[BG Humain] Jadus

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TheMilkyWay
Elpy
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Personnages : Jadus

[BG Humain] Jadus

Message par TheMilkyWay » ven. 12 juin 2020 à 22h27

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Spoiler:
Nom : ???
Prénom : Jadus
Surnom :
Titre :
Age : 22
Sexe : Homme
Race : Humain

Métier :???
Compétences : Guerrières, Chevaleresques.
  • Combat : A l'aise avec le maniement d'armes au corps à corps, de boucliers, beaucoup moins avec les armes à distance.
    Magie : Béni de la lumière d'Einhasad suite à un miracle, Il peut faire appel à elle au combat quand il se sent en danger, pour se protéger, lui et les autres.
    Métamorphoses :

    Alignement : Bon
    Guilde :
    Faction :
    Langues parlées : Humaine, Orque (Notions).

    Description physique : D'un teint légèrement mate, avoisinant les 1,80m pour 76 kg et pourvu d'un corps athlétique, forgé par le dur travail de la terre durant son enfance/adolescence. Des cheveux courts rouge foncé et des yeux brun clair.
    Caractère : Jadus est un jeune homme altruiste, toujours prêt à donner de son temps et son énergie à aider des personnes dans le besoin. Curieux mais méfiant des âmes qui lui sont étrangères, un peu sur la défensive depuis son traumatisme de l'assaut contre Giran par l'Ire Bestiale.

    Autres : Grande cicatrice sur le flanc gauche près de l'abdomen.

    Situation financière : Pauvre
    Comportement social : Citoyen, Aventurier.
    Type d’éducation reçue : Paysanne
    Popularité et/ou influence : Aucune
    Pensée politique : Démocratique

    Croyances : Einhasadienne
    • Einhasad : Absolue, Mère de toute vie, sans elle le monde ne serait que ténèbres et folie.
      Gran Kain : Il ressent de la pitié et du mépris pour ses frères et sœurs qui ont choisi d’adorer le dieu qui les a abandonnés à leur sort.
      Eva : Parce que la lumière est un bien fondé de la vie, l'eau l'est tout autant. Pas de dévouement envers Eva, mais il fait montre d'un grand respect pour son oeuvre.
      Shilen : Nulle. Fille du Chaos, il pense que ses adeptes sont de toute évidence une menace pour le continent.
      Sahya : Nulle. Peut changer dans le futur.
      Pa’agrio : Dieu des flammes et père des Orcs, il instille le feu de la rage dans les veines des peaux-vertes. Lui voue un certain respect guerrier.
      Maphr : Absolue, pour toute la richesse et la fertilité qu'elle a donnée à la terre que les races du monde arborent.

    Relations extérieures :
    • Sylvains : Bien qu’il soit fasciné par la sagesse et la longévité de cette race, il n’a encore jamais été en contact direct avec l’un d’eux.
      Humains : Comme dans un tas de grains, il distingue selon lui le bon et l’ivraie, mais entretient généralement de bonnes relations avec ses pairs.
      Kamaels : Ces créatures sont un mystère pour lui, il n’en connait que rumeurs et légendes.
      Nains : Bonne relations amicales et commerciales, ce sont de bons fêtards et savent reconnaître le talent quand il y en a. Jadus apprécie chez eux leur goût prononcé pour l’artisanat.
      Orcs : Amical auprès de certains clans, d’autre moins. Il partage leur ardeur du combat et le dévouement dont ils font preuve envers les leurs.
      Sombres : Méfiant du fait de leur impopularité et du lourd passé qu’ils traînent derrières eux en Elmoraden, sans pour autant céder aux préjugés, il n’en a jamais rencontré personnellement.




Prélude
An 935 du calendrier Astérien.


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Tandis que la menace de L’Ire Bestiale éclatait au grand jour depuis un demi-siècle sur le continent, subsistait à l’Ouest, face aux Mahums, La milice du Gouverneur Elion. Ses différents succès faces aux hordes envahissantes avait permis aux habitants de regagner petit à petit leurs terres, ravagées par l’occupation et le conflit. Le village de Floran qui avait longtemps servi d’avant-poste aux bêtes à crinière, reprenait progressivement ses couleurs d’antan.



La nuit était installée depuis un bon moment au-dessus du village aux Moulins. La lune, balayait de ses rayons, le doré des champs qui s’étaient teints d’un bleu pale. Le vent des plaines soufflait un doux murmure en ce mois d’Astredoux et portaient le chant des grillons jusqu’aux fenêtres ouvertes des habitants alors endormis. Seul un corps de ferme situé à une centaine de mètres de la grande place permettait d’entrevoir la vie, encore active à une heure aussi avancée.
L’homme tenait un bougeoir incandescent depuis de longues heures dans sa main gauche, et dans l’autre, moite et crispée, celle de sa femme qui hurlait, transcendée et déchirée de douleur de devoir mettre au monde l’enfant tant attendu… Dans un dernier râle, on pouvait apercevoir le nouveau-né, un garçon, frêle et rouge du sang de sa mère inspirer pour la première fois l’air de ce monde qui l’accueille. L’homme ému jusqu’aux larmes, posa la bougie au sol et saisi alors son fils contre lui :

- « Ça y est Mirella ! il est la ! c’est un petit garçon, regarde, comme il est beau… » s’écria Giuseppe, des larmes chaudes coulant sur les joues de l’homme.
-
La maman, posée dans les fagots de blé fraichement coupés, peinant à retrouver ses esprits, sourit malgré tout largement à la vue de son enfant :

- « Oui ! je veux le prendre, s’il-te-plaît !» lança elle, euphorique. « Viens dans mes bras, mon bébé… »

Après un court moment de réflexion, elle reprit :

- « Bienvenu parmi nous, Jadus. »



CHAPITRE I
La fin d’un monde.




Ainsi l’enfant était né.

Mirella, accomplie et comblée par tant de bonheur, pressa avec amour son bébé contre sa poitrine, son mari venant la rejoindre et tous trois formant le cercle familial, priant ainsi Einhasad, la Sainte Mère, de ce cadeau béni.
Pendant dix étés, les récoltes abondèrent de la terre fertile de Floran et les échanges entre la ville fleurie et Dion allaient plus que bon train. Jadus, qui semblait être devenu un garçon fort énergique et au caractère bien trempé passait la majorité de son temps dehors dans les champs à aider son père au dur labeur, ou à embêter sa mère pendant la traite des vaches. Il avait appris à aimer et respecter la terre, à semer, cultiver, entretenir et récolter le grain au gré des saisons. À traiter avec respect les animaux qui produisaient les richesses permettant à la famille de subvenir à ses besoins. C’était un garçon plein de ressources. Quand ses parents n’avaient plus besoin de lui à la ferme, il courait rejoindre ses copains, et tous ensemble partaient pour les quatre-cents coups. Parmi la petite troupe de canailles, se trouvait Eryn, une jeune fille aux cheveux d’or et au visage d’ange. Jadus s’éprend d’elle rapidement, et il semble que cela soit réciproque. Lorsque la bande se dissout le soir au soleil couchant, ils adorent passer du temps à se balader main dans la main dans les plaines verdoyantes et à s’allonger dans les champs. Le temps semblait se figer autour d’eux. Les jours, les semaines, les mois passent et les liens se resserrent entre eux. Malgré une enfance heureuse autour des siens, le garçon était loin d’imaginer que les choses emprunteraient un tournant inattendu.

Le Général Elion, qui de par sa notoriété grandissante dans l’Ouest et ses multiples provocations envers Aden notamment son refus de payer l’impôt local s’attira les foudres du jeune Anastase II,Le militaire ordonna donc que l’on renforce les terres agricoles d’une milice armée craignant des représailles du Royaume. Ce qui ne fut pas de manquer car le tout jeune Empereur dépêcha son armée vers les terres de l’Ouest afin de faire plier les résistants à sa volonté.

Sur les directives du Général et pour éviter un massacre, les paysans du territoire de Dion durent, par la force des choses, plier bagages vers Gludio. Un petit groupe de paysans s’opposa à l’exode, bien attachés à la terre qu’ils ont façonnée pendant tant d’années, voire pendant des générations pour les plus anciennes familles. Giuseppe et Mirella étaient de ceux-là. Tiraillés entre l’envie de faire perpétuer le patrimoine familial, la peur d’un conflit armé à venir avec l’Empire, le bonheur de leur famille qui risquait d’être mis à mal, ils décidaient à contrecœur de vendre leurs terres et leur maison a un voisin de confiance. A ce moment-là, Jadus compris que les conséquences cette décision allait changer son mode de vie et sa relation avec Eryn. La famille de la jeune fille se préparait quant à elle à quitter Floran pour la ville côtière de Gludin. Avec les économies qu’il engendra, Giuseppe décida d’investir dans une caravane, des chevaux et du bétail dans l’espoir que lui et sa famille pourraient se perdre au détour des routes d’Aden, d’y trouver un havre de paix et aspirer à la tranquillité. A l’annonce de son départ des terres de Dion Jadus fit promettre a Eryn qu’ils ne s’oublieraient jamais et jurèrent de se revoir quand les conflits auront cessé. Après plusieurs jours de marche intense en direction de l’Est, la famille, épuisée trouva une vieille bâtisse, probablement là depuis plusieurs centaines d’années et abandonnée des hommes. C’est au pied des montagnes au sud de Giran qu’ils s’installeraient pour les années à venir.



10 ans plus tard…



La disparition mystérieuse de L’empereur et la chute d’Aden étant au cœur de tous les débats, laissant le Royaume dans un chaos sans nom, les rumeurs de l’avancée de L’ire Bestiale en provenance du Nord et de L’est affluent parmi les peuples libres. Pendant ce temps, non loin de Giran…




« Mais Papa, enfin ! ça n’ira pas du tout, regarde ! Laisse-moi caler cette roue… » disais-je dans de grands gestes.
« Dépêches-toi enfin ! c’est lourd tu sais, je n’ai plus la vigueur de mes 20 ans comme toi ! » le vieil homme s’égosille, portant le côté droit de la caravane à bout de bras.

Tandis que je frappais d’un grand coup de masse le moyeu de la roue, le bruit fracassant du bois retentit cœur de la vallée pour faire s’envoler les oiseaux.

« Voila ! prête pour le marché de demain, tu vois tu n’as plus de soucis à te faire ! » lançais-je d’un sourire satisfait.
« Ah merveilleux ! On ne peut pas se permettre de rater une telle occasion, en plus je dois y rencontrer Renatto pour lui prendre deux chèvres supplémentaires. »
« Je vais me baigner ! je suis en eaux. » retirant mon haut en étoffe que je jetais sur le toit de la caravane.
« D’accord, fils. Ne t’éloignes pas trop. »
« Papa, j’ai 20 ans maintenant, je vais m’en sortir… »
« Rentres pour le dîner cette fois, ta mère va se faire du souci. » me criait –il, alors que je courais déjà en direction des berges du bras de mer.

Depuis notre arrivée dans la petite vallée du sud de Giran non loin des routes commerciales, mes vieux parents avaient renoncé au projet d’agriculture, trop pénible et chronophage selon eux. Nous avons alors décidé de nous lancer dans la production de lait, et de fromages. Avec la dizaine de vaches et autant de chèvres parmi nous, c’était un réel défi pour la famille, mais au fil des années, nous arrivions à sortir de véritables petits trésors des mamelles de ces bêtes, et à les vendre au marché de La Grande-Place de la Dame. Il faut croire que l’herbe est sûrement plus grasse et plus riche en nutriments ici qu’a Floran. Ma mère pensait qu’en exploitant ces terres et en agrandissant notre parcelle, on s’attirerait des ennuis de la part des bandits de grands chemins et des Mahums, ou pire, de l’aristocratie Giranaise. Elle n’a pas tort, les temps sont devenus difficiles à vivre ici. L’ambiance y est tendue, des rumeurs font état de coffres vides à Giran, Les pouvoir en place ayant dépensés toute la trésorerie dans les défenses militaires. Ils pensaient qu’après avoir tombé Aden, L’ire Bestiale ne tarderait bientôt pas à envahir le territoire. L’inflation des prix et des taxes tuent les commerces à petits feu et bon nombres de gens ont mis la clef sous la porte, partis en direction de l’Ouest.
Errant instinctivement, perdu dans le dédale de mes pensées, j’arrive enfin aux berges. Je me plais à venir ici. Loin de tous les tracas que le quotidien m’impose, et des souvenirs de ma vie à Floran qui viennent souvent hanter mon esprit. Mes amis me manquent, Eryn…que sont-ils devenus depuis tout ce temps écoulé ? Sont-ils au moins sains et saufs ? Autant de questions laissées sans réponses… Tombant mes habits dans mon sillage, Je me jetais nu dans l’eau froide et saisissante. De loin, on pouvait apercevoir le champ des silences, véritable bijou paysager sur les terres de l’ancienne tyrannie Adrielle. On pouvait y voir se balancer dans un rythme lent et élégant, les fins roseaux rosés par le soleil qui me laissait profiter de ces dernières lueurs, disparaissant derrière l’océan. Les traînées lumineuses jaunâtres de la masse de lucioles venaient rajouter un charme certain. Tout était calme. Seul le remous des vaguelettes venant échouer sur une fine bande de sable grossier venait à perturber ce tableau idyllique.
Ayant donné un sursis de répit à mon âme pendant quelques heures, je décide de rentrer. Mon père fumant la pipe tranquillement installé dans un fauteuil marron plus qu’usé et bon marché qu’il a acquis chez l’antiquaire de la ville en plus de quelques livres poussiéreux, ma mère qui sortait tout juste de la cheminée son ragoût à la viande de Keltir, nous passâmes à table. Je n’étais pas un chasseur, mais quand ces rapaces venaient à traquer et tuer l’une de nos bêtes, j’obéissais à la loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent. J’appelles ça le juste équilibre de la vie. Vidant le contenu de mon bol en un éclair, je décidais d’aller me coucher, fatigué d’une nouvelle journée de travail.


Le lendemain...




Réveillé par les premières lueurs de l’aube et par mon père qui dans un vacarme incessant, prépare la caravane en vue du marché. Après avoir enfilé mes vêtements, je descends en trombe, attrapant un tablier qui traînait près de l’écurie.

« Ah Jadus, j’ai cru que j’allais partir dans toi, tu veux bien m’atteler les chevaux ? » disait –il, chargeant un à un les produits dans l’étal de l’échoppe roulante.


Aussi je m’exécute. Au fur et à mesure que j’équipe de cuir les chevaux, le soleil pousse l’obscurité de sa puissance. Les chevaux, enhardis d’aller parcourir la route piétinent d’un pas lourd l’herbe fraîchement humide de la rosée du matin. Nous sommes enfin prêts à partir, rejoindre la vie citadine de Giran dont on pouvait discerner les flèches à travers la brume de l’horizon. Une heure plus tard nous voilà installés sur notre carré de la Grande-Place. Forte d’une population cosmopolite, la ville est le carrefour des rencontres du monde. On y croise des gens fortunés, d’autres pauvres à mendier. Certains de bonnes familles, d’autres en quête d’exil, parfois même des Héros ! le tout parmi une foule abondante. Les ventes s’enchaînent depuis maintenant trois heures à la caravane dont je tiens le comptoir, fort du succès de nos produits. La plupart des marchands font importer leurs produits du Nord, impactant le coût important du voyage sur les prix de vente. L’argument majeur chez nous est la production locale, et la grande qualité de nos laitages se colportait de bouches à oreilles. En milieu d’après-midi, le flux de clients ralentissait, mon père refaisait le monde non loin de là avec un groupe de personnes du même âge. Je décidais alors entre chaque transaction de me plonger dans un des vieux livres qu’il rapporta la veille. Un livre de contes et légendes d’anciens héros, les Astériens.


Assis sur une pile de caisses en bois, mes yeux se perdaient dans les lignes du livre. Soudain, en relevant la tête, j’aperçois une très jeune peau-verte, pas plus haute que l’étal, saisir à pleine main une tome de fromage ! Ébahis, je la fixe des yeux posant dans le même temps l’ouvrage que je lisais une minute avant. Une fraction de secondes durant, nos regards se croisent à son grand damn. La fillette, dans un élan de peur, prends ses jambes à son coup avec la ripaille en espérant se perdre rapidement dans les badauds. Alertant rapidement Giuseppe de la situation, je sautes par-dessus le comptoir et me lance à sa poursuite. Agile et rapide, elle slalome la foule avec une aisance surprenante, me tenant à distance. La jeune Orque, partie vers le sud-ouest de la place, est en voie de me semer. C’est alors que dans un éclair de lucidité et de ruse, je bifurque par le sud traversant la rue principale du quartier Sombre, puis à l’Ouest. Poussé par l’adrénaline, je traverse la petite place tranquille de ma meilleure course à pied. C’est alors, que face à l’entrée du quartier des réfugiés, je me retourne pour l’attendre d’une seconde a l’autre. En un instant, elle quitta la foule, et tête baissée, chargea comme un bélier le fromage à la main, vers le passage ou je me trouve là à l’attendre. La pensant tirée d’affaire, c’est là qu’elle releva la tête et m’aperçut, les bras ouverts et déterminé. Dans un moment d’incompréhension, elle trébuche sur un pavé, et avec la vitesse me percutes de plein fouet, nous trouvant tous deux à terre, sonnés. Je me relève et l’attrapes par le col, la petite jetant la nourriture à terre, et pleurant, criant de toute ses forces dans un langage incompréhensible. Elle se débattait face à ma résilience. C’est alors, que surgit, derrière nous, une masse colossale, tellement énorme qu’elle projetait une ombre deux fois plus grande que la mienne. Ravalant ma fierté, je me relevais dignement, époussetant mon tablier et mon morceau de fromage. L’Orc, visiblement agacé par les cris de la petite, s’agenouilla près d’elle :


- « C’est bon, Iwo, tu n’as rien, allez relèves-toi !» dis l’Orc, gêné par la situation.
- « Mais il veut me faire du mal, regardes !» lança la jeune fille.
- «Pppas du tout ! Attendez c’est un pur malentendu » Bégayais-je face à l’homme vert en armure.


Le géant, se décoinça rapidement et dans un fou rire me dit :


- « Ne t’inquiète pas, petit. Iwo, excuse-toi auprès du marchand. Tu me déçois beaucoup ces derniers jours. Rentres vite chez nous ! » la petite, l’air blasée, commence à s’éloigner de la conversation.
- « Désolé pour les soucis que ma fille t’a causés, mais ici, dans les bas-quartiers la famine fait des ravages depuis des années, nous sommes ici avec Iwo à cause de la guerre comme tous ces gens que tu vois dans les tentes, là-bas. »

Il pivote sur la droite, et pointe du doigt une centaine de personnes assises trente mètres plus loin, à même le sol, l’air rachitique et n’ayant pour vêtements qu’une ribambelle de tissus sales et déchirés. Je restais pétrifié de douleur à la vue de ces pauvres gens désespérés qui semblaient avoir tout perdu et qui me regardaient.

- « Sans rancune ? » dit-il en se tournant vers moi, me présentant sa main, prêt à fraterniser comme si on se connaissait depuis toujours.
- « Sans rancune » lançais-je.

Surpris par son comportement amical, je lui tendis la mienne et la poignée ferme qui nous uni mis fin à la conversation. Chacune des parties tourna le dos, et dans un élan de pitié et de générosité, je retournais vers lui, :

- « Attendez ! Tenez… prenez-le, je vous l’offre, après tout ce n’est pas grand-chose … ».

L’homme acquiesça généreusement et dans un malaise infini, je retournais sur la Grande-Place, estomaqué par tant de misère.
Au loin j’aperçois mon père, visiblement inquiet, qui me cherche parmi les citoyens. D’un signe de la main je lui montres que tout va bien. Tout en avançant vers l’étal que mon père avait commencé à ranger, me dit, noir de colère :

- « Alors tu l’as eu cette sale petite voleuse ? il va falloir la dénoncer ! ».

Dans un élan de de dignité et de solidarité envers le groupe de réfugiés, je décide alors de mentir à mon père, pour la toute première fois de ma vie :

- « Euh non, elle… était trop rapide pour moi… elle m’a semée. Mais ce n’est pas si grave, je ferais plus attention la prochaine fois ! Et pour ce qui est des autorités, je vais m’en occuper ! ».

Je choisis de ne pas la dénoncer, après tout, ce n’est qu’une enfant comme je le fut un temps. Qu’est-ce qu’un vulgaire fromage devant tant de pauvreté ? A partir de ce jour, mon comportement allait changer et je ne fermerai plus les yeux sur les horreurs de la guerre, ni sur l’injustice. Le lendemain matin, après une nuit agitée, je me retrouvais à nouveau sur le marché en compagnie de mon père, les affaires reprenaient. Quand soudain je distinguais parmi la vingtaine de clients amassés autour de nous, L’Orc à qui j’ai donné de la nourriture la veille. D’un grand signe de la main, il se manifeste. Je pose mon tablier pour le rejoindre, laissant mon père tenir la roulotte.

- « Hé petit. Je tenais à te remercier pour hier, ce que tu as fait, personne l’a encore fait pour nous. Giran nous méprise, préférant nous taire et nous cacher dans un coin insalubre que de salir sa réputation. *L’Orc crache par terre*. Le peu de nourriture qu’on arrive à se procurer hors de la ville est filtré par les gardes à l’entrée. Se bâtards se goinfrent sur notre dos alors que nous mourrons de faim ! » me dit-il en rageant.

- « Oh, ce n’est vraiment rien, ne t’inquiètes pas ! J’ai vraiment ressenti de la peine pour vous hier, c’est terrible… Si je peux vous aider d’une quelquonque manière je le ferai. »

- « Merci l’ami. Moi c’est Thrasth, et toi ? »

- « Jadus. »

- « Ce soir on fêtera Einhasad au camp des réfugiés, pour tous les survivants des peuples libres à travers le monde. Veux-tu te joindre à nous ? Tu serais le bienvenu. »


C’est avec une immense joie que j’accepte donc la proposition de Thrasth. C’était une fête superbe, pleine de vie, de partage et d’amour. Thrasth, Iwo et moi devenions ainsi des amis. Durant les deux années qui suivirent, On passait tous les trois la plupart de notre temps ensemble à chasser dans les plaines, à pêcher autour de la ville. Lui m’apprit les bases du combat à mains nues et armé au corps à corps, tandis que la jeune peau-verte adorait me raconter des histoires sur leur dieu, Le père des Orcs, Pa’agrio. Mon père a noté chez moi une cruelle absence sur le marché, et ma mère ne lui manqua pas de lui rappeler que c’était tout à fait normal à mon âge de profiter de la vie et de ce qu’elle peut offrir. En l’occurrence, c’est l’amitié que la Sainte-Mère m’a offerte, cette chose qui manquait tant à mon être. Mais la triste réalité, c’est que peu importe la joie et le bonheur qui purent traverser mon corps et mon esprit, ces jours heureux allaient bientôt manquer à ma vie.



An 957 du calendrier Astérien.




Le jour est levé. Aujourd’hui le ciel est sombre et orageux au-dessus de la cathédrale, guide de lumière. L’air est vicié et lourd. De ma chambre je peux entendre les chevaux agités hennir dans l’écurie, furies incontrôlables. Ce matin, tandis que je me préparais à rejoindre Iwo et Thrasth, j’embrassais mes parents, qui attablés pour le petit-déjeuner, ne s’étonnait plus de me voir quitter ainsi la maison à la fraîche. Aujourd’hui comme tous les jours passés ces dernières années, c'est ma mère qui me remplaçait sur le marché. Brillant par mon absence, j’avais au moins provoqué le rapprochement de mes parents, dont la routine quotidienne morcelait l’amour les unissant. Ce matin j’ai rendez-vous au sommet de la montagne qui jonche la sortie Ouest de Giran. Gravant un chemin de terre escarpé sur le flanc de l’immensité, je peinais à respirer, regardant timidement derrière moi l’altitude gagnée jusqu’alors. Arrivé en haut du mont, je sens une odeur familière, comme de la viande grillée. Je m’accroupis dans les feuillages qui sépare le chemin du plateau, et, une main dans le dos, sort discrètement ma dague bien calée dans son étui. D’un bond vers l’avant, je découvre mes deux comparses, ayant déjà pris le temps d’allumer un feu de cuisine et dégustant quelques côtelettes juteuses.


- « Salut Jad’ ! Sale temps aujourd’hui… » me sourit Iwo, du gras sur le contour de la bouche.

- « T’en veux ? C’est de l’ours ! Papa l’a grimpé sur ses épaules tout en haut de la montagne ! »

- « Oh oui ! carrément ! »

- « Salut Jad’, oh alors tu es resté collé dans la montée haha ! Je t’avais dit qu’elle était costaud celle-ci » criait Thrasth au loin, deux énormes bûches dans les mains.


En posant mon sac et mon arme, je m’agenouillais près du feu qu’Iwo et moi s’évertuions à attiser. N’ayant rien avalé en partant, je savourais la viande fraîchement grillée, dégoulinante de son jus. On commence à se raconter des histoires, et au bout de quelques heures, le feu nous présente ses dernières braises, que je décide de couvrir de terre. Redescendant par le flanc gauche de la montagne, nous passons l’après-midi à chasser et à profiter du cadre forestier de la région.


La nuit commençait à se montrer derrière les épais nuages noirs. Sur le chemin du retour, gibier à la main, on pouvait aperçevoir une étrange aura rougêatre entourer la ville. Piqués par la scène surréaliste, nos pas se stoppèrent. Un silence de mort parcourait les plaines et vint jusqu’à nous. C’est alors qu’une lourde détonation se fit entendre suivi de cris de panqiues. Ils étaient là. L’ire Bestiale était là, en train de faire un massacre et prête à rayer Giran de la carte. Mon sang ne fait qu’un tour et je fonce droit en direction des portes Ouest. Il faut que je sauve mes parents à tout prix ! Thrasth dégaine une lourde épée de fer, et me jettes son bouclier. D’une voix sauvage et tyrannique, il me hurla :


- «Cours ! vas-y, je passe par le sud ! Iwo, reste planqué la, tu m’entends ? tu ne sors à aucun prétexte, je reviens te chercher »
- « Mais Papa ! Tu… »
- « Nak ! (Non en langue Orque) Ne discutes pas, écoutes ce que je te dis, c’est très important ! » hurla le père sur sa fille.


Je n’avais jamais vu Thrasth dans un tel état. Ses yeux étincelaient d’une lueur rouge sang, ses muscles étaient bandés et on pouvait voir sur son torse, ses biceps et son visage son réseau veineux doubler de taille. Il avait soif de vengeance sur les hordes qui lui avaient pris sa femme et des membres de son clan des années auparavant dans le nord du continent. Sur ses dernières paroles, le groupe se disperse. La peur envahissait mon âme, tandis que j’arrivais devant les portes grandes ouvertes. Les gardes étaient partis sur la porte Est, ou le front faisais rage. J’avançais péniblement, parmi cette chaleur étouffante, croisant les habitants qui, pris d’hystérie, déferlaient dans un balai de terreur, m’empêchant d’avancer. Je franchis la première enceinte et arrivant sur la Grande-Place, le temps semblait se figer dans une scène d’horreur. La bataille faisait fureur en plein centre-ville, les soldats essayant de défendre d’une rage inestimable leur terre bien-aimée contre la masse de ténèbres. Enflammée de toute part, cette place, autrefois la croisée des hommes, lieu de vie incontournable du continent n’est maintenant que mort et destruction. La seule vue qui s’offrait à moi étaient les corps de ses habitants, meurtris et assassinés tapissant maintenant le sol et teintant les pavés de leur sang. Paniqué et pleurant de toutes les larmes de mon corps, j’imaginais déjà mes parents figurant parmi ce tableau funeste… mais où sont-ils ?? je retournais les corps mutilés un à un, des hommes, des femmes, des enfants, ces hordes infâmes n’épargnent personnes. Etant à présent moi aussi teinté du sang de mes frères et sœurs, et pris d’une sauvagerie meurtrière, je me lançais sur ces monstres. Poignardant de toute mes force les créatures qui hurlaient de douleur dans une effusion sanglante, je sentais malgré mes pulsions assouvies, au plus profond de moi, que le monde s’écroulait autour de moi. Mon monde. Tout ce que j’avais connu et tout ce en quoi je croyais partait en fumée. Après trois ou quatre assauts, épuisé et essoufflé, je posais les genoux à terre. L’adrénaline du combat me fit oublier l’espace de quelques instants, une vilaine estocade qu’un de ces bâtards m’eut porté au flanc gauche. J’étais maintenant à la merci de mes ennemis. Dans une dernière volonté, je me relève, titubant, les cheveux, le visage et le corps couvert du sang de mes ennemis et m’appuyant le long des murs je traversais péniblement les allées. Mes parents, je ne quitterai pas ce monde sans les avoir vu une dernière fois. J’arrive au pied de la Cathédrale, je sens le sang qui s’échappe abondamment de ma plaie tandis que ma vision se trouble, la chaleur des flammes infernales tournoyantes au-dessus de la ville tendent à m’évanouir. Je lève alors la tête, récitant une dernière prière à la Sainte-Mère, accablé de chagrin et de haine, de voir s’écrouler le monde des hommes. Dans une vague de cris sur ma droite, je rouvrais les yeux. Ils étaient là, mes parents, sortis de l’académie de Hardin ou ils étaient réfugiés parmi tant d’autres Dans un énorme bruit de craquement, un souffle de flammes s’échappe de la flèche Est de la cathédrale, qui commence à vaciller sous son propre poids. Le pire allait se produire sous mes yeux quasiment fermés et remplis de sang. La flèche entame sa chute sur le côté du monument. Mirella et Giuseppe, savent alors que leur fin est imminente, courant et s’agrippant fermement comme si rien dans cet univers ne put les dissocier, me jetèrent un dernier regard rempli d’amour. Me jetant dans leur direction, comme poussé par une force divine, je plaçais mes mains devant moi et dans l’indicible lumière de la Mère de tous, envoyait l’entièreté de mon énergie restante comme si je m’apprêtais à les serrer une ultime fois dans mes bras. Une vague d’énergie lumineuse vint alors s’extraire de mon âme et placer autour d’eux, une bulle de lumière protectrice durant quelques menues secondes. Mais se sachant condamnés, ils ont brusquement arrêté de courir pour me contempler une dernière fois, et malgré l’absence de mots j’ai compris sur leurs lèvres qu’ils me disaient « nous t’aimons ». Leur visage, enluminés de l’aura de pureté qui émanait d’eux, était paisible et reposé. Enfin ils allaient trouver le repos éternel. La lourde flèche, devenue maintenant un projectile inéluctable vient terminer sa course en brisant le sol d’un impact titanesque, rompant le lien de lumière qui m'unissait une dernière fois à mes vieux ascendants et emportant toutes les pauvres âmes dans un fracas assourdissant. Projeté dans un tourbillon de poussière dans les marches de la cathédrale, et à bout de forces, je m’évanouis. Quelques secondes plus tard, tout était redevenu calme sur Grande Place. Seul le crépitement des flammes se fit entendre. Inconscient parmi les centaines de cadavres présents sur les lieux, Thrasth vint me trouver dans les marches et de sa puissance phénoménale, me traîna jusqu’aux abords de la ville. L’Orc, que rien ne semblait pouvoir arrêter, réussi à passer les portes de la ville. Il récupéra Iwo sur ses épaules qui l’attendait, cachée depuis le début du conflit et terrifiée elle aussi. Alors qu’un contingent de soldats, en charge d'un convoi de survivants jusqu’à Gludin était en train de disparaître à l’horizon, Thrasth poussa un terrible hurlement de détresse. Son cri était tel, qu’il résonna dans les plaines de Giran. Alarmés, le capitaine de la garde ordonna l’arrêt du convoi et dépêcha une escouade nous porter secours. Nous étions à présent devenus des survivants.



Quelques jours plus tard…



Je me réveille enfin doucement de mon état d’inconscience. Je sens les larmes monter en moi, mes amis à mon chevet, heureux de les savoir en vie et apparemment en bonne santé. Iwo dit que je suis resté presque deux jours dans le coma. Elle me dit aussi que nous sommes en train de naviguer ! elle qui n’avait jamais vu l’océan. Mais je me sens triste, et me souviens des derniers instants passés à Giran. Thrasth qui m’apporte alors à boire, posa sa main sur mon épaule :


- « Ne t’inquiètes pas petit, c’est terminé… tu seras bientôt sur pied » l’Orc prend un air rassurant.

- « Ou sommes-nous ? Pourquoi navigue-t'on ? » Dis-je.

- « On a quitté Gludin hier soir pour l’Ile aux murmures, il y a une colonie de survivants là-bas. ».

Je tournais alors la tête sur le côté et pouvait apercevoir l’île en question…

Thrasth me voyant pensif, réplique :

- « Tout est à refaire… ».

Et dans un grand sourire, je lui réponds :

- « Tout n'est rien, tant qu’on est ensemble… ».