Milina

[Archein]

Nom: Milina

Age: 24 ans

Sexe: Féminin

Race: Humaine

Classe: Elle apprend à manipuler l'arc et toutes sortes de projectiles qui y sont liés.

Culte: Non croyante, sauf envers le hasard.

Carrière envisagée: Aspirante à se forger une réputation de femme pirate de renommée.

Caractère et moralité: Indisciplinée, orgueilleuse, impulsive, bagarreuse, joueuse, fêtarde. Milina a tous les traits caractériels des grands gaillards de la piraterie, avec une touche de féminité qui la dérange le plus souvent mais dont elle sait tirer profit.

Description physique: Elle est assez grande de taille, bronzée, aux yeux noisettes et à la chevelure blonde, porte une tenue faite pour être à son aise, mais souvent provocante. A son allure, au premier abord elle a l'air d'un vrai garçon manqué. Ses vêtements et sa coiffure sont négligés globalement, mais cela lui donne tout de même un certain charme car son corps reste celui d'une jeune femme et malgré ses grands airs de dure à cuir et ses manières souvent grossières, elle reste agréable à regarder. Elle dégage même une certaine stature intimidante pour certains, car elle se tient toujours droite et fière, faisant resplendir sans aucune gêne ni retenue son statut de femme pirate, sauvage parfois voir fatale.

Port de Gludin, il y a quatorze ans:

« Maman ? » Criait la petite Milina à sa mère, qui était occupée à faire la cuisine.

« Oui mon cœur ? » Répondit-elle, souriante à sa fille.

« Quand est ce que je vais voir Papa ? »

Le sourire de la mère disparut aussitôt après ces mots.

« Je ne sais pas, mon cœur. » Lui dit-elle, l’air triste maintenant.

La petite n’appréciait guère cette réponse, mais encore moins le fait de voir sa mère aussi attristée par cette question. Elle n’avait que dix ans, mais comprenait déjà ces choses, après tout, dans le milieu où elle vivait elle en voyait souvent, des visages comme celui là.

Sa mère tenait une auberge sur les quais du port de Gludin. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Milina avait été élevée seule par elle. Son père était un homme de l’horizon, et la dernière fois qu’il avait vu sa fille, elle avait quatre ans.

Aujourd’hui, elle en avait dix, à cet âge déjà elle était un « garçon manqué », joueuse et bagarreuse avec des garçons de son âge, plus intéressée par eux et leurs passe temps que ceux des filles. Au fond, elle se disait déjà qu’elle ne voulait pas devenir comme sa mère, dépendre de la volonté des hommes, les servir en leur offrant gîte et nourriture, pour survivre. Aussi, sa mère avait choisi d’aimer l’un d’eux, de partager quelques nuits trop courtes avec, et en souffrait désormais. Même si elle ne le regrettait pas, elle était condamnée à l’attendre, car elle ne voulait que lui et pas un autre –et ils furent nombreux à tenter leur chance-, enchaînée par l’amour qu’elle lui vouait.

Enfin, même si Milina n’avait en rien le caractère de sa mère, elle avait en revanche hérité de sa beauté et de son physique attrayant, qui se dévoileraient d’avantage d’année en année…

Cinq ans plus tard:

« M’man ! Y’en a encore un qui s’est laissé aller sur ton plancher ! Le dégueulasse ! »

« C’est pas grave chérie ! Je vais nettoyer. » Répondait sa mère en soupirant.

« Hein ? Quoi ?! Nan mais tu vas rien lui dire ? »

Tous les regards des hommes présents dans l’auberge étaient braqués sur la coléreuse, le petit bruit de fond des discussions diverses qui se mêlent dans une légère cacophonie avait cessé, le silence plat régnait dans la salle en dehors des paroles de Milina et de sa mère. La jeune fille se fichait visiblement de tous ces regards, toute sa concentration était fixée sur l’ivre mort qui n’avait pas eu le courage de se soulager à l’endroit prévu à cet effet. Elle le fusillait littéralement du regard.

L’homme, complètement saoul, mais encore capable de bouger, se leva tant bien que mal en titubant, face à la jeune femme qui le prenait de haut. Il la dépassait d’une tête en taille, et avait à peu près des bras deux fois plus épais que les siens.

« Héhooooo eeeuuuu aaahh ? Elle m’veut quoi la p’tite effrontée là ?! Que j’ui apprenne à êt’ une femme et à rester à sa place ?! »

Joignant les gestes à la parole, le rustre aventura la main gauche jusqu’au fessier de Milina, la pelotant sans retenue en la forçant à venir contre lui, pendant qu’il faisait glisser l’autre vers sa poitrine. Les spectateurs rirent tous en chœur devant cette scène, amusés, alors que la mère de la jeune femme arrivait et y assistait avec frayeur. Le regard de sa fille devint noir de haine et de dégoût envers celui qui l’agressait.

« Nan mais, tu m’as pris pour qui là ?! » Hurla t’elle, remontée d’avantage.

Ni une ni deux, elle élança son genoux droit en plein dans la faiblesse de cet homme arrogant.

« Ouuuuffff !! » Souffla t’il dans une plainte étouffée, avant de se plier en deux sous la douleur.

« Espèce d’avorton !! Tu m’crois pas capable de r’pousser tes avances et tes sales pattes crochues ?! »

Sa colère du moment donna à Milina la force de relever celui qu’elle venait d’humilier dans son intégrité, puis de lui coller une belle droite -dont elle maîtrisait le secret depuis des années à se bagarrer avec des garçons de son âge-, avant de le raccompagner avec élan vers la sortie de l’auberge, le jetant vulgairement sur le sol devant la porte.

« J’veux plus t’revoir ici t’as compris ?! Et t’as d’la chance que j’te balance pas à la flotte pour t’rafraîchir les idées ! Vu comme t’es arrangé tu s’rais pas fichu d’remonter !! »

Elle referma la porte en claquant, telle une furie en rage, et se retourna, adressant un regard menaçant aux autres qui la fixaient. Curieusement, plus aucun d’eux n’éprouvait l’amusement ressenti quelques secondes plus tôt, ils affichaient maintenant une mine déconfite.

« Vous r’gardez quoi comme ça vous autre ?! »

Ils tournèrent tous les yeux ailleurs aussitôt cette question posée.

« Qu’j’en r’prenne un à s’lâcher par terre et il aura affaire à moi plutôt deux fois qu’une, c’est vu ? Vous êtes prév’nus ! »

Personne ne relevait ses paroles, certains même se précipitèrent vers la pièces réservées aux besoins, se bousculant les uns les autres pour passer les premiers.

« Pfeuh, tous les mêmes ! »

Elle revenait ensuite vers sa mère en souriant, fière d’elle, alors que la patronne de l’auberge ne l’était guère visiblement, bien que rassurée que sa fille n’ait rien.

Les scènes de ce genre se multiplièrent, Milina faisait rapport de force avec des durs à cuir et avait souvent le dessus –aussi à cause de l’alcool qu’ils avaient ingurgité, disons le, ça lui facilitait grandement la tâche-. Toujours est il, que cette attitude semblait déplaire à sa mère de plus en plus, et que cette dernière décida de lui en parler, un soir où l’auberge était calme, dans l’arrière salle.

« Milina, j’ai à te parler de quelque chose d’important. »

« Ouais M’man ? J’t’écoute ! »

Elle était en train de finir son repas.

« Il faut que tu arrêtes, chérie. »

« Euh, arrêter quoi au juste hein ? »

« De mettre à la porte nos meilleurs clients juste parce que tu juges qu’ils ont un comportement déplacé. »

« Quoi ?! Mais t’en as pas assez d’faire la boniche pour ces idiots et d’lever la jupette pour les amuser quand ils ont envie de petits plaisirs ?! Tu te défends pas ! Faut bien que j’le fasse pour toi. »

« Milina ! » Sa mère haussait le ton, quelque chose qui n’était pas arrivée depuis de nombreuses années, envers elle. « Si tu fais fuir tous nos clients on peut fermer boutique dans un mois ou deux ! »

« Et alors ? »

« Et alors, c’est mon métier, c’est ainsi que je vis depuis que je suis une femme adulte et c’est ainsi que je veux vivre. Je tiens à cette auberge, et si je dois me mettre en quatre pour la tenir et bien je continuerai à le faire. »

Sa fille n’en croyait apparemment pas ses oreilles.

« Tu parles, c’est d’la survie dans la misère là, ouvre les yeux un peu M’man, y r’viendra jamais ! Arrête de l’attendre, refais ta vie et t’occupe pas d’moi ! »

Un claquement se fit entendre, pour la première fois depuis qu’elle était toute petite, Milina ressentit cette douleur piquante sur la joue où la main de sa mère avait frappé. Elle la fixa non sans une légère haine sous la frustration de ce geste, mais elle s’estompa aussitôt, voyant sa mère trembler, à bout.

« Ne parle pas comme ça, tu n’as pas le droit, tu ne l’as pas connu assez longtemps pour savoir qui il est réellement. »

La fille faisait silence, par respect pour sa mère qui venait de marquer son autorité sur elle, la seule qu’elle jugeait digne de ça. Mais au respect, était mêlé également une once de pitié envers ce courage dans la souffrance et la misère, et cette tristesse liée au désespoir de revoir celui qu’elle aimait, affichés dans son regard. La mère baissa les yeux, comme si elle regrettait son geste et ce qui l’amena à le faire. La jeune femme ne supportait pas de la voir ainsi, triste, douteuse, rongée.

« D’accord M’man, je comprends. » Reprit elle, plus doucement, sur un ton rassurant. « Mais si tu veux pas que j’t’aide comme ça, alors j’t’aiderai autrement à maintenir cette bicoque debout. »

« Que veux tu dire ? »

C’était maintenant de l’inquiétude qu’on pouvait voir sur le visage de sa mère.

« Que j’vais partir et m’débrouiller pour trouver d’l’argent et t’en filer pour t’aider. »

Cinq ans plus tard, à nouveau:

« A l’aaaabooordaaageeee !!!! »

Vingt ans, elle avait vingt ans quand tout bascula pour elle, quand elle fit face à la solution même de toutes ses angoisses.

« Capitaine !! » Criait un marin près d’elle, qui venait de se faire taillader le torse par un de ces loups de mer. Il s’écroula quelques secondes plus tard.

Pourquoi attaquaient ils ? C’était un vulgaire bateau de pêcheurs sur lequel elle se trouvait. Elle, enfin, « il » était dans de beau drap, le moussaillon Milin. Engagée comme apprentie au port de Gludin, elle avait du se faire passer pour un garçon pour pouvoir prendre la mer avec eux, et gagner de quoi aider sa mère autrement que par le travail qu’on lui avait offert jusqu’à maintenant, dont elle avait finit par se dégoûter. C’était un travail de femme, sur un port fréquenté par nombre d’hommes, elle avait un physique attrayant et sur le coup, appâtée par la volonté de gagner de l’argent, elle s’était laissée aller et offrait bonne compagnie à ceux qui en avaient l’envie pour une bonne poignée d’adenas. Un travail ? Ou plutôt une torture, elle n’aimait pas s’offrir toute entière à des hommes similaires à ceux qu’elle flanquait à la porte de l’auberge de sa mère il y a quelques années.

Elle était fière d’avoir trouver une place de marin pêcheur, depuis quelques mois déjà, ça payait bien, l’air de la mer lui plaisait beaucoup, la liberté sur les flots, le dur travail sur le bateau. Il n’y avait que la discipline à avoir, et l’autorité à accepter qui la gênaient, puis, le manque de bagarre à outrance.

« Abandonnez l’naviiiiiiire !! » Criait son capitaine, alors que le bateau était déjà perdu au moment où les pirates l’abordaient.

Que pouvaient ils faire d’abord ? Des marins contre des pirates, trop peureux pour leurs tenir tête. Milin, lui, se défendait déjà contre deux d’entre eux qui voulaient apparemment le faire prisonnier.

« Hé, foutez moi la paix bande d’avortons !! Ou j’vous rosse tous un par un !! » Avait elle lancé en rendant coup pour coup aux deux malandrins, inconsciente du danger, ou plutôt provocatrice du risque.

Quand elle ne fut plus que la dernière des pêcheurs sur le bateau, les autres se réunirent autour et suivirent la bagarre en rigolant à pleine dents du courage de la jeune matelot.

« Hahahaha, hé j’en parie cinq cents sur l’ptit malin ! Y s’défend bien pour un pêcheur ! »

« Tenu ! Hinhinhin ! »

Milina put réduire le combat à du un contre un, assommant un des hommes qui l’attaquaient d’un bon coup de genoux dans la figure, il s’était trop penché lors de sa charge et avait perdu l’équilibre sous l’esquive de la jeune femme. Le dernier ne se fit pas prier pour profiter de l’occasion, brandissant son sabre vers elle, elle évita encore mais le pirate restant utilisa sa main libre pour empoigner son col. D’un geste sec, et vif, il la jeta contre le mas, déchirant au passage sa tunique, et dévoilant aux yeux de tous ses formes féminines.

« Wooohh !! Hé, mais z’avez vu ça les gars !! C’est un type qui a une poitrine de femme ! »

« Crétin, c’est parce que c’est une femme en vérité ! »

Ils la fixaient tous de manière insistante, les yeux rivés sur la paire qui venait de se dénuder devant eux.

« Hé, bande d’avortons ! » Reprit elle, les mains sur les hanches, n’éprouvant visiblement aucune gêne à ce que son corps de femme soit nu à la vue de tous ces hommes. « J’ai pas dit qu’c’était terminé, c’pas parce que j’suis une femme que j’peux pas vous en coller une hein ! »

Aucun ne réagissait, trop fébriles et excités par le spectacle, certains commencèrent même à s’avancer, une main en avant.

« Pfeuh, même sur la mer y sont tous les mêmes ! L’premier qui m’touche y r’partira sans une main et ses bijoux d’famille, vu ?! » Cria t’elle, sur un ton coléreux.

Ils s’arrêtèrent après ses paroles, Milina croyait que le ton employé avait fait son effet, et semblait fière d’elle. Mais en réalité, elle n’avait pas vu qu’un pirate différent s’était approché d’elle, portant un grand chapeau, et un bandeau sur l’œil gauche. Il avait une tête à faire peur, un regard intriguant, presque fou, les cheveux et la barde négligés et grisonnante.

« Hé ben les gars, depuis quand vous faites des prisonniers, hein ? »

Elle se tourna vers lui, surprise. Il la regardait alors, et sembla comprendre instantanément.

« Oh, je vois, sacré bande de bois sans soif, c’est vrai que ça fait longtemps qu’ils ont pas vu ça. »

« Hé, vous êtes qui vous ? » Demanda la jeune femme, nonchalante.

« Hmm, elle a du caractère en plus, tous ce que vous aimez. Hein les gars ? » Il riait en s’adressant aux autres.

Les autres rirent juste après lui en confirmant.

« Je suis leur capitaine, pour te répondre. Et toi, tu as l’air d’un bien curieux pêcheur, moussaillon. »

« J’pêche pour gagner d’l’argent et à cause de vous la paye est pas prête de tomber ! »

« Gagner de l’argent, hein ? Quel déshonneur, l’honnêteté pour gagner de l’argent, hein les gars ? »

Nouveau rire de la part de l’équipage.

« C’est mieux de prendre ce dont tu as besoin non ? »

Il souriait, ses paroles étaient prononcées d’une façon étrange, comme s'il s’amusait tout en essayant de la convaincre. L’effet était réussi.

« Quoi vous allez m’faire croire que vous avez tout ce que vous voulez en l’prenant ? »

L’équipage rit de plus belle.

« C’est ce que font les pirates en général non ? Complots, mutineries, pillages, cambriolages, abordages. On sait aussi se montrer courtois pour voler en douceur. » Fit il avec un grand sourire. « Mais on est pas si mauvais dans le fond, on refuse juste le système, c’est pas notre faute si on est incapable d’obéir à des lois qu’on a pas voulues, hein ? C’est leur faute à eux, de vouloir les imposer à tous. »

Elle le fixait tout en l’écoutant, peu à peu intimidée par le personnage étrange, à l’allure peu soignée mais fière, qui se tenait devant elle.

« Ca m’va. » Répondit elle, après un temps de silence. « Je marche avec vous. »

Le capitaine haussa un sourcil, puis éclata de rire. Ses matelots en firent autant.

« J’vous ai pas dit d’rire vous autres ! » Sur un ton ferme.

Tous se turent aussitôt.

« Et qui te dit qu’on te propose de venir ? » Il la fixait, d’un air grave, sérieux.

« Eh ben, d’après c’que j’ai pu voir tes marmots auraient bien b’soin d’une femme à bord, mon grand. » Sur un ton légèrement provocateur.

« Quoi, c’est tout ? »

« C’est tout, j’ai b’soin d’pognon, beaucoup et vite, alors si vos combines ça fonctionne j’veux bien tenter. Donc tu m’laisses monter à bord d’ton bateau, j’deviens matelot sous tes ordres et j’m’occupe de détendre ces messieurs, mais tention hein, j’fais ça à ma manière, quand j’veux, où j’veux, et j’décide moi-même avec qui. »

« Saisissez là. »

Deux hommes solides attrapèrent chacun de ses bras, lorgnant d’avantage sur sa poitrine.

« Hé, vos sales pattes ! Doucement ! Et pis r’gardez ailleurs bande de chiens galeux ! »

Elle se débattait, le capitaine s’avança vers elle et lui attrapa le menton fermement.

« On va jouer à un jeu, ma p’tite ! » Dit il en riant à pleine dents, enfin celles qu’il avait encore.

Après ça il la lâche et sortit une pièce de sa poche. Puis lui présenta les deux faces l’une après l’autre.

« Face, tu restes et on t’embarque sous tes conditions, c’est vrai qu’une femme à bord ça peut pas faire de mal à l’équipage, mais tu devras travailler comme un homme pour gagner ta croûte, en plus de ta proposition. Et pile, mes hommes se font plaisir à jouer avec toi chacun à leur tour, comme ils veulent, et après ça on te balance par-dessus bord peu importe ton état et advienne que pourra ! T’en dis quoi ? »

Milina fixa longuement la pièce, incertaine, et hésitante. Elle avait une chance sur deux, de pouvoir amasser de l’argent pour sa mère, et pour elle aussi, qui en avait pris le goût au fil des années. Une chance sur deux d’être libérée de ces labeurs ingrats et mal payés, une chance sur deux de pouvoir prendre la mer en totale liberté, avec des gaillards comme elle avait fréquenté plus petite, bagarreurs, joueurs.

« J’en dis qu’ca m’plaît ton truc ! Je marche. »

Il figea un sourire sur ses lèvres, puis lança la pièce, attendant qu’elle retombe au sol. La partie face était celle qui apparaissait.

« Bienvenue parmi nous, moussaillon. On va t’donner le nom de Pile ou Face, tout le monde a un surnom ici, le tien sera celui là vu la façon dont tu débarques, et Pilou pour les intimes hein les gars ? »

« Ouuuuaaaiiiss ! » Tous en chœur.

Son visage changea ensuite, redevenu complètement indifférent.

« Aller on remballe tout c’qui a de la valeur dans la cale, Crâne dur fous moi l’feu à c’vieux tas après que c’est fait. Trouvez des vêtements à Pilou, et pas qui laissent passer un bout. Le premier qui l’touche sans son approbation passera à la planche, pas d’irrespect sur mon navire. » Il prononça ses derniers mots en la fixant.

Elle avait réussi, en défiant le hasard, à devenir une pirate…

De nos jours:

« ‘Tain, si j’avais su qu’ce fichu jeu m’ferait perdre si gros… »

Milina errait sur le port de Gludin, se dirigeant vers la ville d’un pas lent.

« Plus d’bateau, plus d’équipage. Tant pis hein, c’était bien beau tout ça mais place à la terre ferme un peu, l’temps qu’j’me retrouve quelques gars d’infortune, pour piller les mers, autant que j’aille tâter l’terrain sur l’continent. Doit y’en avoir des riches à déplumer. »

Elle jouait avec une pièce, la lançant et la rattrapant dans sa main droite pendant sa marche. Elle fixa la pièce un instant au creux de sa paume.

« Tu sais qu’à toi toute seule tu vaux plus qu’un million d’tes semblables quand on sait bien t’utiliser ? Pile ou Face hein, j’suis pas la seule à t’aimer dans c’sens là ma vieille. On a encore du ch’min à faire ensemble… »

[Archein]

Changement de cap :

Beaucoup de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait posé pied à terre, pensant pouvoir amasser assez rapidement de quoi se racheter un navire et se payer un nouvel équipage pour repartir piller les mers.

Mais les choses ne tournèrent pas comme elle l'espérait. Reconvertie en mercenaire, elle avait du mal à trouver contrat pour satisfaire et engrosser sa maigre fortune.

"Le peuple du continent est bien différent de celui des mers", pensait Milina.

Après tout, elle avait perdu l'habitude de la terre ferme pendant ces années de piraterie. Sur le continent, le temps semblait s'être arrêté, elle se rendait souvent dans la ville la plus fréquentée, et tous semblaient transparents vis à vis des autres.

Enfin, il y eut bien quelques conflits, mais des conflits réglés en quelques échanges verbaux houleux, rien qui lui permette de gagner sa croûte. Elle se mit peu à peu à écouter ci et là des conversations anodines, qui parfois se révélaient ne pas l'être et constituaient une belle opportunité de récolter des informations et de les revendre à plus offrant.

Elle continua à exploiter ce filon, jusqu'au jour où elle rencontra l'innocence même personnifiée. Un doux visage candide, un sourire d'ange, une jeune femme à peine adulte du nom de Nelle. Elle était femme de chambre et cherchait du travail. La naïveté de Nelle était si grande qu'elle poussa Milina à vouloir faire sa connaissance. Elle lui proposa même de travailler pour elle, chose que la jeune femme accepta joyeusement.

Apparemment Nelle ne connaissait rien du monde et de la vie, et Milina avait bien du mal à le croire, mais c'était bien réel, il suffisait de l'écouter parler pour s'en rendre compte. Un oisillon tombé du nid, qui attendait le passage du premier prédateur..

Nelle lui rappelait son enfance, avant de comprendre toutes ces choses qui l'entouraient, la douleur, la tristesse, Milina était comme elle. Elle décida qu'elle protégerait cette innocence du mieux qu'elle pouvait, et employa la petite à plein temps. La jeune femme de chambre était ravie de la complicité naissante avec son employeuse, elle se confia à elle très vite, et appréciait que "Madame" soit gentille et moins exigeante que les autres qu'elle avait déjà du servir.

Plus le temps passait, plus Milina oubliait sont but premier, elle voulait juste continuer à gagner assez d'argent pour vivre avec Nelle. Etrange, elle la considérait presque comme sa fille, enfin c'est ce qu'elle croyait ne sachant pas quelle était réellement la relation d'une mère et sa fille vu qu'elle n'avait pas encore d'enfant.

Un jour une elfe à la tête d'un groupe appelé les Corsaires de Sirius, rassemblant des êtres luttant pour leur liberté et celle des autres, lui proposa un contrat sans limite de durée, elle serait bien payée et devrait récolter un maximum d'informations utiles pour leur compte.

Milina accepta à une condition, celle de pouvoir partir quand bon lui semblerait..

[HRP]Remise en place d'une vieille màj pour clantage Corsaire qui a été effacée lors du hack fofo.[/HRP]

[Archein]

L'appel du large :

Des lois.. des contraintes.. des autorités.. des interdits.. des sanctions..

Rien, rien de tout ça en mer, juste la loi du plus fort, la loi naturelle, la loi du monde.

Milina était assise au bord de l'eau, contemplant l'horizon sur la plage du Gludin, comme chaque jours depuis son retour récent. Retour ? Oui, elle était partie faire ce pour quoi on l'a engagé, mais maintenant elle ne le faisait plus. Qui utiliserait ses informations ? Et pourquoi.. après tout, rien ne bougeait, sur ce continent, toujours aussi figé.. le temps.

Quoi que, certains essayent, certains se braquent, se révoltent contre ce Roi fantôme. Il gouverne tout une parcelle du continent et pourtant il n'y fait rien. Sa royauté et son royaume sont juste à l'arrêt, peut être le calme avant la prochaine tempête. Mais quelle tempête longue à arriver..

Garius, elle l'avait rencontré en chair et en os, vieillard sénile qui croit pouvoir tout contrôler en posant son cul sur un trône. Même en jouant la comédie devant lui il en restait indifférent fier et confiant de son statut de Roi. A l'époque elle était venu l'avertir d'un danger potentiel et au lieu d'écouter il remettait ses employeurs et elle même en question, ordonnant, rabaissant, croyant tout savoir sur tout et mieux que quiconque. Lamentables chevilles enflées, le jour où elles exploseront sous le poids de l'incompétence cet homme n'aura plus rien, ni personne sur qui s'appuyer pour garder son équilibre. Il s'écroulera juste et son château de cartes sera soufflé et rasé comme une hutte de paille sur le passage d'une tornade.

Elle soufflait longuement, une fois ces pensées ayant traversées son esprit. Un ras le bol de ne voir rien changé après une longue absence, et pas un réconfort de voir sa protégée, où peut elle bien être ?

Quoi qu'il en soit elle avait retrouvé sa hargne d'autrefois et comptait bien s'en servir pour le but qu'elle s'était fixée à son arrivée. Elle y pensait encore, tout en fixant sa pièce, unique et fidèle compagne de route depuis un temps.

"Là où je vais tu iras toujours, au moins.." Se dit elle.

Entre temps apprentissages et maturité auront fait d'elle une femme encore plus redoutable, et puis comme elle s'était montrée jusqu'à maintenant, le pire qu'on peut voir d'elle est juste une potiche à fort caractère et aux sales manières.. l'ardoise est chargée mais le terrain bien préparé.

Reste à savoir si ces rumeurs récentes sont fondées et si oui si il y a moyen d'en tirer profit. Pas un pirate en vue depuis son arrivée mais il doit bien exister quelque part des vieux loubards prêt à cogner et piller pour combattre les lois de ce fichu roi.

Elle tenait sa pièce entre les doigts, tranche vers son visage, puis accompagna sa dernière pensée avec un mouvement dévoilant la face cachée de la pièce qu'elle n'avait pas encore contemplée..

"L'heure est venue de dévoiler la seconde facette.."

[ image externe ]

[HRP]Maj pour déclantage.[/HRP]

[Archein]

Incontrôlable :

Une banale balade dans les rues de Giran, avec une banale bouteille de rhum, parmi une foule banale et ennuyeuse. Quelques informations glanées, qui serviront au Tout qu'elle commence à mettre en place.

Soirée banale donc, pour le Capitaine Pile ou Face. Et pourtant...

Elle reconnut tout d'abord une sombre au visage voilé de noir avec qui elle avait déjà pu causer d'une pensée et conviction commune. Enfin, à première vue tout indiquait que c'était le cas, encore fallait il vérifier si derrière c'était vraiment le cas, ou si, comme la plupart de ses semblables elle ne faisait que du vent pour se donner une certaine image d'elle.

En tout cas, la sombre en question fut abordée par un nain un peu trop proche, puisqu'il avait presque le nez sur ses fesses en s'approchant d'elle. Trop hardi au gout de Milina, le nain s'en trouva vite dépourvu lorsqu'elle vint lui demander en tout bon pervers qu'il était ce qu'il avait l'intention de faire. Le petit être avait l'air offusqué par la remarque, et prétendait ne pas être de cette trempe. Allons bon, un nain dissocié du mot pervers, pour Pile ou Face c'était une totale aberration qui ne pouvait exister. Malgré cela, le nain semblait vraiment vexé, et montait vite fait sur ses grands chevaux, prétextant que la belle l'insultait lui et donc sa race toute entière.

Si la race humaine s'était offusquée toute entière à chaque fois qu'elle recevait des insultes, le monde serait en ruine et toute trace de vie effacée. C'est ce que pensait le Capitaine, un nain aussi petit ne pouvait pas représenter toute une race, elle riait donc du culot pas mal démesuré du pervers.

Le ton commençait à monter, une autre sombre vint se joindre à l'altercation et semblait partager le point de vue de la pirate, elle provoqua littéralement le nain, qui s'énervait de plus en plus.

Comme l'atmosphère sur la place commençait à chauffer, un des Haut Conseiller Royaux ne put s'empêcher d'intervenir sans oublier biensur de mentionner son titre en commençant à s'en mêler.

"Encore un qui se prend pour un preux chevalier défenseur de la paix et des plus faibles... d'esprit", pensait Pile ou Face.

Elle ne se cacha pas pour déballer son sac, l'autre sombre en faisant autant, dans une scène plutôt pitoyable pour ce fameux Haut Conseiller, mais oh combien amusante. Les deux commères parvinrent même à détourner les lois et règles qu'il utilisait pour les ramener à l'ordre contre lui et ce fameux nain qui piquait sa crise nanique de nerfs.

La première sombre n'intervenait guère, puisqu'elle était cliente du nain à la base, et se détacha au fur et à mesure de la dispute. L'autre sombre quand à elle s'écarta du Haut Conseiller après quelques joutes verbales, et en passant entre Pile ou Face et le nain laissa tomber, apparemment volontairement, une fiole remplie d'un liquide noir. Trop occupée à rabattre le quinquet de Iann de Rune, Milina ne prêta pas attention au gaz s'échappant de la fiole et l'inhala malgré elle.

Peu de temps après, elle devint rouge de colère envers le Haut Conseiller Royal qui fit l'erreur de l'ignorer après une de ses questions, et entra dans une rage folle. Si bien qu'elle devint similaire à une furie manipulée et possédée par sa propre haine. Rage presque inhumaine, le Capitaine Pile ou Face n'avait qu'une envie, cogner...

Iann de Rune parvint à la maîtriser tant bien que mal, et trois gardes durent se joindre à lui pour qu'elle se calme. Mais malgré cela, il aura fallu plusieurs coups de matraque pour la sonner assez pour la rendre inoffensive. Pendant ce moment de rage intense, la sombre qui s'était montrée aussi provocatrice que Pile ou Face se délectait avec discrétion de la scène, et se défendait autant que possible pour ne pas être accusée également de l'agression.

Au final, le Capitaine aura écopé d'un séjour en geôle, sans s'en rendre compte. Elle perdit connaissance peu après les coups de matraque, et ne se réveilla pas tout de suite, dans sa prison.

[Archein]

En geôle :

"BOR-DEL!! Qu'est ce que j'fous ici ? GAAARRRRRRRRRDE!!!"

Voilà quelle fut sa première réaction au réveil. Elle avait un mal de crâne à en faire pâlir les gueules de charbon comme elle les appelait quand elle était sur les nerfs, et le fait qu'elle ne se souvienne de rien de la scène précédente lui donnait une humeur fort peu joviale.

"Pourquoi j'suis enfermée ? Qu'est ce j'ai fait hein ? GARDE!! On a plus l'droit d'picoler dans les rues ou quoi ? J'me suis endormie bourrée c'est ça ? Hé!! Hé ho!! Répondez hé!! Z'êtes dev'nus sourdingues ?! Héhooooo!!"

Elle cognait brutalement la porte de sa cellule tout en hurlant ces mots, voulant absolument parler à un garde ou quelqu'un qui gérait les geôles.

"Un responsable! J'veux un responsable là hé! J'ai l'droit d'savoir pourquoi j'suis ici!! Et j'ai rien fait d'abord, j'suis innocente!! Allez quoi quelqu'un!!"

Après un moment de patience quelqu'un vint lui répondre, un des gardes qui l'avait emprisonné d'ailleurs. Il lui raconta les conditions de sa mise en geôle brièvement, alors que Pile ou Face hallucinait littéralement. Elle balbutia, semblait complètement incompréhensive. Elle raconta au garde que c'était impossible, qu'elle ne se souvenait de rien, qu'elle n'aurait jamais commis ce genre de choses car elle connaissait bien ce qu'elle aurait risqué.

La détresse du Capitaine semblait si grande que le garde en question restait dubitatif. Milina demanda après un moment à voir un responsable de la prison, pour s'expliquer avec lui, et pour justifier son innocence. Le garde lui répondit qu'il verrait ce qu'il pouvait faire, sans pour autant lui promettre la lune...

[Archein]

Capitaine Pile ou Face :

Elle était sortie de sa geôle et le responsable de sa libération ne tarda pas à venir lui signaler son geste tel un preux chevalier fier de la bonne action qu'il venait d'accomplir.

La belle ne se laissa pas pour autant impressionner, et jugea qu'elle n'aurait jamais du être enfermée et qu'elle n'avait en aucun cas mérité son séjour au trou. Iann de Rune, car c'est lui qui l'avait fait enfermer, puis libérer ensuite, lui expliqua brièvement les raisons de son emprisonnement. Une drogue sous forme de gaz échappé de la fiole que la sombre avait brisé à leurs pieds pendant un échange un peu houleux.

Milina ne se souvenait toujours de rien après l'inhalation du gaz, et c'est justement pour cela qu'elle cru les dires de l'humain. Elle se jura à elle même qu'elle retrouverait la sombre et qu'elle lui ferait payer son geste, après tout, elle se considérait assez maligne pour manipuler les autres... mais détestait se faire rabaisser au rang d'un pion.

Iann fut intéressé par les buts du Capitaine Pile ou Face, et lui ordonna presque de le prévenir au cas où elle mettait la main sur la responsable avant lui et ses toutous. La jeune femme déglutissait en silence, il osait lui parler avec si peu de respect dans le ton, bien qu'il précisa ensuite qu'elle ferait ce qu'elle voulait et que peu lui importait, le ton était quand même étrange. Elle su dès lors qu'elle ne pourrait s'y fier, même pour un jeu de manipulation comme elle les aimait tant... faire la cruche l'amusait toujours autant, mais certains étaient bien trop étroit d'esprits ou imbu de leur personne pour se laisser prendre au jeu.

Qu'à cela ne tienne, elle conclus en lui disant qu'elle l'informerait volontiers sauf si cette fameuse sombre avait mieux à lui proposer, on ne se refait pas en si peu de temps en taule. Il soupira alors, elle jubilait intérieurement... au moins quelque chose que le Haut Conseiller n'obtiendrait pas sauf si elle seule le décidait.

Un peu plus tard elle revit une elfe avec qui elle avait lié une grande amitié du temps ou elle fréquentait le comique, alias l'Arlequin. Naethys, une mage tout ce qu'il y avait de plus banal en apparence, mais qui était bien différente de ses semblables.. autant dans ses manières d'agir que de parler. Elle amusait Pile ou Face, si bien qu'elle s'y était attaché au fil du temps, la revoir la remplit de joie.. bien qu'elle ne savait pas vraiment l'exprimer. Quoi qu'il en soit, peu après ces retrouvailles, toujours aussi hilarantes, les affaires reprenaient à la rencontre hasardeuse d'une Kamael sur la place de Giran.

Les trois femmes commencèrent une longue discussion, parlant de tout et de rien au départ, puis Milina parla de son équipage en construction, de son navire et de sa volonté à recruter de nouveaux bras. Coïncidence, l'ailée en question se présenta comme Galae l'exploratrice, et semblait être intéressée par l'opportunité qui s'offrait à elle auprès du Capitaine Pile ou Face. Elle alliait à merveille piraterie et picole à l'exploration dont elle rêvait.. si bien que les trois finirent à l'auberge et que Galae, alors initiée par Milina à l'alcool, finie complètement défaite. D'ailleurs les trois comparses furent remarquer par les autres clients et même l'aubergiste, bien qu'il avait l'habitude de la présence du Capitaine, puisqu'elle était cliente depuis longtemps.

La Kamael du attendre le lendemain, où Milina et Naethys croisèrent une sombre qui avait également côtoyé l'Arlequin, pour apprendre quels étaient sérieusement les projets officieux de son capitaine. La sombre, nommée Drahocene, se montra intéressée elle aussi et accepta la proposition de la jeune femme de rejoindre l'équipage, à condition de déroger à certaines règles de la piraterie... légitime pour une sombre vieille de plus d'un siècle, peut être s'y ferait elle avec le temps.

Quoi qu'il en soit, après des mois de recherches infructueuses, le Capitaine Pile ou Face avait enfin un équipage qui ferait parler de lui, et peut être même trembler, sous peu.. les vents leurs étaient favorables, ils avançaient désormais toutes voiles dehors.