Lestat, le retour du passé

Ici se trouvent les BGs des héros décédés, paix à leurs âmes.

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Lestat
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Lestat, le retour du passé

Message par Lestat » mar. 19 juin 2007 à 14h24

Il est dit que lorsque la vie n’a plus d’intérêt, que lorsque tous les meilleurs moments de notre existence ne sont que souvenirs et que l’avenir nous prédestine à une souffrance permanente et incessante, la mort constitue une issue libératrice.

Voila plus de deux décennies que ma vie n’en a plus, que mon quotidien se résume à errer sans but, à me laisser guider à travers le temps sans jamais entrevoir une once de renouveau. Comme si mon destin était de finir mes jours seul, rongé par le remord d’avoir délaissé ceux qui m’étaient chers.

Que ce soit mes parents que j’ai quittés car le regard indifférent que mon père portait sur moi en public me laissait croire qu’il avait honte d’être le géniteur d’un être si faible et que je n’étais donc pas digne d’être leur fils, ou même ma femme qui s’est retrouvée seule à éduquer notre enfant de douze ans après que je sois parti affronter le danger qui nous menaçait tous les trois.

Certes, m’éloigner de mes parents m’a permis de me découvrir seul et de ne plus être dépendant d’eux et ma femme et mon fils seraient, probablement, morts, tués par ceux qui me pourchassaient, si j’étais resté auprès d’eux. Mais, bien qu’utiles, ces séparations n’en furent pas moins douloureuses.

Je pensais pourtant en avoir fini avec tous ces malheurs, que je pouvais, enfin, vivre paisiblement avec ma femme et élever mon fils, loin de toute cette violence. Bref, que, jamais plus, quelque chose ne viendrait troubler le confort dans lequel je m’étais installé. Mais le passé laisse parfois des traces incurables qui, tôt ou tard, finissent par ressurgir, envahissant l’esprit de ses plus noirs présages.

Quand ce sombre vint à ma rencontre, alors que je me promenais avec mes proches, m’annoncer que les membres de mon ancien clan, que ma femme et moi avions désertés pour élever notre enfant, nous recherchaient depuis tout ce temps pour nous faire payer cet acte et venaient de retrouver notre trace, je fus comme désemparé, torturé par les paroles du sombre qui me prédisaient, la fin de cette vie calme et sereine à laquelle je m’étais habitué.

C’est pour préserver ma famille et leur permettre de continuer à mener cette vie, que je fis ce choix douloureux, celui de me séparer d’eux pour aller combattre ceux qui allaient, bientôt, être la source de cette nouvelle haine qui naissait en moi.

Dans un premier temps, je pris l’initiative de m’attaquer à ce qui leur était de plus sacré : leur lieu de culte. Faisant naître plusieurs foyers de flammes autour du temple, je me positionnai ensuite un peu plus loin, face à l’entrée, ôtant la vie des quelques fidèles qui tentaient de fuir. J’observais l’édifice se laisser peu à peu consumer, me délectant du crépitement des flammes de cet enfer en espérant que mes anciens frères de clans y verraient l’expression de ma colère.

Attisé par ces sentiments obscurs, qui resurgissaient du plus profond de mon être, je redécouvrais l’extase de voir couler le sang le long de mes lames. Loin d’avoir assouvi ma soif et désireux de ne pas me limiter qu’à cet acte auquel je venais de me livrer, j’entrepris une guerre périlleuse contre eux, traquant un par un les membres de ce clan jusqu’à en tuer son dernier représentant. La proie était, désormais, devenue le chasseur et le chasseur… mon jouet.

Il était évident que, seul, je ne pouvais agir sans réfléchir, et foncer tête baissée vers l’ennemi. Il me fallait, avant tout, élaborer une stratégie solide et œuvrer, à présent, dans la discrétion.

La destruction du temple avait semé le trouble et une certaine panique était palpable au sein du clan. Leur chef avait ordonné, à ses membres, de retrouver le coupable et envoya plusieurs groupes à ma recherche. En moins d’un mois, à l’aide de pièges et d’embuscades rondement menées, j’avais décimé près des deux tiers de l’effectif du clan. Privilégiant, désormais, l’usage de l’arc à celui des épées jumelles.

Mon objectif était presque atteint, mais le plus dur restait à venir. Le chef du clan, sentant la menace se faire de plus en plus pesante, s’était entouré de ses meilleurs serviteurs et attendait, patiemment, que je me dévoile. Me doutant, du sort qui m’attendait, je fus contraint de rechercher de l’aide auprès d’anciens frères d’armes. Ce ne fut guère aisé de les retrouver tout en restant caché, mais au bout de quelques jours, je pus réunir un petit groupe capable de mettre à mal ce qu’il restait du clan.

La nuit venue, nous nous lançâmes dans cette dernière bataille, infiltrant le repère du clan, sans retenue, tuant quiconque nous faisant obstacle. La lutte fut rude et les blessures multiples. Mes compagnons en décousaient, encore, avec les derniers survivants, quand, j’arrivai dans la salle où se terrait le chef. Je m’approchai, lentement, de lui, dévoilant, enfin, mon visage à celui que, jadis, je servais si fidèlement.

« Te revoilà enfin, lâche. » dit-il d’un ton hautain alors que je continuai mon avancée, lente et décidée, me contentant de lui transmettre toute la haine que je lui portais à travers mon regard sans prononcer un mot.

Serrant mon étreinte autour de mon arc, je hâtai, progressivement le pas, me préparant à attaquer. Un rictus se dessina sur le visage de mon opposant, qui, sortant son épée de son fourreau, se rua vers moi en criant :

« Sois le bienvenu dans ton tombeau, Lestat ! »

Arrêtant ma progression, je brandis mon arc dans sa direction, sortant de mon carquois une flèche qui n’attendait plus qu’à s’imprégner de son sang. D’un mouvement du corps, j’esquivai son coup d’épée, qui m’entailla le bras, et me glissai dans son dos pour lui envoyer une flèche dans le dos. Je parai sa nouvelle attaque avec mon arc qui se brisa sous l’impact pour finalement lui planter une autre flèche dans la gorge.

Lentement, je me relevai à sa hauteur et serrai mes doigts autour de son cou en approchant mon visage du sien.

« Puisse mon tombeau t’être confortable » murmurai-je d’une voix calme. D’un geste bref, je retirai la flèche de son cou, laissant jaillir le sang hors de la blessure, et le regardai tomber. Rassemblant le peu de force qui lui restait, avant que la vie ne quitte son être, il enfonça, violemment, son épée dans mon abdomen, m’obligeant à poser les genoux au sol.

Lorsque mon regard se posa sur son cadavre, je compris que c’en était fini. Ma femme et mon fils pourraient continuer de mener une existence calme sans que cette partie du passé ne les rattrape. Mais ce fut, également, la fin de cette vie pour moi. Bien que, mes blessures n’étaient pas mortelles et finiraient par guérir, il en était une qui demeurera à jamais. Mon âme était, désormais, souillée, blessée au plus profond d’elle-même, par tous ces actes barbares auxquels je me suis livré. Il fallait se rendre à l’évidence, je n’étais plus digne d’être le père et le mari que j’étais jusqu’à aujourd’hui. Mon destin était, désormais, de poursuivre mon chemin comme je ne l’ai que trop souvent été : seul. Seul parmi les vastes terres obscures et sombres de l’éternité.

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Message par Lestat » dim. 18 mai 2008 à 16h25


[...]

Comme toujours à cet endroit, la brume épaisse empêchait la lumière de passer en se délectant de la tristesse affichée par les arbres dont les branches dénudées dessinaient des ombres effrayantes sur le sol. Il fallait être fou ou amoureux des ténèbres pour trouver cette forêt agréable. Après tout, comment pouvait-on trouver la quiétude au milieu des râles de zombies et où le froid accompagne les odeurs cadavériques?

Pourtant, quelque part dans les enceintes d'une forteresse abandonnée, une silhouette sombre à l'armure blanche se tenait adossée à un muret. Il n'était pas fou ni amoureux des ténèbres, non. Il en faisait juste partie. Bien sûr, d'autres que lui venaient parfois fouler ce sol dur et poussiéreux mais ne s'y attardaient pas au point de se confondre avec l'environnement.

Lestat noyait son regard sur une dalle porteuse à jamais des quelques taches de sang qu'il avait abandonné en renonçant à la vie pour témoigner de son appartenance aux ténèbres.

Dernièrement, les siens s'étaient réunis en ce même lieu pour discuter des derniers évènements. Cela faisait longtemps qu'il ne les avait plus vu et ne les a d'ailleurs plus revus depuis. Préférant sans doute rester isolé avec la seule compagnie qu'il aura choisi.

Le vampire attendait le retour de la dernière personne qui le liait encore au monde des vivants en s'efforçant de ne pas essayer de deviner les raisons de cette absence prolongée.

- C'est donc ici que tu te cachais, lâche, fit retentir une ombre qu'il n'avait pas entendu arriver.
- Inutile de me porter tant de louanges, révèle moi plutôt la raison qui t'a poussé à venir te perdre ici juste pour moi, rétorqua Lestat en se redressant pour mieux distinguer la présence.
- Legos, te souviens-tu de lui? Je suis son fils.

L'individu s'avança pour dévoiler son visage. C'était un sombre à peine adulte qui ressemblait fortement à celui que Lestat avait servi dans sa jeunesse.

- Legos dis-tu? Je n'en ai aucun souvenir, rétorqua Lestat en savourant la contrariété visible sur le visage de son opposant qui serrait rageusement son épée dans sa main.
- Tu n'as donc aucune considération pour ton ancien maître?
- Je n'ai rien appris de lui. Si ce n'est la satisfaction de le voir s'effondrer à mes pieds.
- Bien... Pendant que je m'entraînais pour être en mesure de venger mon père, je me disais que tu n'avais pas eu d'autre choix que de faire ça et que tes raisons étaient louables. J'en étais presque venu à te respecter et je voyais notre affrontement comme un combat pour l'honneur de chacun. Mais tu n'en as aucun on dirait, je n'éprouverai donc aucun scrupule à te tuer.
- Quel émouvant discours, ça me flatte... Cependant, j'ai soif et il me tarde de gouter à ton sang alors que dirais-tu de venir chercher ton honneur?

Lestat n'avait plus bu de sang depuis plusieurs nuits et en était visiblement très affaibli. Cependant, il espérait profiter du manque d'expérience de son adversaire pour trouver une ouverture dans sa garde et viser juste. Il banda l'unique flèche qu'il aurait la force de tirer et qui déterminerait l'issue du combat tandis que l'autre combattant se mit en position prêt à charger sur le vampire.

"Meurs, Lestat!" s'écria le sombre en fonçant sur sa cible qui venait de décocher sa flèche.