Quand j’ai quitté le campement, je n’imaginais pas une seconde arriver là où je me trouve aujourd’hui. À vrai dire, je n’aime jamais trop anticiper. Un minimum est requis, nous sommes d’accord ; la réflexion est importante. Toujours est-il que si j’ai une visualisation trop nette de ce que je souhaite, je finis souvent par être déçue.
En réalité, j’imaginais simplement accompagner des mages de soin dans les rues pauvres, déplacer des caisses, ou... N'importe quoi où l’on a besoin de monsieur ou madame lambda pour des tâches que personne ne souhaite faire. Quelque chose comme ça.
Tout s’est passé si rapidement.
J’avoue que les derniers évènements m’ont sacrément retournés le ventre. Le cerveau. Et peut-être le cœur aussi. Et ce n’était pas en déplaçant des caisses.
Ça a commencé à Oren. J'y ai rencontré le Préfet de la ville, un certain Eliadus Haydon. Il faut dire, il était plutôt voyant avec son halo de stupeur. Il faisait fuir la foule autour de lui. Les gens couraient les yeux exorbités de peur. Ça m’a intriguée et effectivement, ce n’était pas une bonne idée. Prise de peur et d’angoisse, je me suis écartée à mon tour. C’est comme ça qu’on a commencé à parler ; apparemment, une histoire avec des Élémentaires qui avait plus ou moins mal tourné, et le voilà, lui et plusieurs compères, accaparés d’un halo d’anxiété. Il m’a suggéré de rejoindre leurs troupes pour les étudier. J’avoue, ça ne m’a pas donné très envie à première abord, avec leur aura peu attrayante. Mais j’ai accepté, histoire de me faire bien voir et puis bon, les Éléments m’ont toujours intéressée. Le Préfet Haydon est un mage puissant, connaisseur et passionné des Éléments et de Savoirs en tout genre. Guerrier également, Préfet aujourd’hui. Un homme d’ambition, tout de rouge et de métal paré. L’attitude et l’émotion contenues. Calme, et sans doute d’une colère qui se savoure froide. Je me trompe peut-être. Cela dit vu le bagage du bonhomme, l’inverse serait sans doute tout autant intéressant à voir…
Les jours suivants, j’ai continué mes recherches, dans plusieurs villes en vain. Entre temps, je philosophais sous un arbre avec un Sombre, et petit à petit, mes économies s’en allaient.
Puis, il y a eu ce livre. Ce maudit bouquin scellé.
Il m’avait intrigué, là sur les pavés. Abandonné. Et ce sceau puissant qui préservait son contenu. Je me doutais bien qu’il enfermait quelques savoirs importants... et, bêtement, je n’ai pas osé le prendre avec moi. Dissimulé dans une fente d’un côté de la cathédrale, j’étais retournée voir le Mage Rouge, le Préfet Haydon. Le temps de revenir, il avait disparu. Aucune trace. Mais nous avons eu le temps d’en parler, et de comprendre qu’il devait appartenir à… Alaric. Encore lui. Je n’ai pu m’empêcher quelques commentaires sur le personnage… dans la rue. Parler dans la rue d’Alaric, de manière négative et… en ajoutant des « moi, je me permettrais bien de ne pas le lui rendre son bouquin » et des « Il a peut-être des plans foireux en réalité, ça nous permettrait de savoir une bonne fois pour toute ». Dans la rue. Avec des gardes. Ah bravo. Intelligent. Super. Des confettis.
Je peux vous dire que j’ai appris, par la suite et à me promettre de ne plus refaire cette erreur.
Le garde m’a entendue… Le jour suivant, je me faisais enlever par un Harfang, un membre des Serres Ardentes. À ce moment-là, je pensais que c’était des hommes d’Alaric qui m’enlevait pour me torturer et me faire avouer que j’avais caché le bouquin quelque part…
Estielle, pourquoi ta mort me retourne encore le cerveau ?
Note : À travailler
Je constate que j’écris de manière calme et sereine à propos d’un... * tracé * de mon enlèvement, comme s’il s’agissait.. d’un fait anodin. Mais… Je * tracé *
J’ai mis plusieurs jours à me remettre de cette.. de ce jour-là. Se faire enlever… J’avoue, je n’avais jamais expérimenté. Et je n’ai aucunement l’intention de recommencer. Passons.
Ce qui importe, c’est que j’ai réussi à m’échapper. Sans doute par chance. J’ai été aperçue et ils m’ont coursés.
Ils étaient nombreux, heureusement, j’étais agile…
À la sortie, un Elfe m’a attaqué en pensant que, comme je sortais de leur antre, je faisais partie des membres des Serres Ardentes. Il était accompagné d’Eliadus et d’un nombre incalculable d’hommes armés. Ils ont fini par me soigner et je comptais bien décamper… sauf qu’ils comptaient retourner dans les souterrains. Je venais d’en sortir. Indemne ! Et tout était prêt à s’écrouler… !
En y repensant, je me demande encore comment cela se fait que je les ai suivis. Une envie de vengeance ? De juste en savoir davantage ? De prouver une certaine capacité… à contrer mes émotions ? De me rattraper envers… l’Elfe ?
L’Elfe… Il était un Faucon de Cefedellen. Des cheveux cendres alliés d’un regard océan. Un Elfe d’un certain âge, son regard semble poème dès qu’il ne dit mot et qu’il observe d’un air pensif. Vous savez, cet air sage qu’ont certaines personnes lorsqu’elles regardent simplement devant elles, alors qu’elles ne pensent à rien ? Et bien voilà, le Faucon de Cefedellen, il donne cette impression-là. De grandeur et de sagesse. Avec un rien. Il avait lui aussi, été attrapé, et s’était comme moi, enfui. Mais contrairement à moi, il m’avait laissé une clé dans la main. Il avait fait un geste pour moi, alors que j’étais inconsciente et qu’il ne me connaissait pas. De mon côté, je n’avais pas eu le temps de voir s’il restait d’autres personnes enfermées. Peut-être... que j’avais envie de tenter de sauver à mon tour, une vie ?
C’était stupide. J’aurais pu les laisser faire, il faut dire qu’ils semblaient avoir l’habitude de ce genre de missions, contrairement à moi. Je pensais peut-être leur être utile… comme j’avais pu parcourir les sous-terrains. Sauf que l’Elfe aussi les connaissaient à présent. Bref, je vous dis, stupide.
Au final, j’ai été davantage une charge qu’un atout. J’ai passé mon temps à courir et éviter les combats... pendant qu’une créature de trois mètres de hauts, cornues, poilues et musclées comme un bœuf…se faisait anéantir par les troupes et les deux hommes de mission (sans qu'ils n'oublient de récupérer précieusement les divers documents intéressants au passage. Des habitués, vraiment).
En fin de compte, nous nous en sommes sortis vivants.
Et me voilà… avec des propositions de missions pour le Faucon de Cefedellen ainsi qu’un poste à la bibliothèque et au centre de recherche d’Oren.
Ah… Et je vous ai parlé de la Créature sous-marine de Cerulys ? J’écrirais peut-être bientôt à ce propos. Je compte bien entrer à nouveau en contact avec cette petite * tracé * immense merveille.
En réalité, il se fait tard et j’ai un cours avec le Professeur Idthar à l’aube (c’est d’ailleurs un réel plaisir de replonger dans ces études, même si les cours ne sont pas aussi passionnants qu’avec S. Ol’dereith).