Roger

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Aiwa
Elpy
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Roger

Message par Aiwa » lun. 26 mai 2008 à 16h55

CHAPITRE UN : La lettre.


Roger regarda le ciel. De nombreux nuages bien sombres, comme mus par leur propre volonté, semblaient vouloir s’accumuler au loin pour mieux se déverser sur les paysans qui finissaient de ramasser les derniers foins. Roger s’essuya le front d’un geste de la main.
« Quelle chaleur ! »
Tout à coup, le ciel s’obscurcit, le vent monta, les éclairs fusèrent de toute part et un énorme bruit vint clouer le bec aux cigales.
Roger réussit tant bien que mal à récupérer le précieux objet des entrailles du monstre qu’il venait d’achever juste à temps pour éviter la douche. Il se précipitait vers sa demeure à l’autre bout du village quand un nain au tour de taille impressionnant lui barra le passage.
Roger ne put que s’arrêter afin de ne pas lui tomber dans les bras.
« Ben ,que s’passe-t-il, Modine, tu veux me faire attraper une p’eumonie, t’as pô vu comme il pleut ?
-Ben si mais là, j’ai une lettre pour té et y parait qu’c’est urgent. Euh chai pô, tu la veux t’y ou tu la veux t’y pô, lui répondit Modine, en haussant les épaules. Sinon, j’la laisse làw et el’ s’ra toute humide…Mé, m’en fous !
Roger prit l’enveloppe des mains de Modine. Ce n’était plus qu’un chiffon informe et ruisselant.
Il regarda de nouveau le nain ventripotent et fit une moue de réprobation.
-Mais que veux-tu qu’j’fasse de çaw…c’est qu’un taw d’pu !
-Débrouille toi, pardi ! Mé j’fais mon boulot et pis après c’pu mon problème, grommela Modine, agacé, mé aussi chi tout mouillé.
Sur ce, le nain partit sous la pluie, maudissant le temps et les dieux qui avaient décidé de lui gâcher sa journée.

Roger, ruisselant de la tête aux pieds, jeta un œil à la missive se demandant bien qui avait pu la lui envoyer. Il la lissa tant bien que mal mais le résultat ne fut guère probant. Il ne réussit qu’à la chiffonner encore plus. Il finit par la mettre dans son sac, craignant qu’elle ne subisse d’autres désagréments.
Se plaquant contre le mur de la maisonnette près de laquelle il s’était arrêté, il attendit patiemment que la pluie cesse.
Puis comme si de rien n’était, la pluie cessa, le ciel s’allégea et les cigales reprirent leur mélopée.
Roger ferma les yeux comme pour mieux apprécier le soleil sur son visage tanné par la vie au grand air. Il secoua la tête pour faire tomber les dernières gouttes de pluie de ses cheveux. Son ventre émit un bruit lui rappelant qu’il n’avait pas eu son repas de midi. Il rentra chez lui rapidement. Il avait hâte de savoir qui lui avait écrit.

Sa maisonnette n’était guère différente des autres maisons du village. Peut-être, un peu plus vétuste, mais guère plus. De vieux rideaux délavés par le soleil pendaient aux fenêtres et la lumière semblait avoir quelques difficultés à pénétrer à l’intérieur de la pièce tant les carreaux étaient sales. Roger n’avait jamais eu le courage de les nettoyer depuis le décès de sa pauvre mère et aucune présence féminine n’avait jusqu’à aujourd’hui franchi le seuil de la porte.
L’intérieur de la maison était dans le même état que les carreaux. Il faut dire qu’il n’avait guère le temps de faire du ménage vu la tâche qu’il accomplissait chaque jour.
Il se devait d’honorer les commandes que lui avaient faites non seulement les gens du village tel le cordonnier, le maréchal-ferrant, le bourrelier mais aussi l’apothicaire ainsi que les villages alentours.
Sa réputation avait depuis quelques temps dépassé les limites du village tant la qualité de son travail et son sérieux faisaient de lui le meilleur chercheur de matériaux.

Roger entra dans l’unique pièce de la maison et s’installa nonchalamment sur son vieux fauteuil défoncé. Il sortit la lettre de sa besace et, tant bien que mal finit par l’ouvrir sans trop la déchirer.
Il ne reconnut pas de suite l’écriture, tant la pluie l’avait délayé.
Il dut s’y prendre à trois reprises pour enfin comprendre qui l’avait écrite…
Son frère… son frère TêteDure…
Les souvenirs l’assaillirent d’un coup.
Une éternité s’était écoulée depuis leur dernière rencontre.
Depuis leur mère était morte et il se demandait s’il avait appris cette triste nouvelle, si la lettre qu’il lui avait envoyée, lui était parvenue.
Lorsque TêteDure était parti, son cœur s’était serré à l’idée qu’il ne puisse pas le revoir.
Roger relut la missive une dernière fois…et dit à haute voix :

« J’arrive ,mon frère… »


[HRP] à suivre…[/HRP]