Kal-Meya

[Morathi]

Kal-Meya

Cela fait trois jours que je marche, et toujours pas de cité des hommes en vue. Le ciel s’est obscurci ces dernières heures, l’atmosphère est lourde, les oiseaux ne volent plus. Tout à coup la foudre, suivie, d’un bruit assourdissant, maintenant c’est Eva qui fond sur moi avec ses légions liquides qui s’infiltrent partout. Ma toile huilée ne me protège plus, je sens comme des serpents glacés s’infiltrer dans mon dos, mon pactage va se tremper ! Les plumes ! Je jette ma toile sur mon dos pour protéger mes affaires puis j’accélère le pas. Un abri, il me faut un abri ! J’ai juré en voir un dans cette direction !
Je regarde autour,… rien…, seulement un rideau de pluie masque le paysage et des gouttes qui m’aveuglent.

Là une forme sombre ça doit être elle ! J’étais sur de l’avoir vue avant que ce maudit orage éclate. La voila vite !

J’entre sans même me soucier d’un éventuel occupant, je referme vivement la porte bien que sans bruit. Tout est calme, dans l’âtre rougeoit encore quelques braises la cheminée est ornée de petits cristaux de roche. Sur la droite une fenêtre éclaire lamentablement une pile de marmites et d’ustensiles divers, servant surement à faire de la cuisine. A gauche, c’est plus sombre, les volets sont fermés, la lueur filtre à travers les fentes du bois détrempé et malmené par l’orage. Au sol un matelas de chaume recouvert a moitié par une couverture.

L’orage semble avoir redoublé par rapport au calme de la hutte.

J’entreprends de réanimer le foyer pour sécher mon sac, j’étends mes affaires rapidement puis soigneusement j’aligne les plumes. Lorsque j’ai terminé, le sol ressemble à un tapis multicolore, de toutes races, espèces, une rouge sombre d’un huitrier-coureur, là une brune d’un gerfaut, et là une rouge d’un perroquet exotique. Et la même une plume de lézard ! Elle vient d’une île, qui, parait-il les reptiles en sont maitres. Dans un coin soigneusement disposé des élytres de papillons. Mais tout ça n’est pas de la marchandise, ce sont des souvenirs, ceux de mon père, fabriquant les coiffes de ma tribue les Meyas.
J’ai quitté mon village pour voyager et percer le secret du vol, comme ces êtres qui nous entourent, les oiseaux.

Les oiseaux chantent déjà ?!? Dehors il fait à nouveau clair, l’averse est passée j’emballe précipitamment mes biens en laissant une plume de canard-argent au propriétaire de cette cabane. Trop heureuse de pouvoir repartir j’en oublie même de fermer la porte. Prenant le chemin indiqué par un marchand, en direction de la tour d’Ivoire.

[Morathi]

La rencontre :

Je sors enfin de cette maudite forêt, devant moi se dresse fièrement la tour blanche appelée « Tour d’Ivoire ». Ses contreforts profondément enfouis dans un immense cratère. Son toit d’ardoise bleue, se confond avec le ciel, les passerelles si finement ouvragées semblent flotter dans le vide.

Malgré mon insistance, les gardes ne me laissèrent pas entrer. Ces bougres prétextant ma « non-magie » Pffeu ! S’ils n’étaient pas si nombreux je leur aurai montrés quelle magie Paagrio m’a accordée.

J’ai juré qu’ils me reverraient ! Et je descendis dans le cratère pour trouver une autre entrée et visiter la tour à ma guise. Arrivée en bas je me retrouvais devant des rebuts de monstres issus surement des laboratoires de la tour.
Elles semblaient uniquement vouées à faire fuir les curieux et dévorer les téméraires. Mais moi je ne fais pas partie de ceux-ci, je fais partie des gagnants. Après avoir fait le tour du donjon, après avoir défait quelques monstres tous aussi hideux les uns que les autres j’en déduisis qu’il n’y avait pas d’autre entrée.
C’est à ce moment la que je rencontrais une étrange créature, qui à ma grande surprise me répondit en commun. Elle avait des traits féminins, des oreilles comme celles des enfants d’Eva, ses vêtements paraissaient riches et ouvragés. Sa voix dure et teintée d’agacement lorsque je l’interrogeais sur l’aile qu’elle avait dans le dos, semblable à un demi ange humain.
N’osant pas l’irriter je préférai ne pas insister et la laisser vaquer. Je décidai de l’observer au loin, sa technique, mais surtout cette aile qui me fascinait tant. Peut-être trouverai-je un jour un de ces demi-anges plus bavards et moins susceptibles que celui-là.

Quelques jours plus tard, j’aperçus au sommet d’une montagne une forme qui semblait flotter par de lent battement d’aile. J’entrepris d’escalader pour me retrouver pétrifiée de peur devant un Dragon ! J’en eus la peur de ma vie, soit je lâchais prise soit je devais me rétablir sur la plateforme où se trouvait le dragon à présent lové me regardant de ses yeux vitreux. Le dragon soupira et une voix résonna à l’intérieur de ma tête.

-*Tu as bien du courage pour venir si haut. Heureusement que ma progéniture à disparue (espèce de sanglot) eux se seraient régaler de ta tendre chair, Fille de Paagrio.*
-Comment disparus ? Dis-je avec un air plus rassuré que j’aurais voulu.
-*Des lézards se sont emparés des œufs que je couvais.*Sa gueule n’émettait aucun son.
-J’ai vu des lézards plus bas dans la vallée, ils semblaient fêter quelque chose, devrais-je aller jouer la trouble-fête ?
-*Je crains que tu n’y réussisses, profite de la vie sauve que mon humeur te laisse. Et pars !*
-B…Bien… Je descendis, mais au cours de la descente mon courage ne fit qu’un tour et je décidai d’aller voir ce que ces lézards fêtaient.

Trois heures plus tard je surpris le dragon dans son sommeil. Celui-ci me regarda d’un air grondeur, mais ses yeux se réduisirent à deux fentes lorsque je sortis les œufs de ma besace.
-Voila tes enfants, Dragon, lui dis-je, malheur à ceux qui ont, osé, lançai-je dans un ricanement.

Sa voix résonna a nouveau dans ma tête,
-* Tu as prouvé que tu es digne d’une fille du père du Feu. Sois en remerciée prends un œuf. Ils écloront demain.*

Va et vis.

[Morathi]

Gludin, je me promenais sur les quais à la recherche de plumes d’oiseaux marins. Un immense navire vint s’amarrer après une délicate manœuvre. Sur le gaillard d’arrière le capitaine coiffé d’un tricorne, donnait ses ordres. Derrière lui flottait un immense drapeau, masquant en partie la dunette. Le drapeau représentait un crâne de profil, regardant une étoile, souligné de deux sabres croisés le tout sur un fond noir. La dunette était richement décorée trois étages de fenêtre ouvragées et dorées. Sur le bas on pouvait y lire :*La Nymphe*.

Je restais là, à admirer cette cathédrale de voiles, de bouts et de bois. Les marins commençaient à décharger les marchandises.

Je m’asseyais sur le quai à l’avant du vaisseau. Une magnifique figure de proue, une elfe légèrement vêtue laissant entrevoir ses formes. Son teint était celui du bois clair qui l’en constituait. Ses cheveux si finement sculptés semblaient frémir au vent. Deux émeraudes taillées en amande lui donnaient un regard magique et si mystérieux qu’aucun voleur n’aurait osé voler de tels joyaux de peur de réveiller la créature.

-Elle est belle, n’est-ce pas ? Je sursautais au ton de cette voix féminine qui selon le volume semblait a portée de dague.
Dans un hoquet de surprise, je me retournai vivement. Elle était légèrement plus petite, une humaine. Vêtue d’un manteau vert sombre de la dentelle bouffée des manches et du col. Son visage tanné par le soleil, ses yeux bruns noisette emplis de malice.

-Oui elle porte bien son nom, mais vous êtes ?
-Adriella, capitane de ce navire. Fit-elle en hochant la tête.
-Oh, c’était bien vous à la barre, J’ai été impressionnée par votre manœuvre. Fis-je en louchant sur la plume qu’elle avait plantée sur son tricorne, Je m’appelle Kal-Meya.

-Enchantée, dit-elle en comprenant ce que je regardais. C’est une plume d’Albatros Songeur.
-Jamais entendu, ni vu d’ailleurs.
- Vous avez déjà navigué ?
- Euh non jamais.
- On ne les voit qu’en haute mer, ils peuvent voler durant des heures sans battre des ailes. On dit aussi qu’ils portent mauvais présages, mais je n’y crois pas.
-L’enfer brûle seulement pour ceux qui y croient…

Les deux éclatèrent de rire, l’humaine ôta son chapeau en y extrayant la plume et la tendit à l’orcque.
Après quelques instants, on les voyait rentrées dans une taverne de l’est de la ville.

Des éclats de voix, des rires, du bois qui s’entrechoquent, un tabouret qui traverse la fenêtre, Une bagarre comme chaque soir. *soupir de la voix off*

D’un coup deux femmes sortent de l’établissement l’une est humaine l’autre orcque. Bras dessus bras dessous titubant et riant, chacune une choppe à la main, une joue rougie et quelques bleus.

Un nain derrière elles les suivant en trottant un tonnelet sur l’épaule.
-Bienvenu dans notre galère !! lança le prénommé Têtedure.

La voila Corsaire, pour le pire et surtout pour le meilleur : La Liberté.

[Morathi]

Les affaires de plumes devais être fructueuse, on lui avait paré d'un endroit dans la jungle du sud. Elle fit son baluchon et partit en direction du sud. L'air se réchauffait, la nature prenait ses droits les oiseaux volaient de plus en plus bas, mais ils étaient vifs. Il lui faudra plusieurs mois pour apprendre les techniques des tributs orc qu'elle trouva dans la jungle. La chasse allait se révélé fructueuse.