts de ses tifs, barbe et moustaches, sont roussis, suite à de nombreuses explosions rapprochées. Ses yeux sont bordés de cernes tirant sur le violet et leur blanc est strié de veines écarlates, signes de travaux minutieux fatiguant tant son corps que ses yeux eux-mêmes. Il est parfois pris de légers tics faisant sautiller l’un de ses yeux, comme si ce dernier voulait s’échapper de son orbite. Dans l’ensemble, il fait assez peur et parait fou. Lorsqu’il esquisse un sourire, celui-ci n’a rien de naturel et semble lui prêter des airs déments.
- Morale : C’est globalement quelqu’un d’assez dérangé et marginal. Il a une soif insatiable de connaissance, de savoir, de technologies et de découvrir des secrets anciens et cachés, surtout lorsqu’il y a des énigmes en jeu, notamment tout ce qui concerne la mystérieuse civilisation disparue des Géants. Il est très souvent préoccupé par ses inventions. Soit il en conçoit, soit il conçoit les plans dans son esprit dérangé, ce qui le pousse à marmonner à haute-voix pour lui-même. Il ne faudra pas s’étonner de l’entendre gueuler « Gand’Ok ! », qui serait une sorte d’équivalent de « Eureka », mais en nain. Littéralement, ça veut dire : « Astuce trouvée », ou quelque chose du genre. Bien qu’il se prenne pour un génie, ses inventions ne sont pas toujours un succès, loin de là. Cela lui arrive souvent de se tromper, de commettre des erreurs et que tout finisse par exploser, fondre, partir en fumée et autres joyeusetés de ce genre. Étant très susceptible et se vexant facilement, ce n’est forcément jamais de sa faute et il trouve toujours une raison plausible à son échec. Le vent n’était pas dans le bon sens, les astres n’étaient pas bien alignés, on lui a fourni un matériel défectueux, ce genre de choses. En restant dans ce registre, il est également très rancunier. Ayant subit nombre de railleries, il cherchera toujours à se venger, au risque d’y prendre cher. Il ne tient pas de livres de rancunes, comme certains nains, mais il n’oublie pas les vacheries qu’on lui fait et se complait à préparer toujours plus de plans machiavéliques pour rendre la pareille à ceux qui l’ont cherché. Cela lui arrive très souvent de faire preuve de lâcheté et de fourberie, contrairement à la plupart des nains, mais dans la mesure où il faut se venger, il est prêt à tout, même à cela. De plus, c’est quelqu’un d’assez méfiant et qui ne fait pas confiance aux gens facilement, tant il s’est fait tourmenté étant plus jeune. Même des nains il se méfie. Il n’est pas paranoïaque, mais aura tendance à rembarrer rapidement un inconnu qui l’aborde sans raison, en pensant tout de suite qu’il lui cherche des noises ou qu’il veut se moquer de lui. De fait, il est en général assez grognon et peu aimable avec les gens. Il s’attire souvent la foudre de son peuple pour ces raisons, mauvaise humeur, actes peu honorables pour un nain, ou parfois à cause de ses penchants pour les inventions qui finissent généralement mal. Les gens ont tendance à ne se rappeler que des choses qui tournent au vinaigre et non des réussites qu’il peut accomplir. C’est un point de plus qui l’énerve encore plus, que les gens ne le reconnaissent pas comme un brillant savant. C’est également quelqu’un qui peut perdre rapidement son sang froid et entrer dans un état de rage folle. Etant donné sa faible constitution générale, il n’est pas très dangereux pour les autres, mais plus pour lui, car la notion de danger lui devient alors complètement étrangère. Cela dure généralement jusqu’à ce qu’il se calme, ce qui arrive rarement, ou qu’il prenne un bon coup sur la caboche.
Il est légèrement sourd. Le nombre d’engins lui ayant explosé au visage ou pas très loin, lui a fait perdre quelque peu l’audition. Cela fait qu’il comprend parfois mal ce qu’on lui raconte. Ses tics nerveux et ses yeux rougis sont également le fruit de ces explosions. Sa pilosité faciale est également roussie sur les extrémités par des flammèches qui viennent parfois s’y loger lorsqu’une invention se termine mal. D’autre part, il a un accent à couper au couteau. Très peu de nains semblent parler de la manière dont il le fait. Les gens de sa famille ont toujours eu cet accent et personne ne semble savoir d’où il vient. Néanmoins, quelques suppositions tendraient à définir son origine au nord-est des terres naines, à l'est du grand continent d'Elmoreden, au nord d’Avella, dans les Régions Gelées.
Histoire :
Lors d’une froide soirée d’hiver, comme c’était très souvent le cas dans les terres naines, une tempête faisait rage. Aux alentours d’Hindemith, la cité naine, se trouvait une petite cabane familiale, légèrement située à l’écart de la ville. De l’extérieur, elle avait l’aspect d’une protubérance s’extirpant de la neige et paraissait ornée de deux yeux flamboyants. En effet, on pouvait apercevoir de la lumière à l’intérieur qui dansait légèrement, donnant un aspect incandescent aux fenêtres.
En s’approchant un peu plus, il était possible d’entrevoir le feu de cheminée qui était en fait à l’origine de cette lumière flamboyante. Des ombres se tordaient de façon menaçante sur les murs de la petite maisonnée. Au milieu de la pièce se trouvait une table qui attirait toute l’attention des occupants de la demeure.
Une naine était sur le dos, étendue sur la table, entourée de deux autres personnes. Un nain et une autre naine. En s’attardant sur ces trois personnages, on pouvait noter que la naine allongée sur la table était en train d’accoucher. Le nain semblait être son mari et il lui tenait la main. La deuxième naine paraissait être là pour assister la naissance de l’enfant, certainement une sage-femme.
Malgré la constitution incroyable des nains, la mère semblait souffrir atrocement pendant son travail. Sa main droite était cramponnée dans le bois de la table, qui signalait son mécontentement en grinçant à chaque fois que la naine bougeait légèrement. Son autre main écrasait littéralement les doigts de son pauvre mari qui faisait son possible pour ne pas hurler et soutenait son épouse jusqu’au bout.
« J’y vois la tête ! », indiqua la sage-femme.
« FAITES LE ZORTIR DE LA », hurla la future mère.
« Rezpire mamour, za fa aller », suggéra le pauvre nain à la main broyée.
« CH’REZPIRE, CH’RESPIRE, PARBLEU ! », jura celle qui faisait de la compote de doigts.
« Par Maphr ! J’comprends pourquoi qu’i’ sortait pas tout seul, sa caboche est énorme ! », s’exclama la sage-femme.
Forçant tel un constipé qui n’était pas allé à la selle depuis plus d’une semaine, la naine sur la table poussait de toutes ses forces, si bien qu’elle avait le visage rougi par l’effort, et pas seulement à cause du feu qui donnait une légère teinte orangée à la pièce, des trombes de sueur perlait sur son visage fatigué, ses cheveux étaient plaqués de sudation sur son front et de grosses veines saillaient sous la peau de ses tempes. Son visage était tellement contracté par l’effort que cela lui donnait un aspect presque porcin. Son petit nez était tout retroussé en arrière et ses joues étaient gonflées à force de grincer des dents et de serrer la mâchoire.
Soudain, dans un petit bruit de succion, ou plutôt un « pop » proche du son provoqué par une bouteille que l’on débouche, l’enfant sorti de sa cachette. Cela survint si promptement que la sage-femme fut surprise et n’attrapa pas le nouveau-né lorsqu’il s’extirpa de sa mère, et sa tête, effectivement de taille conséquente, cogna le bois de la table aussi fort que si c’était un rocher que l’on venait de lâcher au-dessus. Néanmoins, il était proche de la table et ne se blessa pas, ce que remarqua rapidement la sage-femme, dans un immense soulagement.
Le père remarqua aussi le bruit que fit son fils quand sa tête heurta la table et ne put s’empêcher de réprimer un sourire. La mère, quant à elle, était tellement dans les vapes à cause de ses heures d’accouchement qu’elle ne remarqua rien et se laissa emporter par le sommeil.
« Alors, comment allez-vous l’app’ler le p’tiot ? », demanda la sage-femme, tout en séparant l’enfant de sa mère à l’aide d’un ustensile qu’il serait préférable de ne pas décrire.
« Bah, c’'t'une bonne queztion… Mmh… Che m’dis qu’afec le bruit qu’il a fait, on aurait dit une pierre. », expliqua le père qui contemplait son fils à grosse tête.
« Ch’aime bien Azral. ‘Esprit comme Rocher’ ! Za lui irait bien, n’est z’pas ? », proposa le père d’un ton enjoué.
La sage-femme acquiesça d’un signe de tête tout en s’occupant de laver le petit, encore souillé suite à sa naissance. Le père, tout en massant ses doigts douloureux contre sa cuisse, passa son autre main dans les cheveux humides de sa femme afin de lui les recoiffer en arrière et déposa un baiser sur son front.
« T’as bien trafailler, mamour. »
***
Azral, le nain à grosse tête, grandit au sein d’une famille d’artisans. Tous ne pratiquaient pas ce métier, mais beaucoup d’entre eux travaillaient aux forges et les autres étaient généralement commerçants ou chasseurs, selon les années. Ils étaient connus à cause de leur fort accent à couper au couteau que l’on attribuait volontiers à leurs origines des contrées de l'est, dans le nord des 'Régions Gelées', à l'est d'Elmoreden. Mais rien n’était prouvé, car eux-mêmes n’en étaient pas sûrs. Même leur nom, bien que d’origine tout ce qu’il y a de plus nain, semblait venir d’une autre contrée tellement il avait une sonorité nordique : Whurbere. En nain, cela voulait dire littéralement « Main d’Acier », et allait à merveille à cette famille de forgerons.
Tout petit déjà, Azral était fasciné par l’artisanat et adorait regarder son père confectionner des armes ou des armures. Son imposant crâne devait certainement abriter un large cerveau puisqu’il semblait mémoriser très rapidement certaines images lorsque son père lui demandait où telle pièce d’armure allait dans ce qu’il était en train de fabriquer. Et il se trompait peu.
Lorsqu’il commença à étudier avec les autres nains de son âge, il se révéla être un très bon élément dans tout ce qui touchait de près ou de loin à la connaissance et aux technologies. Néanmoins, dès qu’il fallait passer à des thèmes plus pragmatiques, comme le combat, il se révélait moins bon que la plupart de ses camarades.
En effet, sa large tête semblait puiser toute son énergie et le rendait moins endurant et moins fort que les nains de son âge. Il était même plus petit qu’eux et moins costaud. D’ailleurs, ces derniers prenaient un malin plaisir à le tourmenter en se moquant de sa grosse tête dès qu’ils en avaient l’occasion.
De ce fait, Azral se renferma peu à peu sur lui-même, se concentrant sur ce qu’il aimait faire, construire et inventer des petites choses, tout ce qui touchait à l’artisanat et à la technique, plutôt que de s’entraîner au combat avec les autres. Il devint plus grincheux et plus susceptible à mesure que les années passaient. Sa colère montait petit à petit en lui et naissaient dans son esprit des plans pour se venger de certains qui s’acharnaient sur lui.
Il fallait lui reconnaître son ingéniosité. Plus tôt que la plupart de ceux de son âge, il savait déjà bricoler de petits engins et connaissaient quelques « plans » de construction pour des outils basiques lui permettant de travailler finement ses réalisations. En outre, il redoublait d’inventivité lorsqu’il s’agissait de se venger de quelqu’un, tant sa hargne et son amertume fermentaient dans son subconscient à force d’être persécuté.
***
A une époque, aux environs de son adolescence, quelques nains s’étaient amusés à lui enfoncer un seau sur le crâne, et à cause de ses dimensions hors-normes, le seau s’était mis en tête, et ce fut le cas de le dire, de rester un certain temps vissé sur Azral.
A l’aide de son père, il était parvenu à retirer le seau et c’était rouge de colère que le vieux forgeron avait découvert son fils. Son père avait dû réprimer un rictus pour ne pas contrarier son rejeton. Ce dernier était parti d’un pas furieux en direction de son petit atelier personnel. Derrière chez lui, son père lui avait fabriqué une petite cabane où il y avait tout juste la place de faire tenir une table et un tabouret pour qu’il puisse s’installer et bricoler à son aise.
Cela lui avait pris près de deux semaines. Mais il y était parvenu. Il avait finalement réussi à concevoir son premier A.A.A.R.G.H., Automate Autoguidé à Autodestruction Rétroactive Gavé d’Hameçons. C’était également le bruit que ferait sa victime, selon lui. Le mécanisme était simple. Une petite sphère en bois, deux battants extérieurs à symétrie asynchrone, permettant d’avancer en les faisant tourner l’un après l’autre, le tout, animé par un mécanisme à ressorts. Une clé permettait de remonter l’engin et il avançait tout seul. Lorsqu’il s’arrêtait de fonctionner, cela libérait l’explosion, envoyant dans toutes les directions des hameçons harponnés. L’explosion n’était pas bien puissante, vue la taille de l’engin, et la faible quantité de poudre qu’il avait obtenu, mais cela suffirait à envoyer les hameçons.
Une fois l’appareil terminé, il était resté là, à le contemplé, émerveillé par ce qu’il venait d’accomplir. Il imaginait avec plaisir le résultat que produirait l’explosion sur ses victimes. Son visage était déformé par la vengeance qui dégoulinait de chacun des pores de son visage. Il se munit de l’objet, le cacha précieusement sur lui et partit en quête de ses cibles.
Après avoir fouillé tout le village, il avait remarqué que les nains qui l’avaient chahuté jouaient non loin du village, tout près du pont menant aux mines de charbon abandonnées. S’approchant d’eux avec précaution, il s’était caché derrière un arbre. Il les observait avec colère jouer entre eux alors qu’ils refusaient qu’il puisse ne serait-ce que demander s’il pouvait les approcher. Il ruminait sa hargne en silence en prévision de sa vengeance imminente.
Il sortit son A.A.A.R.G.H. de sa cachette, se munit d’une petite clé en « T » qu’il avait dans sa poche, remonta de plusieurs coups de poignets le petit automate et le déposa au sol. Dans un petit bruit répétitif et bourdonnant, la petite boule en bois avança dans la neige comme si elle nageait le crawl, en direction des jeunes nains qui s’amusaient gaiement entre eux. Lorsqu’ils aperçurent le petit appareil, ils s’arrêtèrent tous et s’attroupèrent tout autour pour mieux l’observer. Ils semblaient fascinés par ce petit automate et riaient de bon cœur.
Azral, dans son coin, dissimulé derrière le tronc d’un arbre se frottait les mains, écumant de vengeance. Il devait s’empêcher de rire pour ne pas se faire repérer.
Lorsque le pantin s’arrêta, Azral ouvrit grands ses yeux - comme si ces derniers étaient prêts à bondir de leur orbite - le sourire et la bave aux lèvres, savourant la scène qui allait se jouer devant lui. Quelques secondes plus tard, il entendait un brouhaha de contestation. Les jeunes nains semblaient fort déçus car le petit automate semblait être cassé. En effet, après s’être arrêté, il avait eu un bref sursaut et s’était mis à fumer. Ils reprirent alors leurs jeux.
Assistant à sa cuisante défaite et à son humiliation totale, Azral sortit de sa cachette et fonça vers son A.A.A.R.G.H., les yeux exorbités de haine. Les autres se retournèrent pour voir charger le petit à grosse tête, tel un buffle chargeant son ennemi. Il s’arrêta devant l’automate, se pencha brusquement, attrapa la boule en bois et la secoua de toute ses forces.
« T’aurais du péter, zalop'rie ! », beugla Azral en secouant l’objet.
Les autres s’en allèrent, blasé de voir tant de bêtises sortir d’un si petit être, bien qu’il eût un énorme crâne. Il était certainement plein d’eau, se disaient certains.
Azral jeta alors l’automate contre le sol qui s’enfonça dans la neige. Soudain, il entendit un « clic », et, à peine eut-il le temps de la voir venir qu’une petite explosion de neige et d’hameçons survint.
« AAARGH ! », hurla Azral, recevant des hameçons sur tout le corps et le visage. Il n’avait pas totalement échoué, en fin de compte…
Il lui fallu près d’une semaine pour s’en remettre, autant physiquement que moralement. Heureusement pour lui, ses yeux avaient été épargnés, contrairement à son amour propre. Il retira une bonne leçon dans cette histoire. Ne jamais envoyer sur le terrain une invention qui n’a pas été testée au préalable.
***
En grandissant, rien n’alla en s’arrangeant. Les gens se moquaient moins de lui, mais la moindre réflexion et il pouvait s’embraser littéralement. De ce fait, Azral se mêlait rarement aux autres et préféraient rester dans son petit atelier à bricoler toute sorte d’inventions. Ce qu’il aimait par-dessus tout était la confection de golems et d’automates. Il en faisait pour tout et pour rien. Dès qu’il trouvait quelque chose de fatiguant à faire, il essayait de faire un automate, ou un golem, pour le faire à sa place.
C’était également devenu un bon artisan qui avait toutes les bases pour réussir dans cette voie. Cependant, ça ne l’intéressait pas. Il n’aimait pas se salir les mains à fabriquer des armes ou des armures. Même si certains de ces objets relevaient de l’art, il trouvait cela moins gratifiant que de fabriquer des inventions.
Les armes et les armures relevaient du domaine connu. On ne réinvente pas l’épée ou le marteau. Lui, ce qu’il aimait, c’était inventer de nouvelles choses et en découvrir. Il eut vent relativement tôt de la disparition des Géants et de leur incroyable savoir et encore plus, de leur technologie de pointe. Il avait même entendu que les Géants étaient tellement pris par leur technologie qu’ils étaient pratiquement eux-mêmes la technologie. Mais cette information n’avait jamais pu être vérifiée.
***
Les gens de la région avaient souvent vent de ses expériences ratées. Il se justifiait toujours en disant que personne n’était parfait, et son front imposant en témoignait pour lui, et que le chemin menant au savoir et à la connaissance était jonché d’échecs qui le faisaient avancer à chaque fois. Mais ça ne suffisait guère pour le faire pardonner lorsqu’un toit prenait feu, que les réserves de bières fussent détruites ou que ses golems explosaient en pleine ville, semant la zizanie parmi les villageois.
Un jour, il fut convié par le dirigeant d’Hindemith. Azral avait eu vent que quelque chose pesait contre lui, mais il ne savait pas bien quoi. De ce fait, il était venu, affichant une mine plus méfiante qu’à son habitude.
« Azral Whurbere, fils de Martral, je t’ai fait venir pour t’annoncer quelque chose de pas facile à dire... », annonça solennellement le chef du village, non sans une certaine tristesse dans la voix sur la fin.
« Huh ? », s’interrogea Azral.
« Comme tu dois t’en douter, étant le chef du village, je me dois de protéger ses habitants. Et parfois, je suis obligé de prendre des décisions difficiles au nom du village. », poursuivit le chef.
Les tics nerveux qui faisaient tressauter les yeux d’Azral de temps à autres semblèrent de plus en plus fréquents à mesure qu’il s’attendait à une terrible nouvelle.
« Nombreux sont les personnes qui sont venues se plaindre de tes agissements. Je parle bien sûr de tes inventions, comme tu les appelles. Ca explose, ça pète, ça fout le feu. Ca ne peut plus durer ! », acheva le dirigeant d’Hindemith.
« Mais… mais…z’est toute ma fie, mes z'infentions ! Fous poufez pas m'deman’der d’arrêter ! Non, z’est impenzable ! », protesta Azral.
« Ça, nous le savons… c’est pour cela que tu dois partir. Le conseil est formel. Tu as dix jours pour quitter Hindemith. Les gardes auront pour ordre de t’expulser de la ville passé ce délais et de ne plus t’y laisser entrer. C’est tout. Je suis désolé. », conclut le chef qui semblait sincèrement désolé.
« Quoi ? C’est impozzible ! Z’êtes fous ? Toute ma fie est izi ! Y’a rien que che puisse faire pour me racheter ? », tenta le pauvre nain à grosse tête.
« Non. Tu as dix jours. Dis au revoir à ta famille, prends tes affaires et part découvrir le monde. Mais ne reviens pas. A moins de montrer au monde combien tu auras changé et appris de tes erreurs et que tu auras cesser tes enfantillages. », dit calmement le chef.
« CHAMAIS ! Che préfère encore partir. », répliqua Azral, vexé.
Sans même laisser le temps au dirigeant d’Hindemith la possibilité d’ajouter une phrase de plus, Azral tourna les talons et quitta la pièce d’un pas pressé.
Il ne pouvait pas y croire. Son peuple lui tournait le dos. Il était chassé de sa ville natale simplement parce qu’il inventait des choses dans le but de rendre le monde meilleur. Du moins, c’est ce qu’il se disait.
Il fonça chez lui et prévint ses parents. Il fut surpris d’apprendre qu’ils étaient déjà au courant. Eux-mêmes avaient suggéré au conseil de le faire quitter le village. Pour sa défense, son père, expliqua qu’il était fatigué de devoir réparer la toiture ou de devoir sans cesse remplacer ses réserves de bois qui partaient en fumée avant d’être utilisées. Il faisait fuir ses clients, également. Les gens avaient peur de lui et de ses « inventions ».
Se sentant trahi, il quitta la pièce et s’enferma dans son atelier. Il avait dix jours pour partir. Il commença à rassembler ses affaires et se préparera à quitter Hindemith. Il n’avait pas l’intention de se faire humilier de la sorte. Il avait deux objectifs en tête. Le premier était de montrer au monde qu’il était un grand inventeur afin que les nains d’Hindemith viennent le supplier à genoux de lui vendre ses chefs-d’œuvre. D’un autre côté, il avait l’opportunité de parcourir le monde et d’en apprendre plus sur la civilisation des Géants. Jamais il n’avait eu cette chance sans devoir effectivement quitter le village.
De ce fait, même s’il se sentait trahi par les siens, son désir de vengeance ne semblait s’exprimer que par son envie de leur montrer qui il était vraiment, par ses inventions et non par une confrontation directe. Il souhaitait les voir l’implorer de revenir. Par conséquent, même avec les nains, il serait toujours méfiant, gardant tout de même une pointe d’amertume pour ceux qui venaient de le chasser de chez lui.
En s’approchant un peu plus, il était possible d’entrevoir le feu de cheminée qui était en fait à l’origine de cette lumière flamboyante. Des ombres se tordaient de façon menaçante sur les murs de la petite maisonnée. Au milieu de la pièce se trouvait une table qui attirait toute l’attention des occupants de la demeure.
Une naine était sur le dos, étendue sur la table, entourée de deux autres personnes. Un nain et une autre naine. En s’attardant sur ces trois personnages, on pouvait noter que la naine allongée sur la table était en train d’accoucher. Le nain semblait être son mari et il lui tenait la main. La deuxième naine paraissait être là pour assister la naissance de l’enfant, certainement une sage-femme.
Malgré la constitution incroyable des nains, la mère semblait souffrir atrocement pendant son travail. Sa main droite était cramponnée dans le bois de la table, qui signalait son mécontentement en grinçant à chaque fois que la naine bougeait légèrement. Son autre main écrasait littéralement les doigts de son pauvre mari qui faisait son possible pour ne pas hurler et soutenait son épouse jusqu’au bout.
« J’y vois la tête ! », indiqua la sage-femme.
« FAITES LE ZORTIR DE LA », hurla la future mère.
« Rezpire mamour, za fa aller », suggéra le pauvre nain à la main broyée.
« CH’REZPIRE, CH’RESPIRE, PARBLEU ! », jura celle qui faisait de la compote de doigts.
« Par Maphr ! J’comprends pourquoi qu’i’ sortait pas tout seul, sa caboche est énorme ! », s’exclama la sage-femme.
Forçant tel un constipé qui n’était pas allé à la selle depuis plus d’une semaine, la naine sur la table poussait de toutes ses forces, si bien qu’elle avait le visage rougi par l’effort, et pas seulement à cause du feu qui donnait une légère teinte orangée à la pièce, des trombes de sueur perlait sur son visage fatigué, ses cheveux étaient plaqués de sudation sur son front et de grosses veines saillaient sous la peau de ses tempes. Son visage était tellement contracté par l’effort que cela lui donnait un aspect presque porcin. Son petit nez était tout retroussé en arrière et ses joues étaient gonflées à force de grincer des dents et de serrer la mâchoire.
Soudain, dans un petit bruit de succion, ou plutôt un « pop » proche du son provoqué par une bouteille que l’on débouche, l’enfant sorti de sa cachette. Cela survint si promptement que la sage-femme fut surprise et n’attrapa pas le nouveau-né lorsqu’il s’extirpa de sa mère, et sa tête, effectivement de taille conséquente, cogna le bois de la table aussi fort que si c’était un rocher que l’on venait de lâcher au-dessus. Néanmoins, il était proche de la table et ne se blessa pas, ce que remarqua rapidement la sage-femme, dans un immense soulagement.
Le père remarqua aussi le bruit que fit son fils quand sa tête heurta la table et ne put s’empêcher de réprimer un sourire. La mère, quant à elle, était tellement dans les vapes à cause de ses heures d’accouchement qu’elle ne remarqua rien et se laissa emporter par le sommeil.
« Alors, comment allez-vous l’app’ler le p’tiot ? », demanda la sage-femme, tout en séparant l’enfant de sa mère à l’aide d’un ustensile qu’il serait préférable de ne pas décrire.
« Bah, c’'t'une bonne queztion… Mmh… Che m’dis qu’afec le bruit qu’il a fait, on aurait dit une pierre. », expliqua le père qui contemplait son fils à grosse tête.
« Ch’aime bien Azral. ‘Esprit comme Rocher’ ! Za lui irait bien, n’est z’pas ? », proposa le père d’un ton enjoué.
La sage-femme acquiesça d’un signe de tête tout en s’occupant de laver le petit, encore souillé suite à sa naissance. Le père, tout en massant ses doigts douloureux contre sa cuisse, passa son autre main dans les cheveux humides de sa femme afin de lui les recoiffer en arrière et déposa un baiser sur son front.
« T’as bien trafailler, mamour. »
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Azral, le nain à grosse tête, grandit au sein d’une famille d’artisans. Tous ne pratiquaient pas ce métier, mais beaucoup d’entre eux travaillaient aux forges et les autres étaient généralement commerçants ou chasseurs, selon les années. Ils étaient connus à cause de leur fort accent à couper au couteau que l’on attribuait volontiers à leurs origines des contrées de l'est, dans le nord des 'Régions Gelées', à l'est d'Elmoreden. Mais rien n’était prouvé, car eux-mêmes n’en étaient pas sûrs. Même leur nom, bien que d’origine tout ce qu’il y a de plus nain, semblait venir d’une autre contrée tellement il avait une sonorité nordique : Whurbere. En nain, cela voulait dire littéralement « Main d’Acier », et allait à merveille à cette famille de forgerons.
Tout petit déjà, Azral était fasciné par l’artisanat et adorait regarder son père confectionner des armes ou des armures. Son imposant crâne devait certainement abriter un large cerveau puisqu’il semblait mémoriser très rapidement certaines images lorsque son père lui demandait où telle pièce d’armure allait dans ce qu’il était en train de fabriquer. Et il se trompait peu.
Lorsqu’il commença à étudier avec les autres nains de son âge, il se révéla être un très bon élément dans tout ce qui touchait de près ou de loin à la connaissance et aux technologies. Néanmoins, dès qu’il fallait passer à des thèmes plus pragmatiques, comme le combat, il se révélait moins bon que la plupart de ses camarades.
En effet, sa large tête semblait puiser toute son énergie et le rendait moins endurant et moins fort que les nains de son âge. Il était même plus petit qu’eux et moins costaud. D’ailleurs, ces derniers prenaient un malin plaisir à le tourmenter en se moquant de sa grosse tête dès qu’ils en avaient l’occasion.
De ce fait, Azral se renferma peu à peu sur lui-même, se concentrant sur ce qu’il aimait faire, construire et inventer des petites choses, tout ce qui touchait à l’artisanat et à la technique, plutôt que de s’entraîner au combat avec les autres. Il devint plus grincheux et plus susceptible à mesure que les années passaient. Sa colère montait petit à petit en lui et naissaient dans son esprit des plans pour se venger de certains qui s’acharnaient sur lui.
Il fallait lui reconnaître son ingéniosité. Plus tôt que la plupart de ceux de son âge, il savait déjà bricoler de petits engins et connaissaient quelques « plans » de construction pour des outils basiques lui permettant de travailler finement ses réalisations. En outre, il redoublait d’inventivité lorsqu’il s’agissait de se venger de quelqu’un, tant sa hargne et son amertume fermentaient dans son subconscient à force d’être persécuté.
***
A une époque, aux environs de son adolescence, quelques nains s’étaient amusés à lui enfoncer un seau sur le crâne, et à cause de ses dimensions hors-normes, le seau s’était mis en tête, et ce fut le cas de le dire, de rester un certain temps vissé sur Azral.
A l’aide de son père, il était parvenu à retirer le seau et c’était rouge de colère que le vieux forgeron avait découvert son fils. Son père avait dû réprimer un rictus pour ne pas contrarier son rejeton. Ce dernier était parti d’un pas furieux en direction de son petit atelier personnel. Derrière chez lui, son père lui avait fabriqué une petite cabane où il y avait tout juste la place de faire tenir une table et un tabouret pour qu’il puisse s’installer et bricoler à son aise.
Cela lui avait pris près de deux semaines. Mais il y était parvenu. Il avait finalement réussi à concevoir son premier A.A.A.R.G.H., Automate Autoguidé à Autodestruction Rétroactive Gavé d’Hameçons. C’était également le bruit que ferait sa victime, selon lui. Le mécanisme était simple. Une petite sphère en bois, deux battants extérieurs à symétrie asynchrone, permettant d’avancer en les faisant tourner l’un après l’autre, le tout, animé par un mécanisme à ressorts. Une clé permettait de remonter l’engin et il avançait tout seul. Lorsqu’il s’arrêtait de fonctionner, cela libérait l’explosion, envoyant dans toutes les directions des hameçons harponnés. L’explosion n’était pas bien puissante, vue la taille de l’engin, et la faible quantité de poudre qu’il avait obtenu, mais cela suffirait à envoyer les hameçons.
Une fois l’appareil terminé, il était resté là, à le contemplé, émerveillé par ce qu’il venait d’accomplir. Il imaginait avec plaisir le résultat que produirait l’explosion sur ses victimes. Son visage était déformé par la vengeance qui dégoulinait de chacun des pores de son visage. Il se munit de l’objet, le cacha précieusement sur lui et partit en quête de ses cibles.
Après avoir fouillé tout le village, il avait remarqué que les nains qui l’avaient chahuté jouaient non loin du village, tout près du pont menant aux mines de charbon abandonnées. S’approchant d’eux avec précaution, il s’était caché derrière un arbre. Il les observait avec colère jouer entre eux alors qu’ils refusaient qu’il puisse ne serait-ce que demander s’il pouvait les approcher. Il ruminait sa hargne en silence en prévision de sa vengeance imminente.
Il sortit son A.A.A.R.G.H. de sa cachette, se munit d’une petite clé en « T » qu’il avait dans sa poche, remonta de plusieurs coups de poignets le petit automate et le déposa au sol. Dans un petit bruit répétitif et bourdonnant, la petite boule en bois avança dans la neige comme si elle nageait le crawl, en direction des jeunes nains qui s’amusaient gaiement entre eux. Lorsqu’ils aperçurent le petit appareil, ils s’arrêtèrent tous et s’attroupèrent tout autour pour mieux l’observer. Ils semblaient fascinés par ce petit automate et riaient de bon cœur.
Azral, dans son coin, dissimulé derrière le tronc d’un arbre se frottait les mains, écumant de vengeance. Il devait s’empêcher de rire pour ne pas se faire repérer.
Lorsque le pantin s’arrêta, Azral ouvrit grands ses yeux - comme si ces derniers étaient prêts à bondir de leur orbite - le sourire et la bave aux lèvres, savourant la scène qui allait se jouer devant lui. Quelques secondes plus tard, il entendait un brouhaha de contestation. Les jeunes nains semblaient fort déçus car le petit automate semblait être cassé. En effet, après s’être arrêté, il avait eu un bref sursaut et s’était mis à fumer. Ils reprirent alors leurs jeux.
Assistant à sa cuisante défaite et à son humiliation totale, Azral sortit de sa cachette et fonça vers son A.A.A.R.G.H., les yeux exorbités de haine. Les autres se retournèrent pour voir charger le petit à grosse tête, tel un buffle chargeant son ennemi. Il s’arrêta devant l’automate, se pencha brusquement, attrapa la boule en bois et la secoua de toute ses forces.
« T’aurais du péter, zalop'rie ! », beugla Azral en secouant l’objet.
Les autres s’en allèrent, blasé de voir tant de bêtises sortir d’un si petit être, bien qu’il eût un énorme crâne. Il était certainement plein d’eau, se disaient certains.
Azral jeta alors l’automate contre le sol qui s’enfonça dans la neige. Soudain, il entendit un « clic », et, à peine eut-il le temps de la voir venir qu’une petite explosion de neige et d’hameçons survint.
« AAARGH ! », hurla Azral, recevant des hameçons sur tout le corps et le visage. Il n’avait pas totalement échoué, en fin de compte…
Il lui fallu près d’une semaine pour s’en remettre, autant physiquement que moralement. Heureusement pour lui, ses yeux avaient été épargnés, contrairement à son amour propre. Il retira une bonne leçon dans cette histoire. Ne jamais envoyer sur le terrain une invention qui n’a pas été testée au préalable.
***
En grandissant, rien n’alla en s’arrangeant. Les gens se moquaient moins de lui, mais la moindre réflexion et il pouvait s’embraser littéralement. De ce fait, Azral se mêlait rarement aux autres et préféraient rester dans son petit atelier à bricoler toute sorte d’inventions. Ce qu’il aimait par-dessus tout était la confection de golems et d’automates. Il en faisait pour tout et pour rien. Dès qu’il trouvait quelque chose de fatiguant à faire, il essayait de faire un automate, ou un golem, pour le faire à sa place.
C’était également devenu un bon artisan qui avait toutes les bases pour réussir dans cette voie. Cependant, ça ne l’intéressait pas. Il n’aimait pas se salir les mains à fabriquer des armes ou des armures. Même si certains de ces objets relevaient de l’art, il trouvait cela moins gratifiant que de fabriquer des inventions.
Les armes et les armures relevaient du domaine connu. On ne réinvente pas l’épée ou le marteau. Lui, ce qu’il aimait, c’était inventer de nouvelles choses et en découvrir. Il eut vent relativement tôt de la disparition des Géants et de leur incroyable savoir et encore plus, de leur technologie de pointe. Il avait même entendu que les Géants étaient tellement pris par leur technologie qu’ils étaient pratiquement eux-mêmes la technologie. Mais cette information n’avait jamais pu être vérifiée.
***
Les gens de la région avaient souvent vent de ses expériences ratées. Il se justifiait toujours en disant que personne n’était parfait, et son front imposant en témoignait pour lui, et que le chemin menant au savoir et à la connaissance était jonché d’échecs qui le faisaient avancer à chaque fois. Mais ça ne suffisait guère pour le faire pardonner lorsqu’un toit prenait feu, que les réserves de bières fussent détruites ou que ses golems explosaient en pleine ville, semant la zizanie parmi les villageois.
Un jour, il fut convié par le dirigeant d’Hindemith. Azral avait eu vent que quelque chose pesait contre lui, mais il ne savait pas bien quoi. De ce fait, il était venu, affichant une mine plus méfiante qu’à son habitude.
« Azral Whurbere, fils de Martral, je t’ai fait venir pour t’annoncer quelque chose de pas facile à dire... », annonça solennellement le chef du village, non sans une certaine tristesse dans la voix sur la fin.
« Huh ? », s’interrogea Azral.
« Comme tu dois t’en douter, étant le chef du village, je me dois de protéger ses habitants. Et parfois, je suis obligé de prendre des décisions difficiles au nom du village. », poursuivit le chef.
Les tics nerveux qui faisaient tressauter les yeux d’Azral de temps à autres semblèrent de plus en plus fréquents à mesure qu’il s’attendait à une terrible nouvelle.
« Nombreux sont les personnes qui sont venues se plaindre de tes agissements. Je parle bien sûr de tes inventions, comme tu les appelles. Ca explose, ça pète, ça fout le feu. Ca ne peut plus durer ! », acheva le dirigeant d’Hindemith.
« Mais… mais…z’est toute ma fie, mes z'infentions ! Fous poufez pas m'deman’der d’arrêter ! Non, z’est impenzable ! », protesta Azral.
« Ça, nous le savons… c’est pour cela que tu dois partir. Le conseil est formel. Tu as dix jours pour quitter Hindemith. Les gardes auront pour ordre de t’expulser de la ville passé ce délais et de ne plus t’y laisser entrer. C’est tout. Je suis désolé. », conclut le chef qui semblait sincèrement désolé.
« Quoi ? C’est impozzible ! Z’êtes fous ? Toute ma fie est izi ! Y’a rien que che puisse faire pour me racheter ? », tenta le pauvre nain à grosse tête.
« Non. Tu as dix jours. Dis au revoir à ta famille, prends tes affaires et part découvrir le monde. Mais ne reviens pas. A moins de montrer au monde combien tu auras changé et appris de tes erreurs et que tu auras cesser tes enfantillages. », dit calmement le chef.
« CHAMAIS ! Che préfère encore partir. », répliqua Azral, vexé.
Sans même laisser le temps au dirigeant d’Hindemith la possibilité d’ajouter une phrase de plus, Azral tourna les talons et quitta la pièce d’un pas pressé.
Il ne pouvait pas y croire. Son peuple lui tournait le dos. Il était chassé de sa ville natale simplement parce qu’il inventait des choses dans le but de rendre le monde meilleur. Du moins, c’est ce qu’il se disait.
Il fonça chez lui et prévint ses parents. Il fut surpris d’apprendre qu’ils étaient déjà au courant. Eux-mêmes avaient suggéré au conseil de le faire quitter le village. Pour sa défense, son père, expliqua qu’il était fatigué de devoir réparer la toiture ou de devoir sans cesse remplacer ses réserves de bois qui partaient en fumée avant d’être utilisées. Il faisait fuir ses clients, également. Les gens avaient peur de lui et de ses « inventions ».
Se sentant trahi, il quitta la pièce et s’enferma dans son atelier. Il avait dix jours pour partir. Il commença à rassembler ses affaires et se préparera à quitter Hindemith. Il n’avait pas l’intention de se faire humilier de la sorte. Il avait deux objectifs en tête. Le premier était de montrer au monde qu’il était un grand inventeur afin que les nains d’Hindemith viennent le supplier à genoux de lui vendre ses chefs-d’œuvre. D’un autre côté, il avait l’opportunité de parcourir le monde et d’en apprendre plus sur la civilisation des Géants. Jamais il n’avait eu cette chance sans devoir effectivement quitter le village.
De ce fait, même s’il se sentait trahi par les siens, son désir de vengeance ne semblait s’exprimer que par son envie de leur montrer qui il était vraiment, par ses inventions et non par une confrontation directe. Il souhaitait les voir l’implorer de revenir. Par conséquent, même avec les nains, il serait toujours méfiant, gardant tout de même une pointe d’amertume pour ceux qui venaient de le chasser de chez lui.