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par Azdreugi » ven. 8 janvier 2021 à 16h45
Dans une taverne de Dion, une barde laissait ses doigts s'exprimer sur son instrument tout en rêvassant. Les notes dansaient et virevoltaient dans la salle commune exprimant la joie d'une renaissance et la fin des jours sombres. Nous étions à la fin de Blancheterre et déjà les jours semblaient prometteurs. Par la fenêtre, la musicienne regardait filer les nuages cotonneux en cette fraîche matinée. Malgré tout, on pouvait voir de-ci de-là des animaux passés d'arbre en arbre en profitant du soleil et de ses timides rayons.
Peu de monde était réuni dans la salle commune, quelques travailleurs qui rentraient après une nuit de labeur discutait doucement entre eux. Quelques serveuses passaient entre les tables en passant des chiffons dessus. Le barman nettoyait ses chopes avec un regard protecteur pour les bambins qui jouaient près de la cheminée où brûlaient quelques bûches.
Les enfants, âgés de 4 à 6 ans, étaient au nombre de quatre. Trois garçons et une fille qui brandissaient de petits bouts de bois tel des épées prêtes à pourfendre démons et dragons. De temps en temps, ils jetaient un coup d’œil vers la musicienne chez qui on pouvait apercevoir deux oreilles pointues percer à travers sa toison d'argent.
Toujours absorbée par ses pensées, ses longs doigts fin changèrent de rythme, tirant une nouvelle mélodie, plus triste et mélancolique. Les discussions diminuèrent tous se tournèrent vers la femme. Les yeux fermés, des larmes semblèrent perler de ses yeux amandes. Des images s'imposèrent dans les esprits, la perte d'être cher, d'un foyer, le déracinement. Puis les notes se transformèrent de nouveaux, plus légères, plus joyeuses, rappelant le temps des retrouvailles, de la famille et des bonheurs simple et partagé. Sa voix commença à fredonner doucement, pure, cristalline avant de prendre forme dans l'air. Des sourires apparurent sur les lèvres, un couple âgé se prit la main et vieille femme laissa sa tête s'appuyer sur l'épaule de son mari. Deux serveuses se prirent par les épaules, les enfants avaient cessé de jouer et se tenaient par la main. Nul ne comprenait les paroles chantées mais aucun n'en ignorait le sens car la compréhension se faisait par l'émotion transmise. Puis les doigts s'arrêtèrent, laissant planer les dernières notes en même temps que le chant. Le temps semblait s'être arrêté dans la taverne de Dion.
Quand elle rouvrit les yeux, l'elfe sentit une petite main tirer sur la manche de son manteau. La petite fille à la crinière de feu la regardait de ces grands yeux innocents en lui tendant de son autre main une petite poupée.
- Tiens madame, c'est Créa, elle m'a toujours remontée le morale quand je me sentais triste.
Surprise, elle essuya le visage des larmes qui y avaient coulés. Remerciant la petite fille d'un sourire, elle accepta la poupée. Elle releva les yeux devant le barman qui s'était approché en tenant une assiette de potage encore fumante. Gallae, déposa son instrument et accepta de bon cœur l'assiette tendue pour elle. Le barman prit la petite fille dans ses bras et lui appliqua un gros bisous sur sa petite joue rose qui fit glousser sa fille.
Après avoir terminé son repas, le barman revint la débarrasser.
- Vous restez longtemps en ville ?
- Non, je ne pense pas. J'entends déjà le vent qui m'appelle pour repartir.
L'homme la regarda en haussant les sourcils avant d'enchaîner.
- Où comptez-vous aller ?
- Cefedellen, je rentre chez moi pour cette fois.
Le regard de Gallae se voila quelques secondes avant de se reprendre. Elle adressa des remerciements au tavernier et dirigea vers la petite fille qui était retournée jouer près du feu.
- Ná elenath dín síla erin rád o chuil lín petite fille et merci pour Créa, elle m'a beaucoup aidée. Elle embrassa la petite sur le front après lui avoir rendu son bien et récupéra son instrument ainsi que son bâton avant de quitter la taverne. Sur le seuil, elle murmura une prière à l'adresse d'Eva.
- Eva, Mère des nôtres, puisses-tu accorder ta bénédiction à cet homme et sa famille. Que jamais ils ne connaissent le chagrin et que leur bonheur soit à la hauteur de ta grandeur.
Du bout de son bâton, de l'eau apparut et sembla danser autour d'elle dans un balais aérien avant de disparaître ne laissant de visible qu'un arc-en-ciel.
Azdreugi Drenrum
Doruinn