C'était l'hiver et il faisait nuit. On pouvait entendre les cris de douleur d'une sombre. Elle était d'une grande beauté et recouverte de tatouages. Allongée sur une grande dalle en pierre, son ventre rebondit ne laissait aucun doute sur son état. Se tenait derrière elle un homme massif, les muscles saillants, le regard vif. Il était recouvert d'une peau de Loup et portait deux épées avec un pommeau en forme de tête de loup à la ceinture. Un prêtre aidait la jeune femme à accoucher.
« J'espère que tu ne te trompes pas. Je n'aurai rien à foutre d'une pisseuse. » Dit l'homme musclé.
« Les astres m'ont dit que ce serait un garçon. »
« Si tu te trompes, vous êtes tous morts. »
Un cri de bébé se fit alors entendre. Le prêtre soupira de soulagement en soulevant le nouveau-né. Prédiction ou chance, il semble que le prêtre, tout comme le bébé survivra. La sombre quant à elle se laissa retomber sur la pierre en silence, visiblement à bout de forces.
« Enfin. »
L'homme musclé, souriant, sortit alors un couteau effilé et trancha la gorge de la femme.
« Mais que... »
« Ta gueule où tu finiras pareil. J'en ai rien à foutre de cette bouffeuse de bite. Tu ne crois quand même pas que mon fils va boire aux mamelles de cette putain. Non il aura droit aux pies de la Clarisse. Elle vient de pondre un chiard au frangin. Une bonne fille, propre sur elle. Elle ne refilera pas une putain de maladie au mouflard au moins. »
Il prit son fils et le souleva à bout de bras.
« Dans notre famille il est de tradition que le premier né prenne le nom de son grand-père. Hors de question que je t'appelle comme ce connard. Qu'il crève et que les chiens pissent sur sa tombe jusqu'à la fin des temps. Non toi il te faut un nom de conquérant, digne de ton père. Davion sera ton nom. Davion Steinfield»
*****
Meril Steinfield est issue d'une ancienne famille ayant perdu son titre de noblesse. Il lui reste peu de l'héritage de sa famille, mais le plus important lui appartient encore : Deux épées identiques, au pommeau en forme de Loup. Les lames, plus tranchantes qu'un rasoir provient des forges naines. Des gravures sont finement ciselées dessus. Les dieux seuls savent quels enchantements ont pu être réalisés, mais sous les mains de Merril, ses lames ne pèsent pour ainsi dire rien et il peut se battre des heures durant.
Meril est à la tête d'une compagnie de mercenaire : les loups d'acier. Il s'agit d'un regroupement de la lie de la société. Ce sont d'ailleurs plus des bandits que des mercenaires. Effectivement ils se battent pour l'argent comme des mercenaires, mais ils ont aussi des activités dans le vol, dans la raquette, la prostitution et même la protection. Bien sûr le service de protection ne fait qu'encaisser l'argent des commerçants ne voulant pas voir leurs échoppes détruites par ces derniers. Certains officiels ont bien entendu voulut remettre de l'ordre, mais beaucoup d'argent on permit aux loups de s'acheter à la fois la garde et la bonne grâce des nobles. Après tout ils ne sévissent que dans les taudis de la ville.
Nous sommes en été et le soleil est éclatant. Meril a donc décidé de profiter de sa journée pour passer du temps avec son fils et ses neveux. Il n'a plus rien de l'homme qui a tué de sang-froid la mère de son fils. Il a maintenant le ventre rebondi et les muscles flasques de celui qui profite un peu trop des plaisirs de la vie. Il regarde les enfants s'entrainer avec une grande attention. Toutefois, ses yeux n’avaient aucune trace de la tendresse d'un père ou d'un oncle.
Son jeune fils a bien grandi. Il doit avoir dans les quatorze ans maintenant. Une musculature développée et plusieurs cicatrices sont les meilleures preuves de son sévère entrainement et le font ressembler à ce que son père a pu être. Il possède toutefois une certaine grâce que n'a jamais possédée son père, héritage de sa mère sombre surement. Recouvert de protection en cuir il est en train de se battre avec ses cousins. Ses deux cousins ont fait cause commune contre Davion, mais cela ne l'empêche pas de les dominer
« Davion, ramène ton cul ici. » Dit Merril.
« Désolé les gars, mais vous êtes franchement trop nul pour moi. Vous vous battez comme des donzelles elfes. Au moins, je sais quoi vous offrir pour votre anniversaire maintenant. Des robes et des livres de poésie. »
Il se mit à courir vers son père.
« Tu te sens de taille contre ton vieux paternel. »
« Tu vas te retrouver le cul par terre le vieux »
Meril éclata de rire, ramassa une épée d'entrainement et entama le combat. Les deux faisaient jeu égal. Les cousins de Davion regardaient stupéfaits la scène. Le jeune semblait prendre lentement, mais surement le dessus.
« Tu as vieilli, il va falloir que je prenne ta place. »
Alors, Merril agit. Il marchera sur le pied de Davion pour lui bloquer les mouvements, puis lui crachera dans les yeux. Déconcentré et aveuglé, Davion ne devina le mouvement de son père que par la douleur de son bras cassé.
« Trop jeune, trop mou, trop pur. Tu dois t'endurcir pour survivre gamin.»
Malgré la douleur, le gamin regardant son père avec colère.
« C'était injuste. »
« Où sont la justice et l'honneur dans un combat ? Celui qui meurt perd, celui qui survit gagne. N'oublie jamais cela mon fils, c'est les vainqueurs qui écrivent l'histoire. »
Il a fallu du temps pour que son bras guérisse, la douleur lui rappelant jour après jour la leçon si chèrement reçue. Loin de se laisser abattre, Davion mit ce temps à contribution pour apprendre à se battre avec son autre main.
*****
C'était la nuit. Davion entendait un boucan pas possible dans une chambre non loin.
« Le vieux doit encore faire une partouze, je parie. » Se dit-il.
Le calme ne tarda pas à revenir il se rendormit.
Surgissant dans la chambre, Morgul et quelques-uns des hommes de son père se saisirent Davion.
« Traitrise, mon père vous tuera » hurla Davion de rage.
Les hommes rirent en réponse.
« On devrait le tuer. » Dit un des gars.
« Sans son père, c'est qu'une petite chienne incapable de rien faire. Que pourrait bien faire un chiot en face du Loup. Non amusons-nous plutôt, on va lui apprendre sa place. Dans un lupanar à servir de reluise queue »
Cette nuit la Davion sût ce que l'on ressent en étant torturé et violé.
*****
Blessé physiquement et mentalement, Davion se réfugia dans la forêt. Il y vivra plusieurs années, tentant d'oublier ce qui était arrivé. Il y réussit tant bien que mal et se noua d'amitié avec la fille d'un bucheron, Anelyn. Elle était blonde, grande et svelte. Une vraie beauté. Il reprenait goût à la vie.
Un jour, il vit son cousin, Alphonse traversait la forêt accompagné d'anciens hommes de son père. À sa ceinture, l'une des lames du père de Davion. Son sang ne fit qu'un tour, quelque chose se brisa chez lui et c'est le regard fou et haineux qu'il suivit le groupe jusqu'à la cabane du bûcheron. Le groupe investit la demeure et peu après deux des hommes en sortirent avec le bûcheron jusqu'au billot. L'un d'eux le força à poser son cou dessus pendant que l'autre prit sa hache et lui trancha la tête, en riant des supplications de l'homme. Dans la cabane, des cris révélèrent à Davion le sort de la femme et de la fille du malheureux, mais rien ne semblait l'atteindre dans sa rage. C'est avec patience qu'il attendit le meilleur moment pour agir.
Davion attendit longtemps, jusqu'au milieu de la nuit avant de s'approcher de la cabane. Un des gars, chargés de la surveillance attendait à l'entrée de celle-ci, écoutant avec un regard lubrique les pleurs et gémissements venant de la demeure. Davion se faufila jusqu'à lui et lui trancha prestement la gorge. Il subtilisa l'arme et la torche de celui-ci, puis il mit le feu à la bicoque du malheureux bucheron et se positionna devant la porte d'entrée. Il n'eut pas à attendre longtemps avant qu'un premier homme sortit de la cabane, à moitié nu. Davion n'eut aucun mal à s'en débarrasser. L'alerte fut toutefois enfin donnée, mais l'avantage de la surprise aidante, le dernier bandit toucha terre. Alphonse sortit alors, l'arme sous la gorge de la malheureuse Anelyn.
« Toi ? Tu es vivant. Merde putain tu fous quoi ? »
Davion ne répondit pas par des mots à son cousin, mais par un regard à moitié fou et rempli de haine.
« Eh oh, tu ne vas pas attaquer à ton cousin quand même. Si tu bouges c'est la fillette qui trinque. »
Davion s'avança et embrocha à la fois la fillette et son cousin sans dire le moindre mot et sans laisser le temps à celui-ci d'agir. Son cousin voulut dire quelque chose, mais aucun son ne sorti de sa bouche, il mourut comme cela, à moitié nue.
*****
C'était le petit matin au refuge des bandits. Un commerçant descendit de son chariot. On l'avait grassement payé pour livrer plusieurs caisses au bandit.
« Eh Morgul, on a reçu pleins de caisse. »
« Laisse-moi voir ça. »
La surprise fut grande et c'est dans un cri d'effroi que Morgul constata le contenu de la première caisse. La tête d'Alphonse trônait au milieu de celle-ci, un message froissé enfoncé dans sa bouche.
Très cher petits Elpy,
Je vais vous raconter une histoire. C'est l'histoire d'un mignon petit groupe d'elpys. Ce groupe était convaincu qu'ils étaient des loups. Ils s'amusaient, riaient fort pensant la forêt à eux. Malheureusement, un jour ils réveillèrent un vrai loup. Dans leur délire sans bornes ils le prirent pour un elpy et se moquèrent de lui. Le loup affamé et de mauvaise humeur par son brusque réveil, croqua jusqu'au dernier en guise de petit déjeuner.
La morale, petite elpy, c'est que quand vous réveillez un loup, le mieux reste de fuir le plus vite possible et de prier pour ne pas se faire manger.
Courrez petits elpys. Le loup arrive et il a envie de sang.
On a bien retrouvé quelques cadavres, parfois éventrés, mutilés, tous avec un papier coincé dans la bouche, mais l'on apprit que bien plus tard ce qui était arrivé à leur chef. On l'a retrouvé dans les détritus d'une ruelle, ayant visiblement subi des mois de tortures. Sa main droite était coupée, sa main gauche inutilisable. Les os des jambes étaient cassés en une multitude d'endroits et plus jamais il ne pourrait marcher. Comme si cela ne suffisait pas, on lui a aussi coupé la langue et percé les tympans. Cela sonna le glas des loups d'acier, les rares survivants prenant le choix de la fuite.