L’Arbre-Mère - Étude d'un symbole sacré

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Meliäa
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L’Arbre-Mère - Étude d'un symbole sacré

Message par Meliäa » dim. 23 octobre 2011 à 14h55

Spoiler:
* Livresque
∆ Grand Érudit
■ Bibliothèque du Temple de Cefedellen
L’Arbre-Mère - Étude d'un symbole sacré
Par le Professeur Silërin Caladrias de la Tour d'Ivoire

[ image externe ]

Sommaire

I. Légende de Tinnallë
II. Apparence et Caractéristiques
III. Origines et Histoire
IV. Tirith
V. Un lien unique

[ image externe ]

I. Légende de Tinnallë
Il y a des centaines d'années, vivait une belle femme, nommée Tinnallë. C’étaient les temps où nous avions arrêté de nous préoccuper du continent, après la vile trahison des humains. Nous vivions relativement en paix, loin de toutes les idioties de ce peuple éphémère.
Tinnallë était une Haute Prêtresse de l’ordre de la Douce et Divine Eva. Elle avait déjà vécu plusieurs siècles, et se donnait corps et âme à la prière, chaque jour. Elle était seule, ne possédant ni le support d’un compagnon aimant, ni enfants. La présence divine de sa Déesse en elle lui suffisait. Elle lui appartenait, et Eva le lui rendait bien.
Il en fut ainsi longtemps. Ses journées étaient rythmées par la prière et le service de sa Déesse ; elle n’éprouvait pas le besoin de connaître autre chose. Elle était tellement dévouée à sa chère Eva, qu’elle ne remarquait même pas le regard plein d’amour dont la couvait un jeune homme de son entourage. Elle ne pouvait pas deviner qu'elle était belle, sage, sereine, et désirable à ses yeux.

Un jour, il se décida enfin à aller la voir, et se présenta à sa porte, empli d’espoir. L’appréciant déjà, elle se laissa aller à écouter parler le cœur de son jeune ami. Plusieurs semaines passèrent, et elle succomba peu à peu aux mots d’amour susurrés à son oreille. La tendresse dont il l’entourait éveilla en elle des sensations qu’elle n’aurait jamais soupçonnées, et elle découvrit un autre aspect d’elle-même, qu’elle avait refoulé pendant longtemps. Elle désirait à tout prix pouvoir enfin connaître ce qu’elle avait sacrifié, par ignorance.
Elle sacrifia sa dévotion pour se consacrer à son jeune compagnon, ne priant pas plus que nécessaire au temple chaque jour. Et, pendant un temps, ils furent heureux.

Mais le jeune homme, malgré tout, était jeune. Après un temps, l’envie irraisonnée de se trouver une compagne mieux assortie prit possession de son esprit. Il était amené, dans son travail comme marchand de denrées magiques, à voyager entre les villes elfiques, incluant celles des Elfes Bruns et des Elfes Sylvains. Son regard tomba un jour sur une jeune femme de son âge, alors qu’il était dans une ville des Elfes Bruns. Cédant à ses envies, il la courtisa, et finit par la conquérir. Et, pendant un temps, eux aussi furent heureux.

Arriva alors le temps de la Discorde. Les Elfes Bruns commencèrent à soutenir de plus en plus vivement qu’il fallait continuer le combat avec les humains, quitte à réutiliser la magie noire ; des rumeurs se répandirent à propos d'un mage humain serait à l’origine de la révolte qui s’ensuivit. Envers et contre tous, les Elfes Bruns réapprirent la magie noire oubliée depuis longtemps, et furent bientôt bannis de la communauté des Elfes.
Le jeune homme et sa bien aimée étaient parmi eux ; ils étaient là également lorsque le sort du peuple de la jeune femme annihila les Elfes des Bois. Ils furent tous les deux maudits, comme tous ceux qui avaient préféré la Guerre à la Raison.
Tinnallë finit par découvrir toute l’histoire. La haine prit possession de son cœur à l’instant même où les derniers mots du récit de la faute de son compagnon furent prononcés. Elle avait été méprisée, trompée, abandonnée, mais surtout, il avait trahi son peuple et avait été maudit, comme le méritait un elfe au cœur rongé par l’ambition et l’envie de pouvoir. Mais ce qui acheva d'empoisonner son coeur, ce fut lorsqu'elle réalisa qu'elle portait l'enfant d'un homme irraisonné et de peu de foi, qui ne tarderait plus à naître.

Elle en devint folle de douleur. Le jeune homme avait commis le pire des crimes : il lui avait fait goûter à la plénitude de la vie, au bonheur d’avoir un être aimant qui vous soutienne à vos côtés. Puis il l’en avait privée, sans plus d’égards qu’un coq voletant d’une poule à l’autre. De quel droit avait-il fait ça à la personne qu’il disait aimer de tout son cœur ? Pourquoi avait-il écouté les paroles venimeuses de cet Humain ?
Elle le chercha un certain temps, et finit par le retrouver. Lorsqu’elle l’aperçut enfin, il était avec la jeune femme qui avait ravi sa place. Blessée, déçue, pleine de haine à son encontre parce qu'elle avait la Vérité devant les yeux, elle se laissa emporter par la fureur. Tout ce qu'on lui avait raconté était vrai : elle avait donc tout perdu.
Elle s’approcha à grands pas, et les tua d’un coup de poignard en plein coeur.

Elle revint à Cefedellen, vide de tout sentiment. Elle n’avait plus rien, et savait qu’elle était coupable d’une grande faute. Elle savait aussi que, même si elle expiait ce crime, elle ne vivrait plus jamais comme avant. L’existence, pour elle, était désormais sans joie, privée de la compagnie de la personne qu’elle avait aimée.
Alors, au plus profond du désespoir, elle marcha jusqu’au plus vieil arbre de la forêt qui entourait sa ville bien aimée, se pressa contre lui et pria. Cet arbre était depuis longtemps révéré pour sa robustesse, sa majesté, et son ancienneté. Les Elfes en avaient fait de sa situation un lieu de paix et de médiation sereine.
Elle pria pour fusionner avec lui, renonçant à tout, jusqu’aux privilèges que possédaient les êtres pensants. Pendant sept jours et sept nuits, elle pria Eva et, quand elle eut fini, elle avait disparu. Ou plutôt, elle était devenue l’arbre.

Eva, dans sa grande mansuétude, et son amour pour notre peuple, lui accorda de garder l’apparence qu’elle avait eue jusqu’alors. Une silhouette de femme se dessina dans l’écorce du tronc gigantesque de l’arbre. Une silhouette dont le visage à la beauté presque parfaite exprimait toujours la douleur qui avait habité la prêtresse au moment de la fusion. L'eau perça autour des racines de l'arbre, venant l'entourer de sa douce et rafraichissante protection. Une eau à la pureté sans égale, symbolisant la protection qu'Eva accorderait dorénavant à cet Arbre.
Depuis ce jour funeste, où notre peuple perdit une de ses plus grandes et plus dévouées servantes, elle veille sur la forêt au nom d'Eva. Nous avons érigé un sanctuaire autour de cet arbre bien-aimé de notre Douce Déesse. De temps à autre, certains Elfes, encore plus sensibles que la majorité et venus méditer à son pied, nous racontent qu’ils ressentent comme une vie propre à l’intérieur de cet arbre ; des sentiments, mais aussi une grande source de magie protectrice émanant de l’entité.

Tinnallë avait souhaité pouvoir expier sa faute en abandonnant ce qu'elle avait été. Notre Magnanime Déesse lui a non seulement accordé ce voeu, mais lui a donné bien plus que ce qu'elle attendait. De femme pécheresse, elle devenait la protectrice de Son peuple. Ainsi fut créé l’Arbre-Mère.

Peu de temps après, une jeune pousse se mit à grandir près de l'Arbre-Mère, vite devenu un célèbre lieu de prière où l'on était entendu par Eva. cette petite pousse possédait les même caractéristiques que l'arbre que Tinnallë avait investi, même si elles étaient plus faibles : diffusion d'émotions et de sensations, comme si cette petite pousse possédait elle aussi un esprit propre.
Beaucoup de spéculations se firent au sujet de cette bouture. Mais quand on connaissait l'histoire de l'Arbre-Mère, ou plutôt de celle qui avait été Tinnallë, cela paraissait tout à coup d'une clarté étonnante. La jeune femme était enceinte, et même prête à accoucher, lorsqu'elle avait supplié Eva de la laisser purger sa peine de cette manière. L'enfant à venir était né sous la forme d'un arbre, un arbre magique et protecteur, comme le digne enfant de sa mère.

Les prêtresses d'Eva prirent alors la liberté de faire déplacer la bouture de l'arbre qui les protégeait, vers le centre de Cefedellen. On lui ménagea un espace en son centre, et de l'Eau Sacrée entourant Tinnallë fut prélevée pour nourrir la jeune pousse et protéger le village. Il devint vite le protecteur attitré de la ville, aussi connu et aimé que sa mère. Et il continua à pousser là, choyé par les habitants.
Il protégerait la ville, elle protégerait le peuple Elfique.
Extrait de Légendes de l'Arbre-Mère
Auteur Inconnu

II. Apparence et Caractéristiques
L’Arbre-Mère est un arbre majestueux, et qui semble avoir une symbiose particulière avec la magie.
En apparence, il ressemblerait à n’importe quel autre, sauf si l’on si penche de près. Ses feuilles sont d’un vert tendre qui paraissent pourtant scintiller parfois comme de l’argent - ou même de l’or, selon les saisons. En tout temps et à toute heure, de petites sphères d’énergie luminescente s’échappent de son feuillage comme des pétales tombant doucement sur le sol. Dès que l’on pénètre sous son « ombre », l’on peut se sentir apaisé, en sécurité. Et pour les plus réceptif, il est possible de sentir une énergie circuler en cet arbre, comme si sa sève était teintée de magie.

Outre son apparence et sa nature magique particulière, il est protégé par les Dryades et les Treants, bien plus que les autres arbres de la forêt, et l'on remarque souvent une ou deux licornes venues se ressourcer à son pied au clair de lune. Ce sont ses apparitions courantes des esprits protecteurs de la nature qui amènent à donner à l’Arbre-Mère un statut spécial au sein de la forêt elfique. De même que cet arbre et chacun de ses rejetons possède une Gardienne, ordre particulier dont nous parlerons plus tard.

Les fruits et les fleurs de l’Arbre-mère sont particulièrement protégés par les Elfes. Dans le folklore, les fleurs représentent la vie de chaque Elfe foulant cette terre ; elles sont alors protégées le plus longtemps possible, et chaque fleur qui tombe ou meurt amène une grande tristesse dans l’âme de tous ceux qui sont encore reliés à l’Arbre-Mère. Les fruits quant à eux sont très protégés, ayant un caractère quasi sacré aux yeux des Elfes, presque plus que l'Arbre Originel. Nul ne sait vraiment pour quelle raison, mais c'est le Tirith qui se charge des récoltes des différents arbres, et qui fait ensuite mander le colis à Cefedellen sous la direction de guerriers de la cité engagés pour l'occasion.
Spoiler:
[hrp : Lorsqu'un elfe demandera à consulter cet ouvrage, il en recevra un un peu plus complet, qui contiendra ce paragraphe additionnel :]
Les fruits sont la base du nectar de longévité que seuls les nôtres sont capables de réaliser, selon une recette ancestrale et secrète, apprise des Dieux eux-même dans la jeunesse de notre race. Sans lui, un Elfe vivrait tout au plus dix vies d’Humain. De plus, il rend plus résistant à beaucoup de maladies, même si enfanter devient beaucoup plus difficile pour nos femmes.
Les boutures ont été peu à peu confiées à des Gardiennes au fur et à mesure de leur naissance, pour protéger chaque village et chaque cité Elfique. Il reste quatre rejetons dans l’enceinte des Montagnes Brumeuses, et un autre dans la cité portuaire de Rune. Il fut un temps ou les terres maintenant appelées Mer des Spores et le Marais à l’ouest des Montagnes étaient elles aussi fertiles et fructueuses, et où des rejetons de l’Arbre-Mère furent plantés. Il n’en reste malheureusement aujourd’hui plus aucune trace.

III. Origines et Histoire
Si la légende de Tinnallë est plaisante à entendre, et à raconter les soirs de fête, elle n'en est pas pour autant la vérité sur l’Arbre-Mère, et encore moins sur la silhouette de femme enchâssée dans le tronc de cet arbre millénaire. Intéressons-nous donc aux origines réelles - ou du moins supposées - de l'Arbre, puis à son Histoire.
« Alors que les Deux Puissances Originelles se séparaient, le globe qui n’était rien et qui était tout à la fois se brisa en une myriade de fragments. Certains s’élevèrent pour former le ciel, les autres tombèrent pour former la Terre.
Entre le Ciel et la Terre, il y eut l’Eau et l’Air, et quelques morceaux de Terre s’élevèrent pour former les Continents. Mais ces terres émergées étaient stériles, et les deux Eldarin n’étaient pas satisfaits.

Einhasad et Gran Kain élevèrent leurs voix divines en un chant complémentaire, joignant à nouveau leurs forces pour réveiller Arda, l’esprit qui fut brisé en même temps que le globe. Grâce à sa force créatrice et au Chant Originel, à partir des fragments de cet Esprit Fondateur tombés sur la Terre, les animaux et les plantes s’éveillèrent à la Vie sur Eä. »

Extrait de La Genèse
telle que retranscrite par le Barde Kratherian
C’est ainsi qu’il est dit qu’Eä, le Monde, fut créé.

Au centre d’un des morceaux de terres émergées, il existe un lac, sur les bords duquel l’on raconte que les Eldarin descendaient pour trouver le calme et le repos après leurs grands travaux de création. C’est également à cet endroit que certaines perles d’esprits d’Arda se seraient concentrées, donnant à la nature une conscience et une force magique un peu plus développées que dans le reste du continent. Pour cette raison, Einhasad éleva de hautes montagnes protectrices autour de ce lieu où la magie était presque palpable.
Dorénavant entouré par des chaînes de montagnes formant un fer à cheval protecteur, c’est la pureté de la source de ce lac, se trouvant dans les Montagnes Brumeuses, qui dit-on, les aurait toujours charmés, et ce depuis la création d’Eä.
C’est sous les branches d’un arbre immense poussant sur les rives de ce fameux lac que les Eldarin, ou les « Dieux Majeurs » en langue commune, venaient se reposer. La sérénité apportée par cet être d’exception les aurait charmés, mais aussi cette présence différente, plus profonde et ancienne que les autres ; une présence familière pour Einhasad et Kain, en somme. Cet arbre-esprit était le premier de son espèce, protégé des Dieux et des esprits élémentaires, incarnation même de l’esprit de la Mère-Nature.

La légende raconte que c’est avec ses feuilles que les Elfes Primordiaux furent créés, purs et nobles, grâce aux essences de Lumière et de l’Eau. C’est sous son feuillage, sous la douce influence de sa magie qui apaise les cœurs, que les Premiers Elfes auraient ouvert les yeux, et à son pied qu’ils auraient établi leur première cité – bien avant la construction de la Cité Flottante. Liés à cet Arbre-esprit et à la nature, ce peuple singulier aurait vite découvert les propriétés magiques de ses fruits, en plus de ses autres particularités. C’est à peu près à cette époque que l’ordre du Tirith, la Garde, serait né.

La race des Elfes prospérant, l’Arbre donna lui aussi naissance à d’autres Arbres, qui furent confiés chacun à un village pour les protéger. Ainsi, en plus de l’Arbre-Mère originel, Cefedellen la cité flottante fit grandir en son sein un autre Arbre-Mère. Il en fut de même pour la Forteresse Elfique, et plusieurs autres cités ou villages aujourd’hui disparus à cause des guerres des temps anciens. On trouve ainsi un Arbre-Mère sur les rives du lac Iris dans les racines des montagnes, et un autre dans la forêt elfique, à l’ouest de Cefedellen.
En dehors du cercle protecteur des Montagnes Brumeuses et de l’influence de l’Arbre-Mère Originel, plusieurs jeunes arbres furent plantés. L’un d’entre eux, le premier enfant de l’Originel, fut planté dans les forêts au nord, dans ce qui deviendrait plus tard la tristement célèbre Mer des Spores. Il semble que les Elfes de cette époque se soient établis jusqu’aux terres qui deviendraient celles du royaume de Rune, car l’un des rejetons de l’Arbre-Mère se trouve encore là-bas, sous une verrière majestueuse. Il est également possible que l’un de ces enfants-arbres ait été planté sur ce qui est aujourd’hui le grand Marais, mais plus personne ne s’en souvient.

Lors de la guerre contre les Humains, des magies jusque là interdites furent utilisées, ravageant les terres fertiles et les forêts, de façon parfois irrémédiables. Lorsque le feu se répandit dans les forêts du nord, la Gardienne devint folle et se mit à attaquer amis comme ennemis. Les forces humaines étaient en surnombre, et les Elfes utilisèrent alors une magie surpuissante pour les annihiler. Malheureusement, l’Arbre-Mère de cette région mourut lui aussi, l’équilibre de cette partie du monde ayant été rompu irrémédiablement. La Gardienne ne put s’en remettre, et on l’isola au fin fond de ces terres dévastées ; Orfen devint vite tristement célèbre pour sa violence à l’encontre de quiconque pénètrerait sur ses terres.
D’autres Arbre-Mères périrent également lors de la guerre civile opposant Elfes Blancs et Elfes Bruns. La Magie noire employée par ces derniers ravagea des terres verdoyantes et fertiles, les transformant en marais nauséabonds et inhospitaliers, asséchant leurs forêts, tuant les esprits d’Arda qui y vivaient. Un grand nombre de vies furent perdues en ces temps funestes.
C’est à peu près à cette époque – personne ne parvient à se souvenir de la date exacte – que l’Arbre-Mère Originel tomba malade. Garant de l’équilibre, et Esprit-Mère de la Nature, il avait subi trop de pertes et sombrait doucement dans la tristesse. Celle-ci était devenue si palpable que même les Elfes survivants en souffraient. Un grand nombre de fleurs étaient tombées en même temps, et aucun fruit ne poussait plus sur ses branches. Ses feuilles racornissaient, et les esprits de la forêt venaient pleurer à ses pieds. C’est alors que la première Gardienne de l’arbre trouva la solution pour guérir l’Arbre dont la vie s’échappait doucement de ses rameaux. Au terme d’un rituel compliqué, elle donna sa vie à l’Arbre. C’est son visage que l’on peut aujourd’hui apercevoir dans l’écorce de l’Esprit de la Nature.
Ce fut la magie des Arbre-Mères, guidées par celle de la Première Gardienne, qui protégea par la suite les forêts elfiques, en interdisant l’accès aux non-Elfes pendant des millénaires grâce à une barrière magique. Aujourd’hui, à cause des spores propagées par le vent, malgré les protections élevées par les mages de la Tour d’Ivoire autour du territoire d’Orfen, l’Arbre-Mère de Cefedellen dépérit, et même Nerupa, la nouvelle Gardienne de l’Arbre-Mère Originel, ne peut rien faire. Andellia, sa gardienne, fait encore tout son possible pour le soigner et lui rendre sa prospérité, mais nul ne sait ce que l’avenir nous réserve.

IV. Tirith
Le Tirith, ou l’Ordre des Gardiennes, existe depuis presque aussi longtemps que la Race elfique elle-même.

Cet ordre particulier a été fondé pour protéger et soigner les Arbre-Mères, vitaux et inestimables aux yeux des Elfes. Dès lors qu’une nouvelle pousse apparait, l’on recherche dans les nouveaux nés à cette période un enfant plus réceptif que les autres à cette magie particulière que possède l’Arbre-Mère. Jusqu’ici, tous ces enfants étaient de sexe féminin.

Une Gardienne, une fois désignée, est assignée à vie à l’Arbre avec lequel elle possède un lien particulier. C’est une symbiose quasi parfaite, qui pourrait amener la Gardienne à la folie – sinon à la mort – si son arbre venait à être blessé ou affaibli, voire même « tué ». Elle se chargera de le soigner, de rapporter tout élément étrange et inhabituel à Cefedellen, et de récolter les fruits qu’elle transmettra ensuite à la Cité Flottante. En somme, elle se doit de veiller sur cet autre elle-même, qu’elle accompagnera jusqu’à sa mort qui coïncidera avec celle de l’arbre.

Depuis le sacrifice de la Première Gardienne de l’arbre-Mère Originel, le peuple Aranéen a accepté de se charger des plus anciens Arbre-Mères. Tous les Elfes de Cefedellen connaissent Nerupa, qui ne quitte jamais l’ombre de l’Arbre-esprit. Orfen, sa sœur, a également été une Gardienne avant de perdre son arbre, et par la suite sa santé mentale. Les autres Gardiennes les plus connues sont Andellia, qui s’occupe de l’Arbre de Cefedellen, et Thalia – qui s’occupe de celui du Lac Iris. Il existe encore deux autres Gardiennes, mais la situation particulière de leur arbre ne les amène pas souvent à rencontrer du monde ; leurs noms ont été oubliés avec le temps.

V. Un lien unique
L'arbre mère est le symbole même de la présence d'Eva aux côtés de ses enfants. Arbre millénaire, il concentre la sagesse de tout le peuple Elfique.
« Einhasad façonna cinq formes en utilisant des fragments d’Arda dans lesquels elle insuffla son propre esprit. Ses premiers enfants usèrent de leurs propres puissances pour donner une identité à ces formes.

(...)

Shilen instilla l'esprit de l'eau dans la première forme, et, avec elle, la force tranquille de cet élément. C'est ainsi que la race des Elfes fut créée : pure, noble et sage. »

Extrait de La Genèse
telle que retranscrite par le Barde Kratherian
Les Sylvains sont liés à l'Arbre mère d'une façon très rapprochée. Il est dit qu’à l’origine, Einhasad insuffla l’esprit de la lumière dans une des feuilles de cet Arbre, réceptacle d’une grosse perle de l’esprit fragmenté d’Ether. Et qu’ensuite seulement, Shilen aurait insufflé l’esprit de l’eau à cette matière première, avant de la modeler. Nul ne peut savoir si cela est vrai, car les mystères des Dieux et de la Création restent et resteront ce qu’ils sont, des mystères. Mais certaines choses sont sûres.
Ce lien permet à l'Arbre de voir et de ressentir ce que voient et ressentent ses Enfants. En échange, les fidèles reçoivent le don de vie éternelle. Ce lien est très difficile à matérialiser, cela dit tous les Elfes fidèles d'Eva en perçoivent la présence. Établir une communication avec l'arbre mère via ce lien est très ardu et extrêmement épuisant. Beaucoup cherchent à entrer en contact par la pensée avec lui mais rare sont ceux qui parviennent, à force de méditations et de prières, à concrétiser leurs efforts. Les rares personnes qui y arrivent sont quelque part transformées. En effet le lien s'étant renforcé, le fidèle acquiert des pouvoir particulièrement troublants ...

Si l'arbre mère est lié avec les elfes dés la naissance, certains peuvent choisir de briser ce lien. Ce choix s'effectue au cour de la vie d'un Elfe par ses actions, sa foi et sa dévotion à sa déesse. Si ce lien venait à se briser, le don d'immortalité qu'accordait l'Arbre à sa progéniture serait brisé rendant son bénéficiaire à une vie de mortel. Chaque lien brisé fait dépérir petit à petit l'Arbre mère. L' Arbre tout comme sa déesse vit au travers de ses fidèles tout comme ils vivent au travers de lui.
Reconstruire un lien brisé avec l'arbre reste possible mais non sans sacrifices. Afin de reconstruire son lien perdu, un Elfe doit partir en pèlerinage et subir les épreuves d'Eva. Ces épreuves, éprouvent la foi en Eva dans une séries de rituels assez obscurs. Ce lien n'est recouvrable qu'une seule fois dans toute la vie d'un elfe. Si jamais il venait à être brisé l'Elfe serait à jamais mortel et privé de son lien avec l'arbre mère...

Comme il concentre l'intégralité du vécu et du savoir Elfique, sa parole est un vœu divin qui ne peut être contesté par les elfes. Ses racines lui permettent de ressentir les déchirements de la terre, les êtres qui y marchent et les puissances magiques de ce monde. Quand un elfe gravement blessé est déposé aux pieds de l'arbre mère, la légende veut que ses racines le prennent avec lui au plus profond de la terre pour lui redonner ses forces vitales.
« Il est dit que lorsqu’une nouvelle vie elfique arrive en ce monde, l’Arbre-mère fait naitre un nouveau bourgeon. Une nouvelle fleur d’argent pour chaque garçon, une nouvelle fleur d’or pour chaque fille.
Et lorsqu’une vie elfique quitte ce monde dans la paix, alors un fruit pousse, tandis que la fleur représentant sa vie tombe, se détachant de l'Arbre de Vie. »

Extrait de Légendes de l’Arbre-Mère
Auteur Inconnu
Ainsi, un Elfe relié à l'Arbre-Mère sera plus sensible à la nature l'environnant, tout au long de sa vie. D'où l'importance d'octroyer à chaque village et à chaque Cité son protecteur. Dans les légendes, il est dit que lorsqu'un Elfe meurt, l'Arbre le signale par la chute d'une de ses fleurs. Il est également dit qu'un fruit - dont on extrait le Nectar de Longévité - pousserait en contrepartie, comme si cette vie vécue jusqu'à son terme était rendue à l'arbre pour permettre à d'autres Elfes pour continuer leur vie. Tout reposerait cependant sur un principe d'équilibre et de continuité chers au coeur du peuple sylvain.
Il est parfois dit que les lueurs qui flotteraient autour de l'Arbre-Mère seraient les âmes des morts, mais rien n'est moins sûr, et même les plus mystiques d'entre nous sont sceptiques. Ce dont tous les Elfes sont cependant sûrs, c'est que l'Arbre-Mère - de par ses capacités magiques, et de par le lien créé avec tous les Elfes de leur vivant - est capable de guider les âmes à travers leur nouveau voyage. Leur "Mère" les guide de leur naissance jusqu'à leur fin, gardienne des passages de la vie à la mort.