[bghumain] Montaine du Cervint

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Crepuscule
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[bghumain] Montaine du Cervint

Message par Crepuscule » jeu. 5 août 2010 à 18h22

Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin





Nom : Du Cervint
Prénom : Montaine
Race : Humaine
Âge : 17 ans
Croyance : Gran Kain
Carrière : Lancier, Inquisitrice (Cardinal et Archimage), Passeuse d'âme (Invocatrice)
Langues parlées : Commune


Description physique : Montaine une jeune fille haute d'un mètre soixante-dix pour soixante kilos de muscles épais et longs, visiblement acquis au prix de longues années de dures labeurs. Sa peau est plutôt pâle mais absolument pas maladive. Ses yeux sont bleus délavés et très peu expressifs, tout comme son visage de manière générale. Ses sourcils sont toujours légèrement froncés, comme si la jeune fille était en permanence en proie à un dilemme, à une préoccupation.
Elle porte une armure lourde et semble être tout à fait à l'aise malgré le poids. Une lance est toujours accrochée dans son dos.
Ses cheveux, rasés ou coupés courts à la lame de sa lance, son bruns foncés. Une tresses sur sa nuque descend jusqu'au centre de ses reins.



















Un fin rayon de lumière, s’infiltrant par-dessous de la porte, réveilla les enfants. On venait les chercher, cette fois c’était certain puisqu’on les avait déjà nourries. Les petites étaient blotties les unes contre les autres dans l’humidité d’une cellule à la noirceur sans égale.

Déjà une semaine, pour celles qui étaient arrivées les plus tôt, qu’elles partageaient une paillasse grignotée par les rats, moisie par l’eau qui s’écoulait des fuites le long des murs. On ne leur avait donné qu’un maigre repas par jour, une sorte de bouillie sans goût et un verre d’eau toute prête d’être imbuvable. Mais elles s’en étaient contentées, sans broncher. C’était mieux que rien.

La porte s’ouvrit enfin dans un raz-de-marée de lumière blanche aveuglante. Elles plissèrent toutes leurs petits yeux encore endormis afin de distinguer qui leur rendait visite. Une femme âgée d’environ quatre vingt printemps se tenait dans l’embrasure de la porte, la main sur la poignée et une lourde clef dans l’autre. Son aspect aurait pu terrifier les petites, mais ce ne fut pas le cas. Comme on le leur avait demandé, elles se levèrent plus ou moins lentement, se tenant par leurs petites mains et, sans se lâcher, elles s’avancèrent vers la vieille femme qui, déjà, commençait à remonter un vaste escalier construit dans la pierre. Elles lui emboîtèrent le pas, tâchant de regarder droit devant, sans prêter attention aux geôles qui bordaient les murs de l’escalier. Chacune semblait pourtant vide et aucun bruit ne venait perturber leur ascension. Mais elles savaient ce que les Sœurs cachaient ici, et il valait mieux ne pas vouloir voir cela de ses propres yeux.





La femme qu’elles suivaient s’appelait Mahault du Cervint. Elle était en charge du monastère depuis déjà dix ans. Dix ans durant lesquels la mère supérieure avait refusé toute visite en ces murs. Elle et ses filles étaient restées cloîtrées dans un silence morbide sans être dérangées par aucune âme vivante. Mais, quelques semaines auparavant, une émissaire des Disciples du Reniement s’était présentée à la porte du couvent. Elle avait fait comprendre à Mahault qu’il fallait à tout prix qu’elle accepte de recevoir vingt enfants dont on ne savait plus quoi faire. Vingt petites filles prêtes à être formées aux dures lois de la Sororité du Crépuscule, cercle religieux et guerrier très fermé uniquement composé de femmes. Alors Mahault prit la décision qu’il était en effet temps de renouveler le sang de ses rangs et accepta qu’on lui amena les enfants, elle ferait son choix par la suite et renverrai celles qui ne convenaient pas. C’est la même émissaire qui se chargea de les escorter jusqu’à ce coin perdu de la campagne d’Elmore, puis, elle les abandonna devant la porte du couvent qui s’ouvrit seulement lorsque l’émissaire était déjà loin. Elles n’arrivèrent pas toutes en même temps néanmoins car certaines venaient de très loin. Fatiguées, affamées et malades, les petites n’avaient pas toutes survécues. Trois avaient été retrouvées, au petit matin, déjà raides. Pourtant leurs petites compagnes ne les avaient pas lâchées et on avait du les faire lever pour se rendre compte que l’odeur forte qui s’échappait de la geôle était bel et bien due à la présence de cadavres. Les dix-sept autres enfants n’avaient pas dit un mot, ne s’étaient pas plaintes.

Il faut bien préciser qu’elles avaient vécu de pires moments durant leurs courtes vies. Certaines étaient le fruit d’une union non désirée qui avait conduit leurs mères à les rejeter, ou à les maltraiter. D’autres avaient tout simplement été abandonnées sur le bas-côté d’une route, sans savoir dans quel sens elles devaient marcher pour retrouver les leurs. Enfin, quelques petites avaient été confiées par leurs propres parents qui ne pouvaient plus assumer cette bouche en trop à nourrir. Elles n’étaient âgées que d’entre deux et cinq ans et, bien qu’elles ne se ressemblent pas pour ainsi dire, leurs regards étaient les mêmes. On n’y lisait aucune tristesse mais une sourde résolution, insupportable à dénicher dans de si jeunes regards. Certaines savaient pourquoi elles se trouvaient à présent dans ce lieu si reculé, d’autres non, mais toutes savaient en revanche où elles étaient. Toutes sauf une.
Elle n’avait pas de nom, puisque personne n’avait jamais prit la peine de lui en donner un et que, de toute manière, personne n’avait jamais cherché à l’appeler. Lorsqu’elle arriva, escortée par l’émissaire, en compagnie de cinq autres petites filles, elle n’avait qu’un seul souvenir. Son père pleurait, il faisait nuit. Sa sœur, qui dormait sur le lit du bas, pleurait elle aussi. Et elle, la main plaquée sur sa bouche, se retenait d’hurler. Sa sœur, elle, n’avait pas pu s’en empêcher et pour la faire taire, leur père lui avait tranché la langue. Il pleurait parce qu’il ne savait pas comment expliquer son acte et il savait qu’il devrait en payer le prix. Sa sœur pleura jusqu’à l’aube et, lorsqu’elle se leva, la chambre qu’elles partageaient n’était plus qu’un bain de sang, dans le premier sens du terme. Leur père était sortit depuis longtemps et il ne revînt jamais. La petite ne descendit du lit à étage qu’au bout de cinq jours, affamée qu’elle était, au bord de la mort. Le corps de sa sœur pourrissait et le sang coagulait. Elle n’avait pas osé y mettre les pieds avant de ne plus pouvoir faire autrement. Lorsqu’elle sortit dans la rue, couverte de sang foncé, le temps s’était arrêté. Elle s’était finalement évanouie pour se réveiller, deux jours plus tard au sortir d’une violente fièvre, dans un lit miteux d’un orphelinat qui avait bien voulu d’elle. Elle avait tenté d’en parler, mais personne ne voulait écouter cette histoire immonde. Einhasad ne pouvait pas avoir créé pareil monstre, c’était l’œuvre de Gran Kain le Malin qui avait pervertit ce pauvre homme. Mais la petite n’y croyait pas car, bien qu’âgée de trois ans, elle savait que son père était profondément mauvais, tout autant qu’il pouvait être parfois doux comme un agneau. C’était de sa faute à lui, pas de celle d’Einhasad, ni celle de Gran Kain – dont elle ignorait d’ailleurs parfaitement l’existence. Elle resta dans l’orphelinat près d’un an, demeurant sans nom. Peut-être en avait-elle eu un, à l’époque où sa mère était encore là, mais le souvenir de cette nuit sanglante avait remplacé tous les autres.

Elle se trouvait donc, elle aussi, dans cet escalier froid et sombre. Elle suivait les autres, en queue de file, et son regard fouillait l’obscurité car on ne l’avait jamais mise en garde contre tout ça. Personne ne lui avait jamais parlé de la Sororité du Crépuscule, et elle ne pouvait pas savoir que certains secrets n’étaient pas seulement faits que pour éveiller la curiosité. Mais, ce soir là, elle entrevit pourtant parmi les plus sombres mystères que recelait ce couvent. Les ombres bougeaient, elle aurait pu le jurer. Et puis le murmure du vent n’était pas celui auquel elle était habituée.

Les petites arrivèrent enfin au sommet de l’escalier, essoufflées et éreintées. On leur offrit des gâteaux secs qu’elles se partagèrent avant de les installer, en ligne, sur une banquette face à une lourde porte de chêne gravé. La vieille religieuse se faufila par la porte à demi ouverte et la ferma derrière elle. De là où elles se trouvaient, les petites n’entendirent pas la discussion qui se tenait à l’intérieur.


« Mes filles, elles sont là. Nous allons les recevoir, les unes après les autres, et de cet entretient découlera notre choix d’en garder ou non. Je vais vous rappeler sur quels critères l’issue doit se baser. La recrue doit être le plus jeune possible, en bonne santé, de constitution forte, c'est-à-dire ni trop petite, ni trop maigre. Elle doit être ignorante, analphabète et sans souvenir. »

Là-dessus, les Sœurs hochèrent la tête, se munissant de parchemins et de plumes pour noter leurs observations. Mahault, la mère supérieure, ouvrit alors la porte que les petites fixaient. Elle invita la première de la rangée à se lever et à entrer. Le même schéma se répéta seize fois avant que ce ne soit le tour de la plus ignorante de toutes. Lorsqu’elle pénétra dans la salle voutée, son regard parcourut l’assemblée. Sept sœurs, sans compter la mère supérieure, étaient alignées, plumes à la main, et la fixaient. Certaines avaient pour elle de la pitié, d’autre une certaine forme d’affection. Mais les autres, les plus vieilles, semblaient voir à travers elle, ou en elle.

« Petite, comment t’appelles-tu ? »

Elle ne répondit pas. Non par insolence, mais parce qu’elle ne savait pas quoi dire. Répondre qu’elle n’avait pas de nom, c’était honteux et elle n’avait pas envie que ces vieilles biques se moquent d’elle.

« Tu ne réponds pas ? Tu devrais. »


La vieille femme qui lui avait posé la question n’était pas en colère. Mais sa voix, froide et rauque, était plus terrifiante encore. La petite tremblait de froid dans sa chemise de nuit souillée. Elle était devenue marron avec le temps, mais des tâches plus foncées sur l’ourlet subsistaient par endroit. On ne l’avait pas changée depuis un an. Elle finit par murmurer quelque chose. Et la vieille femme lui demanda de répéter plus fort, mais, ça se voyait, elle avait déjà comprit.

« Comme vous voulez, madame.
- Comme je veux ? Tu ne tiens pas à ton prénom, petite ? »


Elle répondit en secouant la tête négativement, sans quitter ce regard pointé sur elle.

« Et quel âge as-tu ?
- Quatre ans. »


Quelques murmures se firent entendre. Les vieilles femmes se consultaient pour savoir si elle était trop vieille. Quelle ironie.

« Sais-tu qui nous sommes ? »

A nouveau, l’enfant répondit par la négative alors que ses joues rosissaient. Cette réaction ne passa pas inaperçue et chaque religieuse hocha la tête en regardant ses voisines. Puisqu’elle rougissait, c’était que son sang était encore vif dans ses veines. Et puis, bien qu’âgée de quatre ans, elle était plutôt grande pour son âge. Un peu frêle certes, mais c’était bien connu, les orphelinats Einhasadiens ne nourrissaient presque pas leurs petits protégés. Il suffirait d’un mois pour qu’elle se remplume.

« Montaine, vous pouvez nous laisser. »

Elle mit quelques secondes à comprendre qu’on s’adressait à elle, jusqu’à ce que, en fait, toutes les sœurs se mirent à l’ignorer parfaitement. La mère supérieure, qui n’avait pas pipé mot, se leva pour la reconduire mais vers une porte plus petite que la petite fille n’avait pas vu, dans l’obscurité.

C’est ainsi qu’elle fut acceptée au sein de la Sororité du Crépuscule et reçu un prénom, Montaine. On lui donna le nom de la mère supérieure pour qu’ainsi soit tracé son parcours au sein de l’ordre, Montaine du Cervint.


Dernière modification par Crepuscule le lun. 23 août 2010 à 14h04, modifié 1 fois.

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Re: [bghumain] Montaine du Cervint

Message par Crepuscule » jeu. 5 août 2010 à 18h25


Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !








« Montaine, à toi. »

La jeune fille se leva, étirant ses muscles engourdis par le froid et par l’attente. Elle se dirigea vers les portes-lances et en saisit une parmi les plus longues puis alla se poster au centre de l’arène de sable. Elle se mit alors en garde, assurant sa position avec force. En face, la plus vieille des sœurs, Anna, était armée elle aussi d’une lance en bois. Elle compta jusqu’à trois et Montaine commença ses enchaînements visant à désarmer l’adversaire.

C’était ainsi que les six petites filles choisies pour être formées avaient passé les dix premières années de leur vie. Combattre, à l’aube, jusqu’à l’heure de la seconde prière. Puis elles déjeunaient ensemble au réfectoire, dans une salle à part de celle des Anciennes. Elles avaient le droit de murmurer, mais ni de rire, ni d’hausser le ton. Elles n’avaient d’ailleurs aucune raison d’enfreindre ce genre de règle.

Montaine était devenue une jeune fille forte. Sa musculature s’était très largement développée, plus vite que celles de ses compagnes. Mais elle était moins grande aussi, d’avantage robuste que vive. D’ailleurs, c’était pour combler ces quelques centimètres en moins qu’on lui avait conseillé de s’entraîner d’avantage à la lance qu’à l’épée.

Chaque journée se ressemblait. Deux heures avant l’aube, les Sœurs et les apprenties se levaient pour la première prière. Puis, après l’entraînement et le déjeuner, deux des plus jeunes Sœurs leur enseignait la liturgie durant trois heures. Ensuite elles retournaient aux prières et à nouveau à leurs entraînements physiques. Puis, après dîner, elles se réunissaient dans la grande bibliothèque qui jouxtait le bureau de la mère supérieure pour lire les textes conservés à l’abri. On leur avait apprit à lire, à écrire, à compter. Et, si elles le souhaitaient, elles pouvaient également s’adonner à l’art de leur choix, à condition qu’il ne soit pas trop bruyant. Ainsi Montaine découvrit la patience et la précision en se formant à la couture. Elle créait de magnifiques déguisements pour les petites pièces de théâtre que les Sœurs organisaient lors du Solstice. Mais elle était aussi en charge de coudre les robes sombres et simples qui étaient l’uniforme des Sœurs du Crépuscule. Elle prenait très à cœur son travail puisqu’il était utile à la Sororité, mais elle s’interdisait, dans ce genre de cas, toute originalité. Une fois elle avait osé ajouter aux cols un petit bouton discret. On l’avait battue pour ça.

Ce n’est que lorsque les Sœurs partaient se coucher que les jeunes apprenties pouvaient discuter librement. Elles parlaient souvent de leurs lectures, se conseillant tel ou tel ouvrage, mais les discussions les plus palpitantes concernaient leurs rares sorties mensuelles.

Au bout de trois minutes à peine de combat, Montaine s’écroula face contre terre, terrassée par Anna qui était d’une humeur exécrable. La vieille Sœur ne se donna même pas la peine de commenter, lâcha sa lance en bois au sol et quitta les lieux. Montaine se redressa alors à quatre pattes, les bras et les cuisses endolories par les coups qu’elle venait de recevoir. C’était une correction dissimulée, mais une correction quand même. Montaine et les autres apprenties avaient passé la nuit à discuter de leur dernière sortie en ville et, naturellement, lorsqu’il avait fallut se lever pour prier, elles s’étaient toutes endormies à genoux. L’entraînement n’avait pas été plus palpitant. Son amie, Justine, l’aida à se relever sans bruit mais, lorsque Montaine leva les yeux vers les siens, elle y lu l’amusement. Montaine esquissa un sourire en réponse à cette lueur. Non, elles ne regrettaient pas cette nuit où, pour une fois, elles avaient rit de bon cœur.

Et elles avaient eu des raisons pour cela. Lors de leur dernière escapade, elles avaient décidé de se rendre, armée de leurs lances et épées en bois, à l’arène d’entraînement pour jeunes hommes de la ville la plus proche. Au début, ils s’étaient moqués d’elles. Mais, moins d’une heure plus tard, après avoir été humiliés, les jeunes hommes s’étaient mis en tête de les courtiser. Et, c’est avec un air de défi qui les excita d’avantage que l’apprentie la plus âgée, Catherine, leur avait lancé :


« Nous sommes les Vierges Combattantes, et aucun homme n’est assez fort pour nous mériter. Surtout pas vous. »


Elles avaient éclaté de rire et s’en étaient allées. Après avoir fait les quelques courses commandées par la mère supérieure, elles étaient rentrées au couvent, toutes émoustillées par leur après-midi. Toute la nuit durant, donc, elles s’étaient rappelées cette journée, se moquant des garçons et de leur piètre niveau d’arme.

Ces jeunes hommes ignoraient qui elles étaient vraiment, tout comme le reste du monde aveugle et sourd à l’amour de Gran Kain. Pour eux, elles étaient la Sororité des Orphelines, un ordre qui s’occupait des petites abandonnées, mais aussi de trouver un foyer aux filles-mères. Rien de plus, rien de moins. Personne ne venait jamais leur chercher des ennuis car, une seule fois, c’était arrivé. Pendant la guerre, une poignée d’hommes qui étaient loin de chez eux, avait voulu égailler leur soirée en allant rendre visite par la force à ces femmes recluses. Au petit matin on avait retrouvé leurs cadavres torturés jetés par-dessus l’enceinte.

Elles ne connaissaient pas les plaisirs de l’enfance, encore moins ceux des jeunes filles de leur âge qui, au bras de leurs mères, découvraient la coquetterie et qui, déjà, commençaient à comprendre leur emprise sur la gente masculine. Elles vivaient dans la pureté, dans la discipline et dans la dévotion et n’avaient aucun manque puisqu’elles ne connaissaient pas grand-chose. On leur avait dit qu’à leurs seize ans, elles deviendraient Sœurs à part entière et que, comme leurs aînées, elles finiraient leurs jours ici, à protéger les enfants de Kain, à les guérir et à combattre en Son nom. C’était le but ultime de leurs existences, Lui être dévouées et c’est pour cette raison qu’elles resteraient vierges.

Ce qu’elles ignoraient c’est qu’avec la mort de la mère supérieure qui les avait accueillies, les projets les concernant avaient changé. La nouvelle mère supérieure les enverrait, lorsqu’elles atteindront seize ans, à l’assault du « vrai » monde. Pourquoi ? Parce qu’une rumeur disait que l’Imperator avait besoin de bras forts pour servir la Société. Et la mère supérieure, qui n’était autre que sa tante, la sœur de son défunt père, ne voulait pas rester en reste. Son nom aussi marquerait l’histoire.

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Re: [bghumain] Montaine du Cervint

Message par Crepuscule » dim. 8 août 2010 à 20h14

A l'heure où les chastes étoiles
Ferment leurs yeux appesantis,
L'araignée y fera ses toiles,
Et la vipère ses petits



Lorsque Montaine prit seize années, ou du moins lorsqu'il fut question de les lui fêter puisqu'il avait été impossible d'en connaître la date avec précision, un grand jeu fut organisé au sein du couvent par les Anciennes.

Il s'agissait de se réunir par équipe de trois afin de retrouver des artefacts cachés aux quatre coins de l'enceinte du couvent. Des énigmes leurs feraient obstacles, ainsi que des guerrières, qui n'étaient autres que leurs professeurs. Montaine avait alors formé son équipe, s'entourant de sa fidèle amie Justine et d'une autre, Megara, dont personne n'avait voulu dès le premier coup à cause de sa mauvaise vue.


Les épreuves s'étaient succédées et les objets accumulés. Tantôt sur le chemin de ronde à courir de tour en tour, tantôt dans les couloirs au décor stricte qui menaient aux chambres et aux salles communes, elles avaient toutes les trois prit de l'avance sur les deux autres groupes, les croisant parfois et tentant de les piéger en leur indiquant fausse route et faux conseil. Une trousse de soin, qui avait été confiée à Megara, une torche dont Justine avait la garde et finalement une lance en bois que Montaine tenait entre ses mains habiles.
Une énigme, qui leur avait été proposée par la soeur Hélène en charge des archives secrètes, les avait conduit aux sous-sols, là où les Soeurs conservaient leurs vivres et leurs réserves ainsi que les armes et armures utilisées pour la guerre.

Elles progressaient dans les couloirs sombres, et, bien qu'elles n'aient finalement connu que le couvent comme logis, la peur serrait leurs estomacs.
Les couloirs firent place à de minuscules passages ténébreux construits dans la roche également, mais d'une manière beaucoup plus grossière. La flamme de la torche léchait le plafond bas et les jeunes filles peinaient à se faire une place entre ces murs humides. Une flèche de peinture rouge leur confirma qu'il s'agissait bien du parcours qu'elles devaient emprunter, mais l'odeur de renfermé ne les motivaient absolument pas à se dépêcher comme auparavant. Elles progressaient d'ailleurs avec lenteur, sentant que leur route les conduisait dans un endroit dont elles ignoraient l'existence. Au bout d'une trentaine de minutes de progression, Justine brisa le silence :


"Montaine, je crois que nous avons loupé un embranchement. Ce n'est pas possible de continuer ainsi. Si on nous trouve là, peut-être même que nous aurons des problèmes.
- As-tu vu une flèche rouge dans les autres couloirs ?"


Justine répondit silencieusement par la négative puis reprit son chemin, précédant les deux autres pour leur éclairer le chemin. Derrière Montaine, la petite Megara respirait bruyamment. La pauvre n'avait jamais été très endurante à la tension. Si Montaine avait su...

Finalement, quelques pas plus loin, un petit courant d'air vînt se faufiler sous leurs jupes. Il y avait donc une ouverture. Certes le couloir ne menait par sur l'extérieur vu la température de l'air, mais peut-être sur une grande salle. Peut-être même sur une chapelle car l'encens parfuma un instant le réduit. Reprenant courage, les trois jeunes filles pressèrent un peu le pas. Seule Montaine gardait le visage grave. Elle commençait à douter du fait que ce soit un jeu, comme les Anciennes le leur avait annoncé.
Au bout de cinq minutes qui leur parurent une éternité, elles débouchèrent dans une antichambre plongée dans l'obscurité mais quelque peu éclairée tout de même par la lumière qui se faufilait d'entre une lourde porte à demi ouverte. Montaine fit signe à ses compagnes de garder le silence et ordonna à Justine d'éteindre la torche. Elle cacha alors Megara dans le coin le plus à l'ombre de l'antichambre et finalement s'avança, la lance dressée, vers la porte ouverte. Elle la poussa du bout de l'arme afin de jeter un oeil à l'intérieur et...

[...]

Lorsque, trois jours plus tard, Montaine reprit connaissance, c'est la douleur vive d'une brûlure qui fut la première sensation à l'accueillir. Elle eut ensuite extrêmement froid, et frissonna de tout son être.
La fièvre.

Ses yeux collés ne s'ouvrirent qu'après un effort considérable. Tout d'abord elle ne distingua que des ombres, immobiles. Des sortes de silhouettes qu'elle prit pour des êtres vivants.

"Ou suis-je ?"

Mais personne ne lui répondit. Et la douleur revînt, dans un autre endroit de son corps. Sa main gauche, elle pouvait à présent en trouver la source. Son cerveau s'éveillait. Alors Montaigne cligna des yeux afin de distinguer ce qui se trouvait devant elle. Mais elle faillit à nouveau tourner de l'oeil en découvrant ce qui l'attendait.
En face d'elle, à environ trente mètre du sol, une croix de bois avait été fixée. Une croix aux branches de taille égale, en forme de X. Et, attachée et clouée, la petite Megara toujours inconsciente. De lourd filet de sang s'écoulaient contre le mur pour finalement venir s'étaler en flaques sur le sol. Combien de sang avait elle perdue... Pourrait-elle survivre ? Montaine était obsédée par ce morbide spectacle, peut-être était-ce la volonté de son propre cerveau, afin qu'elle échappe autant que possible à la propre mise en scène dont elle était l'objet. Mais un cri retentit à sa gauche, quelques mètres plus loin, ramenant Montaine au monde réel.
Justine était assise sur un banc de prière, la jupe relevée à mi-cuisse. Montaine se persuada qu'elle n'avait pas été profanée mais il y avait trop de sang sur son amie pour qu'elle puisse le jurer. Justine hurlait, gémissait lorsque sa voix s'éteignait, et ses larmes traçaient des sillons rosés sur ses joues recouvertes de sang séché.
C'est alors que Montaine prit conscience du temps qui s'était écoulé. Non avec précision, mais une vague idée simplement. La faim la consumait, et le sang au bas de la croix était coagulé... Coagulé... Coagulé.

La vision vînt avec une force si grandiose que Montaine sentit son propre corps partir à la renverse et ses poumons se vider comme dans un cri tandis qu'aucun son ne venait à ses oreilles. La chambre, petite, exiguë, sombre, silencieuse. Dans l'air, une odeur de cheval. Puis elle prit à nouveau conscience de son corps, plus léger, plus petit, plus faible. Et ses cheveux, longs et fins, qui s'emmêlaient autour de sa tête comme une auréole. Elle se redressa dans un matelas mou et rêche, sûrement remplit de paille à l'odeur. Le plafond n'était qu'à quelques centimètres de sa tête, son lit était donc suspendu... Ou plutôt était-ce un lit à étage. Elle se baissa par dessus la rambarde de bois et aperçu en contre-bas une forme mouvante, énorme et plus noire encore que les tréfonds d'un abysse. Et, sous la forme, quelques mèches de cheveux blonds s'échappant par delà le matelas du lit inférieur. La forme noire bougea et un visage apparut. Un visage blanc, lumineux malgré l'obscurité, aux yeux clairs comme ceux de Montaine mais envahis de larmes silencieuses. Ce visage qui, en d'autres circonstances, aurait pu être beau, était tordu d'une douleur insoutenable. Lorsque ces yeux clairs rencontrèrent ceux de Montaine, un gémissement brisa le silence de mort. Alors la forme s'immobilisa et se tourna d'un bloc vers là où le regard exorbité était fixé. Montaine recula vivement dans son lit, mais la forme l'avait vue. Elle se leva d'un bond dans un grognement guttural d'homme ivre et entre-ouvrit la porte de la chambre pour laisser la lumière pénétrer dans une vague éblouissante. La forme était en fait un homme, aux épaules et à la mâchoire large, au regard vitreux d'alcoolique. Il remonta son pantalon qui trainait sur ses chevilles dans un geste de rage. Montaine, dont seuls les yeux dépassait de la ballustrade, poussa un cri alors que l'homme grimpait à l'assaut du lit supérieur. Il saisit Montaine par les cheveux mais elle tînt bon, sentant ses cheveux s'arracher sous la dure poigne de l'homme. Il jura et finalement la lâcha. Puisqu'il ne pouvait pas punir la petite indiscrète, il s'en prendrait à l'autre fillette qui s'était recroquevillée dans son lit, tachant de se cacher sous l'édredon à gestes maladroits. Il tira l'enfant de son lit de la même manière qu'il avait tenté de le faire avec Montaine. La soulevant d'une main à hauteur de son visage, il frappa ses joues rondes de toutes ses forces. La petite, qui jusque là n'avait pas crié, hurla de douleur et de peur. L'homme fouilla dans la poche arrière de son pantalon et en sortit à canif qu'il utilisait d'habitude pour couper ses aliments. Montaine ferma les yeux.

La vision prit fin avec autant de violence qu'elle était apparue. Montaine quitta un enfer pour en trouver un nouveau. Tout sens aiguisé, la douleur revînt décuplée envahir son corps qui avait reprit ses dimensions habituelles. Elle n'était plus la petite fille de sa vision. Ou peut-être l'était-elle plus que jamais. Ses hurlements envahirent la vaste salle qu'elle n'avait pas eu le loisir de contempler jusque là. Il s'agissait d'une chapelle de taille raisonnable. Un autel, en face d'elle, se trouvait au centre d'un choeur sans décoration et, sur le mur derrière l'autel, avait été fixée la croix sur laquelle agonisait Megara. Montaine était elle-même en position assise, sur un banc de prière comme celui où Justine gémissait toujours. Elle prit soudainement conscience d'une présence dans son dos, juste assez tôt pour prévoir le mouvement de cette dernière. Elle esquiva par un miracle inespéré le coup qu'allait lui asséner leur tortionnaire. Mais, tentant de se lever de son siège, Montaine s'aperçut soudain que quelque chose la retenait assise. Ses mains étaient clouées au banc, ainsi que ses tibias et ses cuisses. Des clous énormes, comme des pieux. Prenant son courage à deux mains, elle tira sur sa main droite, sans succès. Elle réitéra et le clou enfoncé dans le bois du banc bougea légèrement.
Montaine n'esquiva pas le second assaut du tortionnaire et s'évanouit.

[...]

Les cloches sonnaient au loin. Montaine n'avait pas l'habitude de les entendre avec si peu de discernement, dans son propre lit. C'est peut-être à cet instant qu'elle comprit qu'elle n'était pas dans son dortoir, mais dans l'aile gauche du couvent. A l'infirmerie, puisqu'il n'y avait d'autre endroit où l'on pouvait trouver des lits dans cette partie du couvent.
Cela faisait pourtant deux heures qu'elle avait émergée de son inconscience. Un long sommeil, lourd et sans rêve. Aucune sensation ne l'avait perturbée depuis lors.

Elle battit des paupières, ses yeux étaient douloureux et une migraine ne tarda pas à pointer son nez aux abords de son esprit engourdit.


"Montaine, m'entends-tu ?"

Elle ouvrit alors un oeil et fit signe que oui après avoir essayé de parler sans succès.

"Montaine, tu n'as plus rien à craindre. Nous t'avons retrouvée, tu es sauve."

C'est alors, et seulement à cet instant, qu'elle se souvînt. Elle n'avait aucun souvenir précis de ce qu'il s'était passé dans cette crypte, seulement des bribes d'émotions et quelques séquences imagées. Rien de plus. Mais c'était assez pour la terrifier de nouveau, elle commença à trembler. Puis, alors qu'elle commençait à distinguer quelque chose à travers la brume de son œil ouvert, une main s'approcha de son visage pour lui plaquer contre le nez un tissu humide. Elle plongea à nouveau dans l'inconscience.

[...]

C'est à ces évènements que Montaine pensa, le jour de ses dix sept ans. La veille du jour où elle quitterait le couvent pour Elmoreden. Elle aurait voulu le quitter en compagnie de Justine, mais ce serait seule qu'elle passerait les portes. Car Justine était morte, ses souffrances ayant été insupportables jusqu'au bout où sa lucidité ne lui avait pas fait défaut, d'après Anna, qui les avait retrouvé attachées et clouées dans la crypte. Megara aussi était morte. Montaine n'avait pas vu que tout ce sang ne découlait pas de ses plaies mais de sa poitrine ouverte. Son coeur avait été arraché de son écrin.
Montaine s'en était mieux sortie que toutes. Du moins physiquement. Seules les cicatrices laissées par les clous étaient encore très visibles. Nul ne sut ce qu'il s'était réellement passé dans cette chapelle. Mais toutes les Soeurs étaient convaincu que les trois jeunes filles avaient été piégées...
On lui avait expliqué, quelques semaines plus tard, que c'était son subconscient qui l'avait sauvée. Il l'avait forcée à rester endormie, inconsciente, pour la préserver des terribles souffrances qu'elle avait vécu. Et puis son corps avait prit le relais en soignant les plaies internes, en empêchant les hémorragies et en ressoudant les fractures à grande vitesse. Nul ne pouvait expliquer ce miracle mais toutes les Sœurs s'étaient accordées à dire que Gran Kain avait, par là, salué cette âme qui avait été formée par le couvent et ainsi leur prouver qu'elles lui étaient chères...
Mais Montaine avait une autre idée sur la question. Elle était persuadée que Gran Kain l'avait voulue saine et sauve pour accomplir un acte en rapport avec le tortionnaire que les Soeurs n'avaient jamais retrouvées. Pourtant, aucune issue ne donnait ni sur la crypte, ni par les couloirs des sous-sols. Mais la jeune femme était persuadée d'une chose... Celui ou celle qui avait voulu toutes les tuer sans y parvenir n'était pas un mortel.


Un démon, peut-être ?

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Re: [bghumain] Montaine du Cervint

Message par Crepuscule » lun. 13 septembre 2010 à 11h03

Sois bonne et douce, et lève un front pieux.
Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
Toi, mon enfant, dans l'azur de tes yeux
Mets ton âme !







Montaine était de bonne humeur ce jour-là.
Il faisait beau, chaud, le ciel était dégagé de tout soucis et présageait une journée toute aussi radieuse que la matinée. Alors, munie d'une cape légère, elle était partie à l'assaut de la campagne d'Aden.
Son mentor lui avait indiqué qu'on la laisserait, là-bas, aller comme bon lui semblait tant qu'elle se montrait polie et qu'elle évitait de chercher à mettre mal à l'aise les gens qu'elle rencontrait.
Car c'était une fâcheuse manie qu'elle avait prit en arrivant dans le "vrai monde". Montaine ignorait qu'elle aurait pu, un jour, se sentir supérieure à tous ces gens. Pourtant, à chaque fois, elle ne pouvait pas s'empêcher de les faire taire ou de jouer avec leurs pauvres convictions sur un monde qu'ils étaient, pour bon nombre, incapables de comprendre aussi bien qu'elle - du moins le pensait-elle. Et Candelynthe l'avait durement remise à sa place.
Alors, depuis, Montaine avait évité les grands rassemblement, tachant d'observer et d'écouter sans se faire trop remarquer. Elle s'était plainte de l'ennui qui, dès lors, s'était installée dans sa petite vie bien calme. Candelynthe avait hurlé que l'ennui n'était qu'une faiblesse de l'âme, et que, si elle souhaitait un jour atteindre un niveau d'esprit assez important pour venir lui casser les oreilles avec ses jérémiades, il valait mieux pour elle qu'elle utilise le temps libre qu'elle pouvait posséder encore pour apprendre.
Loin d'être belliqueuse avec la femme qu'elle admirait, Montaine s'était montrée docile. Empruntant quelques ouvrages à sa tutrice, elle aimait à battre la campagne à la recherche d'un endroit inconnu et propice à la lecture. Une fois, elle était tombée sur un couple en plein ébat. Suivant le conseil de Candelynthe, Montaine avait regardé, attentivement. Et, aussi sceptique que détachée, elle s'en était allée alors-même que la femme commençait à reprendre son souffle.

Mais ce jour là, elle ne croisa personne sur son chemin. Elle devinait, au loin, la tour de l'insolence qui se découpait sur le ciel bleu. Se sachant seule, elle s'était enfoncée dans les quelques bosquets bordant les prairies.

On ne retrouva pas Montaine. Pendant un mois entier, Candelynthe envoyait des gens de confiance la chercher. Et c'est un jeune archer qui la retrouva, recouverte entièrement de feuilles mortes. Le jeune homme confia qu'il cru à la présence d'un sanglier malade et, voulant lui venir en aide, il avait découvert la pauvre jeune fille inconsciente.

Lorsque Candelynthe lui demanda par quel miracle elle avait réussit à survivre un mois entier dans l'inconscience la plus profonde, Montaine lui répondit qu'elle était venu, qu'elle avait vu, et qu'elle avait vaincu. Puis, dans un nuage de fumée un peu théâtrale, la jeune fille prit l'apparence d'une créature aux formes adultes, beaucoup plus grande encore que Montaine, déchirant ses vêtements. Alors, d'une voix suave mais rauque, Montaine susurra à l'oreille de sa tutrice :

"Enfin, Tutrice, ne prenez pas cet air... Nous n'en sommes pas à notre premier miracle."

Candelynthe avait alors fermé les yeux en souriant et en croisant les bras. La petite Montaine, à l'âme écorchée vive, était parvenue à un degré de connaissance tel que son corps pouvait prendre l'apparence même de l'esprit magique concrétisé. Un savoir que même certains mages ne pourraient posséder au cour de toute une vie.
Oui, Montaine devait être une élue, comme on le lui avait laisser entendre lorsqu'on l'avait confiée à elle.


[Maj pour la transformation des mages]

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Re: [bghumain] Montaine du Cervint

Message par Crepuscule » ven. 8 octobre 2010 à 19h41

Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,
Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?
Destin, lugubre assaut !
O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute ?
L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute ?
Combien sont-ils là-haut ?









Montaine regardait fixement depuis de longues minutes l'homme qui avait prit place dans un fauteuil confortable du bureau. Il avait, pendu à son doigt, une ficelle grossièrement nattée au bout de laquelle roulait une petite toupie jaune et rouge. D'un coup sec, il détacha le cordon et le jouet parti à toute allure à travers de la pièce. Si le pied de Candelynthe ne s'était pas froidement écrasé dessus, elle aurait finit sa course dans un mur. Montaine, dans un chuchotement audible, récita :

"La fin de toute chose est proche, pourtant nul ne peut la prévoir, ni en donner les circonstances. Ainsi, poursuis ton chemin, voyageur, la fin du chemin te sera annoncée lorsque tu sentiras ton premier pied tomber tout droit dans Ma Gueule."

L'homme ne la regarda pas, pourtant il l'avait écoutée. La jeune fille se demanda si ses paroles avaient fait mouche, ou s'il la prenait définitivement pour une folle. Elle s'extasiait de ce doute qu'elle faisait naître dans le cœur de ceux qui l'écoutaient. Et, bien que sa tutrice l'ait à de nombreuses reprises grondée pour ça, Montaine n'avait cessé de rétorquer que sa parole n'était pas à entendre comme la Vérité, mais seulement comme la voix d'une raison mystique visant à offrir à son interlocuteur les meilleurs questions. Les réponses, quant à elles, ne devaient être que du fait d'une réflexion personnelle même si à la même question chacun pouvait apporter une réponse différente. Puisque Gran Kain les avaient créé différents et multiples, sa Vérité ne devait en fait qu'être elle-même innombrable.

"Montaine, qu'en penses-tu, finalement ? Nous attendons ta réponse...
- J'en dis que ce serait mal vu. Mon rôle ne doit pas être perçu comme politique, tutrice.
- C'est ainsi que tu nous vois ? Des politiques ?
- Bien entendu.
- Et en quoi ça te pose un problème ?
- Eh bien..."

Montaine esquissa un sourire taquin avant de poursuivre, laissant mariner la Régente entre consternation et frustration, tandis que le guerrier assis semblait déjà se demander quelle partie du corps de Montaine la Régente viserait en premier pour l'abattre.

"Eh bien, ça pourrait jaser.
- C'est bien la première fois que ça t'inquiète.
- Oui, mais d'habitude, ça jase en mal.
- Je ne te suis plus.
- Et cette fois bah... On risquerait de penser que je rentre dans le rang, c'est pas très vendeur.
- Petite p...
- Peste ? "A ton image, ma mère, à ton image"."

Candelynthe jeta un coup d'oeil à Caleb qui grogna d'une telle impertinence et le calma d'un petit geste de la main.

"C'est bon, Caleb, c'est juste les dernières paroles d'une petite pièce Kainiste qu'on jouait dans le temps. Une histoire de matricide je crois."

Puis elle fixa Montaine de ses yeux curieusement sombres à ce moment précis. La jeune fille fit mine de déglutir bruyamment. La Régente reprit :

"Seulement, dans la version initiale, la fille se fait finalement brûler sur un bucher. Mais vis à vis du contexte que nous connaissons bien, on jugea que le bûcher risquait d'être un peu trop dramatique, donc elle survit. Bref, tout cela pour dire que le bûcher n'est finalement pas si éloigné..."

Là-dessus elle s'éclipsa pour rejoindre l'escalier menant aux salles publiques de la Grande Bibliothèque, Caleb sur ses talons.



[Màj de recrutement en clan VIII]

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Re: [bghumain] Montaine du Cervint

Message par Crepuscule » sam. 20 novembre 2010 à 13h04


Nul n'est heureux et nul n'est triomphant.
L'heure est pour tous une chose incomplète ;
L'heure est une ombre, et notre vie, enfant,
En est faite.











"Ce n'était pas ce qui était entendu, Régente. Non, je refuse de faire ça. C'est tout à fait contre mon engagement.
- Tu n'as pas le choix, Montaine. C'est un ordre. Et si cela ne te suffit pas pour t'exécuter, prends cela pour un sacrifice de ta personne au Nom Divin !"

Montaine tourna effrontément à la Régente, boudeuse, secouant la tête et marmonnant.

"Ta mauvaise humeur commence à me courir, jeune fille. Tu sais aussi à quel point ça m'est insupportable de devoir me battre sur tous les fronts. Le Conseil, les VIII, le reste du monde et maintenant toi ? Je ne saurais le tolérer plus encore. Dorénavant, tu agiras en grande personne !"

La jeune fille fit volte-face, jetant un regard pathétique à sa tutrice. Aucun son ne sortit de sa bouche, elle avait déjà tout fait pour éviter à ce destin qui n'était pas le sien. Elle gesticula sur place, comme pour se débarrasser du poids visqueux dégoulinant sur ses épaules. Alors elle tomba à genoux, non en signe de prière, pas même en signe de soumission. Le désespoir la privait de force, de souffle. De toute envie d'avancer, de reculer.
Alors elle sentit la froideur d'une main osseuse sur sa nuque, une pression, et plus rien.



Lorsque Montaine revînt à elle, on l'avait assise dans un de ces fauteuils miteux mais confortable de la salle secrète de la Bibliothèque, celle où les décisions se prenaient. Elle aurait aimé retrouver la paix de l'inconscience plus longtemps, seulement son corps était parcouru des petits frissons typique du réveil. Elle ouvrit les yeux, distingua en face d'elle la Régente, assise droite comme un "i" sur l'un de ses fameux tabouret. Elle seule pouvait se sentir à l'aise sur ces bouts de bois à peine sculptés. Sa vue se fit plus fine, à mesure qu'elle la fixait.

"Pourquoi moi ? ... Tutrice, je ne suis pas de taille."

Candelynthe tourna vers elle un regard neutre, presque étranger. D'un geste de la main, elle balaya le dernier argument. Elle gagnait toutes les batailles demandant de l'endurance. Alors Montaine laissa son menton heurter son poitrail, s'abandonnant à la décision qu'elle devait accepter. Alors la Régente se leva et quitta la pièce, la laissant seule avec elle-même. Elle entendit le bruit feutré de ses pas résonner dans l'escalier sombre et humide qui remontait vers la surface, puis la porte qui se refermait en grinçant. Elle laissa glisser son visage vers la seule source lumineuse de la pièce, la petite cheminée noircie par manque d'entretien, ou par l'incendie qui avait ravagé Rune. Au risque de se brûler les yeux, elle fixa le feu...

"Qu'il en soit ainsi. Puisque je n'ai pas choisit ce destin, autant que je me satisfasse d'en posséder tout de même un."

Elle se leva. Il ne lui fallait pas perdre une minute. Si la Régente était à présent prisonnière de sa propre sécurité et de celle de son fils, il faudrait à Montaine une bonne organisation afin de reprendre ses affaires en main. Elle murmura quelques noms, ceux-là même dont elle devrait s'occuper elle-même dorénavant...

"Goddard... Soldat Aztothe... Schuttgart... Iann de Rune..."

Autant de noms qui n'avait pas la moindre signification à ses yeux. Elle se dirigea vers le secrétaire nouvellement installé à son intention dans la salle secrète. Un calendrier avait été aménagé à son intention, par la main même de la Régente.
Pour le jour même Montaine constata, non sans plainte, qu'elle devrait se rendre au mariage d'Angeran Archibald et de sa fiancée Laën.

"Ma vie est trop moche...", elle s'empara de l'invitation de sa tutrice et monta se changer. Caleb ne devrait pas tarder...