[BG] Gudryn (sans clan)

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hivana
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[BG] Gudryn (sans clan)

Message par hivana » jeu. 20 septembre 2007 à 19h00

Un petit tas de linge blanc à la teinte légèrement verdâtre reposait au pied d’un grand arbre, semblant soupirer de l’intérieur par intervalles réguliers. L’aube avait fini par recouvrir l’étrange paquet de rosée fraîche mais, malheureusement, pas assez selon l’avis de son contenu.

A l’intérieur, une petite masse de chair rose se débattait furieusement contre tout ce tissu qui l’emmaillotait fermement depuis trop longtemps à son goût. En plus de la trop grande chaleur environnante, la faim également se faisait sentir. Ce qui la poussait plus encore à se sortir de cette prison de douceur. Son instinct de bébé blond combattait donc dans un seul objectif : les bras de maman ! Le sein de maman. La fraîcheur de ses doux baisers. Où est ma maman ?

A force de rage et de détermination, la bataille se termina enfin par une victoire. La petite fille finit par poindre le bout de son nez, mais ses espoirs s’estompèrent aussitôt. Si elle avait pu parler à cet instant, elle aurait hurlé « j’ai froid ! » et sa petite voix aurait été portée parmis les arbres de cette immense forêt sur plusieurs centaines de mètres. Mais ce ne fut que des cris d’indignations face à la fraîcheur soudainement devenue ennemie après avoir été tant convoitée qui se firent entendre. Elle hurla tout d’abord sa rage d’avoir été dupée pour ensuite en venir aux cris de détresse pour son ventre vide et sa peau devenant peu à peu glacée.

« Oh la ferme ! Fit une voix masculine s’approchant. Qu’est ce que t’as à gueuler comme ça, tu me fiche mal au crâne ! »

Une voix inconnue, des phrases sans aucun sens pour elle mais c’était une présence ! Elle se calma sous le coup de la surprise puis repris de plus belle. L’intonation changeant afin de l’inviter à vite venir et à l’aider. Tendant les bras avec force, gigotant de plus belle pour se faire remarquer. Mais l’humain n’y compris aucune différence. Il vint tout de même à sa rencontre dans la ferme intention, tout d’abord, de la faire taire d’un bon coup de pied. Il fut trop rapidement rejoint par sa femme que les cris d’un bambin avaient fait prestement quitter l’abri de la roulotte. Celle-ci, le ventre rond d’une future naissance, ne pu s’empêcher de s’extasier sur cette trouvaille en pleine nature et sorti exactement ce que son mari aurait rêvé ne pas entendre.

« Oh ! Un bébé ! Mais comme elle est belle ! Toute seule, abandonnée, on va pas la laisser la hein ? Dis ? On va pas la laisser ! »

Il n’eut même pas le temps de refuser avec toutes les meilleures raisons du monde que la petite se trouvait déjà dans les bras de sa moitié. Cajolée, chatouillée et s’étouffait presque de ses rires.

« Oh ! Je parie qu’elle a faim en plus. »

Et ce fut rapidement et sans se poser de questions inutiles qu’un sein apparu de son corsage afin de rapidement calmer le nourrisson.

« T’es folle femme ! On va pas garder ça ! Et puis, qu’est ce que c’est que ce truc la ! Ces oreilles grotesques ! C’est ridicule ! Encore une bouche à nourrir, ouais ! »

Mais rien n’y fit. Le bébé rose aux longues oreilles se rassasiait sagement à présent et fut emmené dans la roulotte de ces artistes itinérants qu’ils étaient.

Parcourant les routes, traversant les villes et villages du royaume d’Azur afin de divertir populace et badauds, la Troupe du vent accueilli donc la petite elfe sans savoir ce qu’elle était exactement. En ce royaume si éloigné des terres elfique, de leur culture, de la moindre trace de leur race même, la petite Gudryn fut élevée au milieu de saltimbanques, chanteurs, danseurs, amuseurs publiques … bref, d’artistes en tout genre. Mais aucun n’ayant cette particularité qui la caractérisait tant. Ses oreilles, anormalement longues et pointues pour eux.

Souvent, la fillette se penchait au dessus d’un point d’eau, contemplant son reflet, tentant de dissimuler sous ses cheveux, ces deux aberrations de la nature comme certains disaient, mais sans grand succès.

Le temps passa. Les enfants grandirent mais pas elle. Ils devirent adultes, se marièrent, vieillirent mais pas elle. Il lui fallu bien longtemps avant de connaître les troubles de l’adolescence, ses maux, ses merveilles. Bien des fois, elle fut traitée de toute sorte de surnoms, drôles ou cruels sur sa différence. Mais le seul qu’elle garda, son préféré, celui que lui avait donné sa maman fut celui dont elle en fit son nom : Lesbleblonds. En référence à la couleur de ses cheveux.

Lorsque celle qui l’aimait tant disparu, tout changea. La protection dont elle bénéficiait depuis toujours grâce à elle disparu. Si elle voulait survivre, il lui faudrait travailler et se débrouiller par elle-même. Par chance, Gudryn portait un don en elle. Outre sa bonne humeur et sa candeur, elle possédait le don de la grâce et s’en servit pour apprendre à danser. Ne tardant pas à se faire détester un peu plus par celles qui occupaient déjà ce poste au sein de la troupe tant elle attirait les regards vers elle lorsqu’elle se mettait à tournoyer et virevolter.

On voulu la chasser dans un premier temps mais ne sachant ou aller, elle continua à les suivre malgré tout. Dormant à l’abri sous les roulottes ou dans la cage des deux licornes les nuits trop froides. Elle finit même par tant se faire accepter d’elles que le dresseur lui-même lui confia la tâche de les soigner et de les nourrir. Evitant ainsi les nombreux coups de cornes qu’il recevait d’elles de par ses gestes brusques et peu courtois pour ces nobles animaux.

Difficilement mais sûrement, elle avait fini par gagner sa place dans la troupe. Lors des annonces des futures représentations, elle déambulait, dansant dans les rues en compagnie des autres, attirant les regards parfois curieux, parfois moqueurs, parfois rêveurs sur elle. Allait naïvement mais pleine de joie vers les passants, leur proposant ses services, armée d’un charmant et frais sourire que peu avait le cœur à refuser.

« Quelques pirouettes contre quelques piécettes, messire ? »

Et elle dansait alors, chantonnant gaiement contre quelques petites pièces de cuivre. C’était bien peu mais elle gagnait de quoi mettre un peu d’argent de côté. Sans trop savoir ce qu’elle en ferait. Rêvant d’une robe magnifique quelle pourrait un jour s’offrir grâce à cela.
Les temps étaient durs, l’argent vite dépensé à se nourrir et la robe convoitée ne vint jamais. D’ailleurs, ou l’aurait elle rangée ? Elle qui n’avait pas même un vrai toit sous lequel s’y reposer. La troupe devint plus amère qu’elle ne l’était déjà, les affaires marchaient de moins en moins, les poussant parfois au vol plus qu’à l’amusement des spectateurs.

Un jour, ils en virent même à revendre certains animaux dont le couple de licornes. Ses seuls compagnons. Triste, Gudryn ne trouvait plus l’envie de danser, et ne servait plus à rien dans la troupe selon eux. D’ailleurs, beaucoup en était parti pour s’installer de manière fixe tentant de trouver un emploi stable dans quelconque grande ville. Souvent, elle craignait qu’ils ne la chassent sans ménagement.

Un soir, les pauvres artistes des rues se réunirent autour du feu du campement et émirent tout un tas d’hypothèses sur le moyen de trouver de l’argent. Une idée folle fusa parmis tant d’autres et fut retenue. Certains prendraient le bateau vers un continent plus riche et iraient s’y remplir les poches pour le bien de la communauté. Il était clair dès le départ qu’ils ne procéderaient pas de manière légale mais qu’importe puisqu’ils repartiraient aussitôt riches. Ils sortirent une carte et l’étudièrent.

« A l’est ! Nous irons à l’est. J’ai entendu parler de cette région, il y a de quoi s’y enrichir. Les villes sont riches, les commerces prospèrent. Nous proposerons diverses marchandises exotiques, recueilleront des commandes ainsi que les acomptes dans une majorité de boutiques puis disparaîtront aussitôt avant d’être découverts. »

L’idée était lancée et tous furent d’accord.
Une fois couchés, Gudryn observa cette fameuse carte. Ne comprenant pas un mot aux nombreux signes qui y étaient dessinés puisque personne ne s’était jamais attardé à lui apprendre à lire. Par contre, elle savait heureusement compter. Elle était ornée des gravures de toute beauté qui attirèrent son attention. Une licorne dessinée surtout. Elle prit donc la décision de les suivre. Sans demander leur avis, elle les suivit jusqu’au port, et s’offrit un billet aller-retour.

« Un billet pour Diran, monsieur. Fit elle au vendeur. »

« Pour ou ça ma drôle de petite demoiselle ? »

« Heuuu … comme les deux hommes juste avant. »

« Aaaah ! Giran vous voulez dire ! C’est bien, vous rentrez chez vous ma petite ? »

Le vieux marin avait certainement du voyager si loin que son aspect lui rappelait les elfes croisés sur les ports de Gludin, Giran ou même Heine. Des noms encore inconnus pour elle.

« Chez moi ? Comment ça ? »

« Oui … enfin, à Harmondiel je voulais dire, bien sur. »

Devant ces paroles étranges remplies de mots inconnus, sa seule fortune s’envola donc d’un coup. Adieu la jolie robe mais une nouvelle opportunité s’offrait à elle. L’espoir de revenir riche également, peut être de s’installer un jour dans une ville comme d’autres avaient fait avant elle, plutôt que de dormir au dehors et au froid. Bien qu’elle n’avait rien compris à la méthode à suivre pour y arriver.

Elle s’embarqua donc pour un très long voyage qui fut pénible au début. Entre les hauts le cœur que le tangage provoquait, il lui fut difficile de profiter de la vue sur l’océan. Au bout de trois jours, son corps accepta enfin les roulis ainsi que son manque d’équilibre et elle pu découvrir la merveilleuse étendue d’eau, touchant le ciel à l’horizon. Cela la laissait rêveuse, des heures durant sur le pont. Ecoutant à peine les directives lancées par ses compères de voyage sur leur projet.

Au bout de plusieurs jours, le port de Giran apparu enfin. Ils débarquèrent et se mirent en direction de la ville convoitée mais une erreur de direction les conduisit plutôt à Dion. Une petite ville qui sembla minuscule et bien simple à ses compagnons pour y faire fortune. Mais, même s’ils s’avéraient un peu déçus, ils mirent leur plan à exécution et firent le tour des boutiques.
Ravie, les yeux écarquillés devant tant de nouvelles choses, Gudryn ne suivait pas les discutions d’affaires. Souriait tout le temps aux commerçants, amenant naïvement la confiance en eux, ce qui aida quelque peu aux arrangements.

« Voyez la douceur de sa peau/l’éclat de ses cheveux, Messire/Madame ! L’exemple vivant que notre produit de beauté est d’une qualité supérieure et si efficace qu’il vous rendra bien vite riche. Toutes les dames du pays se l’arracheront. Signez ici … »

Arnaqueurs dans l’âme, les contrats furent signés et le jour du départ déjà prévu. Ils la menaient d’une boutique à l’autre, lui laissant à peine le temps de contempler les étalages remplis de merveilles pour elle. Cependant, dans leur course, un rire cristallin attira l’attention de la jeune fille, elle tourna la tête dans sa direction. Ses yeux s’agrandirent, sa bouche forma un « O » d’étonnement, le souffle coupé l’espace d’un instant, elle ne croyait pas à ce qu’elle voyait la, à quelques mètres d’elle. Elle pointa un doigt tremblant vers le petit groupe bien joyeux dont les membres discutaient au milieu de la place.

« Il … il … »

L’un de ses compères lui prit la main qu’elle tendait, craignant de se faire remarquer avec son attitude qu’il jugeait idiote.

« Ben ouais. Y’en a des tas comme toi par ici. Tu te croyais unique peut être ? »

« Mais … vous m’avez jamais dit que … je croyais que j’étais anormale, une erreur de la nature. »

« Allez, c’est bon. Ils vont pas s’envoler non plus. Viens maintenant ! »

Mais l’elfe qu’elle voyait pour la première fois la fascinait. Elle ne pouvait en détacher ses yeux. Tant qu’elle finit par se faire remarquer de lui. Et se tourna vers elle et lui sourit, la salua de la tête et repris sa discussion.

« Qu’il est beau ! Il est blond … comme moi ! Pâle, comme moi ! Et puis, il a … des oreilles comme les miennes … »

« Ouais mais n’oublie pas non plus qu’il est égoïste comme ceux qui t’ont abandonné il y a des lustres. Ils font les fiers et se sentent supérieurs à tout le monde. Moi, ils me dégoûtent. »

L’homme cracha par terre et l’entraîna pour une dernière transaction dans ce lieu. Ils réitérèrent ainsi leurs actions dans d’autres villes ensuite tout en se rapprochant du port de Gludin pour assurer leur retour pressé.

Ce soir là, l’argent recueilli leur permis de dormir dans une auberge. Miteuse en fait mais c’était un tel luxe pour elle qu’elle se promit de ne plus jamais dormir aux quatre vents.
Mais ces paroles à l’encontre des elfes la troublaient encore. Il n’avait pas tort, on l’avait abandonnée à la naissance. Ils pouvaient être à la fois si plaisants à regarder, à entendre mais si dépourvus de pitié.
De par leur faute, elle avait souffert des années, à l’écart d’une vie et d’un confort simple mais qu’elle aurait tout de même mérité. Elle leur en voulait un peu à vrai dire, de ne lui avoir laissé aucune chance dès le départ.

A l’aube, on vint la chercher pour déguerpir au plus vite, reprendre le bateau et rentrer dans le royaume d’Azur, fortune faite.

Le cœur un peu gros, elle regardait les côtes disparaître peu à peu depuis le pont.
Elle compta ensuite, cachée dans un coin de la cale, le peu d’argent qu’ils lui avaient laissé en fin de compte comparé à ce qu’ils avaient obtenus. Sa part s’avérait plutôt inégale, ce qui ne l’encourageait pas pour l’avenir. Mais comment reculer maintenant.

Leur retour fut dignement fêté par la troupe. Même elle, eut droit à un bon repas chaud. Le premier parmi eux depuis si longtemps. Le vin coulait à flot, ce qui n’était plus arrivé depuis des années, les plats se passaient et rassasiaient enfin les estomacs. Tout était enclin à la gaîté et à la gentillesse tout à coup avec la venue de l’argent ! Tant et si bien qu’elle ne se méfia de rien lorsque le chef du groupe lui proposa sa roulotte pour la nuit. Ivre, ses buts n’étaient pas des plus charitables hélas.

La petite fête se termina lorsque la nuit fut tombée depuis bien longtemps. Fatiguée, Gudryn était ravie de dormir au chaud, cela lui rappelait son enfance lointaine lorsqu’elle avait encore le droit d’y dormir. Elle entra sans méfiance, suivie par l’homme titubant qui se déshabillait déjà dans son dos. Elle se tourna vers lui, semblant heureuse et prêt à le remercier pour sa générosité lorsqu’il se jeta sur elle et empoigna sa robe, la tirant pour lui ôter.

Gudryn cria à l’aide mais soit les autres étaient trop saouls soit ils s’en fichaient pas mal. Elle avait déjà reçu des coups de bâton parfois, ou des claques mais n’avait jamais subi ce genre de comportement. Cette intimité forcée, ce rapprochement violent et sans son consentement. Les mains de l’homme tentaient des choses dont on mettait en garde les jeunes filles, les prévenant de ne jamais accepter de telles choses sans risques de sérieux soucis. Fouillaient sous sa robe, lui faisaient mal à la pincer maladroitement alors que sa bouche tentait des baisers malodorants dans son cou.

Elle le repoussa du plus fort qu’elle pu, le faisant reculer d’un pas mal assuré mais il revint la charge. C’est alors qu’elle commis un acte terrible et irréparable sous le coup de la peur. Se saisit d’un objet à sa portée, sans trop regarder de quoi il s’agissait, eu le réflexe de le frapper de toutes ses forces dans l’espoir de le stopper dans sa course et ses intentions.

Il était clair qu’elle y avait réussi. Le bouclier qu’elle tenait dans les mains était maculé de sang et l’homme à terre, inerte portant une large blessure à la tête commençait déjà à s’en vider sur le plancher de la roulotte.

Gudryn tomba a genou et se mis à pleurer, s’en voulant honteusement pour son geste. Alors que tout allait enfin s’arranger, elle risquait certainement la mort pour avoir osé le frapper. Sans trop réfléchir à ce qui aurait pu se passer au réveil de la troupe, lorsqu’ils se rendraient compte de son crime, elle prit ses jambes à son cou.
Aradia Cadmus, Etudiante en Civilisations anciennes.
Fondatrice de l'Ordre des Corpus Draconis.