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par Cissou » sam. 30 avril 2022 à 14h55
Au détour d’un chemin…
Ce matin-là, pour la jeune naine alors âgée d’une trentaine d’années, allait être le démarrage d’une toute nouvelle vision de sa vie…
« Mais t’es qui toi ?! »
« Moi, Annag, que fais-tu ici jeune fille ? »
« Je ne suis pas si jeune, mais merci pour le compliment ! J’ai suivi la piste des corps de ses bêtes que tu laisses derrière toi pour récupérer les objets qu’ils ont sur eux… Et je t’arrête de suite, je ne suis pas une détrousseuse ! C’est pour recycler et fabriquer ! »
« Très bien… ça me paraît être une bonne chose bien que je ne veuille pas te juger, sois rassurée à ce propos. »
C’est ainsi qu’Althea se présenta et exposa à la chasseuse orc ce qui l’amenait dans cette zone densément peuplée en bêtes en tout genre.
A la recherche de matériaux plus rares que d’ordinaires, son maître de forge l’avait envoyé vers cette zone pour la première fois en dehors de Goddard.
Elle ne l’interrogea pas sur sa provenance, et fût en fait ravie de pouvoir converser avec elle plutôt que de faire chemin à part.
Finalement, l’après-midi passa et c’est avec le même entrain que la naine avait eut durant tout ce temps qu’elle convia l’orc à boire un verre, afin de festoyer leur rencontre.
L’orc sembla hésiter et c’est à force d’insistance ou peut être de la joyeuseté de la naine qu’elle accepta.
Arrivées à l’une des tavernes de la grande cité, les regards se tournèrent vers elle. C’est vrai qu’elles formaient un duo hors norme. Et ce fût le père de la naine qui vint à leur rencontre, une choppe en main et le visage déjà bien rougit par l’état d’ébriété dans lequel il les accueillait.
Son père, aussi joyeux luron qu’il puisse être avait toujours la fâcheuse tendance à prendre de haut les inconnus et tel fût le cas en voyant la femme qui l’accompagnait.
« Ne commence pas papa, on n’est pas là pour ça… tu en es à combien dis-moi ? »
« Ah ma poussinette ! Sachez que c’est ma petite fille qui est avec vous, alors vous avez beau être orc, vous ne la valez pas du tout ! »
« Et ça y est ça commence… »
La naine était dépitée, chaque fois qu’elle le voyait, il la mettait sur un pied d’estale comme un trophée. Sauf que c’était à chaque fois la même rengaine, à rappeler qu’elle était petite, et qu’il évoquait quand elle était TRES petite en fait… Ce qui mettait la naine à chaque fois dans l’embarras.
Le père, toujours dans ses élucubrations, fût interrompu par sa fille.
« Arrêtes bon sang ! Retournes voir tes amis, regardes comme ils t’attendent ! Tu es tellement dans ton délire que tu ne vois pas comment tout le monde nous regarde ! »
Ce n’était pas la première fois qu’elle haussait le ton. Mais cette fois était une fois de trop. Elle avait passé un très bon moment en dehors de la forge, prendre l’air était revigorant, grisant, et elle avait eu réel plaisir à parler avec l’orc qui restait silencieuse maintenant, comme pour rester en retrait de tout.
La naine n’avait pas envie d’en dire d’avantage, au risque de blesser son père et alla s’asseoir à une table vide, le visage mécontent.
Son père resté bouche bée alla rejoindre sa tablée et c’est seulement à ce moment-là que l’on put se rendre compte que tout cet échange avait laissé les autres clients muets…
Les deux femmes passèrent commandes et ce fût l’orc qui rompit le silence, entamant la conversation sur le butin amassé par la naine.
Elles passèrent la soirée à discuter, l’orc lui expliqua d’elle-même sa venue dans la région, et ce qu’elle comptait faire une fois qu’elle allait terminer sa tâche.
Les récits de l’orc, ou peut-être est-ce l’entente qui naissait entre les deux femmes qui donnèrent matière à réflexion à la naine.
La nuit fût courte pour Althea qui ressassa des heures après encore les échanges de la veille. Il y avait une certaine monotonie dans son quotidien, être l’apprentie d’un maitre forgeron, c’était une place très importante, mais elle avait soif de découverte et de renouveau, d’apprentissage aussi.
Peut-être pourrait-elle affiner ses techniques en la matière auprès d’autres artisans ?
Et pourquoi pas se lancer dans la couture d’ouvrages uniques comme le faisait sa mère ?
Toutes ses questions en tête avaient pour seule réponse : Lances toi ! Pars avant de perdre les meilleures occasions de ta vie !
Et c’est ce qu’elle fit. Avant toute chose, elle en discuta avec cette orc qui, bien qu’inconnue la veille, avait réussi à bien cerner la naine. Elle donna son aval afin qu’Althea puisse la suivre quelques temps lors de ses pérégrinations.
Il fallut plusieurs jours à la naine pour s'organiser. Elle redouta durant tout ce temps malgré tout que l’orc puisse partir sans elle. Après tout, qu’est ce qu’une poignée de mains pour certains ?
Son solde en poche, un sac chargé voir surchargé de tout l’attirail du voyageur, elle assura à ses parents de retourner les voir et de leur écrire très souvent.
L’orc était présente au rendez-vous, l’aventure pouvait commencer pour Althea.
On dit que certaines vies sont liées à travers le temps...
Unies par un ancien appel qui résonne à travers les siècles que l'on appelle destin...