[Perte de Gludio et Heine] -le Fandango Funèbre-

Modérateurs : Conseillères, Admins et GMs

Avatar de l’utilisateur
Ishtar
Spirit of Andras, the Betrayer
Messages : 436
Inscription : sam. 9 juin 2007 à 23h00

[Perte de Gludio et Heine] -le Fandango Funèbre-

Message par Ishtar » dim. 22 juillet 2007 à 15h54

L’Île d’Innadril

La matinée était radieuse et un soleil éclatant brillait sur Heine.
La Sérénissime voyait ses rues et ses allées parcourues langoureusement par ses habitants, un peu comme une caresse mouvante perpétuelle et multicolore. Parmi la foule, Damocles, Seigneur des Arteias, avançait de son pas calme et mesuré, au rythme de sa Cité. Il avait consenti en ce jour à déléguer quelques une de ses responsabilités afin d’être parfaitement libre de sa journée. En effet, il ne déambulait pas seul : Barra, le joyaux d’Ambre, marchait à ses côtés, rayonnante de joie et de bonheur.
Et la raison de ce bonheur était simple : la veille, devant nombre des membres de leurs clans réunis, ils avaient annoncé leur intention de s’unir l’un à l’autre par des liens éternelles. Cette nouvelle fut évidemment accueillie avec force bravos et félicitations, et c’était là la raison de leur présence en ce jour à Heine : Ils s’étaient tout les deux pris un instant loin des affaires du monde et de ses tracas, un journée volée au temps afin de vaquer à la préparation de leur cérémonie de mariage comme n’importe quel autre couple, simplement.
La matinée était radieuse sur la Sérénissime, et les badauds et les couples, les familles et leurs enfants déambulaient tranquillement.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

La Cité de Gludio

Le jour même, au même instant, les nouveaux officiels de la Cité de Gludio étaient en train de régler les derniers détails avec les autorités de l’Ordre d’Ambre quant à la passation de pouvoirs entreprise par le Clan depuis quelques lunes déjà.
La cérémonie officielle s’était tenue quelques jours plus tôt, et ici aussi l’ambiance était joviale, et même si la liesse était un peu retombée pour revenir à la tranquillité aujourd’hui coutumière de la Cité, ses habitants semblaient continuer d’avoir le cœur en fête.
L’Ordre d’Ambre avait instauré l’autonomie des territoires de Gludin et de l’Île aux Murmures, ses dirigeants avaient établi des relations commerciales et diplomatiques avec les deux cités principales de ces régions. Les Ambrérites avaient instauré en accord avec les habitants de Gludio des textes de loi prônant un ordre et une justice équitable pour tous. L’Ordre avait également formé les jeunes gens de la ville désireux d’apprendre le métier des armes dans son académie, et la cité disposait à présent d’une garnison conséquente pour la défendre d’attaques éventuelles des royaumes voisins.
L’autonomie de Gludio était la dernière étape d’un programme bien établi, en lien direct avec la mentalité de l’Ordre qui prônait que chacun soit préparé au mieux afin d’être apte et libre de choisir quel serait le cour de son destin. Il était temps pour les habitants de Gludio de voler de leurs propres ailes, et ils se sentaient prêts à affronter l’avenir de manière confiante.
Seuls Dorian, l’AmbRégent, Heigardt, le Seigneur de Guerre, Maral l'AmbrIntesa qui avait mené l’ensemble des négociations, ainsi que quelques autres parmi les hommes et femmes de l’Ordre qui avaient souhaité rester auprès d’eux ; étaient encore présents sur la petite esplanade aux pieds du Temple d’Einhasad, à régler les dernières formalités administratives tandis que le soleil allait vers son zénith.
L’un des Notables de la cité plaisanta sur l’absence de Barra, dont il aurait voulu pouvoir embrasser la joue avant le départ de l’Ordre. La discussion dériva alors doucement sur la chance du Seigneur Arteias d’avoir à son bras une dame de cette qualité, et les pensées se dirigèrent vers le couple, et Heine.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

L’Île d’Innadril

« Est-ce que tu penses que cela irait à Yurii ? »

Barra fit tournoyer en riant l’étoffe d’une tenue estivale devant le regard appréciateur de Damocles. Il lui répondit par un simple sourire de connivence, et Barra lui tira la langue en faisant une grimace amusée.

« Peut être un peu court tout de même, mais elle a de jolies jambes, il faut qu’elle puisse les mettre en valeur et… »

Elle fut interrompue par les cloches de la Grande Cathédrale qui se mirent à retentir à la volée. Damocles, détourna un instant le regard, l’air soucieux.

« Midi déjà ! Comme le temps passe, je n’aurais pas cru qu’il était déjà si tard… »

Mais les cloches ne s’arrêtèrent pas de sonner aux douze premiers coups, elles continuèrent encore et encore.

« Ce n’est pas l’heure, mais le tocsin, fit Damocles en se rapprochant de sa belle, c’est une alerte, il faut que j’aille voir.
- Je viens avec toi. »

Damocles perçut la lueur déterminée au fond du regard de Barra, ce regard qu’il connaissait si bien.

« Bon. Allons-y. »

Ils quittèrent ensemble le commerce à pas vifs, tandis que la foule autour d’eux commençait à donner les premiers signes d’inquiétude.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

La Cité de Gludio

L’après-midi était déjà bien avancé, les dernières troupes de l’Ordre d’Ambre étaient en train de quitter le château, remplacées par celles de la ville ; et s’apprêtaient à faire mouvement vers le nord pour rejoindre le gros des forces qui s’étaient retirées petit à petit au cours des derniers jours.
Les soldats s’échangeaient des plaisanteries et des bruits de couloir, ils racontaient un peu leurs habitudes et ce qu’ils avaient apprécié de cette vieille bâtisse vénérable, les bons coins pour ne pas se faire repérer durant une pause en pleine ronde et autres « trucs », ou encore les histoires à faire peur aux jeunes recrues, les éventuels revenants hantant les remparts et tentant de séduire les sentinelles ou de les faire fuir par mille et mille artifices.

Ce furent les sentinelles qui, justement, furent alarmées les premières, en voyant se déplacer un immense nuage de poussière en direction de la ville. Quoi que cela ait pu être, ça n’avait certainement pas de bonnes intentions. Et ça se déplaçait vite. Trop vite. Les troupes Ambrérites restantes et les soldats de Gludio se regardèrent l’espace d’un instant.
Puis d’instinct ce fut le branle-bas de combat et tous se dirigèrent vers la cité pour apporter une aide supplémentaire.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

L’Île d’Innadril

La nuit s’abattit sur la cité comme un charognard descend sur sa proie, avec une vélocité lente, inexorable.
Heine était la proie de la panique, la Sérénissime n’avait plus de serein que le nom.
Les flots encerclaient la cité, ses habitants pris au piège. La digue et le fossé qui avaient été creusés n’étaient qu’un vulgaire contre temps érigé devant le grondement titanesque des eaux qui s’étaient amassées tout autour.

Damocles avait rassemblé les membres de son clan pour aider à l’édification des barrages de fortune, mais il était clair à présent que cette ultime défense pour protéger les siens et sa cité était illusoire.
Dans l’affolement et l’hystérie collective, il n’y avait encore que les membres des Arteias pour agir avec méthode et un semblant de calme, de manière organisée.
Il se tourna vers Barra, affairée à aider à l’édification de protections magiques avec les mages qui avaient pu être regroupés.

« Pas elle. » fut sa seule pensée.

Il se dirigea d’un pas décidé vers sa promise, lui attrapa le bras sans un mot et l’attira vers une place isolée à peu près déserte.

« Qui a-t-il ? fit Barra.

Damocles ne lui répondit pas et se prépara simplement à appeler sa Wyvern, mais Barra le retint. Il la regarda dans les yeux. Autour d’eux, les hommes et les femmes criaient et pleuraient, la rumeur grandissante des flots qui s’apprêtaient à les engloutir, tout annonçait une fin imminente.

« Damo’ que fais-tu ?
- Je sauve ce qui peut encore l’être. Ma place est avec les miens, mais tu n’as pas à partager notre sort.
- Non. Je n’irai nulle part sans toi. Damocles, ma vie est auprès de toi, ou elle ne sera pas. As-tu déjà oublié ce que nous nous sommes jurés il n’y a de cela que quelques jours ? Ta place est ici, auprès des tiens. La mienne est à tes côtés, pour le meilleur comme pour le pire. »

La jeune Sombre se détourna et se dirigea à nouveau auprès des mages Arteias, regroupés sur la grand place de la cité comme le reste du clan, pour leur prêter main forte. Damocles lui emboîta le pas, l’impatience montant dans sa voix pourtant toujours très calme d’habitude.

« Barra, nous n’avons plus le temps je…
- Damocles ! fit soudain une voix sur leur côté.
- Aradia ? Que se passe-t-il ?
- Les flots, ils montent ! Au dessus des remparts !! Nous ne pouvons pas… »

La jeune femme n’eut pas le temps d’achever sa phrase. Un mur d’eau d’une hauteur immense s’était formé dont la cime allait bien au dessus de l’enceinte de la cité. Le temps sembla suspendre son cour un instant, puis la déferlante commença à s’abattre sur la ville, et la cité entière retentit du hurlement de dizaine de milliers de voix mêlées dans un cri unique d’horreur et de désespoir.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

La Cité de Gludio

Tout se déroula un peu comme dans un rêve.
Un cauchemar plutôt, où tout était déjà joué d’avance. La déferlante des Oel Mahum, ces guerriers mi-hommes mi-bêtes, fit irruption sans crier gare dans la cité. Les sentinelles sonnèrent l’alerte, les lourdes portes de la ville étaient en train d’être fermées quand les premiers assaillants se jetèrent contre dans la plus grande sauvagerie.

Les miliciens de la cité furent instantanément submergés, trop peu dirigés, et pris par l’élan de panique qui s’étendit rapidement au reste de la ville. Le massacre s’étendit tout aussi vite de la sortie est aux quartiers adjacents de la cité. Les plus rapides des assaillants arrivèrent ensuite sur la place de l’Eglise où ils furent accueillis par une volée de flèches et de sorts qui les tailla en pièces.
Les derniers Ambrérites et la garde du château arrivés en renfort, positionnés en une bande compacte en travers de l’avenue donnant sur la porte nord, formaient une barrière derrière laquelle les civiles trouvèrent une échappatoire.

Devant le rempart humain formé de lances et de piques, d’épées et de dagues, Heigardt haranguait les soldats qu’il avait assujettis à sa discipline.

« Les femmes et les enfants d’abord ! Resserrez les rangs ! A mon commandement, Seconde Volée ! »

Une nouvelle nuée de flèches vint larder la horde, et un nouveau monceau de cadavres vint s’amonceler, aussitôt enjambé par de nouveaux assaillants. Le corps à corps était inévitable. L’affrontement ne laisserait aucun doute sur l’issue du combat, ou plutôt, de la défaite.

Seuls quelques volontaires endurcis étaient restés dans les rangs, ils savaient qu’ils ne survivraient pas, mais ils tenaient à faire gagner un peu de temps à une femme, un mari, un parent, un fils ou une fille.
La stratégie était simple : Les défenseurs tiendraient autant qu’ils tiendraient tandis qu’un maximum de gens passeraient derrière leurs lignes pour s’enfuir. Un autre groupe de soldats fermerait les double portes sur leur passage pour éviter que les quelques fuyards se fassent massacrer dans la débande. Pour ceux qui resteraient dans les murs de la ville, nul salut n’était donc envisageable.
Heigardt, Maral, Bania, Muda, Floryan, Yurii… eux et quelques Ambrérites encore faisaient partie de ceux-la. Ils formaient un rang compact, sur la première ligne, et s’apprêtaient à montrer ce que signifiait pour eux d’être un membre de leur Ordre.

Dorian quant à lui avait quitté la ville quand il avait vu Heigardt et Maral donner les premières instructions et raffermir les troupes. Dorian les connaissait bien. Il savait qu’ils ne pourraient jamais partir sans combattre, et que ce combat ne pouvait être gagné.
C’était perdu d’avance et pourtant nul n’aurait pu les convaincre de renoncer à cette bataille, pas même lui, pas même en utilisant tout les arguments du monde.
Alors il avait décidé de faire ce qu’il pouvait. Ce qu’il devait faire en tant que Regent. Alors qu’il chevauchait vers la tombe de sa prédécesseur, il sortit un des écho-cristals verts dont il se servait pour enregistrer les rapports et les mémoires de l’Ordre.
Soudain une rumeur se fit entendre derrière lui. Sans se retourner, il sut qu’il avait été pris en chasse.

« Eh bien, fit-il à haute voix, il semblerait que l’espoir rétrécisse à vue d’œil… »

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

L’Île d’Innadril

On dit que ce n’est parfois qu’au cœur de l’adversité que le véritable espoir peut renaître.
Mais l’espoir ne renaît pas forcément pour tous.
Lorsque les trombes d’eau et les flots s’abattirent sur eux, les habitants de la cité poussèrent un cri unique et tonitruant. Au fond des cœurs, l’espoir venait de s’éteindre et avec lui, l’étincelle de vie allait prendre fin dans les secondes qui suivaient.
C’est alors que les nuages dans le ciel nocturne se fendirent, et dans un déchirement frémissant qui fit raisonner l’air et les cieux à des kilomètres à la ronde, une silhouette ailée plongea au milieu du déluge jusqu’au plein cœur de la ville.
Une colonne d’air tourbillonnante naquit dans son sillage, repoussant les flots sur quelques mètres, les faisant tournoyer. La silhouette amortit sa chute d’un puissant battement de ses ailes immenses, puis se laissa planer jusqu’à toucher terre.
Se dressant de toute sa hauteur, un Etre aux ailes de lumière flamboyante déployées se tenait au dessus des membres du clan Arteias réunis sur la grand place. Tous les regards se portèrent sur lui alors que d’un mouvement leste et gracieux, il engloba les membres du clan sous son aile protectrice, comme on protège un enfant de la pluie, avant que les flots ne recouvrent entièrement la ville, puis ce fut le noir, et le silence total.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

La Cité de Gludio

« Liudiwynn !? »

Dorian venait d’échapper de peu à un coup de machette, coup dévié par les lames de l’interpellée. Ils étaient cernés par un petit groupe de Oel Mahum, mais un groupe suffisamment nombreux pour qu’il ne puisse s’en sortir seul qu’au prix d’un temps dont il ne disposait pas.

« Baissez la tête ! lui répondit simplement la jeune femme, ce qui lui permit d’empaler d’une lame à travers le cœur l’adversaire qui s’était précipité dans le dos du Sombre.
- J’ignore comment vous êtes arrivée jusqu’ici mais c’est la Providence qui vous envoie !

- Gardez plutôt votre souffle pour sauter sur votre monture et continuer à fuir, répondit l’humaine dans un ballet de ses lames mortelles, votre serviteur d’ombre ne tiendra pas longtemps, pourquoi vous être arrêté !
- Parce que je ne fuyais pas ! Il fallait juste que je trouve un endroit un peu isolé pour… »

Il fut encore sauvé in extremis par une intervention fulgurante de la jeune combattante qui s’était interposée entre lui et un nouvel assaillant, décapitant net ce dernier.

« A Gran Kain vos idioties, partez au plus vite !
- Je suis désolé, Liudiwynn, mais je ne peux partir, il faut que je fasse une dernière chose avant et il ne faut pas que je sois interrompu… »

C’est le moment que choisit la créature invoquée par le Sombre pour trépasser, sa masse d’ombre fendue en deux par un coup d’hallebarde. Les Oel Mahum survivants leur faisait maintenant face, et semblaient vouloir se montrer plus prudents avec l’arrivée de ce nouvel adversaire de taille qu’ils avaient trouvé dans la jeune duelliste.

« Qu’avez-vous l’intention de faire…
- Il faut que je tente un sortilège, il est puissant mais il ne souffre aucune interruption. Il faut que je le fasse pour ceux des miens qui sont restés se battre dans la cité.
- Combien de temps dois-je vous acheter ?
- Haha ! Je l’ignore ! C’est le genre de sorts qu’on ne tente qu’une fois dans sa vie !
- Dorian !! »

Le Sombre s’était déjà mis à incanter. Au même moment, les Oel Mahum chargèrent tous en même temps. Liudiwynn poussa son cri de guerre et chargea à leur rencontre.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

Quelque part

« Entendez moi. »

La Voix était sourde et profonde, puissante comme l’ouragan et la tempête déchaînés, mais en même temps limpide et sereine comme la brise d’un printemps.
Elle les appela tour à tour par leur nom, Damocles, Ogmios, Loona, Orade, Onizuka, Aradia, Uthorion, Grunt, Piccola Tidus et tous les autres…

« Vous tous, Entendez moi, Elus de mon Peuple… »

Damocles comme tout les membres de son clan était attentif, et avait les yeux rivés sur l’Etre Ailé quand il remarqua qu’il tenait toujours Barra dans ses bras. Cette dernière semblait plongée dans une léthargie profonde, et sommeillait tout contre son cœur.
Aux alentours, une muraille invisible de vent violent tourbillonnait sans bruit, gardant les flots menaçants à distance, mais l’image était comme trouble, distante, presque irréelle, à l’instar du silence et de la paix qui régnaient dans cette demi-sphère engloutie sous les eaux.
L’Ailé parla encore, et l’attention de Damocles se reporta de suite sur sa voix.

« Les Temps où vous avez Prospéré sur ces Terres sont à présent Révolus. Votre Destin doit à présent vous amener vers d’Autres Horizons. L’Exode… »

Tandis qu’il parlait, des images se formaient sur les parois mouvantes du champ de protection qui les entouraient. Tour à tour, les moments forts du clan se révélaient à leurs yeux, certains les revivaient, d’autres les découvraient, les doutes, les trahisons, les victoires, l’Alliance…

« Damocles. Tu as continué en croire en la Mission qui t’a été Confiée, Guider les Elus, à travers les Epreuves. Entends Ma Voix, toi, l’Elu parmi les Elus… »

Les yeux du Sombre semblèrent soudain s’illuminer de milles éclats alors que l’Ailé lui soufflait mots et images destinés à son seul esprit. Lorsque le regard de Damocles reprit une apparence normale, l’Ailé hocha gravement la tête.

Le vent qui tournait silencieusement autour d’eux se mit à tourbillonner plus rapidement, l’air devint plus sec, et tous furent obligés de se protéger le regard. Lorsque, enfin, l’agitation cessa complètement, ils n’étaient plus à Heine, ils n’étaient même plus à Innadril.
La soirée était étoilée et une légère brise soufflait sur l’assemblée.
Tous les membres du clan se regardèrent en silence, n’osant briser le charme de l’instant qu’ils venaient de vivre.
Barra émergea alors de son sommeil d’entre les bras de Damocles.

« Tu vas bien ? s’enquit ce dernier. Sa voix était très posée et calme, encore plus que d’habitude.

- Oui oui… que s’est il passé ? Où sommes nous ? Et puis… qu’est-ce là bas au loin ? »

La Sombre désignait un point lumineux dans le ciel, trop brillant pour n’être qu’une étoile.
Tout les regards se tournèrent dans cette direction, la lueur vacilla un peu, puis telle une étoile filante, traversa le ciel vers le firmament avant de disparaître.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

La Cité de Gludio

C’est étonnant comme on peut sentir que la fin est proche à partir du moment où elle est sur le point de vous tomber dessus…
Heigardt se faisait cette réflexion alors qu’il sentait son corps devenir mou, lent et maladroit, ce corps dont il était si fier pour sa robustesse, sa dureté digne de l’acier draconique, il sentait à présent ce corps le trahir…

« Je voyais ça autrement. » dit simplement Floryan de sa voix posée et grave, alors qu’il sentait Yurii, la jeune gladiatrice, dos à dos avec lui... Cette dernière s’épongea le front du sang qui lui brouillait la vue, la respiration haletante, sans rien dire. Elle comptait mentalement le nombre d’ennemis qui avaient péri par ses lames, mais avait du mal à se concentrer une fois passée la soixantaine de victimes lorsque l’Orc interrompait ses calculs.

« Surtout que je sens mes réserves faiblir, renchéri Muda, tout aussi mal en point, mais il faut garder espoir et Foi en la Déesse ! Haut les Cœurs ! » Le jeune homme fit tournoyer son sceptre dans les airs et aussitôt, une vague de bien être se répandit dans les membres de ses compagnons, leur redonnant un peu de force vitale.
Au fond de lui, il sentait qu’il n’aurait pas la force de le refaire une seconde fois avant d’avoir pris quelque repos, ce dont ils n’avaient pas le temps.

« C’est qu’il en arrive sans cesse… » fit simplement Bania « mais au moins nous avons pu sauver quelques innocents… et innocentes » ajouta-t-il, en pensant au Titre qu’il avait arraché après ces dures séances d’entraînement.

« Souvenez vous. » Les mots de Maral sonnèrent clairs et limpides, malgré la fatigue et les blessures qui le marquaient « Les Seigneurs d’Ambre ne demandent pas Combien, mais sont les Ennemis. »

Sur les centaines de soldats amassés pour cette ultime défense, seuls une soixantaine luttait encore. Ils étaient cernés. Les derniers ne tarderaient pas à succomber à la charge continuelle et furieuse. Puis ce serait leur tour.

« T’as bien raison petit » fit Heigardt, en crachant par terre un sang noirâtre dans une grimace qui fit jouer la cicatrice lui balafrant le visage « On n’a qu’à dire qu’on est dans un environnement riche en cibles potentielles. Y’a qu’à se servir. Une aubaine. C’est juste dommage que… » Il rassembla en lui les bribes de Pouvoir qu’il lui restait, et fit s’écouler toute sa Haine dans ses mots « que tout ce qu’on aie à se mettre sous la dent soit une bande de chiens baveux !! » Il leva son épée en signe de défi, et la Horde reporta toute son attention sur sa seule personne, animée d’une haine surnaturelle à son encontre.

Maral sonna une dernière charge pour Ambre et ils se jetèrent dans la mêlée, les armes en avant.

Maral sentit à ce moment-là ce picotement familier au niveau de la nuque, cette légère décharge électrique qui annonçait que Dorian était en train de l’invoquer à lui.
Mais il eut la sensation durant un instant de sentir, outre l’esprit de Dorian, également les esprits de toute la troupe présente ; celui vacillant d’Heigardt, de Muda, de Yurii.. il eut l’impression fugace de pouvoir partager leurs pensées. Et il eut la sensation qu’il en allait de même pour eux, comme si un lien de connivence s’était installé, l’espace d’un bref moment. Le sort fonctionnait-il mal ? Ou bien était-ce dû à la fatigue ?
Cependant, tous entendirent avec certitude ces mots résonner dans leur esprit :

« Vous avez bien combattu. A présent comme le dit souvent mon amie Liudiwynn, laissons les anges se battre et les soldats se reposer. »

Puis, alors que le fracas des armes allait retentir, tous les Ambrérites se volatilisèrent simultanément comme par magie, et l’air de Gludio ne fut plus empli que par les cris de rage de la Horde.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------

Le Lendemain et les jours qui suivirent

Les rumeurs faisaient leur bonhomme de chemin, doucement, mais sûrement.
Bien sûr, il y avait celles concernant le sort de Gludio et d’Innadril, il y avait aussi celles concernant les éventuels survivants.
On disait ça et là que le Seigneur d’Ambre Heigardt d’Herionadis était grièvement blessé et dans un état grave.
Quant à l’AmbRégent, les rumeurs disaient pudiquement qu’il n’y en avait plus.

[ HRP: texte sur le retrait des Clans Ambre et Arteias de leurs chateaux, pour plus d'information, se reporter au [BG Serveur] ]