Pimlico

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

Modérateurs : Conseillères, Admins et GMs

Saïmon
Cougar
Messages : 11
Inscription : lun. 25 février 2008 à 14h39

Pimlico

Message par Saïmon » sam. 12 avril 2008 à 15h09

« Tu es né riche, avec des parents qui t’aiment, que veux-tu donc de plus ? » voilà ce que Valentin, notre valet de maison, me répondait toujours quand je lui confiais mon mal-être récurrent.
« Tu as le respect dû aux nobles familles, tu as du pouvoir et tu as des proches qui te soutiennent tous les jours ». Il me disait toujours cela avec un faux air énervé, me suppliant d’arrêter de me plaindre moi qui ne savais pas reconnaître ma chance. Il me disputait quand je me plaignais mais à y réfléchir maintenant, je pense que ce n’était pas de l’énervement…c’était surtout qu’il aimait à me savoir en sécurité, lui qui me souhaitait toujours le meilleur dans le meilleur des mondes.
« Né-sous-la-bonne-étoile »: voilà le surnom qu’il me donnait quand nous jouions à « Orc fais moi peur ». … S’il savait tout ce que j’aurais donné pour que l’on puisse échanger nos étoiles…



Dans le fond il n’avait pas tort, j’étais quelqu’un de privilégié.
Mon grand père, le bien nommé Seguro Kariko, avait construit sa fortune de manière plus ou moins honnête tout au long de sa vie de chevalier errant, de mercenaire. Conquérant quelque trésor par ci, dépouillant les corps des victimes des guerres par là, il s’était constitué une véritable fortune et avait investi dans un domaine où finir sa vie paisiblement auprès de sa tendre dulcinée.
Malgré le bonheur que lui apportait la joie de vivre quotidienne de sa tendre épouse, aucun n’aurait pu nier cette larme qui se dessine en permanence dans le coin de son œil quand il regarde le soleil se lever. Certains y voient un effet de son grand âge, d’autres vont jusqu’à invoquer une poussière…la vérité c’est que chacun a compris qu’il s’agit d’une larme de nostalgie. Quand je le regarde je ressens cette douleur au fond de sa poitrine, comme une difficulté à vivre ici. Grand-mère dit qu’il est ainsi depuis qu’il a cessé sa vie de nomade.
Malgré cela, se reposant de ces années passées à vadrouiller sans relâche, il a élevé Papa dans un véritable cocon de tendresse. Protégé de tout, ayant droit à tout, Papa n’a passé sa vie qu’à profiter de son statut et faire fructifier la fortune familiale. Jamais je ne le critiquerai car aucun enfant n’aura jamais l’amour qu’il m’a apporté, l’attention qu’il a manifestée ou encore les heures passées à me raconter l’histoire du joli elfe rouge et du grand méchant orc quand j’avais du mal à m’endormir. Aujourd’hui encore je lui en suis reconnaissant et il pourra toujours compter sur moi…seulement je ne peux pas vivre comme lui.

Valentin avait raison: j’ai des proches qui m’aiment, mais quand moi j’avais l’amour de mes parents et le respect fait aux familles nobles…lui était reconnu par tous pour sa générosité, sa gentillesse et le soutien sans faille qu’il apportait aux plus nécessiteux. Quand moi je me délectais de plats toujours plus raffinés, lui partageait son potage avec les mendiants. En cela il forçait l’admiration de tous les pauvres des Bas-quartiers qu’il aidait avec le seul salaire ridicule que lui donnait Papa.
Au fond de moi je l’enviais, cela peux paraître idiot…mais c’est bien cela. J’aurais aimé avoir cette aura protectrice, ce charisme qui pousse même les plus récalcitrants à recevoir son aide quand tout va mal. En silence, chacun admirait cet homme qui se saignait pour eux. Moi j’étais le petit-fils Kariko, personne ne connaissait ne serait-ce que mon prénom. On s’ignorait les uns les autres, non pas que ce soit volontaire mais comme si une barrière s’était créée entre les classes sociales, nous empêchant de nous connaître ou même de nous comprendre.
Valentin était différent, parler à Valentin c’était parler à un ami, il avait bien compris que malgré le titre et les apparences, j’étais comme lui: j’aimais mon prochain. Quand tout n’était désormais gouverner que par la valeur de l’argent, nous, nous raccrochions aux valeurs fondamentales d’affection et de respect. Seulement, lui a su aller au fond de ses idées alors que moi, me suis laissé vivre dans la passivité, sans voir plus loin que le muret de pierre qui limitait notre domaine.



J’aimerais pouvoir encore me confier à lui, lui dire Ô combien je l’admire et à quel point je me sens coupable de n’être rien pour ces gens, moi qui pourtant pourrait leur donner tant ; seulement Valentin est mort…en n’étant pas là pour lui je l’ai tué moi même.

Voulant se procurer plus de provisions pour faire face à la rudesse de la vie dans le froid de l’hiver naissant, il était allé s’aventurer à la chasse à l’intérieur des Terres, lui qui pourtant ne savait manier ni l’épée ni l’arc. Avec ses pièges il capturait parfois un lapin: jour de fête pour lui et ses compagnons. Mais le sang de la guerre qui faisait rage à proximité souillait les vertes herbes et rendait les lapins toujours plus rares. Jamais il ne m’aurait demandé quoi que ce soit cet idiot, il préférait encore s’aventurer toujours plus profondément à l’intérieur des Terres.
Il y a de cela 2 jours, sa douce compagne est venu me voir en pleurant...honteuse d’avoir à implorer mon aide, elle qui pourtant, avec son mari, se saignait tous les jours en aidant les nécessiteux des Bas-Quartiers. Elle était là, assise à pleurer devant moi...jamais je n’aurais imaginé pouvoir être si bouleversé. Personne n’avait revu Valentin depuis 3 jours. Cela lui paraissait étrange et l’inquiétait mais elle le savait en train de suer au loin pour leur rapporter de la nourriture.
Je vous l’avoue: j’ai eu honte, honte de ne pas avoir agi avant, honte de ne me rendre compte seulement maintenant de la misère dans laquelle je laissais vivre ces gens alors que j’avais le moyen de les aider, honte que ces gens aient besoin de réclamer quelque chose que j’aurais dû leur apporter par moi-même bien avant: de l’attention, de l’aide, de l’amour.
L’absence de Valentin était synonyme d’absence de nourriture et dans l’immédiat c’était le plus important. J’ai fait tout mon possible pour palier au plus vite à ce manque...seulement pour moi, l’absence de Valentin était plus importante que tout car il était mon seul ami...la seule personne en ce monde qui me comprenne.
Les gardes ont rapporté son corps hier. Il serait mort de faim. Le garde qui l’a découvert m’a raconté qu’il l’avait découvert mort, blotti dans une grotte où il avait dû vouloir se mettre à l’abri de la tempête de neige qui faisait rage à l’extérieur.

C’est trop pour moi…j’ai honte de moi…honte de ce que je suis…un être incapable d’aider son prochain...un être dont la passivité n’a d’égal que le manque de détermination et de conviction. En étant aveugle sur les besoins de ce monde…j’ai tué la seule personne qui ait su discuter avec moi…mon seul ami. Jamais je ne saurai me pardonner mon comportement, mais au nom de notre amitié je vivrai une vie d’allégeance aux nécessiteux, j’apporterai mon aide à chaque personne en exprimant le besoin, quelque soit sa race, son origine. Et lorsque qu’enfin je ne serai plus reconnu par mon titre ou ma famille, mais par mes actions et mon dévouement…alors je me sentirai peut être le droit de vivre heureux.
Dans le combat contre les ennemis, dans l’apport d’aide alimentaire ou morale...chacun devra voir en moi celui que j’aurais dû être plus tôt...et si un jour on me demande qui fut mon maître, mon formateur…je répondrai Mr Valentin.
Dernière modification par Saïmon le lun. 14 avril 2008 à 16h05, modifié 1 fois.

Saïmon
Cougar
Messages : 11
Inscription : lun. 25 février 2008 à 14h39

Message par Saïmon » mar. 3 juin 2008 à 16h29

Ca y est, je suis enfin parti. Cela fait maintenant quelques mois que j’ai quitté le domaine familial.

Cette nouvelle vie me plait…

A peine arrivé sur les sentiers de l’aventure … tout de suite plongé dans le grand bain du combat pour aider mes prochains.
Ma première expérience m’est apparue sous les traits si charmants d’une elfe prénommée Shiilo. Attaquée par une araignée géante, ma venue fut selon ses dires « un joli geste de dame Providence ». Si vous saviez la fierté que j’ai eu à pouvoir lui prêter main forte … quelle satisfaction cela a été d’avoir pu la secourir … et quelle émotion cela a représenté quand à la fin de ce combat j’ai pensé à Valentin. Pour la toute première fois j’aurai été utile, bien que je n’aie pas douté pas de la capacité de Shiilo à pouvoir se sortir seule de cette situation périlleuse. Nous avons ensuite pris la peine de nous promener et nous présenter. J’étais si bien auprès d’elle, à l’écouter me raconter le malheur qui a touché sa famille elle qui comme moi venait de quitter son village. Pour une première rencontre, le verdict fut sans appel … cette elfe avait quelque chose de particulier. J’étais à l’aise, j’étais heureux…on se parlait simplement, aucun préjugé, aucun à-priori n’est venu gâcher cette si belle rencontre que nous avons achevée par un si doux au revoir.
D’autres vinrent également embellir mon voyage. Je rencontrai notamment Furcifer qui lui, n’eut pas besoin de mon aide. Il faut dire que les monstres ne l’embêtaient pas trop, et que ceux qui le faisaient s’en mordaient les doigts ... pour peu qu’il les laisse en vie et leur laisse des doigts.

Continuant mon chemin de vagabond, je me suis échoué dans une grande ville : la bien nommée Giran : cette ville dont mon grand père m’avait si souvent décrit l’effervescence et que j’avais désigné comme la première étape de mon voyage. Cela a été un choc pour moi qui avait été protégé de la « populace » par Papa. Autant de monde sur la grande place : des orcs, des nains, des elfes et des sombres qui se côtoient et discutent … c’est complètement fou.
C’est d’ailleurs sur cette place de Giran que j’ai pu rencontrer Milano. Sa prestance, son assurance ... j’aurais aimé être comme lui … avoir du vécu. Prenant mon courage à deux mains, je suis allé lui parler, peut-être poussé par l’envie inconsciente qu’il me prenne sous son aile. Il m’expliqua sa vision du monde et son opinion des conflits qui fleurissent ici et là. Il prit également la peine de me parler de l’ordre d’Ambre, sa « famille » avec laquelle il entretient des liens si particuliers. Cela me paraissait dangereux d’appartenir à un clan, je n’y voyais que source à isolement. Bien que je fus touché par l’argumentaire de Milano, bien que je fus sensible aux valeurs prônées par sa famille d’Ambre, je ne pouvais me convaincre à restreindre mon action aux seules personnes qui n’auraient pas de préjugé antipathique envers ce clan.

Ainsi je me remis en route, heureux d’avoir fait une nouvelle connaissance. Furcifer et Shiilo devinrent des amis que je rencontrais occasionnellement lors de chasses ou lorsque nous étions réunis a Giran. Mais la plupart du temps je restais seul…terriblement seul. Shiilo me manquait énormément, au fur et à mesure de nos rencontres et des sentiments qui naissaient en moi cela devenait de plus en plus dur. Je me tournai vers mon ami Furcifer pour reprendre courage, lui qui en avait à revendre. Quelle surprise cela ne fut, lorsque je le croisai … arborant le blason de l’ordre d’Ambre dont m’avait tant parlé Milano. En y réfléchissant maintenant cela ne m’étonne guère : connaissant les idées de chacun j’aurais du me douter qu’une unique rencontre suffirait à les rendre complices. Ecoutant Furcifer louer les vertus de la vie au sein des Ambres, je décidai de me présenter à Rune à ses côtés. Je fus accueilli par une naine : Kirika, qui est désormais ma marraine. Toujours de bonne humeur, je me suis tout de suite senti bien à ses côtés. Après une longue discussion elle officialisa mon entrée à l’académie de l’ordre d’Ambre. Approfondissement du maniement des armes mais surtout du bouclier, premiers soins : voilà qui me permettrait d’être d’un meilleur secours.
Bien que la vie au sein des Ambres fut encore plus belle qu’espérée, un certain vide refaisait régulièrement surface … Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu Shiilo et cela m’inquiétait … je passai ma journée à penser à elle. Moins assidu à l’académie, moins réceptif à l’esprit blagueur de mes amis d’Ambre qui pourtant me plaisait tant d’habitude ... j’ai vite compris qu’il fallait faire quelque chose. N’écoutant que mon cœur je parti à sa recherche. Je devais lui dire ce que je pensais, le trouble qu’elle avait mis en moi. A croire que les cieux sont avec moi puisque je tombai nez à nez avec elle au village des chasseurs. J’ai du paraitre ahuri lorsqu’elle me vit ; sa beauté étant venue une nouvelle fois me gifler de plein fouet, me laissant bouche bée, figé. Nous firent du chemin ensemble, à rigoler, à aider une dragonne, à parler ... pour finir assis sur un pan de falaise … à observer la vallée enchantée.

C’est dingue comme on peut se sentir faible dans ces moments ou l’homme est nu avec ses sentiments ; l’armure, l’arme … comme si tout cela c’était envolé ... laissant à portée du doute et de la peur. La peur, mon ami Furcifer m’avait dit de toujours la chasser pour mieux avancer. Je n’eus pas le temps de me lancer… Shiilo m’avait déjà compris et s’exprimait. Une elfe et un humain, cela ne serait pas simple mais elle, comme moi, étions prêts à vivre notre amour au jour le jour sans se soucier du reste.