[BG Elfe] Sindari Athael

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Norir
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[BG Elfe] Sindari Athael

Message par Norir » lun. 5 septembre 2022 à 12h58

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Nom : Athael
Prénom : Sindari
Surnom :
Titre : Cardinal de la division des protecteurs
Age : 250 ans
Sexe : masculin
Race :Elfique

Métier : Protecteur au service de Heine
Compétences : technique et art de la division des protecteurs
  • Combat : Manie l'épée et le bouclier.
    Magie : Divine/sacré

Alignement : Loyal Bon
Guilde :
Faction : Heine
Langues parlées : Elfique et commun

Description physique :
Grand, plutôt massif, il a les caractéristiques d’un protecteur ayant voué sa vie à l'entraînement. Sa stature toujours bien droite est solidement ancrée au sol, comme si à chaque instant, il était prêt à recevoir un coup.
Il a le visage fin des Elfes – et, c'est assez rare chez un guerrier pour le souligner, dénué de marques propres aux horreurs de la guerre. De longs cheveux blonds tombent sur ses épaules et son regard d'acier semble toujours à l'affût – d'un danger ou d'une plaisanterie, vous le saurez assez tôt.


Caractère :
Foi, volonté, curiosité. Voilà les trois mots qui caractérisent le mieux Sindari.
La foi est pour lui un mode de vie, une réponse à ses questions, un phare dans l’obscurité de notre époque.
La volonté. Solide, il la veut inébranlable. Elle est un bouclier qu’il oppose à tout ce qui est trop horrible pour être accepté. Elle est une épée pour pourfendre ce que la sainte église a qualifié de mauvais.
La curiosité. Elle le pousse à découvrir, à apprendre et à comprendre le monde qui l’entoure. Pour un mage, cette quête de savoir serait louable, pour lui, c'est juste une envie... Un besoin qu’il assouvit en vivant au jour le jour.

Autres : Sa famille est lié avec une famille de faucon ( bénédiction de Mère nature)



Situation financière : aisée
Comportement social : bourgeoisie
Type d’éducation reçue : Religieuse, martiale
Pensée politique : Pour Einhasad et l’empire

Croyances :
  • Einhasad : Prie
    Gran Kain :Hais
    Eva :Respect
    Shilen :Evite
    Sahya :respect
    Pa’agrio : respect
    Maphr :respect
    Mere Nature :Prie dans l’intimité du foyer
Relations extérieures : Bonnes en général, il ne fait pas de distinction entre les races.
Dernière modification par Norir le mer. 7 septembre 2022 à 16h23, modifié 1 fois.

Norir
Elpy
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Re: [BG Elfe] Sindari Athael

Message par Norir » mer. 7 septembre 2022 à 16h19

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La peur est une émotion très utile, elle permet au corps de se mobiliser pour notre survie ; mais si on ne la maîtrise pas, elle peut nous paralyser et nous conduire droit vers la mort. C’est quelque chose que l’on apprend chez les Lions de Heine et que j’essaie de garder à l’esprit alors que les yeux de mon interrogateur parcourent mon dossier. Il me demande de confirmer mon identité. C’est la troisième fois que je la décline, je vais bientôt finir par douter même de cela.

- Sindari Athael. Elfe. 131 ans. Fils de Calindar et Rienil Deux sœurs. Résident de Heine. Soldat. Vous avez grandi à Heine et fait vos classes chez les Lions. Vos résultats étaient bons. Nous n’avons pas de trace de plainte à votre encontre.

J’acquiesce pour chaque information citée. C’est bien moi. Et en même temps, plus tout à fait, je suppose. J’observe la gravure censée me représenter dans l’article paru aujourd’hui et qui complète mon dossier. Mon regard est franc, mes cheveux sont clairs, ma peau propre. Mon état actuel est si déplorable qu’on peut difficilement croire que je suis cette personne.

Le greffier dépose une goutte d’encre sur un buvard et donne le départ d’un signe de tête : Que s’est-il passé ?

Je ne le dis pas au greffier et à l’enquêteur ; mais pour toi, lecteur, je dois d’abord te raconter l’histoire d’Anor. Quand je l’ai rencontré, il n’était pas plus gros qu’un œuf ; en fait, c’était un œuf. Ma mère me l’avait présenté avec la même émotion que les précédents. La famille Athael était liée depuis plusieurs générations à une famille de faucons.

Le premier œuf s’était trouvé sur le chemin de notre ancêtre dans les Champs des Murmures. Difficile de dire comment il y avait atterri, je n’ai jamais entendu parlé d’oiseau transportant leurs oeufs, peut-être qu’un braconnier l’avait arraché à ses parents ; ou peut-être qu’un animal espérait s’en repaître et avait été pris au dépourvu par son arrivée, toujours est-il qu’il l’avait recueilli et qu’une grande amitié les avait unis jusqu’à la mort du faucon. Chaque nouvel œuf était transmis à l’aîné de la fratrie qui répétait les mêmes soins que notre ancêtre, perpétuant le lien. C’est ma mère qui m’a initié aux croyances de la Nature et qui m’a appris tout ce que je sais sur elle. Aujourd’hui, je ne peux pas dire qu’Anor et moi avons une relation filiale, mais dans ses plus jeunes années, j’ai pourtant incarné la seule figure parentale qu’il pouvait avoir. Je remplissais le rôle de deux oiseaux, le couvant, puis le nourrissant, jouant avec lui pour lui apprendre à chasser en lui jetant quelques brindilles mêlées de laine comme le font les adultes avec leurs petits, l’invitant à s’envoler…

Je l’ai appelé Anor lorsque j’ai découvert ses deux iris de feu, jusque-là, il était resté affectueusement « le piaf », comme disent les Humains. Je l’ai vu dans son état le plus vulnérable, sans plume, bourré de duvet, hésitant à ses premiers envols, rentrant bredouilles de ses premières chasses ; et je l’ai aussi vu dans ses jours les plus glorieux, vif, le ramage luisant, en vol stationnaire si haut dans le ciel qu’il n’est plus qu’un point pour mes yeux, son ombre planant comme celle de la mort sur sa proie. Et s’il pouvait te raconter, lecteur, il t’apprendrait probablement quelques épisodes les plus honteux, lamentables mais aussi éblouissants et heureux de ma vie. Anor et moi avons donc ce rituel de retourner aux Champs des Murmures ensemble. Il se perche sur mon épaule tandis que je suis quelques sentiers, parfois il prend son envol pour partir en éclaireur, c’est une façon simple et douce de terminer une journée. Ainsi commence le récit pour le greffier.

Je me promenais, comme cela est mon habitude. Anor, perché sur mon épaule, prit son envol pour se poser sur le sol quelques mètres plus loin. Et c’est à ce moment que j’entendis la voix : bien articulée, onctueuse, elle suintait la satisfaction mauvaise.

- On s’est perdu, Blondinette ? Je peux t’aider à retrouver ton chemin.
Un Humain se tenait devant moi, crasseux mais souriant de toutes ses dents. Son acolyte venait de me souffler sa petite accroche à l’oreille dans un Humain lettré. Il appuyait une lame dans mon dos. Celui qui me faisait face prit une posture nonchalante. Derrière, Anor, toujours au sol, agitait ses ailes. Ses yeux me disaient de faire attention. Je n’avais pas grand-chose sur moi, un couteau de chasse, quelques adenas, un bracelet en argent reçu à la fin de mes classes de la part de ma sœur, et Anor : si je ne résistais pas, ils me dépouilleraient seulement. Si je protestais, la situation pourrait dégénérer. Ils me tueraient, sans hésiter. Anor huit faiblement. J’avançai pour me placer entre lui et les Humains, mais levai les mains en signe de soumission. Il était hors de question que je meurs simplement pour m’être baladé.

- Un Lion ! ricana l’un des voleurs en observant ma tenue.
Il me colla son pommeau dans l’estomac. La douleur était intolérable. J’avais l’impression de me faire mordre par un serpent – un serpent particulièrement vicieux. Je m’effondrai en essayant de me raccrocher. Mes nerfs étaient en feu. J’avais un goût de bile dans la bouche.
- Tu veux tenter ta chance, Blondinette ? (L’Humain ficha une lame dans le sol devant moi). Je t’en prie. Je ne demande que ça. Juste toi et moi. Vas-y, tente ta putain de chance.
Anor griffa le sol avec nervosité. L’autre Humain l’attrapa, coinçant ses ailes dans une de ses mains. Je n’étais pas stupide. Je levai à nouveau les mains, docile, et l’Humain me fit les poches avec un grognement frustré. J’observai Anor qui découvrait abasourdi la cruauté des humanoïdes. La prise de l’Humain le gênait et il remuait pour s’en libérer, mais cela n’avait que pour effet de lui faire serrer plus fort son emprise. J’ouvrai la bouche pour parler quand l’autre main de l’Humain entoura le cou d’Anor. Je ne vis pas s’il le lui rompit alors que je me baissais pour attraper l’arme, fonçant dans son comparse pour l’écarter de mon chemin.

Lorsque j’arrivais vers celui qui tenait Anor, je fus déstabilisé de ne plus le trouver entre ses mains. Mais, il était trop tard pour le chercher car j’avais ouvert la porte à la violence qu’ils avaient tant espérée. Ils m’acculèrent dans les marécages, et je me concentrai davantage pour ne pas tomber dans ces points d’eau boueux et traîtres que sur ma défense. Dans ma malchance, j’observais qu’ils demeuraient alignés et permutaient lorsqu’un de mes coups portait : ils refusaient de mettre fin à cette tuerie trop vite, se délectant du sang comme les monstres qu’ils étaient, trop sûrs de leur victoire à cause de mon infériorité numérique. Je cessai de laisser libre cours à la peur pour mobiliser mon énergie vers l’offensive. Je me focalisai sur l’adversaire qui me faisait directement face et exécutai une attaque au fer suivie d’une prise au fer. J’écrasai plusieurs fois ma lame pour le forcer à lâcher la sienne, mais mon second adversaire s’employa à m’encercler pour m’attaquer sur le côté et me forcer à lâcher.

J’esquivais libérant son comparse à contrecœur. Leurs regards mauvais se connectèrent avec connivence tandis que je mettais de la distance entre nous. Est-ce que j’avais une chance d’être plus rapide qu’eux ? Ils se jetèrent sur moi avant que je ne puisse valider cette théorie et me firent tomber au sol. Je rampai, agrippant encore mon arme pour parer les coups qui pleuvaient. L’un d’eux captura mon bras tandis que l’autre forçait l’accès à ma gorge que je tentai encore de défendre. La force commençait à me manquer mais une forme floue fusa dans l’air et s’accrocha au visage de mon assaillant qui hurla.

Du sang coula sur sa joue et je compris que son œil avait été percé. Anor cria en s’élevant plusieurs mètres au-dessus de nous. Mes poumons se remplirent d’air. Il était vivant. Je redoublai de hargne et me dégageai en assénant des coups de pieds et d’épée. Il fallait qu’on regagne les abords de la ville. Je me relevai et forçai mes jambes à courir malgré les blessures. Anor m’ouvrait la voie, huissant pour m’avertir lorsque ma course faiblissait trop. J’entendais les deux hommes sur mes talons, parfois leurs doigts frôlaient ma tunique et je me dérobai en me faufilant dans les hautes herbes. Les murailles ne furent bientôt plus si loin et c’était comme si l’espoir prenait vie et courait à mes côtés.
- Anor, entulessë coa ! Entulessë ! Lui hurlai-je.

Et je le vis ne devenir qu’un point tandis qu’on saisissait ma tunique. Je tentai d’esquiver leur prise en me libérant de mon vêtement, mais le second Humain me prit en tenaille et mon dos heurta son corps bien ancré au sol. Je sentais son cœur battre à tout rompre tandis que je me débattais furieusement pour me libérer. Les os de ma main craquèrent alors qu’il me forçait à lâcher la lame que j’avais tenue avec tant d’ardeur jusqu’ici. Ma chemise dans une main, sa lame dans l’autre, celui qui m’avait d’abord attrapé me fit face avec un sourire mauvais. Il prit le temps de reprendre son souffle, posant ses avants bras sur ses cuisses. Ses épaules se soulevaient en de petites convulsions. Il riait. Je continuais de ruer, emportant avec moi son acolyte et parvins à nous faire basculer ensemble sur le dos. Mais il garda sa prise, tandis que l’autre Humain approchait son épée meurtrière.

Désormais, je ne peux plus décrire ce qu’il s’est exactement passé bien que j’aie ressenti une très grande lucidité. Pendant une poignée de seconde, je compris tout. Le Bien. Le Mal. Et tout ce qu’il y avait entre. J’étais à la fois l’Humain qui me maintenait, celui qui me tuait, moi-même, Anor au loin, les gardes à l’entrée de la cité, l’eau, l’herbe, j’étais tout ce qui était en vie, tout ce qui était mort. J’étais le passé et le futur. Une lumière éclata entre l’Humain qui tenait l’épée et moi, c’était maintenant ma main qui tenait l’épée et mon bras qui élaguait sa tête d’un geste fort et net avant de se planter dans le visage de l’Humain qui était dans mon dos. Mes oreilles bourdonnaient à cause des cris.

« Sindari. »

Je l’entendis très distinctement, à l’intérieur de ma tête ; enfin plus que de l’entendre, je l’ai ressentie. Le corps de l’Humain sous le mien avait la mollesse de la mort récente, mais je n’osai lâcher le pommeau qui était encore ancré dans son orbite.

- Et c’est là que des gardes m’ont trouvé, achevai-je le récit tandis que la main du greffier continuait de s’agiter frénétiquement.
- Oui, j’ai là deux témoignages des gardes chargés de surveiller la porte Ouest à ce moment qui affirment avoir vu… Un vif éclat de lumière.
L’Humain qui m’interrogeait prit une grande inspiration, lissant le papier sous ses doigts alors qu’il s’adossait contre son siège.
- Nous allons adresser votre dossier au clergé, ce sont les seuls à pouvoir décider de la nature de ce qui s’est produit.
- Est-ce que ce sera long ?
Mon interlocuteur haussa les épaules alors qu’il faisait signe qu’on pouvait me faire disposer. Raidi par la douleur et l’immobilisme forcé, je me redressai avec difficulté, m’empêtrant dans les fers qui m’entravaient.
- Si vous avez de la chance, le Temple de Heine n’aura pas besoin de consulter le Haut-Cardinal à Aden.
- Est-ce que je peux au moins écrire une lettre, ou recevoir une visite ?

J’observais le dilemme se poser dans les yeux de cet ancien collègue, je ne portais plus ma chemise pour lui rappeler que nous étions dans le même rang, mais cela ne joua pas contre moi, probablement lui inspirai-je de la pitié, et il me donna son consentement d’un bref signe de tête avant de les laisser m’emmener en détention.



Le clergé trancha. Je fus libéré et blanchis bien que cet acte meurtrier continua de me hanter longtemps. Dans les heures les plus sombres où je me sentais comme un monstre, comme si la méchanceté de ces deux êtres avaient pu me contaminer lorsque leur sang avait imprégné ma peau, se glissant sous l’épiderme pour affecter la bile et les humeurs de mon être, je me confiais au prêtre. Celui-ci accueillait mes remords avec gravité et m’enjoignait à accepter l’intervention de la divine Mère et il ajoutait que dans cette expérience traumatique, je n’avais que lutté pour ma survie et celle d’un être cher. Pendant une poignée de minutes, je me sentais absous et tolérais le non-sens de cette vie.

Un jour que je rejoignais une de mes sœurs, aspirante prêtresse, à Cefedellen, elle me convia à rejoindre avec elle l’Arbre Mère pour communier. Après les jours de voyage épuisants entre la Brumeuse et la Cité Elfique, l’atmosphère de calme qui régnait au pied de l’Arbre était plus que salvatrice. Je laissai son ombre m’abriter et levai des yeux admiratifs sur la figure immense qui gardait son tronc. Ma sœur glissa sa main dans la mienne, partageant mon émotion. Nous entreprîmes de faire le tour du bassin, marcher était tout à coup un véritable délassement pour mon corps, comme pour mon âme. Mon esprit vagabondait tranquillement dans l’amplitude du silence apaisant de ma sœur, je m’attardais sur la beauté du lieu : le son apaisant de l’eau effleuré par une brise, la danse souple des jeunes pousses, le chuchotement accueillant des feuilles… Arrivés à l’opposé, nous nous assîmes sur les marches d’un des kiosques qui bordaient l’endroit et je savourais ce sentiment de plénitude que je n’avais plus ressenti depuis longtemps. Depuis ce jour, en réalité.

-Je vois dans tes yeux que tu es en train d’y repenser. Ma sœur baissa la tête, attristée, mais elle poursuivit un ton plus bas : Que s’est-il passé, selon toi, Sin ?
- Parfois, je crois être devenu fou et avoir tout inventé. Et parfois, je suis convaincu que la Mère m’a sauvé.
- Pourquoi est-ce que tu as tant de mal à accepter cette possibilité ?
- Mais, Ashana, pourquoi moi ? Ça n'a pas de sens.
- Peut-être que ce n’est pas à toi d’en décider. Tout ce sur quoi tu peux avoir prises aujourd’hui, c’est l’acceptation. Tu dois accepter ton destin, Sin.
Je soufflais, étouffant un rire cynique.
- Ça semble si prétentieux.
- Est-ce que Maman ne dit pas toujours que toutes les vies comptent ? Cela veut dire : la tienne y compris.
Je balbutiais avant de me reprendre :
- Et celles que j’ai prises ?
Un sillon froissa le front si jeune de ma sœur alors qu’elle vissait de nouveau son regard au mien, cherchant manifestement à me faire entendre quelque chose.
- Tu étais soldat, n’en aurais-tu pas pris d’autres s’il y avait eu une guerre ?
- Pour défendre Heine, le peuple, bien sûr.
Ashana me saisit la main et la serra fort entre ses paumes.
- Peut-être que la Mère a voulu que tu vives pour que tu puisses continuer à nous protéger, tu comprends ? Sin, ce qui t’est arrivé est horrible, mais c’est aussi une chance. Tu as été sauvé. Il faut que tu fasses quelque chose de ça. Ne garde pas la lumière sous les ténèbres, laisse-la te dépasser.

Je demeurais silencieux, m’imprégnant de ses paroles. Mes épaules se relâchèrent doucement tandis qu’elles me libéraient du fardeau que je portais. Ashana avait raison.
L’année suivante, j’entrai à l’Académie, absolument déterminé. Par la suite, je méditais souvent sur cet épisode de ma vie, sous l’éclairage des nouvelles connaissances que j’acquerrai, mais aussi dans sa globalité : il était intéressant que, alors que j’eus vécu un événement qui ne pouvait que conforter ma Foi, je l’avais perdue ; comme si la lumière m’avait ébloui également et que j’avais été déboussolé, incapable de retrouver le chemin, errant dans toutes les directions. Je remerciai toujours la Mère d’avoir inspiré à ma sœur ses très sages paroles.

Je le racontai au cardinal-doyen lorsque je soumis ma candidature sept ans plus tard au Conclave, et je pus entrer dans la section des Protecteurs en tant que Cardinal en 855. La Mère ayant éclairé la voie que je devais suivre, je m’y consacrais avec dévotion. J’eus plus d’un siècle pour discipliner mon corps et m'aguerrir à la perfection à l’utilisation du bouclier et de l’épée, ainsi qu’à la magie divine. Parfois en rêve, je L’entendais encore prononcer mon nom, mais son ton ne sonnait plus comme un avertissement, il avait l’intonation apaisée du parent qui sait que son enfant est à l’abri.

Pourtant la situation d’Elmoraden ne cessait pas de s’envenimer. Les races que l’on qualifiait alors d’inférieures commencèrent à se rebeller, mais le Conclave soupçonna très vite qu’une force Occulte était à l’œuvre ici. Je fus envoyé sur les différents fronts et nous perdîmes ville après ville, jusqu’au moment fatidique où je priai ma famille d’évacuer la cité avant qu’il ne soit trop tard. Mon pressentiment se vérifia avant 957 et c’est le cœur brisé que j’appris la chute de Heine. Je rencontrai sur mon parcours peu après le cardinal-doyen de Bréolt, et c’est uniquement grâce à son enseignement et son application des préceptes de la Mère que je ne me sentis pas affligé lorsque Giran tomba et que nous perdîmes tragiquement le Haut Cardinal Antinéas. J’avais eu l’honneur de l’accompagner en mission lorsque la nouvelle nous arriva par messager et la prière qu’il mena restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Je demeurais une année à ses côtés avant de suivre à nouveau mon chemin : j’avais appris que les troupes se mobilisaient pour la libération de Heine, et je ne voulais pas manquer à mon serment. J’avais eu assez de temps pour mûrir le projet auquel je souhaitais dédier ma vie et Heine y était intimement mêlé. Le 14 d’Astrée, je m’installai sur les marches du Temple devant le kiosque de la Passeuse : la cité était libre, la civilisation et la lumière regagnaient du terrain. Les canaux charriaient l’eau rouge du sang de nos ennemis, une éclaircie illumina la fontaine de la place centrale, encore intacte et je souriai.

La ville reprit très rapidement de sa superbe : Cérulys qui avait préservé le peuple se révéla être une antre de ressources abondantes et précieuses. Grâce au conseil, mené successivement par les préfets Mag’na, Alcar et, aujourd’hui, Aerandir, le territoire était pacifié et fonctionnel au sein de l’Empire du Gouverneur Elion. Je naviguais entre le Temple et les Lions, offrant mon aide et ma protection dès que j’en avais l’occasion. À l’été 966, des bribes de l’élocution du Haut Cardinal Conti déclarant l’ouverture des croisades m’arrivèrent, cette cité était toujours irriguée de rumeurs, elles suivaient les canaux et enflaient dans les quartiers marchands. C’est là-bas que j’entendis à nouveau le nom de Bréolt, peut-être que nos chemins se recroiseraient bientôt ?

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