Le réveil fut emprunt d’une infinie douceur. Calmement, chacun s’éveillait, murmurant des petits mots avec délicatesse pour ne pas se brusquer.
« Ce matin, j’ai sentit une agréable odeur de viennoiseries… » souriante, elle effleura la peau nue du torse de Iann
« Un vrai petit déjeuner ? » agréablement surpris, il lui sourit avec tendresse, caressant la joue de Dahud du revers de sa main.
« Disons que j’ai pris le temps d’en faire livrer… » un sourire en coin s’afficha alors qu’elle le regardait avec une certaine intensité.
« Tu souhaites un thé ou un café ? »
« Un thé, ça ira très bien »
« D’accord, je te laisserai choisir le parfum dans la boîte à thé. Il y a aussi des confitures et de la gelée il me semble, tu préfères quoi ? »
« Je suis plus confiote en fait »
« Très bien »
Elle lui sourit et se glissa hors du lit pour s’y asseoir et s’étirer.
Il remarqua alors les tatouages qu’elle possédait sur son avant bras et la questionna dessus.
Elle lui révéla que c’était ce qui lui servait à savoir quand on la requérait par les pendentifs, lui expliquant que chaque mot en rune était pour lui, Devra et Eowyn.
Il grimaça un peu en apprenant que c’était quelque peu douloureux pour elle lorsque l’on faisait appel à cette magie.
« Ce n’est pas si douloureux, ne t’inquiète pas », ne voulant pas l’inquiéter outre mesure.
Il ne cessa pas de la regarder pendant qu’elle revêtait sa fine robe de chambre, soulevant ses cheveux pour les mettre par-dessus le tissu qu’elle portait sur ses épaules.
Se levant du lit, Dahud fit demi tour et s’approcha à nouveau de lui en posant son genou sur le lit. Son visage n’était plus qu’à quelques centimètres de celui de Iann… Elle remarqua qu’il avait presque cessé de respirer lorsqu’elle s’était approchée.
Elle déposa alors un doux baiser sur sa joue, lui sourit et susurra
« A tout de suite… »
Elle sortit sur la pointe des pieds de la chambre pour préparer l’eau pour le thé et mettre en place la table pour le petit déjeuner.
Heureusement que le majordome que possédait la confrérie était là pour tout nettoyer…
La vaisselle de la veille avait été faite et il n’y avait plus qu’à se servir dans le placard.
Elle prit un plateau, n’ayant pas envie de faire des allers et retour pour rien, y déposant des verres, couteaux et cuillères, une théière et deux tasses.
Elle dû faire bien attention à ne rien laisser tomber et pu prendre deux pots de confiture en plus sur le plateau.
Le posant sur la table, elle piqua une petite brioche aux amandes, mangeant tout en allant préparer le chaudron d’eau pour le thé.
Elle se rassit, et, voyant arriver Iann avec sa lettre entre les mains, se mit à rougir en baissant la tête…
« Qu’est ce que ça veut dire… Hantalé… Ninya… Melyn… Varno… ? » prononçant chaque mot avec un très mauvais accent elfe.
Elle leva son visage vers lui, prenant son courage à deux mains et lui répondit
« Hantalé veut dire merci… Ninya… Mon … Tendre protecteur… », rougissant un peu plus en traduisant.
« Mais tu n’as vu que ça ? » le ton interrogatif et inquiet.
« Il y a autre chose ? » visiblement étonné, il n’avait pas remarqué qu’au dos de la feuille se trouvait le poème qu’elle lui avait écrit quelques heure plus tôt. Elle lui fit signe de tourner la feuille, chose qu’il fit, s’apercevant de ce qu’il aurait manqué sans son intervention…
Il s’approcha, faisant le tour de la table pour s’asseoir à ses côtés en commençant à lire ce qu’il était écrit…
Dahud se leva alors, prenant au passage la théière sur la table basse pour rejoindre la cheminée.
Elle était incertaine de sa réaction, voulait la connaître à tout pris et en avait une peur immense en même temps…
Elle prit le temps de récupérer l’eau chaude du petit chaudron à l’aide d’une louche.
Pesant et mesurant chacun de ses gestes… Elle soupira, tenant la théière fermement et se retourna, avançant de quelques mètres avant de poser son regard sur lui…
Il ne cessait de lire et relire ce qu’elle avait écrit… Son visage marqué par de profonds sentiments, trahissaient le doute, une joie et une tristesse profonde, comme si l’indécision totale l’avait submergé.
Elle voulait voir ses yeux, voir ce qu’il ressentait face à ces quelques lignes…
Son vœu fut exaucé et elle su ce qu’il ressentait pour elle…
Il se leva et lui prit la théière des mains, la déposant sur la table basse…
Puis il la prit dans ses bras, la serrant avec douceur. Elle pouvait sentir les battements intenses de son cœur contre sa poitrine… Elle ferma les yeux et profita pleinement de cet instant…
Il prit son visage entres ces mains et posa son front contre le sien.
Il était indécis, se battait contre ces sentiments nouveaux qu’il ressentait… Il lui dit à quel point il avait peur de lui refaire du mal alors qu’elle ne voulait que son bien à lui.
C’était dur, extrêmement dur pour Dahud d’entendre la détresse dans sa voix, de le voir lutter autant pour sauvegarder un visage digne face à tout ça…
D’une voix très basse et émue elle lui murmura
« J’attendrai Iann… Je peux te laisser réfléchir… ».
Elle espérait pouvoir le rassurer, lui dire que ce n’était pas grave et pourtant…
Elle en pleurait à nouveau… Tout le bonheur qu’elle avait ressentit au réveil fondit comme neige au soleil…
Il la serra une nouvelle fois dans ses bras, passant une main dans ses cheveux pour la consoler, en vain…
Elle entendait son cœur lui chanter les louanges qu’il ne pouvait prononcer de vive voix…
Ses larmes tombaient sur sa peau à lui, ne pouvant plus contrôler le flot qui s’écoulait de ses yeux.
Ils restèrent ainsi de longues minutes, ne sachant que faire pour dénouer la situation.
Dahud recula un peu, sortit un mouchoir de sa robe de chambre et s’essuya le visage en poussant un long soupire.
Elle avait à nouveau les yeux rouges comme lorsqu’elle lui avait avoué ses sentiments quelques temps auparavant.
Il la laissa s’éloigner de son étreinte, et fit quelques pas, comme résigné…
« Je vais te laisser tranquille… »
« Non… Non reste… Ça va passer… Ça fini toujours par passer… »
« Mais regarde comme je te fais du mal », la fixant, peiné de la voir ainsi.
« Mais je pleure toujours pour un rien Iann… Quand ça me touche trop… De joie, de tristesse… Tout le temps… »
Elle tentait de se contrôler, mais le chagrin était encore présent et elle préféra s’asseoir sur un sofa pour cacher sa souffrance.
Iann partit à nouveau dans la chambre, serrant le poème dans sa main.
Ce n’est que quelques minutes après qu’il revint… Lentement, l’air complètement désemparé…
Il mit les mains sur son visage et sanglota doucement…
Elle se releva et le rejoignit, lui offrant ses bras et son épaule pour se libérer de ses peines…
« Je suis perdu… »
Sa voix chagrinée lui serrait le cœur à un point qu’elle n’avait jamais osé imaginer…
A son tour elle prit le visage de Iann dans ses mains, enlevant les larmes qui coulaient de ses yeux.
« Tu es sans doute la personne qui mérite le plus d’être épaulé et aimé… Tu es un être formidable, doué d’une patience, d’une écoute et d’un soutien à toute épreuve… »
Elle lui continua de lui dire tout ce qu’elle s’était promit de lui dire un jour… Tout ce qu’il n’avait jamais entendu et qui pouvait le rasséréné à présent.
« Tu as à ton tour besoin de tout ça et tu dois accepter de pouvoir vivre à nouveau sur quelqu’un »
Elle ne cessait de le regarder alors qu’il se mit à fuir son regard gorgé de larmes.
« Regarde moi Iann… S’il te plait… » sa voix suppliant de l’écouter.
« Je ne souhaite que ton bonheur… Et même si je dois attendre, je le ferai… Comme je te l’ai déjà dit… Je t’épaulerai toujours quoi qu’il arrive. »
Ses mains glissèrent sur la nuque de Iann et elle la lui massa alors qu’il acquiesçait enfin à ce qu’elle lui avouait…
Il parla d’une voix brisée
« On ne m’avait jamais dit tout ça… ».
Souriant, elle retira une larme de sa propre joue et lui répliqua
« C’est chose faite à présent… Je m’étais juré de te le dire un jour d’ailleurs… »
Il la regarda enfin, commençant à se calmer sous ces douces caresses. Son regard se faisait plus pénétrant et l’edhel ne cessant de le soutenir…
Iann s’approcha un peu et enlaça Dahud par la taille, posant ses mains dans le creux de ses reins.
Elle changea d’appui et s’approcha tout contre lui, pressant ses doigts dans la chevelure à la base de sa nuque.
Comme un peu plus tôt, elle n’était plus qu’à quelques centimètres de lui et observait avec amour son regard azur…
« Je ne te laisse plus le choix à présent… » lui murmurant distinctement ces mots, son souffle chaud lui frôlant ses lèvres.
Il s’approcha et l’embrassa d’un baiser passionné, sensuel, serrant son étreinte contre elle comme pour ne plus la quitter.
Dahud cru rêver la première seconde et lorsqu’elle sentit qu’il était bien réel, elle se laissa aller à lui rendre avec le plus de tendresse et d’amour ce qu’il lui offrait à présent.
De longues minutes passèrent avant qu’ils ne puissent se séparer et que des sourires prennent place à leur tour.
Elle se sentait comme sur un petit nuage et avait l’impression d’être comme entourée de coton. Elle le lui dit, ce qui le fit grandement sourire.
Ils restèrent ainsi quelques instants encore jusqu’à ce qu’ils se décident à passer au petit déjeuner.
L’eau de la théière était encore chaude heureusement et ils purent se revigorer avec tout ce qui était face à eux.
Ils décidèrent une fois leur ventre plein d’aller voir leur amie. Dahud se rappela qu’elle ne lui avait toujours pas offert son pendentif.
L’elfe rangea les confitures et mis les couverts et récipients sales dans l’évier, alors que Iann se préparait.
Elle fit grise mine lorsque à son tour elle se prépara et regarda ses yeux fatigués, soupirant, elle sortit de la chambre empruntée et fila dans la sienne. Iann était déjà prêt et l’attendait à l’entrée déjà.
Elle récupéra dans un tiroir fermé le pendentif de Devra et le rejoignit.
« Je vais aller chercher son courrier, tu peux partir devant moi pour aller la voir si tu veux »
C’était une bonne idée, surtout qu’elle devait lui donner son cadeau et lui explique son fonctionnement.
Elle lui déposa un dernier petit baiser avant qu’ils ne sortent…
« J’en profite maintenant… On ne pourra pas faire ça dehors », affichant un doux sourire pour ponctuer sa phrase.
Il lui sourit en retour et lui en vola un avant de sortir de la demeure. Ils se retrouveraient dans peu au sein de la cachette à Devra…