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Prénom : Xeryth
Age : 62 ans
Sexe : Féminin
Race : Kamaël
Métier : Musicienne, cartographe, chroniqueuse, encyclopédiste
Compétences : Violon, calligraphie, éthologie, botanique
Combat : Maniement de la rapière
Magie : Manipulation des âmes
Alignement : Loyal-neutre
Guilde : -
Faction : -
Langues parlées : Commun et Kamaël
Description physique : Fière représentante des standards de son espèce, Xeryth s’établit à un peu plus d’un mètre quatre-vingt. Ses yeux pourpres, rieurs ou froids selon les circonstances, sont parfois masqués par quelques mèches de sa chevelure d’albâtre parcourue de reflets azurés, souvent indisciplinée et parfois domptée en un chignon savamment maintenu par un fragment de trait.
Confiante, grande et élancée, Xeryth reste néanmoins consciente des regards et de la passion que peut susciter l’asymétrie propre à son peuple. Elle s’efforce de maintenir son aile rabattue tant par pudeur que pour limiter les quelques contacts désagréables auxquels elle pourrait l’exposer. Seule l’ardeur des combats ou une passion irréfrénée peut l’inciter à la déployer.
Caractère : Hautaine à ses heures, Xeryth s’efforce de masquer ses excès scientifiques derrière une affabilité assumée. Animée d’une curiosité utile à sa mission, sa façade cèle en réalité une personnalité sinistrement méthodique et calculatrice.
Situation financière : Sans-le-sou
Comportement social : Vagabonde se mêlant aux populations locales afin d’en codifier les us et coutumes
Type d’éducation reçue : Militaire
Popularité et/ou influence : Aucune
Croyances :
- Einhasad : Intérêt académique
- Gran Kain : Intérêt académique
- Eva : Intérêt académique
- Shilen : Intérêt académique
- Sahya : Intérêt académique
- Pa’agrio : Intérêt académique
- Maphr : Intérêt académique
Relations extérieures :
- Elfes : Fascination
- Humains : Relation cordiale
- Kamaels : Relation purement hiérarchique
- Nains : Relation cordiale
- Orcs : Relation cordiale
- Sombres : Fascination
***
Partie 1 : L’opportunité d’un échec
Je poussai la porte me menant à ma première étape. Le contraste me saisit immédiatement, alors même que je me maintins dans l’encadrure de la porte. Bientôt, j’abandonnerais les murmures du vent et m’exposerais à la cacophonie si familière aux tavernes. Le soleil pointant encore à son zénith, je m’accoutumai lentement à l’obscurité régnant dans l’établissement avant d’y pénétrer et de laisser la porte se rabattre dans mon dos.
L’établissement se saisit de mes sens. Mes tympans vibrèrent au rythme des conversations semblables à des hurlements. Des picotements m’assaillirent aux yeux et aux narines ; je distinguai une fumée flottant dans l’établissement, invisible tant que la lumière filtrait encore au travers de la porte que j’avais maintenue ouverte. Je me renfrognai un instant avant de recouvrer mon expression acquise : je ne prendrais aucun plaisir à m’attabler en ces lieux, mais la nécessité et ma mission me dictaient ma conduite.
La taverne semblait consister d’une unique pièce d’accueil. Je distinguai au-travers de la foule un comptoir, au fond de la pièce, derrière lequel un tavernier s'affairait. Non loin, je remarquai une porte aux planches mal ajustées et à la poignée luisante de graisse.
- Sans doute les cuisines, soufflai-je sans que ma propre voix parvînt à mes oreilles, étouffée par l’ambiance de l’établissement.
Mon attention se porta brièvement sur quelques ombres dansantes, dans un angle de la taverne. J’y devinai un âtre désormais impossible à atteindre tant l’emplacement semblait populaire auprès des clients, massés tel du bétail dans un enclos exigu.
Je m’enfonçai dans la taverne à la recherche d’une place libre. J’en trouvai une dans un angle quasi-déserté, à côté d’un nain. En m’approchant, je remarquai la présence d’un chanteur non loin de la place libre, presque invisible dans la marée humaine et tout autant inaudible.
Je me faufilai entre les clients attablés jusqu’à la place libre, prenant garde à limiter tout contact avec cette population alcoolisée et poisseuse de sueur. Je passai souplement mes jambes par-dessus le banc et m’assis. Le nain me sourit et m’adressa un hochement de tête en guise de salutations.
Je m’accoudai. La table, à peine plus large que les bancs, permettait à peine de disposer un plat de nourriture. Je me retournai et observai la nuée d’habitués : l’agencement de la taverne avait vraisemblablement été optimisé pour accueillir le plus grand nombre de convives.
Le nain s’éclaircit la gorge. Je reportai mon attention sur lui.
- Vous voulez le remplacer ? articula-t-il distinctement en me désignant un spécimen à sa droite, vautré dans ses régurgitations et la mousse dont il avait abusé. Je vous invite.
Je distinguai un humain, quoique que son aspect fût des plus grossiers. Je n’osai pas imaginer son odeur, et me réjouis que le nain, quoique ramassé sur lui-même et bas de stature, absorbât les effluves de son compagnon de beuverie.
- Volontiers, soufflai-je.
M’enivrer ne faisait pas partie de mes priorités, mais l’état de mes finances m’interdisait de refuser une boisson offerte.
Le nain se redressa et gesticula à l’adresse du tenancier à peine perceptible derrière son comptoir puis, au bout de quelques instants, se rassit. Mes sourcils s’animèrent : ses gesticulations avaient-elles seulement été remarquées au travers de la foule ? Peut-être un mode de communication non verbale efficace avait-il été développé entre ce nain et le tavernier, à mesure que le premier s’affirmait comme pilier de l’établissement du second ?
- Qu’est-ce que vous avez-là ? me demanda le nain, m’arrachant ainsi à mes pensées, en désignant un étui accroché à ma tunique et reposant contre mon omoplate libre.
- Mon violon, répondis-je laconiquement en appuyant mon sourire.
- Vous en jouez ? fit-il en haussant un sourcil.
Les muscles de mon visage se contractèrent imperceptiblement. Pourquoi donc m’encombrerais-je d’un instrument si je ne daignais en jouer ?
- Je pratique, en effet, soufflai-je sans laisser transparaître l’ire m’ayant brièvement animée.
Le nain me désigna le chanteur, un elfe aux vêtements limés d’usure et bigarrés à mesure qu’il les avait reprisés, d’un mouvement de tête. Sa mélodie, noyée dans le flot cacophonique des conversations d’ivrognes, ne parvenait pas à mes oreilles alors même qu’il se trouvait à quelques enjambées de ma table. J’observai l’artiste un instant : loin de se trouver sur une estrade, la taverne ne lui avait offert comme scène que deux tables aux jonctions inégale, accompagnant chacun de ses gestes d’une plainte.
- Alors, vous en pensez quoi ? Il est bon, hein ? fit le nain en me désignant à nouveau l’elfe dont la prestation ne trouvait public.
- Je ne peux réellement juger, répondis-je en feignant une grimace.
- Justement, fit le nain en s’esclaffant, ça fait plaisir de ne pas l’entendre celui-là !
Je ne protestai pas. L’art ne m’inspirait guère, seul son impact sur les âmes et émotions des êtres vivants se présentait pour moi comme un sujet d’étude digne d’intérêt. Le violon me permettait d’observer des réactions et, ainsi, d’apprendre. Je m’améliorais à mesure que mon étude progressait et, parfois, gagnais quelques adenas utiles à la poursuite de ma mission. Cette perspective me paraissait néanmoins close pour cet établissement : la monnaie n’affluait que lorsque la musique atteignait son auditoire. Ici, elle n’atteignait même pas le premier rang.
- Ah, voilà les boissons ! s’exclama le nain en souriant.
Je détournai mon attention du chanteur pour la reporter vers le tavernier. Il se fraya un chemin entre les tables et les bancs occupés, bousculant sans ménagement les quelques clients ayant l’outrecuidance de se dresser sur sa route. Bientôt, le tenancier abattit une choppe devant moi et devant mon bienfaiteur nain avant de repartir derrière son comptoir en maugréant.
- Avec qui vais-je trinquer ? me demanda le nain en empoignant sa choppe.
- Xeryth, répondis-je en me saisissant de ma choppe à deux mains.
- Terrvar, compléta le nain en frappant sa choppe contre la mienne, manquant de peu de m’asperger de son contenu.
Il porta la boisson à ses lèvres et, alors qu’un fluide doré et mousseux disparaissait dans sa gorge, ne laissant comme témoignages que quelques traces à la commissure de ses lèvres et sur sa barbe broussailleuse, articula un « santé » entre deux gorgées. Je me joignis à lui pour une gorgée puis reposai ma choppe : la tempérance me garderait de partager le destin de son ancien concurrent, encore inconscient.
Le nain finit sa boisson et, déjà, commanda à nouveau en usant de son code gesticulatoire. Je bus lentement, détournant peu à peu mon attention du nain vers le chanteur. Je me délectai de ses expressions et tentatives, tentant de faire fi des entités parasites m’entourant pour me concentrer sur mon sujet d’étude. Les minutes passèrent, ponctuées par quelques gorgées du breuvage offert que j’aurais autrement exécré, mais je ne parvins malheureusement pas à me défaire d’une présence.
- Vous faites quoi ici ? répéta le nain pour la énième fois. Qu’est-ce qui vous amène à Gludin ?
Je ne répondis pas immédiatement et l’observai un instant : l’alcool avait fini par l’affecter. Il gesticula à nouveau à l’adresse du tavernier. J’étudiai la table, parsemée de choppes vides ou renversées. Mon bienfaiteur, incapable de se tenir sur le banc sans se balancer, ne tarderait plus à rejoindre son premier compagnon.
- J’étudie nos ennemis, soufflai-je. L’ire a rebattu les cartes, et j’ai à cœur d’actualiser nos connaissances sur les cités que nous avons perdues et les monstres nous les ayant arrachées.
Le nain ne réagit pas. Son esprit, émoussé par l’alcool, ne parvenait vraisemblablement pas à analyser mes propos. Après tout, mon esprit et mes sens restaient parfaitement aiguisés, préservés par ma tempérance. Quoique, attablée dans cette taverne bruyante et malodorante, j’aurais daigné les sceller pour me préserver de bien des épreuves.
Soudain, un terrible fracas retentit et le silence gagna la taverne, ne laissant plus planer dans l’air que le désagréable fumet de ses occupants. Le chanteur, emporté par son ardeur, venait de chuter violemment de son promontoire. Je souris. Pour la première fois, l’attention des clients se porta unanimement vers l’artiste ou, du moins, vers sa scène de fortune.
Je me levai en extirpant mon violon de son carcan protecteur.
- Pauvre chanteur, murmurai-je en me dirigeant vers l’estrade de fortune.
Je bondis vers l’estrade et y atterris en déployant légèrement mon aile. Je bloquai mon instrument entre mon épaule gauche et mon menton, puis m’armai de mon archet. L’auditoire me fixa, silencieux. Au sol, le chanteur gémit faiblement. Comme rassurés, les clients esquissèrent un mouvement vers leurs choppes et victuailles respectives. Je ne leur laissai néanmoins pas loisir de se détourner de moi.
J’entamai ma première mesure. Mon prédécesseur à mes pieds, je pris l’opportunité de son échec. Je quitterais cette taverne plus fortunée que je n’y avais pénétré.