Oulga

[Balou]

Ta mère s'est suicidée petit.

Le garde observe Oulga sans compassion. Il parle d'un fait objectif et n'a pas à prendre partie ou à ressentir quoi que ce soit. La mort fait partie intégrante de la vie.

Tu seras confié à la garde du foyer villageois.

Perdu, ne comprenant pas la situation, le jeune garçon est pris en charge par une matrone. Elle lui prend la main et Oulga sent une peau sèche et les cales dus à un travail physique continuel.

Il la suit sans rechigner. Que pourrait il faire d'autre ?

Nous te donnerons une éducation petit. Tu partageras ta couche pendant quelques années puis, si ta conduite est honorable tu pourras avoir ta propre chambrée. Mais n'y compte pas trop.

Oulga n'écoute pas. Il voit l'image du corps de sa mère étendu à terre. Le visage est bleu, boursouflé et suintant. La peau se relâche comme si elle s'apprêtait à couler du visage. Ses yeux, si expressifs, sont voilés d'un blanc malsain. Les veines noirâtres ressortent sur tout son corps. Un liquide coule mais il ne sait pas d'où cela peut provenir. Il apprendra plus tard que sa mère se vidait de ses selles.

L'orphelinat du village est une vielle bâtisse à un étage. Elle croule sous sons propre poids et semble prête à tomber en ruine à tout moment. Les couloirs sont obscurs et poussiéreux. Aucune décoration ne vient égayer les murs. Pas de tapis au sol. La chambre qu'il va désormais habiter est occupée par sept jeunes garçons.

Oulga pose son baluchon sur une grande paillasse défoncée.

Bien. Je n'ai pas de temps à te consacrer pour le moment mais tu as une leçon à 10h avec Sévérius. Profites en pour te débarbouiller et ranger tes affaires.
La matrone disparait. Le jeune garçon se retrouve seul. Il se raccroche à l'image de mort comme à une bouée de sauvetage. Cette évocation lui permet de ne pas fondre en larmes, de ne pas faire preuve de faiblesse.

Oulga regarde ses mains attentivement en se demandant si elles aussi deviendront blanchâtres et marbrées. Il se concentre dessus pendant plusieurs longues minutes en serrant des dents. Lorsqu'une lueur violacée sourd de ses doigts, il met ça sur le compte de la fatigue.

OULLLGGGAAAAAAAAAAAAA

Il sursaute. La voix provient du couloir d'où émerge un homme sec et déformé.

Ton cours [/b] lui intime l'homme. Descend

[Balou]

Et les jours se succédèrent toujours avec la même régularité. Oulga était un solitaire. Ses compagnons de chambrée ne l'aimait pas. Ils le trouvait étrange. Les années passant, ils étaient effrayés par cette lueur violacée qui émanait de lui. Des bruits couraient à son encontre. On disait qu'il tuait des animaux pour faire des expériences. Le chat de l'orphelinat avait disparu et tous le soupçonnait.

Je dois savoir de quoi il s'agit. Je dois comprendre. Sois patiente Maman. Je viendrai.

Un jour de classe, Oulga fut absent. Son maître Sévérius le fit quérir. Mais il restait introuvable. Ce n'est que le soir qu'un garde ramena le jeune homme. Il était hagard, hirsute et son teint était blafard. Il marmonnait sans cesse :

"Tout va bien maintenant Maman, tout va bien."

Le lendemain matin, ses compagnons de chambrée trouvèrent un corps désséché dans le lit d'Oulga. Ils étaient persuadés qu'il s'agissait de lui et, sans le montrer, se sentirent rassurés.

Tandis que des obsèques rapides lui furent données, Oulga parcourait, bien en vie, le chemin vers la Tombe impériale. Il avait pu ramener sa mère du royaume des morts et l'embrasser une dernière fois. Son art de la nécromancie devait désormais être éprouvé dans un lieu mythique.

[Lotradas]

Compte supprimé par conséquent de même pour le perso