Naërith

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Naërith
Fairy Queen Timiniel
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Naërith

Message par Naërith » mar. 22 avril 2008 à 01h00

[Lil Velven Olath]

Filaë et Thakior Kae'rin formaient en apparence un couple sombre tout ce
qu'il y a de plus ordinaire. Filaë, belle elfe noire aux traits fins, avait
hérité de la grâce naturelle de son peuple et ne s'en cachait pas. Ses longs
cheveux argentés semblaient flotter avec légèreté dans son dos lorsque
quelques mèches ne venaient pas perturber son regard ambré. Thakior quand à
lui avait un physique plutôt banal, voir même dégradé suite aux nombreuses
années à pratiquer la magie noire. Ses cheveux sombres avaient perdu leur
éclat d’antant et il ne prenait même plus la peine de les couper. Ses joues
creusées se desséchaient avec le temps, comme rongées par la magie qu'il
utilisait. Son regard seul pouvait laisser présager de la cruauté de ce
sombre, tant ses yeux noirs lui donnaient un air arrogant et malveillant.

C'est assez tôt après leur union devant Shilen que les deux elfes noirs
décidèrent d'avoir un enfant. Thakior était persuadé que son enfant, quel
que soit le sexe, aurait forcément des aptitudes innées pour la magie.
Filaë, quand à elle ne s'en souciait pas vraiment, étant plus préoccupée par
son travail d'administration à la cité que par la naissance de cet enfant;
"Je fais ça pour la grandeur du peuple sombre" disait elle. La venue au
monde de Naërith semblât donc satisfaire les deux parents, mais cela ne dura
hélas pas. Il fallut quelques années au père pour s'en rendre totalement
compte, mais l'évidence était là, son fils n'était pas fait pour la magie et
ne serait qu’un bien piètre mage si toutefois il essayait de la lui
enseigner. Thakior en vint alors à désirer un autre enfant, poussant à la
longue sa femme à accepter. C'est donc avec un grand soulagement que Thakior
vit, quinze années plus tard, naître sa fille Naelya, au terme de longues
années porteuses d’infructueux espoirs. Il ressentit immédiatement en elle
un grand potentiel magique et dès lors il n'eut d'yeux que pour elle,
laissant Naërith à la charge de Filaë, autrement dit de personne.

Durant les trente années qui suivirent, Thakior se chargea intégralement de
l'éducation de Naelya, se montrant très dur avec elle. Si il la voyait
rêvasser ou s'amuser au lieu de s'exercer, une gifle venait rapidement la
remettre au travail. Les corrections devinrent de plus en plus violentes au
fur et à mesure que Thakior se rendait compte de l’ampleur du talent de sa
fille et du fait qu'elle voyait dans la magie une toute autre forme de
concept que lui. Naërith, quand à lui occupait son temps libre à vagabonder
et à chasser dans les bois, rapportant le gibier et préparant le souper.
Malgré le peu de temps que les deux enfants passaient ensemble ils
s'entendaient à merveille et faisaient tout pour se voir le plus possible.
Mais, chaque fois que leur père les surprenait à s’amuser tout les deux, sa
colère se déchaînait sur Naërith qui finissait bien souvent le corps couvert
de contusions où même meurtri.

Un soir où Naërith revenait de chasse avec un beau keltir dans sa besace, il
entendit les cris de sa sœur en approchant de la maison. Il entra avec
précipitation dans la chaumière, manquant d’ébranler les charnières fragiles
de la porte. Il détailla en un instant la scène. Les ombres des silhouettes
pourtant immobiles dansaient sur les murs de la pièce, au rythme du feu
crépitant dans l’âtre, comme si pour lui tout le reste s’était soudainement
figé. Il vit son père, le visage rougit de colère, brandissant bien haut sa
cravache au dessus de Naelya. Il vit sa sœur recroquevillée au sol, tentant
de se protéger de son mieux derrière ses avants bras déjà meurtris. Il
entraperçu au travers de ce si frêle rempart de chair sa lèvre ensanglantée
et son visage portant encore la marque cuisante de la lourde main de leur
père. Il vit son regard, empli de détresse et de haine mêlées, se noyant
sous les sanglots pourtant contenus. Les mots lui vinrent alors sans
réfléchir "Arrête ça espèce d'abruti !". Le regard de Thakior se tourna
lentement et se fixa sur lui un long moment. Il abaissa d'un geste lent son bras
avant de dire à Naelya "Toi je t'interdis de bouger.", puis il s'avança vers
Naërith, tenant fermement sa cravache. Il le fit sortir de la maison en
l'empoignant par le col de sa chemise et referma la porte derrière lui d’un
violent coup de talon. Tout ce que pu ensuite entendre Naelya à travers la
lourde porte fut la dizaine de coups cinglants de la cravache mordant la
chair de son frère gémissant de douleur suivit de cette phrase "Je ne veux
plus jamais te revoir, fils indigne !".

La lune se faisait à peine remarquer parmi les nuages que déjà Naërith et
Naelya s'enfuyaient dans les bois environnants, aussi vite que le
permettaient leurs corps encore brûlants de douleur. Ils étaient décidés à
ne jamais revenir. Cela faisait un petit moment qu'ils en parlaient et cet évènement ne fit que précipiter leur projet. Ils
s'arrêtèrent un instant au pied d'un arbre pour reprendre leur souffle.
Adossés au tronc ancestral, bercés par le rythme saccadé de leurs
respirations haletantes, ils laissèrent le silence et la nuit les
envelopper. Leurs regards se croisèrent sous les quelques rayons éthérés de
l’astre nocturne qui perçaient au travers des nuages et des branches. Ce
moment ne dura que quelques secondes mais, pour ces deux sombres, le temps
sembla s'arrêter. Ils se mirent à sourire au même instant,
leurs mains entrèrent doucement en contact. Elle glissa la sienne,
tremblante, au creux de celle de son frère. Puis, sans un mot, ils repartirent
ainsi, poursuivants leur fuite à travers les arbres. Ils arrivèrent bientôt
à la cité souterraine où ils trouvèrent pour un temps refuge dans une
auberge. Naërith y fut embauché aux cuisines, Naelya se retrouva serveuse et
femme de ménage.


La décennie suivante fut une toute nouvelle vie pour ces deux elfes noirs,
travaillant de jour à l'auberge et passant la plupart de leurs soirées
ensemble à se promener et s'amuser. Durant leurs escapades nocturnes ils
parlaient souvent de leurs projets, de leurs rêves d'enfants. Que feraient
ils si ils étaient riches ? Puissants ? Comment allaient ils le devenir ?
Toutes ces questions et bien d'autres encore occupaient leurs nuits dans des
discussions aussi endiablées que passionnées. Quelques soirs cependant,
Naelya s'isolait pour étudier la magie, laissant alors son frère Naërith se
promener seul. Il revenait bien souvent de ces excursions solitaires avec
une bourse remplie comme par magie. Cet argent était plus que bienvenu à la
vue de la misère qui leur tenait lieu de paye. Cependant Naelya ne fit
jamais le moindre commentaire sur cet argent, sans doute à cause de sa
provenance qu'elle savait malhonnête.

Un soir, alors que le service des deux jeunes sombres touchait presque à sa
fin, le tenancier demanda à Naelya de venir refaire une chambre à l'étage.
Elle se rendit donc d'un pas traînant à la chambre, pestant à voix basse
contre son employeur. Son frère lui lança un coup d'œil empli de compassion
alors qu'elle gravissait une a une les marches du vieil escalier. Puis il se
remit à sa tache, s'occupant des quelques clients accoudés au comptoir. Le
patron était de plus en plus exigeant avec lui. Avec Naelya aussi. Surtout
ces derniers temps, il ne la lâchait pas. Toujours sur son dos, toujours à
la surveiller. Ses réflexions laissèrent soudainement la place à un étrange
sentiment de malaise qui se mit à le ronger. "Naelya" murmura t’il, comme
pour se le confirmer. Il se rua alors dans l'escalier et monta à la volée
les quelques marches patinées par le temps. D'un coup d'épaule il ouvrit la
porte de la seule chambre qu'il savait libre cette nuit. A travers
l'embrasure de la porte, il vit sa sœur évanouie sur le lit, à moitié
dénudée. Un bruit de râle sordide attira son attention. Son regard se
détacha un instant de Naelya pour glisser jusqu'au recoin opposé de la
pièce. Dans la pénombre, le tenancier bleui par la suffocation, les yeux
révulsés par la douleur, lutait désespérément pour se dégager de l'étreinte
mortelle d'une étrange créature. Cet être, né des ténèbres, n'était pas
inconnu de Naërith. Il se dirigea vers sa sœur, laissant le sombre à une
mort aussi inexorable que douloureuse. Il la rhabilla de son mieux,
l'enveloppa délicatement dans un drap et la pris dans ses bras. Il jeta un
dernier coup d'œil à la pièce, refermant derrière lui alors que la
silhouette se dissipait dans les ténèbres, ne laissant qu'un cadavre cyanosé
dans la pièce. Quelques minutes plus tard ils se retrouvaient dans la rue,
fuyant de leur mieux cette horreur, une nouvelle fois seuls, une nouvelle
fois meurtris.