Thorarag

[Balou]

L'on dit que le fond de l'air est frais. Il en va de même pour la montagne. Ce matin là, Tandis que Thirinine est couchée à même le sol, le père du futur nain à naitre est saoul. Il se réchauffe. Throrog fût un artisan brillant. Ses créations étaient renommées dans toute la contrée. Ses armes étaient parfaitement équilibrée. Ses armures quant à elles atteignaient la perfection : seul un expert pouvait déceler les techniques permettant d'en joindre les différentes parties.
Las ! Le fond de la montagne est frais et Throrog est frileux. Son art reste intact mais copieusement noyé dans les breuvages les plus divers mais aussi les plus alcoolisés. Tandis que son épouse souffre à terre pour tenter de mettre au monde son 37 e enfant, elle hurle à Throrog de vite choisir un nom au nouveau né pour honorer les dieux. Trop saoul pour comprendre quoi que ce soit, Throrog éternue :

THORRAARAAAAGGGTCCHHHH

Thorarag ? répète Thirinine dans un souffle.

Comme son époux s'endort elle se dit que ce nom sonne étrangement mais qu'il reste digne.

Ainsi naquit celui dont la légende décrit la gloire et la déchéance. De son père il hérita les mains d'or. Mais aussi de son penchant pour le pousse misère.
Toujours est il que le petit Thorarag était un nabot attachant. Thirinine l'aimait profondément et Throrog lui enseigna les rudiments de la confection. De loin en loin, au travers des brumes éthyliques, le père malgré tout attentif lui donnait des conseils. Sa devise était de laisser le jeune nain faire ses propres expériences en le guidant de loin par allusions.

Cela donnait parfois de drôles de résultats car Thorarag était un esprit aventureux. Un matin, hystérique, il vint réveiller ses parents pour leur montrer une création dont l'idée lui était venue dans la nuit : des armes de poing / hallebarde.

Dans un sourire, Throrog félicita son fils :

Je suis persuadé que ces orcs sans esprits sauront apprécié ta création mon fils !

Hilare, il tapota la tête du petit puis repri ses ronflements là où ils avaient été interrompu.

Cependant, si cette histoire vous amuse, il ne faut pas oublier qu'à vingt saisons, Thorarag fut le premier des nains à présenter l'épée Dragon au conseil des artisans. Epoustouflés par la qualité de l'arme, les sages donnèrent à Thorarag une grotte personnelle pour qu'il puisse travailler en toute quiétude. A cet âge, c'était un honneur incommensurable.

Les créations s'enchainèrent alors. Thorarag devint de plus en plus riche. Sa renommée dépassait largement les limites des montagnes et les plus grands guerriers venaient à lui pour s'équiper. A la tête d'une fortune, Thorarag commença à déléguer. Or la gestion est un art et il n'était pas son fort. L'oisiveté étant mère de tous les vices, Thorarag eut de plus en plus froid et but de plus en plus. Ses employés n'en faisaient qu'à leur tête et les sages finirent par lui retirer le privilège de la grotte.

Mais le nain n'en avait cure. Il possédait en son coffre de quoi boire pendant des décennies entières. Il oubliait pourtant qu'en ce bas monde les dieux descendent parfois. Ces derniers le virent en cet état et conclurent qu'il était anormal qu'un tel talent soit gâché. Le nain devait se reprendre.

Grungni, Grimnir et Valaya allèrent voir Paagrio.

Salut vieux brigand dit Grungni Nous sommes à la recherche d'un guerrier suffisamment inconscient pour prendre sous sa charge notre Maestro. Aurais tu dans tes têtes de bois un candidat ?

Caressant ses flammes, Paagrio réfléchit un temps puis sourit largement :

Oui j'aurais bien quelqu'un à vous donner : Balou ! C'est un guerrier puissant et loyal jusqu'à la bêtise. Il traverse une passe difficile et boit lui aussi plus que de raison. S'il avait à s'occuper d'un indigent, il se calmerait je pense.

L'affaire fût donc conclue entre les dieux. De bonne humeur Grimnir y alla même de sa petite facétie :

A eux deux ils me font penser aux dieux déchus Dhon Khichoteh et Senscho Pansaah ! ha ha ha

Les dieux décidèrent d'observer.

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Où es tu foutu ivrogne ? hurle Balou

La tête lourde, Thorarag se dirige vers la place de sa démarche simiesque en maudissant ce mauvais tour que lui ont fait les dieux et en pensant à sa gloire passée.

J'arrive j'arrive


LA LEGENDE VIT ENCORE ET SE CONSTRUIT JOUR APRES JOUR

[Balou]

Vague et lancinant, tyrannique et informulé, un rêve étrange c'était mis à bouger en lui. Un rêve sans visage, sans contenu, sans contour. Le premier frémissement de cette aspiration à...

THOOOORRRRAAAARAAAAAAAGGGGGGG ! Foutu nain ! Où es tu passé ?

De sa voix puissante, Balou cherche son Maestro afin qu'il lui confectionne quelques capsules et sort le pauvre Thorarag de ses rêveries ethyliques.

Mouarf... grogne le nain en se levant et en tentant tant bien que mal de cacher les flasques vides qui trainent à ses cotés. Serrant les dents à cause du manque, Thorarag se dit pour la énième fois qu'il est temps d'arrêter de boire. Il ne peut plus supporter ce double asservissement : celui de l'orc et celui de l'alcool. Tout en y réfléchissant il sort machinalement une flasque pleine de la poche de sa redingote, l'ouvre et la porte à ses lèvres.

Puis il fixe son geste et son regard sur la bouteille qu'il tient. Ses yeux s'éclaircissent et l'on y voit les mémoires de gloires passées. Un sourire se dessine sur son visage puis il embrasse la flasque avant de la jeter violemment en l'air sans entendre le hurlement du chien qui se la prend sur le crane.

Guilleret comme il ne l'avait pas été depuis longtemps, il se dirige vers la salle des coffres où l'attend Balou, son maître. D'un pas décidé, il s'approche de l'orc, se plante devant lui et le toise du regard par en bas.

Intrigué, Balou l'observe. Thorarag fulmine, ouvre la bouche, s'apprête à dire quelque chose puis emporté par la rage il se tait. L'orc lève un sourcil interrogateur. Dominé par cette rage trop longtemps contenue, Thorarag ouvre à nouveau la bouche, émet un son ressemblant à un rot puis revient à son mutisme furibard. L'orc est de plus en plus circonspect.

Tu as avalé la bouteille cette fois ci Thorarag ?

Thorarag bafouille.

mgné mgné mmmmmmhhhgnnaaaaaaaaa

puis il explose :

Foutu saleté verdâtre bornée, crottée de merde d'elpy enragé, jus de nez de sepulcher, impotent notoire, grosse boule de graisse laminée....

Il halète.

TES CAPSULES TU SAIS OU TU PEUX TE LES METTRE ? TU IRAS VOIR SI J'Y SUIS CAR MAINTENANT JE NE FERAIS PLUS RIEN POUR TOI ! ESCLAVAGISTE !

Ayant dit ce qu'il avait à dire, Thorarag donna un immense coup de sa petite jambe dans l'énorme tibia du gros orc. Puis il s'en fût en courant et en hurlant :

VIVE L'AUTOGESTION !

[Lotradas]

Compte supprimé par conséquent de même pour le perso