Une disparition soudaine entraine souvent de lourdes conséquences.
C'est avec cette vérité que Karsaïb grandit. Il vivait paisiblement, voir aisément, son père fervent paladin d'Eihnahsad et sa mère prêtresse apportaient de quoi vivre, même si ils étaient parfois absents. Il fut élevé sous les préceptes de la déesse, mère du monde. Déjà dévoué malgré son jeune âge, il assistait à toutes les offices avec ferveur, et aidait dès qu'il le pouvait. Mais malheureusement, tout ne se passa pas comme cela devait se passer pour une famille ayant voué sa vie à une déesse bienveillante. À l'age de douze ans, ses parents disparurent tragiquement. Son père mourut à la guerre, et sa mère ne put supporter le choc ; la veuve se laissa aller et tomba gravement malade et finit par s'éteindre, abandonnant son fils.
L'adolescent fut alors livré à lui même, survivant de la même manière que nombre d'orphelins, en volant. Il avait fait une croix définitive sur tous ses préceptes religieux, en se disant qu'aucune déesse quelle qu'elle soit n'aurait laissé un jeune enfant devenir orphelin en lui arrachant violemment ses parents.
Il commença à se débrouiller, au fur et à mesure qu'il grandissait. Après deux ans passés dans les rues, il avait acquis une petite réputation, parmi les autres gamins errants. L'orphelin se targuait d'être le meilleur voleur de la ville, nul ne savait si c'était vrai ou faux, mais sa prétention convainquit plus d'un. Et cette prétention commença à attirer du monde, des autorités aux autres membres de la pègre. Karsaïb apprit à se défendre face aux premiers, usant de deux épées courtes. Et à marchander avec les autres, apprenant le langage des nains pour pouvoir refourguer ses objets volés.
Un jour, alors qu'il venait d'avoir quinze ans, deux individus l’interpelèrent, ils étaient vêtus étrangement, des sortes de vêtements de marins déchirés, et ils portaient des chapeaux. Ses derniers lui dirent :
- Hé petit, il parait que tu voles et que tu revends pas mal de truc par ici.
-
Il parait ? Vous sortez d'où ? Tout le monde sait ça ici, fit-il avec un air dédaigneux.
- Ouais, c'est c'qu'on nous a dit. Et on n'est pas d'ici, on vient de là, dit un des hommes en pointant l'océan.
-
Des pirates hein ? J'en ai entendu parler.
-Ouai, des pirates, et on nous a dit que t'étais assez doués dans ce que tu faisais, fit l'autre.
-Et on voulait voir si tu voulais passer dans la cour des grands, voler en mer rapporte bien plus que sur la terre et on a bien besoin de gars malins et doués chez nous, ajouta le premier.
-
Alors d'une, reprit Karsaïb, je ne suis pas "doué", je suis le meilleur. De deux vous avez bien l'air d'avoir besoin de gars intelligents. De trois, j'accepte.
Ils ne furent pas ravis de la remarque, mais les pirates acquiescèrent simplement, et conduisirent le jeune homme sur leur navire, où sa nouvelle vie commença.
Simple matelot, c'est par là qu'il commença, même si cela ne lui convenait pas. Karsaïb se voyait déjà capitaine, mais il se fit à son poste et attendit son tour. La routine était simple : Nettoyer, aborder, tuer, piller, festoyer, dépenser. Et ça recommençait. Il se révéla plutôt doué pour presque tout, sauf le nettoyage, il détestait ça.
Peu à peu, il passa par plusieurs postes. Vigie, canonnier, trésorier un court instant (on avait des doutes sur sa fiabilité) puis finalement, après plusieurs années passé sur le bateau, après avoir tué nombre d’ennemis, après s'être lié avec tous les marins, il devint second. Ce n'était pas encore ce qu'il espérait, mais cela s'en approchait. Le capitaine était plutôt vieux, sévère, peut-être se ferait-il tuer ou mourrait-il seul dans son lit, Karsaïb l’espérait.
Malgré toutes ses attentes, Karsaïb dut pendant encore longtemps exercer son activité de pirate, et prouver son habileté. Surtout en tant que second, il devait donner des ordres mais aussi s'occuper du pillage des bateaux que les pirates attaquaient. Pendant longtemps il conçut des stratagèmes, divers plans, pour mener à bien une mission, il se fit rapidement connaitre comme un fin stratège. Mais ce n'était pas le seul domaine ou il se débrouillait plus que correctement. À son arrivée sur le bateau, l'orphelin était bon avec deux épées, maintenant il était passé maitre sur le champ de bataille. Ses ennemis ne tenaient que peu de temps en face à face avec lui, il les expédiait dans les tréfonds de l'océan, l'endroit où tout marin devait finir.
Encore quelques années passèrent, cela devait bien faire 10 ans que l'orphelin avait embarqué sur le bateau. Le capitaine était sur le déclin, Karsaïb n'en pouvait plus d'attendre. Il avait décidé de laisser faire le temps, et selon ses estimations, le temps allait bientôt être écoulé. Il pensait à tout cela lorsqu'il entendit une voix appelant le capitaine, il se retourna instinctivement alors qu'on ne lui adressait pas la parole, et écouta la conversation :
- Capitaine, une tempête approche !
- Nous allons la surmonter matelot, comme nous l'avons toujours fait!
Une tempête, continua de penser Karsaïb, bien, peut être que le capitaine ne survivrait pas aux secousses, il trépignait d'impatience.
La tempête approchait, tous s'attendaient à une petite, grosse erreur. Même Karsaïb ne le vit pas venir. Nul n'eut le temps de réagir que chacun devait s'accrocher à ce qu'il pouvait pour ne pas sombrer dans l’océan. La violence était telle qu'on aurait cru que le bateau allait se fendre de lui même en deux, mais bien sûr cela ne se passa pas. Il ne se fendit pas de lui même, mais se fendit sur un rocher dépassant de la mer. La violence du choc projeta tous les pirates hors du navire, certains réussirent à s'accrocher à des bouts du bâtiment, mais beaucoup sombrèrent. Le jeune homme se prit un bout du navire, volant sous le choc, et s’évanouit sur le coup.
Il se réveilla quelques heures plus tard, voir quelques jours, sur une plage inconnue, seul, et n'eut que le réflexe de dire :
-
Merde...
[bg pour le rename de Wiel]