Une rose sombre
Première naissance depuis 200 ans, vous imaginez bien à quel point je fus une enfant choyée. J'eus les meilleurs professeurs et j'ai une excellente mémoire, il me fut donc facile d'apprendre l'histoire de mon peuple, l'astronomie, la religion. J'ai appris plus tard, pendant mon exil, que ce qu'on m'a appris de la religion avait bien changé depuis que la colonie avait été coupée du monde mais j'y reviendrai plus tard. C'est l'apprentissage de la magie qui me causa le plus de soucis; là où mes professeurs et mes congénères manient l'eau, je ne sais que manier la glace. Je réussis quand même à maîtriser mon don si différent grâce à mes professeurs.
A ma majorité, il s'avéra que j'étais devenu une elfe accomplie : belle, intelligente, douée en magie (si particulière soit-elle), si bien que les prétendants devinrent de plus en plus nombreux. Le choix ne se fit pas selon les sentiments que je portais à la personne, il me semblait de plus en plus évident que j'étais étrangère aux sentiments. Je choisis la personne la plus puissante, la plus riche, la plus proche du pouvoir royal de l'île. C'était le début de mon ascension au pouvoir.
Comme je vous l'ai dit avant, je ne ressens aucun sentiment. Je pense que c'est une conséquence de ma naissance et du rituel qu'a pratiqué mon père pour me sauver. Très vite, je me sentis comme un poisson dans l'eau dans les hautes sphères du pouvoir, n'hésitant pas à écarter les opportuns de ma route. Cinquante années s'étaient écoulées depuis ma majorité et j'étais déjà une amie et confidente de la reine, sa plus intime conseillère.