[bghumain] Maarten

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Monsieur
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[bghumain] Maarten

Message par Monsieur » sam. 3 mars 2012 à 02h28

Nom: Chapelier
Prénom: William, Ruperth, Walter
Surnom : Maarten
Titre : Docteur/Professeur

Age : 32 ans
Sexe : Masculin
Race : Humain

Métier : Médecin
Compétences :
Magie : Nécromancien

Alignement : Chaotique mauvais
Langues parlées : Commun ; Sombre (en apprentissage)

Description physique : Maarten n’est plus si jeune mais a le physique d’un homme de la vingtaine. Ses traits à peine affirmés lui donnent une certaine gravité à la manière de son regard, mêlé à une affiche presque enfantine. Armé d’un certain charme naturel et d’une chevelure complète, il aurait tout pour plaire si une étrange tâche de naissance ne dénaturait pas le haut de ses cuisses jusqu’à ses reins. Ses yeux sont verts, tel le visage de tous ceux qui ont voulu être son professeur.

Caractère : Tout ceux qu’il ne respecte pas suffisamment car ils ne l’auront pas assez impressionné sont comme les décors de son monde. En voir mourir, en voir forniquer, c’est pour lui égal. Placide, mais rêveur. Il ne sera jamais trop téméraire et sait se montrer prudent. Il peut également être charmeur, il use d’ailleurs de ce dernier trait assez régulièrement. Il lui arrive régulièrement d’avoir un comportement enfantin.

Autres : Il a une affinité naturelle avec la magie.
Une aura noire importante se dégage de lui, il n'arrive vraisemblablement plus à la dissimuler.

Situation financière :Il est relativement pauvre. Il est devenu riche par la CHAF.
Comportement social : Issu des classes populaires, voire de ce qu’on appellerait aujourd’hui « sous-prolétariat », il a une attitude profondément revancharde avec les classes aisées et se sent mal à l’aise dans les réunions chics.
Type d’éducation reçue : Il a reçu une courte éducation durant son séjour dans un orphelinat d’influence einhasadique, avant de suivre la voie de la science décomplexée auprès de son dernier professeur et tuteur.
Popularité et/ou influence : Son mode de vie vagabond l’empêche d’être véritablement connu ou de se faire des attaches mais son métier de médecin peut l’avoir fait connaître ici et là.
Pensée politique : Il animé par l’idée d’une nécessité du changement. Donnez lui un royaume il en fera une république, donnez lui une république il en fera un royaume.

Croyances :
Il ne voue aucun culte particulier et a une réticence particulière pour tout les cultes dont les règles sont strictes.

Relations extérieures :
Il n’a pas de comportement différent avec l’une ou l’autre race.
Dernière modification par Monsieur le mar. 17 avril 2012 à 14h28, modifié 4 fois.
K.

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Re: [bghumain] Maarten

Message par Monsieur » sam. 3 mars 2012 à 14h50

Background
"La geste du chapelier"
Einhasad le veille du haut de son perchoir. Coincée dans le mur de la chambre, elle le surveille avec sévérité au travers de ses yeux de pierre. Au côté de la statue trône une bible à peine poussiéreuse. Aussi au-delà de la paillasse qui jonche le sol, rien d’autre ne meuble la misérable pièce dans laquelle il git.
Sa situation a quelque chose de misérable. Pour un enfant dont l’orgueil de la rue aura eu le temps de croître, le pain est dur à avaler. Cette pâte mouillée flottant dans une soupe translucide.

Il a quelque chose d’acariâtre sur le visage, plongé dans l’obscurité. Comme si une agressivité latente noyait dans une lassitude tenace. Il fixe l’étroite fenêtre, imagine sans doute le temps qu’il perd enfermé dans cet orphelinat pitoyable. Deux ans déjà qu’il passe ses journées à prier et à apprendre des lignes de charabia, alors qu’il pourrait encore être dehors : vivre la vie, gagner de l’argent, faire fortune… peut-être.
Sa rétention dans cet endroit le répugne. La liberté, le grand air, cela lui manque. Il étouffe dans cet environnement de couloirs et de regards sévères.

C’est alors qu’il se retourne sur son lit que les bruits de pas se font entendre. Le pas d’une personne, régulier sur le pavé du couloir. Il pense à sœur Cécilia qui lui apporterait un bout de lard. Il se relève d’un bon, pris d’une espérance panique, se délecte déjà de ce qu’elle pourrait lui apporter.
La présence s’arrête derrière la porte. Une clé tourne dans la serrure. Le battant s’ouvre. Se découvre derrière le visage endormi de Jérôme. Le petit garçon le regarde comme on regarderait une pierre. Derrière lui gît le corps d’une nonne, les jupes relevées et couverte de sang.

- Ils sont tous mort. On s’en va ?

Will’ se lève, dépasse son camarade étudie de plus près le cadavre à demi dénudé de sœur Bernarde. Sa tenue de toile lui rappelle que le froid est mordant.

- Les hommes sont encore dans le bois.

Les hommes, se sont probablement ceux qui ont fait ça. Seules des femmes foulent le sol du domaine sinon eux-mêmes. Il sort, traverse le jardin et se dirige vers la forêt. Jérôme est parti comme il était arrivé.
Une odeur de mort a envahit l’air. Les arbres ont beau être denses, les fourrés sont pleins de cette fragrance qui a déjà alerté les renards. Les loups ne devraient plus tarder non plus.

- Qu’est-ce-que tu fais encore là, petit ?

William lève la tête, aperçoit l’homme debout devant lui. Il comprend que ses pas l’ont mené dans une clairière jonchée de quelques cadavres disposés autour de lui.

Je sais ce que tu ressens. Tout ceux qui te restaient sont morts, tués par ces gars et tu ne sais plus quoi dire ni quoi faire. Tu es perdu, c’est normal. Mais je peux t’aider. Tu es seul, alors suis moi maintenant… ou ne suis plus personne.

Il lui tend une main altruiste, l’homme n’a pas l’air d’un mauvais type, l’aidera sincèrement. La conclusion était inévitable.

- Va te faire fouttre.

Will’ se détourne de lui, trace son chemin au travers des bois inconnus.

- Que… quel es ton nom petit ?!
- Ruperth…
*
Orange est la rue aux lueurs de l’aube. Des gamins jouent déjà autour des poubelles, les étals s’installent sur les trottoirs. Ruperth marche dans la rue, dérobe une poire dans un casier, la croque en continuant sa route. Quelques années de ce vagabondage et de ces rapines l’ont conduit plus loin du couvent que jamais il ne pourrait savoir. Il se sait arrivé à Rune, c’est là son seul repère.

Le fruit lui échappe des mains. Un gosse plus jeune que lui court les jambes à son cou, son trophée à la main. Ruperth lui fait la chasse mais le petit, plus trapu est rapide. Il escalade un muret, coupe la route au voleur. L’enfant doit avoir neuf ou dix ans, il croque dans la poire avec un air de défi. Ruperth charge, lui envoie un premier coup au visage. Un autre lui est reçu en retour. La bagarre les fait se rouler dans la poussière comme ils se rouent de coups. Les autres gamins hurlent de joie en les regardant se battre. Ruperth prend le dessus, il a douze ans, sa force lui assure de se mettre en califourchon sur son adversaire. De la droite à la gauche, il défigure le gosse à jamais.

- Un soldat arrive !

Ruperth se relève, court se cacher. Il rejoint le porche d’une masure souillée par la pluie. Hâtif il referme bientôt la porte derrière lui. Trois bougies mourantes éclairent l’unique pièce du bâtiment. Un vieillard entouré par la fumée qu’il expire à chaque bouffée de sa pipe, s’affaisse doucement dans son fauteuil.

- Alors Ruperth ? Tu t’es encore fait des amis ?
- Apprenez-moi monsieur Gris ! ; il a parlé d’une voix calme, mais brutalement ferme.
- Bien… bien… ne t’énerve pas…

Le vieux a l’air presque effrayé. Ses jambes ne sont plus ce qu’elles sont et ne le porteront plus.

… je t’apprendrai la magie.
*
- Auriez-vous vu Walter ? Monsieur Gris ?

Le visage angélique d’une jeune fille se découvre dans l’embrasure de la porte. Elle entre d’un pas enjoué dans la pénombre de la pièce. Souriante, elle secoue monsieur Gris pour le réveiller en plantant ses ongles dans son manteau.
Le corps s’écroule. Il est mort.

- Je suis là Marie.
- Monsieur Gris est mort.

Walter sort de derrière un rideau, étudie l’air sérieux de la fille qu’il touche depuis trois semaines. Elle le regarde avec les yeux de celle qui sait avoir dit une évidence, mais qui n’a pas l’air de mal en vivre. Il répond :

- Je sais, on y va ?

Elle le suit, sans un mot de l’autre côté du rideau. Il la dévêtit, elle le déshabille. Ils font l’amour sans passion.

Lui pense à la magie. Elle lui occupe l’esprit, elle et son champ de possibles. Monsieur Gris mort il va devoir se remettre à voyager pour grandir. Il a 19 ans. Il s’appelle Maarten.
*
« Ca te dirait de quitter la rue ? »

Désert. Du sable à perte de vue. Entre les tourbillons se forme la silhouette d’un homme. Il le connaît. Il ne le connaît pas. Les vents hurlent dans ses oreilles, un rien fait sauter les nuages. Le bruit, aigu d’un crissement de métal.

Un livre est déjà entre ses doigts, les pages craquent sous ses phalanges. Les précieux trésors se découvrent comme s’ils attendaient. Pas un insecte, les rumeurs de l’ether sont achevées. Maarten le regarde avec attention. Rien. Des méandres ou des masques qui ne s’évaporent encore. Simple.

Les flux qu’il respire sont comme des fruits qu’il n’aurait eus besoin de voler. Un astre brille au-dessus de sa tête. La fête est silencieuse. Ce qu’il entend est une douce musique, il la connaît bien. Elle est sa compagne, sous les poussières d’une bibliothèque.


Assis sur une caisse, il songe en jouant dans les cheveux d’une nouvelle fille qui dort sur ses cuisses. Les sourcils froncés il se force à tout se remémorer. C’est à peine s’il prête attention à Roger qui s’avance vers lui avec de grands gestes. Cette habitude presque maniérée à exagérer ses mouvements lui rappelle quelqu’un d’autre.
Il passe son ongle sur ses lèvres, tapote la tête de la jeune femme. Quelque chose se prépare. Il s’y sait aussi étranger que lié. C’est le seul point noir de cette histoire. Un inconnu qui n’est pas pour lui plaire. Est-ce de la confiance alors ? Un marché est un marché. Conclu, il ne devrait pas y avoir de problèmes.

En quelques mots il résume à Roger ce qu’il attend de lui. Le voilà déjà reparti, hâtif comme à l’accoutumée. Il lève le regard sur la vieille Desbroussard qui pend son linge à sa fenêtre. Elle ne le salue pas. Des enfants retiennent son attention à jouer autour de la carriole de sa fille. Ses fleurs en papier ne lui rapporteront rien, quelque chose de résigné vit déjà dans son regard. Il sait qui elle ira bientôt voir pour manger. Il lui fait signe d’approcher. Elle hésite, finit par céder. Gênée entre le fait d’être appelée sous le regard de sa mère et la honte qu’une autre femme soit avec lui. Elle a bien vite compris et repart, s’engouffre dans les ruelles. Il tapote à nouveau sur la tête de la brune, suit du regard l’autre qui s’éloigne.

« Ca te dirait de quitter la rue ? »

Il sourit en coin.

- Et comment…
*
L’homme en noir. La main d’acier. Des oiseaux qui jouent.

Ses yeux ne s’agitent plus qu’à peine. Dépités de comprendre à l’avance les prochains évènements qui se précipitent à sa porte. La pièce tourne sur la table. Pile ou face ? Encore une fois il a compris. La pile tomberait et sa vie changerait à tout jamais.

Des forces se meuvent dans les ténèbres. Il glisse sa main le long de son ceinturon. Les voix de leurs tirades résonnent dans sa tête. Se pourrait-il qu’il veuille pleurer ? Rien n’a tourné comme il le voulait.

Maarten se masse la mâchoire, se relève, fait basculer la chaise derrière lui. Il attrape la fille à la gorge, la propulse vers le mur. Elle étouffe, crache avec violence. Ses pas sont décidés, l’amènent devant elle. Un premier coup tombe sur elle. Il est bientôt en califourchon sur elle, la roue de ses poings. Sa rage lui explose le crâne.
Un silence s’installe. Ses mains tremblent dans le sang répandu. Une grimace de haine fend son visage comme la plaie sur celui de la jeune femme. L’homme se reprend, se dirige vers un sceau, s’y lave les mains. Un air stoïque masque ses traits. Une étrange lueur anime ses yeux fixes. La pièce tourne, s’écroule.
Pile.

- Tu sais ce que tu as à faire, n’est-ce-pas mon vieux ?

Son regard commet traversant le miroir, observe un point derrière son propre reflet. Il hoche de la tête, cligne de l’œil involontairement.

Il attrape son sac, se dirige vers la sortie, claque la porte derrière lui.

- Hey ! Maarten ! Ca va ? Tu as un comportement bizarre ces derniers temps.

La vieille femme est assise devant sa boule de cristal, sans client aucun. Il lui sourit, une envie de meurtre entre les dents.

- Et quoi ? Tu connais la suite ?
- Oui. Mais tu la connais aussi.

Il soupire, reprend son chemin.
*
Quelque chose de malfaisant se dégage de son sourire. Ses traits enfantins s’effacent comme pour laisser place au démon qui sommeille. Des astres tombent, il se lève.

Les derniers dominos sont en place, ne reste qu’à donner l’impulsion. Cette brève force qui emportera son monde avec lui. Un manteau qui leur donnera à s’étouffer. Quel est-il ? Une question sans réponse. Mais d’où chercherait-il une réponse ? C’est un monologue qui se construit.

Maarten se recoiffe brièvement dans son miroir, avec cette satisfaction qui peut caractériser la haine qu’elle a pour lui. Il la voit se débattre dans le reflet. Il se retourne, la contemple, s’approche.

- Quel es ton nom, jolie fleur ?

Son mutisme reste. Son regard de feu. Il aime cela. Ou est-ce qu’il aime aimer ce qu’il aimerait ? Qu’importe. Le bonheur est là. Son plan marche à merveille et elle transpire l’angoisse qui avait pu l’habiter autrefois.

- On peut vous en avoir plein des comme ça mon vieux !

L’autre sourit comme on rirait aux éclats. Maarten lui rend son sourire, sort de la pièce. Sa prospection a pris l’allure d’une réception.

Il se fait beau au dehors.
*
Maarten s’agrippe au rocher. Le courant manque de l’emporter. L’eau glacée lui gratte les os. Il se tracte jusque sur le rivage, s’écroule dans la neige. Les cris de la patrouille le gardent en éveil. Il se relève, tombe, se traine. La douleur manque de le faire hurler. Un œil mauvais l’a amené jusqu’ici.
La côte est escaladée. Maarten se remet sur ses jambes, court. Les loups le surveillent avec appétit. Lui court. Depuis quand n’a-t-il pas couru ainsi ?

La distance se creuse. Il plonge sous le couvert des arbres, s’adosse au tronc d’un sapin. Ses dents claquent, il tente en vain de s’emmitoufler dans ses vêtements trempés. Ses membres ne répondent plus. Un sang sans sel goutte de ses narines. Il a froid.

Ses pensées ne sont plus fixées que sur cet unique état de fait. Il revoit sa vie aux travers des filtres de glace devant ses yeux. Il voit.

Maarten est à nouveau debout. Une vapeur âcre se dégage de lui. Ses lèvres tremblent dans une grimace. Ses yeux rougis témoignent. Il a vu. Son sang est devenu de ceux des reptiles.

Creuse au fond de son cœur : celui qui ne sommeille plus.

- Maa ?
*
Allées et venues des ombres. Autour de la flammèche d’une bougie, un silence palabre avec un froid tenace. Plongées dans l’obscurité de la pièce vide, elles dansent comme on marcherait. Lui songe.
L’homme est emmitouflé dans un manteau neuf, qui a pourtant déjà pris l’humidité. Assis devant la bougie il réfléchit, les yeux rivés sur l’unique source de lumière. Un peu de sueur goutte encore de ses tempes en feu. Difficile de dire si c’est la douleur ou la concentration qui lui font arborer ce visage fermé. Un vide a remplacé son aura. Il n’est plus, en cet instant de solitude, son existence est une question.

Face au primaire qui est apparu, il s’est mis songer, à ces années volées qui l’ont rendu ainsi. Cette enfance qu’il n’a jamais connu et dont la perte lui pèse aujourd’hui.

- Maarten ?

Ses petits pas claquent sur les dalles. Elle sent. Ce même parfum aigre qui avait tant sommeillé en lui. Maarten. C’est lui. Est-ce ?

Qu’est-ce-que tu fais là ?

Que fait-il là ? Il sait à présent. Entouré par les murs des cages qu’il a construites, à l’aise dans la prison qu’il a préparée pour ce monde. Il sourit sans se mouvoir.

- As-tu confiance en moi ?

Elle s’est placée à quelques pas de lui. Son anxiété lui murmure un mot. L’homme rit en silence, sans ouvrir la bouche. Il sait que le danger n’a encore écarté la plus vulgaire des possibilités. Mais il exulte, son plan ne sera pas contrarié, car il est. Il lui sourit avec franchise, ce bref instant de fierté étreint son cœur.

- Et ça nous mène où ?

Sa dernière action le laisse presque perplexe. Est-ce son ressentiment à elle qui lui fait le sentir ? Il s’assure, se laisse s’y perdre un instant.

En ressortant l’homme se sait en vie. Son sourire perdure en soupirant.

Il s’appelle Maarten.
*
Première neige. C’est ce dont parle le prêtre en le guidant à travers la vallée. Quel âge a-t-il, peut-on vivre aussi longtemps ? Ce sont les questions qui harassent le garçon alors que se rapproche la ferme, leur destination. Il marche comme un sourd au milieu de l’orchestre que fait jouer le vent. La main du vieil homme sur son épaule, chacun de ses pas est un défi qu’il peine à surmonter. L’autre rit, qu’est-ce qu’on tout ces gens à le mettre dans de pareilles difficultés ? Lui apprendre à marcher qu’ils disent ! Il rit, lui ronge sa colère, si on peut déjà appeler cela ainsi à un si jeune âge.

- Ah vous êtes arrivé ! Père Mathieu ! Quelle joie !

Une femme, qui a dû atteindre la quarantaine en regardant chaque matin si la vieillesse l’épargnait encore, sort de la bâtisse et se jette sur lui. Elle l’enlace, le recouvre de baisers. Il reste de marbre.

- Qu’il est beau ! Comment s’appelle-t-il ?
- On a préféré vous laisser choisir, Eda.
- Oh merci ! Vous savez comme j’ai toujours rêvé de ce moment !

Muet, il la contemple, elle est belle… belle mais folle. Tournant sur elle-même en se prenant déjà pour une mère qu’elle ne pourrait jamais vraiment être. Il soupire.

- Mais bien sûr ! Viens, tu dois avoir faim.

Le prêtre l’abandonne, son épaule change de main. Il est emporté à l’intérieur.
*
Maarten joue sur son corps. Comme chaque fois tente de se débarrasser de ses visions. Il l’embrasse, cherche à se perdre dans son cou.

Des crissements. La porte s’ouvre et se referme. Un filet de lumière apparaît et disparaît. Il a beau n’être âgé que de peu, l’instinct lui crie que cet homme ne lui veut pas du bien. Son ombre s’étend sur lui, il sourit.

- Tu es vraiment beau… ; sa grande main joue sur son corps. Son souffle est sur lui. Il l’embrasse, cherche à se perdre dans son cou.

Il le mord. Un coup s’en suit.

- Je vais t’expliquer les règles mon petit….

Le garçon est retourné. Un frisson parcourt son corps. Une peur animale le fait s’agiter, entre les doigts qui le tiennent fermement. Il sait que quelque chose va arriver. Ses yeux cherchent en vain une aide sur le mur. Quelque chose. Ses lèvres restent irrémédiablement fermées, il n’arrive pas à crier. Jamais il n’a réussi. Des larmes s’échappent de ses yeux. Une chaleur. Il sent quelque chose le pénétrer. Quelque chose est entré en lui…

Maarten s’éveille. Etendu sur le lit, la jeune femme à son côté. Le souvenir de l’adulte disparaît au bout de la chambre. Il frissonne. Il se lève, passe un manteau et sort au dehors.

Il est recroquevillé. Il voudrait crier mais ne peut que se mordre les lèvres. La douleur transporte son corps depuis le bas. Le garçon prend son drap, s’en enveloppe. Il entend des pas. Il s’enfuit, se retrouve au-dehors. Use de chacune de ses leçons de marche pour traverser la neige, l’amener toujours plus loin de cette maison. Le froid est mordant, mais il a le feu en lui.

Maarten s’appuie contre le mur. Une douleur violente lui enflamme le cœur et l’estomac.
Quelque chose est entré en lui. Quelque chose qui n’en ressortira jamais.
*
Ses lèvres s’ouvrent, de la fumée s’en échappe, construit ce nuage qui envahit la pièce. La grisaille se répand et ils regardent. Leurs yeux fixés sur cette ombre qui apparait comme un vieux rêve. Une chaise crisse. Il ne sait s’il sourit où s’il soupire. Le réconfort et l’ennui, celui qui arrête les jouissances d’un mariage arrangé. Un courant d’air disperse la fumée et sa joie intense, épuisée.

Le vieillard se décharge, arbore des sourires et des bouteilles. Vieillard car il n’est plus l’homme en noir. Le monsieur est devenu un prince. Quelque chose du mythe s’est emparée de sa geste. Ce dramaturge mort dont on a remplacé le poste. En peu d’œillades il sait que tout a changé. Ses yeux jaugent un moment le verre étalé devant lui : ces petites choses qui vont faire tourner la roue. Une étincelle s’allume dans ses yeux quand une autre s’éteint.

Elle ne bronche pas. Son cœur est animé de ce même brasier cynique. Le chaos. De ces concepts que l’on ne devrait jamais connaître. Cet arbre aux racines fausses mais qui s’étendent. Ce chat qui miaule, pourtant pendu à sa branche. Elle le regarde. Il la regarde. Ils se savent désormais scellés à ce coffre jeté à la mer. Ce poids qui les emmène au fond de l’abysse, combien emporteront-ils avec eux ?

Si ce n’est pas le doute qui le harasse, qu’est-ce ? Est-ce cette robe brodée qui malmène son esprit ? Est-ce cette obsolescence et ces richesses qui taraudent sa pensée ? Est-ce ce corps ? Est-ce la myriade ? Une pièce a deux faces.

Il sourit, se masse la nuque comme l’enfant qu’il était sans l’être. Mais ses yeux sont fixes, étudient celui qui est devenu prince dans son monde. Parler. Des mots dans la fumée de cette conspiration mondiale. Il est devenu instrument, instrument qui se sert de son employeur comme de son propre outil. Mais plus rien de tout cela n’a vraiment d’importance. L’étape est suivante.

Demain il se renseignera sur cet inquisiteur. Cela fait beaucoup de responsabilités. Le verre tombe et se brise. Est-ce cela ? Devenir un homme ?
*
Une pièce a deux faces. Lui sait s’être langui d’en caresser une, d’avoir à présent à polir l’autre. La dernière étape de son dessein formel. Ce quelque chose de matériel qui se construit sous ses mains tremblantes. Il peut toucher cet infini de haine qu’on lui offre sur un plateau. Le couteau entre ses doigts est un catalyseur. Mort est de son enfance, mort est de sa jeunesse. Est-ce à sa vie qu’il doit ce choix ?

Le vide dans sa tête et l’homme en noir retrouvé qui parle à l’intérieur. Ses lèvres sourient tant qu’elles pourraient former un cercle. Les moyens de sa vindicte qui le ronge, sont comme autant de grains de sable dans le désert à l’orient. C’est cela. L’on a fait de lui le monstre que certains disent dément. Il est un homme pourtant. Mais son rêve n’est pas loin.

Elle comprendra. Elle comprend déjà, face aux mécanismes qui les ont fait naître sous le clocher. Ils ne peuvent plus faire volte-face. Les oiseaux mangent les graines qu’on leur offre. Il tient le piège où ils se prendront.
Entre les mots échangés et les portes qui claquent ; et cet épisode de sang sur un parvis. Rien ne saurait plus le détourner de sa mission. L’homme en noir avait raison.

- Patience.

Ses yeux se lèvent vers lui, comme apparu au milieu des mondains. Oui, il rongera son frein. Jusqu’à ce que ses dernières chaînes rompent, que ses derniers gardiens succombent. Ses vociférations qui résonnent déjà, ses griffes qui grattent ses os.

Tout est fait de la même matière, de ce même métal brûlant qui coule dans leurs gosiers. Leurs cris n’y feront rien. Le sien y fera tout, car il sera lié à l’amertume.

On ne fera pas sonner deux fois le gong, pour que le loup géant avale l’arbre monde. Des aboiements dans le noir.
Un homme qui meurt en silence, sous les coups des ignorants.

Un incendie et c’est l’embardée. Le monstre qui s’échappe des trous béants qu’ils ont creusés. Ces mineurs de l’inconscient. Ce trésor qui se noie au fond de l’océan. Un vieux métal terni.
Des tonnes de chair qui remontent la corde de l’ennui.
*
Il y avait le feu, il y avait la glace.

C’est au travers du cristal, du miroir moqueur, qu’apparut la satyre de leur existence. Irraisonnable au possible de leur ennui. Drapée dans la société sclérosée. Elle est cette pierre égarée dans un terrain vidé. Quelques crissements pour leur rappeler les fers qui les ont enchainés. Cet instant de vérité dans leurs yeux désabusés, que cette histoire déjà écrite ils n’en auraient pas voulu.

Mais les Hommes oublient et ils sourient. Des flèches plantées dans une blessure béante. Sans pouvoir dire de quelle couleur est le sang, ils aspirent le poison qu’ils ont eux même insufflés. Quelque question de cela, se pourrait-il être ?

Se pourrait-ce que si l’un au lointain se soit fait fortuné, l’autre frère s’est vu jouer de malchance jusqu’à construire cette engeance ? Son ascension dans les tréfonds avait-il été irrémédiable ? Où est-ce de son vouloir ? Comme le serait-ce qu’après avoir joué de maladresse il se veuille de corrompre, de rompre le dernier barrage de son incendie ? On leur rongera leurs os de détruire le reste d’un bon vouloir.

La peste qui vit dans leurs cerveaux. A-t-elle était baptisée selon eux ? Jamais ils ne voudront se retourner pour revoir leur odyssée. C’est l’avenir radieux du brasier qui s’est éveillé.

Sa créature se fait hégémonie. La violence nait et s’incarne.

On ne peut que désespérer. Tout d’eux est devenu la musique, froide et lente de la rancune. Quelques mécaniques sans âme devenus chairs rouges et noires.

- Je veux brûler ce monde avec toi.

Descendu du dernier de ses trônes, l’enfant pleure dans ses bras. Terrifié devant sa création, le monstre qui a dépassé le maître.
*
- Ta vie est comme cette maxime.

Il lève la tête vers la vieille, de petits yeux le fixent, pétillent presque. Il a beau la voir et la revoir, les souvenirs ne se fixent pas dans sa tête. Tout est noir. Elle le domine malgré sa taille, c’est son bonheur que d’avoir retrouvé un fils. Un monde qui se construit sous ses mains, un enfant qu’elle guide dans l’obscurité de sa mémoire.

Saurait-elle qu’il n’en serait pas autrement. Ces semaines lui ont été trop savoureuses. Elle pourrait sautiller sur place. Lui ne comprend pas.

Les images se bousculent, les murs de la hutte eux-mêmes semblent se mouvoir. A la lueur de cette bougie, il regarde sourd celle qui l’a sorti de son sommeil.

Tu te souviens de la maxime ?

Il reste muet, elle se lève et relève la couverture sur lui. Rien de tout ceci n’est réel. Comment pourrait-il être ainsi cloué à un fauteuil sans rien savoir de son existence. S’est-il seulement vu naître ? On ne fait pas un être sans être ? Si ?

Tu devrais manger un peu, tu ne crois pas ?

Elle lui dépose un bol, verse une cuillère de lait dans la soupe. Un filet blanc traverse la surface du liquide. Il voit. C’est son esprit qui s’ébroue, son corps est figé. Un visage au milieu de blanc, il a beau ne pas le reconnaître, cet air le traverse à la manière du premier coup.

De la bougie c’est l’univers qui s’enflamme, depuis la chute à la traque, du feu à l’intrigue.

- Bon sang.
- Mais… tu parles enfin ?!

Il se lève, le regard vide. Elle attrape son bras pour l’aider mais stoppe son geste dans un cri. La cuillère plantée dans son avant-bras. Maarten se laisse à la colère. Celles contraires d’avoir su et de n’avoir pas su plutôt.
N’était-ce pas la paix ? La question lui brûle les lèvres tandis qu’un corps se meurt.
*
« Un cri déchire sa peau »

Il reste stupéfait, sans savoir si son hurlement a été entendu par autre que lui. L’explosion a fait sursauter la jeune fille, ses veines à lui se sont vidées.

Repassent devant lui les innombrables idoles de son silence. Des gargouilles muettes accrochées à chaque bout de ses lèvres. Le Bordel. Mes voies sont impénétrables. Ces femmes étendues… Il y a quelque chose de magique à cette spirale, bien qu’elle soit d’acier faite, une haine qui a gagné son nom. Les vagues ont gagné leur mer, c’est un pays qui se gagne un drapeau.

Alors vidé, étendu sur le lit à ses côtés. Il devise avec cette impression de ne pas être lui, de se voir à travers les yeux d’un autre. Quelle étrange façon, que d’être nouveau mais toujours ancien une fois rentré. Il a beau avoir toujours eu un attrait pour la nouveauté, celle-ci ne lui laisse aucun plaisir. L’odeur que tout ceci est en passe de se terminer.

Le feu crépite et le brasier prêt à s’étendre. Les barreaux sont forgés. L’aiguille tourne et le bœuf se meurt. Il sourit.

Nulle joie sur son visage, mais que satisfaction. Celle que tout ses efforts l’ont finalement mené à ce point de rupture, où tout va basculer. Ce moment grotesque ou l’ont sort son arme d’un placard avant d’aller à la chasse.
La rue gronde en contrebas. L’aube pointe, il se lève et sourit à celle…

Il sourit plus largement en remettant son chapeau. Un jour flamboyant se lève et tout se passe au mieux. Si elle savait, continuerait-elle ?

Son doigt tapote sa joue d’un air perplexe. Oui, certainement. Des virages ont été pris et le temps n’est pas réversible. Il se flatte le ventre d’un geste, impatient de son rôle prochain. Stupéfaits, puis horrifiés, on écrira son nom en lettres rouges sur les murs d’Argos. Maudit pour son acte de défiance, presque une justice : la riposte pour une blessure béante.

Car quelques furent les cris qu’il émit au cours de sa vie, ceux-ci furent de l’infamie. Oui, il se souviendra toujours de cette maxime.
« Le métal se retourne contre son forgeron. »
*
L’homme en noir est mort et il a pris sa place
Il est maintenant seul mais reste de glace
Tout est prêt pour que la geste du chapelier
Doucement puisse continuer.
Dernière modification par Monsieur le mer. 18 avril 2012 à 19h24, modifié 2 fois.
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Re: [bghumain] Maarten

Message par Monsieur » dim. 11 mars 2012 à 18h15

- Jolie coiffure. C’est nouveau ?

Un ton sarcastique lui brûle les lèvres mais en reste là. Il ne peut se résoudre à briser cette magie qui les a entourés, l’arrivée fracassante du silence embrumé. Le tintement des clochettes annonce leur retour aux sources. Il entend à nouveau la danse d’un ours, les applaudissements des badauds au son d’un pipeau. Toute la nostalgie accumulée se retrouve dans ces secondes, volées à l’incendie qu’ils ont allumé.

Joyeux anniversaire. Leur traverse revêt déjà un aspect légendaire, que cette musique joue encore, leur rêve n’est pas mort. Le poids des années ne pèse pas à ceux qui n’ont pas daigné le remarquer.

Il pose son regard sur elle mais voit mille visages. La chance lui a sourit et l’amusement le gagne, les cadeaux lui tombent dans la main et c’est riche de victoires qu’il est venu à sa rencontre. Même si l’euphorie sera de courte durée, si tout ceci n’est pas voué à perdurer, le rire ne s’éteindra pas dans sa gorge. Son cœur pompe noir dans un vase d’ironie. Sa haine est bruyante comme un cri d’agonie.

- Vous… êtes malade !

Le ton est celui d’une autre. Son souvenir s’embrouille mais il sourit encore, de cet air reconstruit qu’elle s’est permise. Trois femmes et un coffre d’or. D’un but à l’autre il vole comme un corbeau qui se serait fait rapace. Chacune de ses brindilles pour créer son espace.

Qu’ils pestent déjà contre son épandage, rien n’y fera. La haine est un phénix qui renaîtra toujours, dans leur main ou dans la sienne. Ce monde a déjà un autre goût dans sa bouche, celui de sa dernière naissance. L’été approche où les fleurs écloront.

Ce sera une fête grandiose. Ils parleront avec leurs entrailles et les masques tomberont, car les tripes ne mentent jamais.
*
Les revêtements sont blancs dans ce château. Un sourire rouge s’y accroche avec tant d’insistance que c’en est à vous frapper l’esprit. Les grattements de leurs pas dans le couloir, les bruissements des ailes, une bougie qui s’éteint. Le rêve s’effondre, mais n’a pas perdu ses fondations. Car lorsqu’il se relève, le corps à l’exhaustion, l’idée est restée ancrée.

En lui poussent les arbres et ce nouvel étendard, planté sur les ruines de l’ancien monde. Antiques reliques et joyaux gisent à ses pieds quand lui bâti ses murs.

Il caresse la peau de la fille à ses côtés, encore endormie. Ces draps frais rendent le ton plus léger. Son univers n’a plus la lourdeur de cette nécessité, c’est bien cela qui a changé : les draps.

La mue du serpent a fait de lui un tout autre être. Ce glorieux évènement d’il y a dix ans. Passé de l’autre côté de la barrière, l’homme en noir c’est lui désormais. Tout est devenu choix. Il a habillé sa liberté d’une robe particulière à en oublier pourquoi.

D’un bon il se relève, s’habille et sort de la chambre. Le courant d’air vient titiller son épiderme. C’est ce contact qui lui rappelle la vérité des premiers jours. D’un geste il attrape son ceinturon, quitte le bâtiment en silence.

Ce n’est pas une question de justice.

[Changement de sa situation financière.]
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Re: [bghumain] Maarten

Message par Monsieur » dim. 18 mars 2012 à 00h53

- Tu ne pourras pas toujours vivre dans l’enfance.

Les mots grattent contre la paroi de son crâne. Il a beau se prendre la tête entre les mains, se masser les tempes, rien n’y fait, la douleur est identique. Cette souffrance sourde qui ne le quitte pas depuis qu’elle a quitté son bureau. Entouré de ses papiers et de ses contrats, il contemple dans son esprit le spectacle de cette vitesse dans laquelle il est entraîné.

Le monde a changé. Qui eut crû que ce soit par des mots qu’on lui dépose un tel fardeau? Il ne reconnaît rien, comme s’il voyait les arbres nus lors de son premier hiver.

Un improbable rouage s’est mis en branle au-dessus de lui. Des machineries entières pourraient le broyer mais lui reste là. Au milieu du travail accompli, la route parait soudain d’une toute autre sorte. Le ciel s’est fait rouge au-dessus de son incendie quand il l’a voulu noir. Tout lui pèse, il ne bouge plus.

Une faible odeur d’abord. Du sel sur la table et le piaillement d’un rat. L’animal court, contourne la table et grimpe sur la table. L’homme l’observe d’un air morne. Une grave affaire et une étrange rencontre.

- Toi aussi n’est-ce-pas, mon vieux ?

Il l’attrape d’un geste rapide, commence à le caresser d’un air songeur.

Toi aussi tu as l’impression d’à nouveau te contenter des miettes ?

Maarten soupire, le relâche et le suit des yeux. D’un coup un serpent l’accroche, l’engloutit sans bruit. Alors que la queue tremble encore entre ses dents, le serpent meurt, brûlé.

C’est l’heure des choix.
*
Un rugissement. Rien mais ce ronronnement puissant et sourd qui gratte à ses tympans. La lumière éclaire à peine sous la coupole, une seconde nuit régente le lieu. Les murs tremblent et le sol s’envole, chaque pierre comme prise par un mouvement invincible. Cette lenteur effrénée qui emporte le monde dans lequel il git.

Ce sombre animal aux yeux monstrueux. Il sort de sa léthargie, se lève et bondit. Une autre nuit a fait coup d’état. Un coup d’éclat dans ce miroir et le félin rugit. La neige a rendu mort tout ce pays. Sinon cet enfant qui court essoufflé. Derrière lui le course la bête comme affamée. Ses dents pointent et la proie gémit.

Des rochers immenses et les dragons qui sommeillent, entre les branches brûlées qui se tournent vers le ciel. Un ciel d’orage et aucun bruit. Les pas du prédateur sont silencieux, il s’élève mais aucune fragrance. La terre est stérile et c’est à peine un soulagement.

La panthère rugit et l’univers fond. Elle entre dans le manoir abandonné. La brume est son domaine et elle s’approprie la pièce. Il se voit s’enfoncer dans son fauteuil.

« … nous serons des tigres affamés dans la nuit noire. »

Le crissement de meuble les fait disparaître. L’animal le regarde de ses yeux dorés. Fixes, ces pupilles dangereuses sont comme les siens. Elle rugit et c’est son cœur qui s’emballe.



- Patron ! Patron !

Le cri le réveille d’un bond. La porte s’ouvre à la volée.

Patron ! J’ai les rapports !
- Bien… bien… j’arrive.

L’homme disparaît dans l’escalier. Maarten se masse les tempes et regarde ses mains griffées. Il manque de glisser dans l’alcool renversé en se levant mais reprend son équilibre. La nature a d’autres surprises à offrir.
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Re: [bghumain] Maarten

Message par Monsieur » ven. 13 avril 2012 à 01h03



Son poignard en main, l’enfant hésite à frapper. Le dernier coup manque de tomber mais les secondes s’éternisent. Le regard agité, fixé sur le sujet de son doute : étendu sur la table, le corps entaillé de haut en bas, couvert d’un sang qui lui remonte à la gorge en gouttant de la lame. Pourtant l’agitation est unique en ce lieu, personne, même la victime ne semble pas remarquer ce qui se déroule sous leurs yeux. Un vague sentiment de solitude semble lui prend les membres.

- Vous vous débrouillez bien… Continuez, je vous en prie.

La voix du professeur lui ramène sa confiance. Il frappe. La peau éclate et c’est une gorge qui s’étire au dehors. Un gargouillement sinistre envenime le silence. C’est la fin d’une vie.
Maarten reste immobile au demeurant, le regarde en souriant. Les émotions virevoltent aux travers de la pièce comme un ouragan, tandis qu’un sang pâteux coule sur le carrelage.

- Je ne suis pas sûr de comprendre l’utilité de tout ceci…

Il lui sourit. Son seul visage pourrait incarner la confiance. C’est avec toute cette assurance qu’il lui dit les mots et les breuvages qui l’amènent à sceller son futur. Un avenir obscur que lui prépare l’adulte à ses côtés. Une odeur malsaine se dégage déjà de l’atmosphère, mais l’enfant en est aveugle. Il boit, s’écroule, regarde pétrifié le cadavre revenir à la vie. Des chairs pourries gouttent, flasques sur le sol immaculé.

- Je suis sûr que tu peux comprendre à présent.

Un rire dort dans sa gorge. La victoire le rend euphorique mais il n’en montre rien. Le grandiose requiert un sérieux, le théâtre est à cette importance. Le puissant parfum du sortilège fait le reste.

Il s’approche de son oreille, vient lui murmurer les mots qui seront les derniers. Un adieu langoureux et un enfant décédé. Le corps dévoré par celui qui l’a toujours suivi, débarrassé de son jugement.

Bientôt englouti, les traces s’effacent avec les sucs à peine relevés. Un enfant meurt, un homme vit. Les monstres remontent les cordes de l’ennui.
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Re: [bghumain] Maarten

Message par Monsieur » sam. 14 avril 2012 à 15h00

Qui est-il dans cette étendue : ce désert insondable qui l’entoure, ce ciel rouge et cette obscurité ? Il a bu et il est tombé. Autour de lui le monde a changé. Ce qui était herbe est devenu poussière, ce qui était arbre est devenu métal. Pourtant dans le noir dans lequel il est plongé, une chaleur accablante s’est mise à l’écraser. Plus que tout été et canicule, le sol même semble vouloir l’arracher à l’apesanteur. Il tend la main, cherche quelque chose auquel s’agripper : en vain. Seul dans l’immensité, l’homme est perdu.

Puis une lumière apparaît. Une flamme, bientôt un incendie devant lui. Un arbre, enflammé, un brasier qui crépite à une centaine de mètres de lui. Rien ne lui paraît plus réel que cette destruction dont on lui impose la vision.
Des cendres viennent se coller sur ses lèvres. Il se relève mais se sent lourd. La force qui le terrasse l’empêche presque de marcher. Chaque pas est un effort qu’il ne pourra pas longtemps se permettre. Mais l’arbre est encore loin, il se pourrait même qu’il s’éloigne à mesure qu’il se déplace vers lui. L’homme serre les dents, que fait-il ici ? Son propre corps a disparu, son esprit est devenu de la physique. Sa mémoire périclite, qui est-il ?

Soudain il est stoppé dans son élan. Une douleur atroce lui perce le bras. Il s’écroule. Plaqué au sol il se voit tenu par des fils enflammés. Ils lui brûlent la peau, la sensation se répand en lui comme une trainée de poudre. C’est tout son être qui est à l’agonie. Il hurle en silence, se débat mais rien n’y fait. Tenu qu’il est par son ennemi invisible, épuisé, torturé de toute part, il est perdu.

- Pourquoi sommes-nous en vie, Maarten ?

Des souvenirs explosent dans son crâne. Est-ce ce que l’on nomme voir sa vie repasser devant ses yeux ? Il serre les dents, sourit.

- Ils peuvent aller se faire foutre.

Il réussit à se trouver un lâche pour se mouvoir. Il se débat, de toutes ses ressources, de tout son être. La douleur se fait intenable. Il saigne sans savoir de quoi. Partout en lui l’horreur se déclare en cris de souffrances. L’arbre brûle toujours mais un autre feu cesse de couver. C’est presque une explosion, un bruit sourd qui résonne dans sa tête comme une avalanche à ses oreilles.

Je… vais… te buter salope !

Le coup est si puissant qu’il a l’impression d’avoir transpercé la terre. Un premier fil a lâché. Sa voix est revenue avec sa première victoire. Un rire dément l’accueille. L’homme vient de trouver son adversaire. L’ennemi, comme tous les autres, l’a sous-estimé. Une rage sans limite coule dans ses veines comme un torrent. Les coups pleuvent et l’agonie continue. La douleur lui martèle le crâne et l’épuisement le guette. Mais la haine le garde éveillé. Le pouvoir traverse ses membres, il le sent faiblir. Les fils lâchent, les unes après les autres les chaînes de sa prison tombent en morceaux.

Une voix lui répond dans ce qui est devenu un jour clair. L’arbre s’écroule sous son poids. Il rit, rit comme il n’a jamais rit. Il se relève, les yeux fous.

Je suis… Ma… Maarten Chapelier !

Son cri déchire le monde dans un bruit de tonnerre. Tout s’écroule avec lui.

Le roulement s’achève et le voilà de retour. Au sol, hilare sous le regard des joueurs. Une ère nouvelle commence mais son corps ne répond plus. Il vomit. Ses tripes entières semblent y passer. Mais le voilà bientôt relevé, tenu fermement. Doté d’un nom à nouveau, il boit avec plaisir cette fois. Un sentiment étrange le parcoure mais il ne comprend encore : de ces épées qui naissent dans la nuit, de l’obscurité qui se répand autour de lui. Tout n’est plus que ce gigantesque feu qui crépite avec envie.

- Tu veilleras sur lui…

Les voix s’embrouillent dans sa tête. La sombre lui jette un regard et parle à nouveau dans cette langue qu’il ne saisit pas. Le monde se remet à tourner. La nuit reprend.
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Re: [bghumain] Maarten

Message par Monsieur » mer. 18 avril 2012 à 12h03

Le jour se lève. Son soleil s’allume au sommet de la bougie au-dessus de lui. Il cligne des yeux, la lumière lui brûle la cornée. Des murmures se répandent de l’autre côté de la porte, des grattements contre le mur. Quelque chose galope sous le lit, un gémissement et un hurlement. Il tente de s’échapper mais son corps ne répond pas. C’est à peine si ses doigts tremblent à son mouvement. Les pas s’approchent, la poignée se met à tourner. Il se mord la lèvre, s’agite en vain.

- Bonjour, sir.

L’homme peine à s’empêcher d’écarquiller les yeux. Les bruits ont cessé. La sombre s’approche de lui et lui tend la coupe. Ses intestins se tordent, la faim lui brûle de l’estomac à la gorge. Il agrippe le verre boit goulûment.

- Je suis rentré plusieurs fois déjà…

Son coma l’a plongé dans cet état de faiblesse. L’immobilité est un marteau qui lui frappe la tête avec une régularité démente. Sa geôlière la sert comme une autre dix ans auparavant. Sa langue est sa dernière défense au danger que lui rappelle son esprit.

- J’ai l’impression d’avoir une foutue gueule de bois.

Il sourit mais l’angoisse s’introduit sous ses ongles. La voilà qui souffle sa maladie et le réflexe revient. Avec lui l’alcool que lui apporte celle à qui on l’a attachée. Quelque chose d’un rappel lui sert son existence dans son verre. Ses mains tout juste réveillées n’ont servi qu’à cet unique objectif : boire. Boire, non pas pour oublier mais pour gagner ce courage. Quel combat que son humanité qui résiste à sa volonté. Une guerre qui lui ramènera bientôt sa nausée. Une nuance presque bienvenue.

- Je vous apprendrai, je vous amènerai quelques livres.

Elle quitte la pièce et le laisse à nouveau seul. Enfant à nouveau, si proche de sa dernière naissance les larmes manquent de lui couler. Les yeux fixés sur le plafond, la solitude lui pèse malgré tout.

- Salope… quand vas-tu finalement me répondre ?

Le silence se répand dans la pièce. Les langues s’apprennent mais les mots lui serviront-ils ?

Bordel…



[Apprentissage de la langue sombre débuté]
*
Ses yeux s’ouvrent. Des rues familières rient autour de lui. Prostituées, paumés, frappes et contrebandiers qui se chamaillent : la ville de cette enfance étrange que l’on lui a soulignée. Il lève les yeux, la vieille frappe sur son tapis à la fenêtre, elle le guette. Son regard parle de cette haine et de cette crainte : de le voir partir avec sa protégée. Cette jeune fille, ces fleurs de papiers qui dorment dans son sac.

Dans ce brouhaha continu, assis sur cette caisse, il se revoit la faire approcher. Ce rappel cinglant de son passé. Elle acquiesce, elle viendra. Il le sait, l’a déjà vécu : ce moment cruel. Bientôt nue dans son lit elle scellera le destin de sa brève existence. Son corps déformé est étendu entre la table et le mur dans le coin de la pièce. La peur sent, de cette odeur magique qui rassasie sa faim. Quelle sensation…

La vieille reçoit de la visite. L’homme entre en trombe dans la maison. Les beuglements sont son annonce, ses pas sont son crime. Abject et à pourtant à peine criminel, l’employé est main qui se choisit. Il tourne le regard vers cet enfant dans son berceau. Ses traits sont déjà si définitifs. Son estomac se noue. Les pleurs réveillent cet instinct qui lui assèche la gorge. Il reconnaît dans ce visage poupon : ses yeux, sa propre bouche qui souriait à son retour. Son garçon, la chair de sa chair.

- Voici votre prix, monsieur.

Son homme de main agite le corps de l’enfant devant lui. Gerati sourit, le remercie bientôt. Sous les yeux des contracteurs et des siens revenus, il revoit son fils. Il est presque gris, les yeux vides le fixent il en est certain.


Il remonte la couverture vers sa tête. Les larmes l’immergent sous un lac. Il tourne la tête sur le côté, vomit.
Tandis qu’il crache les derniers monceaux de son repas les eaux s’assèchent. Comme s’il venait de rendre sa culpabilité avec sa bile. Maarten se remet sur le dos, les yeux à nouveau pris de ce rêve qui l’a fait survivre à ce même âge. Celui qui l’aura fait meurtrier de son propre fils, celui qui l’a fait brûler tant de foyers, détruits tant de vies, mené à cet endroit où il est étendu.

Les derniers fléaux de sa geste préparent leur entrée. Le champs-monde est ensemencé de sa haine. Inaltérable, comme son empire sur l’esprit de ses ennemis. Les premiers chocs commencent à réveiller leurs consciences. L’angoisse, la terreur sera la suite, leur fragrance remontent déjà à son royaume.

Ce souverain qu’il est devenu, règne sur tout ces univers. Pendant que l’ancien monde tremble et s’écroule, il peut jubiler. Sa vengeance tue partout, sur toutes les terres alors qu’il vit l’esprit libre.

Il est prêt.

Il s’appelle Maarten Chapelier.
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Re: [bghumain] Maarten

Message par Monsieur » ven. 20 avril 2012 à 15h26

D’apparition en apparition, l’homme parcourt la ville et la campagne. Couvert sous ce manteau qui le dérobe encore à l’œil-monde, il marche d’un pas rapide. Son cœur bat l’impatience. Les arbres s’en plient sans qu’ils ne subissent aucun vent. Mais cette fragrance lui parcourt la peau. Elle titille ses papilles, son désir grandit.

Il se penche sur le bassin, récupère ce qu’il est venu chercher. Trois ondées s’échappent de sa main lorsqu’il touche le liquide. Comme les trois fléaux qui viendront ils se brisent au rebord dans un claquement. Un visage s’y dessine presque.

Son bras se soulève, les mots éclatent. Un grondement silencieux le fait trembler. Il est ailleurs. Un endroit désertique. Des falaises et des canyons escarpés deviennent son horizon. L’homme se masse la nuque, le cherche du regard. Il l’aperçoit bientôt. Devant les cadavres qui jonchent le sol, son contact l’attend. C’est pourtant toujours cet amusement qui domine, lorsqu’’il le rencontre et s’approche. Ce curieux sentiment.

- Je te salue, Maarten.

Il lui répond mais ce ne sont pas des salutations qu’ils sont venus échanger. Une nouvelle étape doit être franchie, bien que le chemin semble encore long. Leur palabre prend des allures mystiques l’endroit aidant, mais de ces effluves qui s’échappent d’eux c’est un autre récit qui s’écrit. Maarten redresse les yeux vers lui.

- Alors c’est le moi du passé qui détient la clé de ce royaume ?

Les pensées s’entrechoquent mais la froideur reste. Il a changé, devenu plus fort ou plus insensible. Il sait ce que tout ceci signifie, ce que cela implique. Ses mémoires lui reviennent, elle et leurs aventures, mais cette ambition de pouvoir qu’il nourrit également. L’heure des choix a pris un tout autre chemin. Son moi du passé…

Je détruirai le dernier lien qui me relie au passé. Je détruirai la dernière personne qui peut encore témoigner…

L’étendard nouveau est hissé. Sa dernière renaissance il doit la faire seule. Mais aucune larme, aucun pleur, il a laissé le chagrin derrière lui. Il est autre déjà.


Elle lève son verre à sa couronne. Sa gorge en fera siffler deux, comme pour assurer son succès, se jeter plus corps et âme encore dans ses bras. Maarten se tapote la joue d’un doigt, devise sur l’ironie de cette situation grotesque. La femme de sa vie, de ses rêves les plus enfouis se tient devant lui. Après ces années d’action commune il se prépare pourtant à la tuer.

Transcendé, il garde l’impression de ne pas toucher le sol. Une distance mystérieuse l’empêche d’agir, d’arrêter cette abjection. Son humanité est-elle seulement encore ? Elle lui sourit. Tout dans ce corps et cet esprit lui inspirait l’affection, l’amour même ; encore quelques semaines auparavant, bien qu’il ne se le serait pas avoué. Aujourd’hui pris de cette clairvoyance, il se voue à nouveau à détruire ce qu’il a construit.

De rencontre en rencontre l’ont mené à ce point de rupture, de rêve en rêve, d’euphorie en euphorie. Combien ont-ils partagés ? Il n’a rien oublié. Mais de cet être l’on ne peut relever qu’une vague déception. Qui est-il ?

- Je veux un enfant.

Elle pourrait manquer de s’étouffer mais n’en fait rien. Les mots peine à lui répondre mais le mal est fait. Sa colère gronde mais elle ne comprend pas. Le sentiment qu’il lui insuffle l’aveugle comme le voile qu’il a mis sur eux.

Leurs ébats se font dans la violence, suit son contraire. Etendue nue à son côté, Maya se voit devoir fixer le plafond. Il caresse sa peau, il veut lui dire des mots qui ne sortent pas.

Tu peux comprendre à présent que c’est un tout autre enfant que je désire.

Il veut être lui-même cet enfant. C’est son moteur. Il embrasse ses lèvres, soutient le regard de haine de sa compagne. Tout lui parait curieux, comme si rien n’avait jamais eu lieu. Ses doigts redécouvrent son corps, ses lèvres goûtent à nouveau le parfum des siennes. Mais aucune émotion, que cet état de fait.

Maarten pose son front contre le sien, sa main sur son sein. Son souffle leur assure un contact mais il sait qu’elle n’en ressent rien. Le pouvoir circule dans son bras, aspire la vie de celle qu’il a aimée malgré tout.

Maya… ma Maya adorée… sans trahison, où serait la tragédie ?

Il se relève, le cadavre avec lui. Sa tête vient se poser sous sa main et tandis que la chair brûle à son contact, les mots se lisent:
Envole-toi, sublime-toi, et deviens l'avatar ténébreux qui plongera le monde dans le chaos et la désolation afin de le faire renaitre transcendé et plus puissant encore.
Le monde a changé.

Il est l’homme en noir.
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