---------------------------------------------------------------------------------------------Cher collègue,
Je vous écris cette missive après une étrange rencontre qui vient d’avoir lieu avec ma personne. Voyez en ces mots un rapport incroyable cachant une mise en garde. Je ne sais de quelle véritable menace il s’agit, tant elle est surprenante et intéressante. Et je ne sais non plus en quoi celle-ci vous concerne mais un sentiment étrange, que l’on nomme souvent ici-bas un « pressentiment », se fait ressentir. Lisez ce qui va suivre avec attention et ne prenez point cela à la légère, je vous en prie. Votre vie en dépendra peut-être.
Il y a de cela quelques heures, je rentrais chez moi après avoir quitté mon laboratoire se trouvant dans le quartier sud de la cité d’Aden. En rentrant dans mon bureau, qui se trouve au second étage, ma fatigue ne me fit pas aux premiers abords remarquer l’étrange présence se trouvant dans la pièce. Pourtant, au bout de quelques instants, je la vis. Elle était là, dans le reflet d'une bouteille de cet alcool nanique.
Son visage baignait dans la lueur chaude et à la fois inquiétante des flammes de ma cheminée. Assise à mon bureau, elle me fixait. Aucune émotion ne traversait son visage. Ses yeux, d’un rouge ardent comme de la braise, scrutait mes moindres faits et gestes. Une analyse sans pudeur et sans réel discernement. Son regard semblait vide. Elle m’observait, sans réellement m’observer. Sa peau tranchait avec ses deux yeux rougeâtres : d’une blancheur translucide, la vie semblait s’en être écoulée. Je ne pus en voir plus, tellement ma surprise fut grande, j’en lâchai ma bouteille qui s’écrasa sur mon parquet dans un bruit cristallin. Je me retournai et lui fis face. D’une allure calme et à la fois arrogante, elle n’avait point bouger face à mon comportement. Ses longs cheveux tombaient en cascade sur ses épaules, alors qu’une mèche recouvrait son visage, l’éclairant quelque peu de sa blancheur spectrale. Aux premiers abords, la frayeur me gagna.
Un teint livide, un regard sanguin… Tout la désignait à être un être de la nuit, un Vampire. Et pourtant. Il me fallut du temps pour remarquer l’immense aile trônant derrière elle. C’en était donc une. Une de ceux dontparle depuis quelques lunes déjà. Une Kamael. La peur fit place à l'intérêt car, vous le savez fort bien, le savoir est ma plus grande passion. Et ce fut la première fois qu’il m’était donné d’en rencontrer un. J'entrepris alors de nouer le dialogue avec celle-ci, tout en restant sur mes gardes. Je ne connaissais pas ses intentions qui pouvaient très bien être obscures. Et le plus surprenant fut à venir.
Le « sujet cible » se prénomme Kazielle. D’un mètre soixante-dix environ, et approchant les cinquante kilogrammes ; elle arbore une silhouette fine et élancée. Ses cheveux sont de la couleur du grenat. Ils éclairent son visage par quelques mèches rebelles alors que le reste s’écoulait dans son dos pour s’écraser sur ses épaules. « Le sujet cible » est d’une allure calme et intéressée. Peu bavarde, elle écoute la plupart du temps. La position de ses mains et de ses jambes me laissent penser à une forte forme de narcissisme et de prétention. Le complexe d’Electre semble étrangement ne pas l’avoir atteint.
Je lui ai alors demandé des explications quand à sa présence en ce lieu. Elle me répondit d’une voix suave qu’elle « désirait apprendre ». « Le sujet cible » semble être une personne désirant tout connaître. Elle me fit part de son histoire à ma simple demande, à mon grand étonnement. Son aspect mystérieux ne me laissait pas prévoire une telle franchise. Elle m’expliqua que les Kamaels, selon elle, ne sont que les enfants des Dieux. Que leur but n’est autre que pouvoir accéder à cet avatar dont elle a la sûreté. Elle m’avoua alors aussi qu’elle était la seule à penser cela, mais qu’elle en avait la conviction. Quand j’ai osé émettre l'hypothèse qu’elle pouvait se tromper, son silence m’effraya et je n'eu le courage de rentrer plus dans le sujet.
Le « sujet cible » m’expliqua alors que son but était de savoir. Qu’elle voulait tout savoir. Tout connaître. Tout comprendre. Je pus percevoir comme une étincelle dans son regard à ses mots. Elle ait obsédée par la connaissance. Après quelques échanges, j’émis l’hypothèse que « le sujet cible » est névrosé : son psychique ne semble point avoir de « surmoi » empêchant les pulsions du « Ca » de rentrer dans le « Moi ». Ses pulsions ne sont que des instincts proches du fonctionnement de la Succube : elle désire tout savoir d’une personne et, quand celle-ci ne peut plus rien lui apprendre ou que son aspect semble « simple » pour ne pas dire « stupide », elle s’en débarrasse. Ce que j’ignore encore est la façon réelle dont elle s’en détache…
L’aspect névrotique du « sujet cible » semble donc sans limites. Les pulsions jaillissent, tant que le savoir est à portée de mains. Pour mettre le « sujet cible » en confiance, je lui appris des notions courantes du langage commun, ainsi que quelques aspects scientifiques de mon métier. Mais je fus grandement étonné tant son savoir dépassait le mien ! Elle connaissait tout, et le seul intérêt qu’elle portait à mon égard était l’apprentissage de cette langue qu’elle connaissait encore peu.
Je profita alors de cela pour lui poser des questions plus précises : quel était son réel but pour atteindre les Dieux ? « Le sujet cible » avait la profonde conviction que son but était de trouver comment avoir sa seconde aile pour pouvoir s’envoler en l’antre divin. Que cela était comme un défi qu’avait lancé les Dieux en créant les Kamaels, pour savoir si ceux-ci seraient capables d’assumer ce statut. La névrose dont elle me faisait part semblait proche de la folie. « Le sujet cible » m’expliqua qu’elle était venue en Elmore et en Aden pour apprendre tout le savoir des Elfes, des Sombres, et des Orques shamans. Quand je lui demanda pourquoi seulement ces races lui semblaient dignes d’intérêts, elle me répondit que les autres n’étaient que des sots et incompétents pour la réalisation de cet artefact qui serait sa seconde aile. Elle me glissa même qu’elle ne supportait point l’ignorance. Que si je n’étais pas assez intelligent, je ne serais plus là… et qu’elle désirait se débarrasser ainsi des Humains qu’elle considérait comme stupides et des Orques guerriers qui étaient vide d’esprit. Les Nains semblent l’indifférer. Cette révélation me glaça le dos.
Sa faculté d’apprentissage reste cependant incroyable. Elle avalait tout ce que je racontais et réussissais à le dire à la suite sans aucune faute, sans aucun accent. Tout en s’abreuvant de mon savoir, « le sujet cible » observait tous mes mouvements. Sa soif de connaissance m’effrayait.
Alors que je terminai de lui apprendre quelques notions du langage, je tentai à nouveau de lui poser quelques questions, tout en écrivant mes analyses sur un papier face à moi. Un étrange silence s’était alors installé. « Le sujet cible » s’est alors levé, et m’a demandé d’une voix toujours aussi vide d’émotion : « N'avez-vous donc plus rien à m’apprendre ? ». Je voyais la névrose s’emparer de son visage. Les pulsions tirer les traits faciaux. La soif non rassasiée lui tendre les muscles et accélérer son cœur. Je le savais aussi bien qu’elle : j’étais à présent inintéressant, et elle comptait me tuer. J’eus juste le temps d’appeler les Gardes dans le couloir que « le sujet cible » avait disparu, ne laissant qu’une fenêtre ouverte d'où un vent glacial provenait. Je me retrouvai seul face au silence. La peur se transforma en frustration. Et je pensa immédiatement à vous écrire cette missive.
Je vous prie de faire attention, cher collègue. Sachant que vous êtes aussi renommé en la cité commerciale de Giran que moi en Aden, vous ne tarderez sûrement point à avoir sa visite. Je vous prie de ne pas prendre cet avertissement à la légère. Ma vie n’est encore présente que part chance. L’aspect névrotique de cette personne est si ancré en elle qu’elle est capable de tout.
Qu’Einhasad veille sur vous ;
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MàJ du 6 mai : correction des nombreuses fautes de temps/répétitions/style. ><