Aglaée

[Aglaee]

Aglaée était assise dans une allée sombre, contre un mur de pierre, à l'abri des regards étrangers.

Elle prit son journal, seul bien matériel auquel elle tenait réellement. Ce journal contenait toute sa vie, toute ses souffrances. Ses quelques bonheurs aussi. Elle sombra dans un demi sommeil et plongea dans ses souvenirs.

...

Aglaée court vers le village des sombres. Elle est essouflée, mais elle sait qu'elle doit courir encore plus vite, toujours plus vite. Elle aurait dû rentrer il y a maintenant une bonne heure. Elle redoute la rage de celle qui l'attend, mais elle redoute encore plus ce qui pourrait lui arriver si elle fuyait.

Ca y est, la demeure de l'elfe noire est en vue. Elle entre le plus discrètement possible. Heureusement, elle a réussi à récolter tous les objets demandés. Cela atténuera peut être le courroux de sa maîtresse...

Elle entre discrètement, avance dans l'entrée. Elle tressaute. Elle vient de faire grincer le plancher.
La voix de l'elfe résonna dans la maison :
« Aglaée! Où étais tu passée?! »
Elle s'était fait repérer... Elle se mit à trembler et attendit la sentence, stoïque.
L'elfe noire arriva dans l'entrée :
« Tu devrais être ici depuis plus d'une heure! As tu les matériaux que je t'ai demandé ?! »
« Ou.. oui madame... »
« Heureusement pour toi, tu connais la punition si tu ne me satisfait pas... »
Une lueur sadique passa dans les yeux de l'elfe noire. Aglaée trembla de plus belle.
« Je vais malgré tout devoir sévir... Tu recevras autant de coups de fouets que tu as eu de minutes de retard. Enfin tu sais déjà tout ça... »

...

Le soleil était haut dans le ciel, Aglaée jouait dans la neige. Elle se sentait heureuse. Sa mère vint la chercher pour manger. Elle rechigna à venir, préférant rester avec ses camarades, mais elle finit par la suivre, sachant qu'un merveilleux repas l'attendait. Elle devait avoir 7 ou 8 ans, pas plus. Son éducation aux arts de la chasse n'avait pas encore commencé. Le repas était plus savoureux que jamais, son plat préféré: de la viande chassée par son père, dans une sauce. Elle mangeait avec appétit, et pensait, comme tous les midis, pouvoir retourner chahuter avec ses amis dans la nature.
Mais, cette fois, sa mère ne la laissa pas sortir. Elle lui expliqua qu'ils allaient quelque part, cet après midi, tous ensemble. Aglaée se demandait ce qu'ils allaient bien pouvoir faire.. Peut être visiter un endroit inconnu? Un lieu de chasse de son père, ou la forge d'un membre de la famille... L'après midi s'annonçait, de son point de vue, très bien.

Ils partirent du village, allèrent jusqu'à Schuttgart, la ville voisine. Là, elle fit sa première expérience des gardiennes des portes. Elle savait que ce système de transport coûtait extrêmement cher, et que ses parents préféraient habituellement utiliser la route, quitte à ce que le voyage dure longtemps. Ils avaient dû beaucoup économiser pour ce voyage... Mais il n'allait durer qu'un après midi? Elle ne comprenait vraiment pas où ils pouvaient bien aller...

Son père chuchotta la destination à la passeuse, elle n'entendit que la fin « elfes »... Peut être voulait-il lui faire une surprise? Elle n'était encore jamais allée au village des elfes. Elle était très excitée à l'idée de découvrir de nouvelles contrées.

Soudain, elle se sentit comme aspirée, puis le néant, durant quelques secondes. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était dans un lieu très sombre, souterrain. Elle pouvait apercevoir une sorte de... place. Des escaliers entouraient une main géante. Ses parents avaient soudain l'air tristes. Sa mère semblait retenir ses larmes. Elle lui demanda si tout allait bien. Sa mère lui fit un signe de tête pour la rassurer, mais elle ne semblait pas l'être elle même. Ils sortirent du village, par une longue montée, pour déboucher sur une plaine. Puis ils marchèrent. Aglaée comprenait de moins en moins où ils allaient et ce qu'ils étaient venus faire ici. Ils n'étaient tout de même pas venus visiter!
Elle les suivi en silence, se disant qu'elle allait certainement bientôt comprendre ce qu'il se passait.

Ils arrivèrent, au bout d'une vingtaine de minute de marche rapide, près d'une maison en bois. Elle réalisa soudain qu'elle avait un grand oncle qui avait une maison comme ça! Ils étaient certainement venus lui rendre visite!
Mais ses parents ne parlaient toujours pas. Ils n'avaient jamais été d'un naturel bavard, mais... ils étaient tout simplement étranges.

Son père frappa à la porte, et quelle ne fut pas sa surprise de voir une elfe noire, qu'elle ne connaissait pas, l'ouvrir. Sa famille n'avait pas d'amis de cette race. Elle vit une bourse de cuir passer des mains de l'elfe à celle de son père. Aglaée entendit sa mère lui demander pardon tout en la poussant pour la faire rentrer.

Elle ne comprit ce qui lui arrivait qu'au moment où la porte se referma sur le regard triste de son père et les larmes de sa mère.

« Maintenant, tu es à moi. »

...

Aglaée était maintenant toute tremblante, la nuit s'annonçait. Elle gigotait dans son sommeil, comme en plein cauchemard.

...

C'était un soir comme un autre, Aglaée était rentrée de la chasse à l'heure, mais il manquait des matériaux. Elle avait reçu encore et encore des coups de fouets, sa maîtresse faisant exprès de se tromper dans les comptes pour pouvoir lui en asséner plus.
Elle n'arrivait pas à dormir, se tournait et se retournait sur l'espèce de paillasse qui lui avait été attribuée comme lit. Les rats faisaient leur petit tour habituel autour d'elle, elle avait appris à ne plus en avoir peur. Elle savait que sa vie ne pouvait continuer ainsi. Il lui fallait agir, cela faisait maintenant quelques temps qu'elle réfléchissait à la manière de le faire.
Elle savait que sa maîtresse aimait à sortir certains soir, cherchant des elfes à torturer avec quelques unes de ses amies.

Soudain elle entendit le bruit de la porte, ça y était, elle était partie.
Bon, maintenant, il fallait qu'Aglaée se libère de ses chaînes. Elles étaient attachées dans le mur du grenier où elle était « logée ». Elle tira de toute ses forces, longtemps, mais rien n'y fit... Elle s'assit, se demandant si s'échapper était réellement possible, puis elle eût une idée. Il y avait un bâton dans le coin de la pièce. Si elle arrivait à l'atteindre, elle pourrait s'en servir pour faire levier. Au prix de quelques étirements et contorsions, elle finit par se saisir du bâton. Maintenant il ne fallait plus traîner! Elle mit le bâton entre les deux chaînes puis tourna et tourna encore et encore. Au moment où elle ne pouvait plus tourner, elle fit pression sur le bâton, força, força, le métal rentrait dans ses chairs, elle avait mal, mais elle savait que c'était sa seule chance de liberté. Elle força encore, et au bout de quelques secondes d'efforts et de souffrance, les chaînes cédèrent enfin. Elle resta quelques instants immobile, n'osant y croire, puis réalisa qu'il lui fallait se dépêcher.

Elle devait récupérer sa hache avant de partir. Ainsi que sa sacoche et son armure. Elle devait faire vite, sa maîtresse n'allait pas tarder à rentrer. Elle fouilla les placards et finit par trouver ce qu'elle cherchait. Elle revêtit son amure, se saisit de son sac et de sa hache. Il lui fallait maintenant trouver le chemin jusqu'à la gardienne des portes. Elle ne l'avait pas revue depuis ce jour si triste où ses parents l'avaient laissée là. Elle avait vendu en cachette des objets à un marchand stationnée dans la vallée des dragons, ainsi elle pensait avoir assez d'argent pour faire un voyage, s'éloigner, et se cacher de sa tortionnaire...

Elle courut à travers la plaine, longtemps. Elle se cru perdue mais finit par apercevoir l'entrée d'un tunnel. Elle courrait à perdre haleine, descendit et revit la place avec la main géante. Elle fonça vers la passeuse quand elle aperçut sa maîtresse. Celle ci ne l'avait pas encore vue. Elle se dépêcha et souffla sa destination à la gardienne des portes. Elle croisa le regard de sa persécutrice au moment de disparaître et vit la surprise et la colère qui s'y mêlaient.

...

Aglaée se réveilla en sursaut, une ombre venait de passer, elle était sûre de l'avoir vue. Elle se leva et détala, vérifiant la présence de son journal. Elle devait retourner au travail. Désormais elle ne croyait plus en rien ni personne, en elle, c'est tout. Elle ne pouvait compter que sur elle même, elle le savait. Elle évitait au maximum les villes, et travaillait pour quelques collectionneurs, qui récompensent les aventuriers par des matériaux, comme Karuda et Roman. C'était reparti pour une journée de travail, suivie par tant et tant d'autres... Peut être un jour trouverait elle un ou une amie, à qui elle pourrait rendre service...

[Lotradas]

Compte supprimé par conséquent de même pour le perso